Le thème écologiste dominant est celui des "pollutions globales", du "changement global", de "l'écologie globale", y compris dans les organismes internationaux où cela doit faire pendant au thème de la "mondialisation de l'économie". Autant dire qu'il s'agit d'une couverture "verte" pour la domination de l'impérialisme.
La menace des "pollutions globales" est apparue environ dix ans après le spectre de la pénurie des ressources pétrolières.
Des cris d'alarme se sont élevés vers le milieu des années 80, venant de milieux plus ou moins scientifiques, concernant la couche d'ozone, la déforestation, la progression des déserts, le réchauffement des climats... Depuis, les Verts parlent volontiers de "crise écologique" globale, crise qui serait censée expliquer tous les maux qui nous frappent.
Ces menaces ont sans doute une base objective. Mais dans cette société, même ceux qui poussent des cris d'alarme ne sont pas forcément désintéressés !
Il y a eu par exemple toute une campagne médiatique au sujet du fameux "trou" de la couche d'ozone au dessus de l'Antarctique, dont on n'est pas certains que ce soit un phénomène récent. Mais ce qui est certain, c'est qu'il y avait dans cette affaire des enjeux pour des trusts capitalistes précis.
Les responsables du fameux "trou" étaient avant tout, nous a-t-on dit alors, en 1985 et les années suivantes, des gaz utilisés dans l'industrie du froid, les chloro-fluoro-carbones ou CFC. Or, il se trouvait que les brevets ayant trait aux CFC étaient en train de tomber dans le domaine public, et que le leader mondial de leur production, Du Pont de Nemours, avait préparé, depuis une dizaine d'années, des produits de substitution, et pris les brevets correspondants. En 1986, Du Pont se rallia donc spectaculairement à l'idée d'une réglementation de la production des CFC, mais l'intégrité de l'ozone atmosphérique n'avait rien à y voir !
Un Protocole international fut signé à Montréal en 1987, limitant, en plusieurs étapes, la production des CFC. C'était un arrangement entre trusts (le groupe français Atochem était très concerné, lui aussi), au profit des plus puissants, tout à fait dans les cordes habituelles du système capitaliste. Son application est financée et contrôlée pour l'essentiel par la Banque mondiale et des dirigeants associés directement à l'industrie chimique. Mais il fut présenté comme un grand succès écologiste, un événement, parce qu'il était censé gérer une présomption de risques à l'échelle planétaire pour la première fois !
Mais, bien sûr, parler de "pollution globale" et de responsabilité "globale" de l'humanité est un moyen d'évacuer la responsabilité des capitalistes, voire même de mettre en accusation les pays pauvres.
Ces pauvres sont, répète-t-on, si nombreux qu'ils détruisent le patrimoine forestier tropical et qu'ils polluent l'atmosphère de la terre entière avec leur consommation de charbon sale. On n'accuse pas explicitement "les pays pauvres", en fait, on préfère se réfugier derrière des appellations géographiques comme "le Nord" et "le Sud", c'est plus aseptisé, mais l'idée est toujours là. Et comment expliquer que la théorie de la surpopulation mondiale se maintienne encore aujourd'hui ?
Pourtant, les prévisions démographiques récemment publiées démentent en grande partie les précédentes : alors que les démographes de l'ONU prédisaient, il n'y a pas encore si longtemps, une population mondiale d'au moins 12 milliards pour le siècle prochain, soit un doublement par rapport au nombre actuel, ils estiment aujourd'hui qu'elle sera de 8 milliards au maximum, avant de baisser à partir de 2050 ou même avant. Les taux de natalité baissent, disent-ils, rapidement à peu près partout dans le monde.
Mais rien n'empêche la menace d'une "pénurie vivrière", d'une "crise alimentaire" de ressortir périodiquement. On peut être pour le moins sceptique, et se rappeler la fameuse "pénurie" de pétrole invoquée en 1973 pour faire flamber les prix. Vingt ans après, en 1993, les estimations des réserves de pétrole et de gaz ont été plus élevées que jamais. De toute façon, ce genre d'estimations est relatif, car il est fonction du niveau des techniques en un moment donné, et des conditions de la rentabilité capitaliste du moment.
De la même façon que pour la "crise pétrolière" qui n'en était pas une, lorsqu'on nous parle de "crise alimentaire", cela cache des manoeuvres commerciales et une exploitation politique.