Pour la religion chrétienne, la femme n'est qu'un appendice de l'homme

Εκτύπωση
10 novembre 1995

Quand l'empire romain s'est effondré, au IVe siècle, le triomphe du christianisme avait précédé de peu cette chute. Les communautés chrétiennes militantes et martyres des débuts étaient devenues une Eglise d'Etat, structurée et hiérarchisée, qui se révéla plus résistante que l'empire.

L'Eglise chrétienne, qui s'était bâtie dans la continuité de la religion des tribus juives du Moyen-Orient et du pourtour de la Méditerranée, et en épousant leur misogynie, disposait d'un sérieux atout.

Théoriquement, le christianisme portait dans sa doctrine une idée nouvelle d'égalité entre tous les humains, esclaves compris, femmes comprises, qui contribua d'ailleurs largement à son expansion. Mais il s'agissait, bien sûr, d'égalité devant Dieu seulement : autant dire qu'en ce bas monde, il ne prêchait pas plus l'égalité entre hommes et femmes qu'entre les exploités et leurs maîtres, et prêchait au contraire leur soumission à l'ordre établi et au pouvoir politique.

Comme certains le savent, d'après la religion chrétienne, quand Dieu créa l'homme, Adam, il jugea qu'il lui fallait une compagne, et créa donc Eve, la femme, en second lieu, à partir d'une côte d'Adam. Elle ne serait donc ni plus ni moins qu'un appendice de la créature masculine. Par-dessus le marché, elle se serait rendue coupable du terrible péché de vouloir goûter au fruit de l'arbre de la connaissance. Son péché originel retombe sur toute l'humanité, elle est la source du mal ! Ce qui n'est pas surprenant, selon un commentaire ecclésiastique parmi d'autres, puisque la côte est un os courbe : l'esprit de la femme ne peut donc être que torve et pervers... Pour Clément d'Alexandrie, "toutes les femmes devraient mourir de honte à la seule pensée d'être femmes".

Le péché originel de curiosité de la malheureuse Eve, qui fit qu'Adam subit la tentation, a été vite associé à la tentation de la chair, à la sexualité, par les apôtres et autres Pères de l'Eglise : la femme était une fornicatrice dangereuse, selon saint Augustin. Pour le prédicateur Jean Chrysostome, "la beauté du corps ne réside que dans la peau. En effet, si les hommes voyaient ce qui est sous la peau, la vue des femmes leur donnerait la nausée". Le même Jean Chrysostome était sans doute plus sincère lorsqu'il déclarait, dans le but de dissuader les jeunes veuves de se remarier : "Nous sommes ainsi faits, nous les hommes : (...) nous aimons surtout ce dont personne d'autre n'a pu disposer et profiter avant nous, et dont nous sommes les premiers et les seuls maîtres".