Bulletin d'usine pour les ouvriers de l'Usine de la Baltique
VERS LES ÉLECTIONS OU VERS LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS OUVRIERS
La bureaucratie, une nouvelle fois, nous prépare un de ses spectacles politiques : les élections à l'Assemblée fédérale et à la Douma d'État. Au son des fanfares célébrant la "victoire de la démocratie", Eltsine et cie vont essayer de satisfaire leurs ambitions politiques et de renforcer la législation par de nouvelles attaques contre la classe ouvrière et l'écrasante majorité des travailleurs.
Mais de quelle démocratie peut-il s'agir quand, à Moscou, sifflent les casse-tête des OMON (NdT : CRS) ; quand sont interdits rassemblements et manifestations ; quand les "démocrates", ayant instauré la censure et interdit la presse d'opposition, ont mis sur pied un contrôle total sur les moyens d'information et, sur un fond d'hystérie anticommuniste, mitonnent leurs règles du jeu électoral ?
Qu'est-ce que cette démocratie lorsque, pour être candidat, il faut recueillir de nombreuses signatures (NdT : 1 % des inscrits) d'électeurs soutenant le candidat et indiquant sur le formulaire leurs coordonnées complètes d'état civil (ces formulaires ne pourraient-ils pas ensuite servir de base à des poursuites contre ceux qui ne pensent pas droit ?) ; ou quand, pour qu'une élection soit valable, le quorum est fixé à 25 % seulement des électeurs ?
Si c'est cela la démocratie, alors pour qui est-elle donc ? En tout cas, pas pour les ouvriers.
Les autorités ont dégagé 170 milliards de roubles (NdT : soit près d'un milliard de francs) pour organiser la campagne. Mais est-ce à dire que tous les besoins du pays en matière de logements, de jardins d'enfants, d'équipements hospitaliers sont amplement satisfaits ? Est-ce qu'on n'avait nulle part où mieux utiliser cet argent que dans cette farce politicienne ?
Bien évidemment, la carrière politique de certains bureaucrates dépend du résultat des élections. Mais, cela ne changera rien pour la bureaucratie dans son ensemble qui restera au pouvoir.
Les élections ne résoudront et ne peuvent résoudre le sort de la classe ouvrière, dont la force se trouve concentrée non pas dans les urnes - où la voix d'un bureaucrate, d'un boutiquier vaut celle d'un ouvrier - mais dans les usines. Car c'est là que se produit ce qui fait la puissance du pays. Nous engager dans la lutte pour défendre nos intérêts collectifs contre les bureaucrates et les nouveaux riches est la seule chose qui puisse être porteuse d'avenir pour nous, les ouvriers. Et pour ce faire, le temps presse."Il n'est pas de sauveur suprême - Ni dieu, ni césar, ni tribun - Producteurs sauvons-nous nous-mêmes...". Les paroles de "L'Internationale" sont anciennes, mais pour la classe ouvrière, elles sont plus actuelles que jamais !
LA LUTTE OUVRIERE, C'EST LA LUTTE CONTRE LE SYSTEME BUREAUCRATIQUE ET LE SYSTEME CAPITALISTE !
INFORMATIONS D'USINE - RABOTCHAIA BORBA - USINE DE LA BALTIQUE
Sur quelques résultats de l'actionnarisation
A l'Usine de la Baltique se déroule un processus d'actionnarisation (NdT : transfert de la propriété de l'État au "collectif des travailleurs"). Sur quoi peut-il déboucher ? Prenons l'exemple de l'Usine Kirov, où les travailleurs ont déjà recueilli les fruits de cette transformation. Ce géant de l'industrie est divisé en 47 entités de petite taille. Là où avant on faisait des réacteurs, maintenant on fabrique des tables de casino. Les travailleurs qui sont les plus qualifiés, du coup, se retrouvent à faire du bricolage (remplacer des verres de fenêtre, passer de la peinture, etc.). En vertu de quoi, on les change de qualification, ce qui aboutit à ce qu'ils perdent sur leur salaire. Qu'est-ce qui nous pend au nez, à nous, à l'Usine de la Baltique, surtout si l'on se dit que celui qui dirige la privatisation-actionnarisation de l'entreprise n'est autre que l'ancien secrétaire à l'organisation du parti, Venkov ?
Quelle sera la réaction ?
On l'a tous vu à la télévision ou dans la presse : en France, depuis le 12 octobre, les ouvriers des services d'entretien et réparation aéronautique sont en grève. Leur mouvement s'est radicalisé, aboutissant à des affrontements avec la police. La lutte a commencé du fait que la direction avait l'intention de diminuer les salaire ouvriers, parfois d'un quart, et de diminuer les emplois. En novembre, dans toute la Russie, ce qui nous attend c'est une augmentation des prix sur le pain et sur les denrées de première nécessité. Cela va lourdement frapper un niveau de vie des travailleurs de Russie qui n'avait pourtant pas besoin de cela. Est-il possible, encore une fois, que les ouvriers avalent une pilule aussi amère ? Mais, peut-être que l'exemple de quoi faire, c'est à l'Ouest qu'il faudrait le chercher... Auquel cas, s'il faut prendre exemple, eh bien que ce soit sur les grévistes de France !
Encore une fois sur la privatisation
La lutte pour le pouvoir et pour les bonnes affaires fait rage entre les cliques bureaucratiques. Elles s'arrosent mutuellement d'accusations de corruption. Ainsi, les organes de la police judiciaire viennent d'arrêter celui qui avait la responsabilité des privatisations pour Saint-Pétersbourg, A. Fèchkov. Rien d'étonnant : celui qui distribue les choses n'oublie jamais de se servir. Mais cette arrestation de Fèchkov illustre une nouvelle fois au moins une chose : la privatisation c'est le pillage.
Sur la fête du 7 novembre
Les autorités ont l'intention de supprimer la Fête du 7 novembre. C'est un fait que pour les chefs de la bureaucratie - de Staline et Brejnev à Eltsine et Sobtchak - il y a bien longtemps que la Fête de la Révolution d'octobre n'avait plus rien à voir ni avec la révolution ni avec le pouvoir prolétarien. La bureaucratie a étranglé la révolution, c'est elle qui a réprimé les révolutionnaires bolchéviks, elle a liquidé le pouvoir de la classe ouvrière.
Maintenant, dans la course à la respectabilité bourgeoise, la bureaucratie cherche à se débarrasser des derniers symboles d'une révolution qu'elle a écrasée. D'une certaine façon, les choses sont plus claires... Eh bien, raison de plus, bonnes fêtes d'Octobre !