Lutte Ouvrière - Ligue Communiste Révolutionnaire : continuer dans l'unité !

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Juillet-Août 1999

Au-delà des différentes positions que nous aurons à prendre et au fur et à mesure que nous découvrirons ce qui se discute ou se décide au Parlement européen, nous pouvons nous engager sur notre orientation fondamentale.

Nous savons que le Parlement européen est impuissant à changer le sort des travailleurs. Non seulement parce qu'il n'a pas de pouvoir réel, mais aussi parce que c'est une institution faite pour servir les intérêts de la bourgeoisie.

Nous savons que nous y serons très minoritaires. Comme le seront les représentants de tous les groupes que nous pourrons éventuellement espérer influencer.

Mais ce à quoi nous nous engageons, c'est à y soutenir les quelques rares décisions qui auront une chance d'aller dans le sens des intérêts des travailleurs et que nous combattrons toutes celles qui iront dans le sens des intérêts patronaux, quelle que soit leur nationalité.

Ce à quoi nous nous engageons, c'est à rendre publics, au maximum de nos possibilités, ce qui s'y discute et le sens véritable des décisions qui y seront prises.

Ce à quoi nous nous engageons, c'est à utiliser les possibilités que nous donnera cette position de parlementaires européens au service des travailleurs et de leurs luttes.

Quant aux relations entre nos deux organisations, ce que nous pouvons en dire aujourd'hui, c'est que l'unité dont nous avons fait la preuve pendant la campagne, nous essaierons de la maintenir dans l'avenir.

Nous ne savons pas encore si nos activités pendant la campagne, nos meetings, en particulier dans des villes où nous avons peu de présence régulière les uns et les autres, si les résultats électoraux eux-mêmes, nous vaudront des renforts militants. Nous le souhaitons, bien sûr, car c'est un des éléments importants pour déterminer ce que nous pourrons faire en commun.

Pendant la campagne, tout le monde a remarqué que Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire se complètent. Nous avons des sensibilités différentes dans bien des domaines, mais nous avons un large territoire commun. Un territoire social commun qui fait que bien des gens, travailleurs ayant un emploi ou menacés du chômage, chômeurs, sans-logis ou mal logés, travailleurs immigrés, jeunes, intellectuels, enseignants, élèves, comprennent que nous exprimons fondamentalement leurs propres sentiments et voient que les critiques que nous faisons de cette société et de ce gouvernement sont celles qu'ils font eux-mêmes.

Oui, nous nous complétons. Et c'est parce que nous nous complétons autour d'un large territoire commun que nous sommes un pôle d'attraction et apparaissons comme un pivot solide. Et les faits ont démontré que seules nos deux organisations pouvaient faire cela.

Nos sensibilités différentes nous amènent à investir une partie de nos militants dans des secteurs différents, à accorder des priorités différentes à diverses activités, à prendre des initiatives différentes mais, en fait, jamais opposées. Et le bon déroulement de notre campagne l'a confirmé : c'est primordial.

Nous pensons que nous devons rester, dans l'avenir, proches l'une de l'autre, en maintenant des contacts étroits à tous les niveaux. La plate-forme qui nous a réunis dans la campagne réunira demain nos deux organisations dans leurs interventions.

Dans ces élections, nous avons été un pôle, non seulement parce que nous nous sommes complétés sans perdre notre identité, mais aussi parce que nous étions fondamentalement unis. Nos deux organisations ont donc intérêt à continuer d'agir en duo.

Nous comptons aborder ensemble tous les problèmes qui se posent et discuter ensemble de toutes les initiatives possibles, pour agir ensemble quand faire se peut et n'agir séparément que lorsque nos forces militantes respectives sont trop engagées dans des activités différentes pour pouvoir se retrouver sur un même terrain sans abandonner, l'une ou l'autre, nos tâches propres. C'est le seul moyen pour faire en sorte qu'au fil du temps et des situations, ce qui est commun prenne le pas sur ce qui ne l'est pas.

Nous pouvons, en somme, nous comporter, sur le plan politique comme sur le plan matériel, comme deux fractions d'un même parti, même si la proclamation d'un parti communiste n'aurait pas grand sens sans l'apport d'une nouvelle génération de militants, venant du monde du travail et de la jeunesse, assez nombreuse pour que nous soyons capables d'investir de larges secteurs d'où nous sommes aujourd'hui absents. C'est cet apport qui pourrait transformer l'union de deux organisations de taille restreinte en un parti capable de peser réellement sur la vie politique. C'est cela aussi qui permettrait d'arbitrer, s'il le faut, nos éventuelles différences, ou mieux, d'agir en même temps dans tous les domaines où un véritable parti aurait alors les moyens d'intervenir sans abandonner aucun terrain.

Voilà les perspectives que nous discutons. Et, au fur et à mesure que nos deux organisations se retrouveront sur la même longueur d'onde, nous les ferons entrer dans le domaine de la pratique.

Bien sûr, une véritable dynamique dans le sens d'un parti représentant les intérêts politiques des travailleurs ne pourra s'enclencher qu'avec une reprise de confiance des classes laborieuses en elles-mêmes. Ce sont les luttes qui sont susceptibles d'amener une nouvelle génération de militants à l'activité, et qui permettront à cette nouvelle génération de militants de s'aguerrir.

Le succès de notre liste dans ces élections européennes peut cependant constituer une étape. Nos résultats électoraux depuis quatre ans, qui nous ont mis un peu sous le feu des projecteurs vis-à-vis des travailleurs, nous mettront, peut-être, en meilleure situation pour jouer un rôle dans les luttes lorsqu'elles se produiront.

Ces luttes se produiront, inévitablement. A nous d'être capables de faire face à nos responsabilités.