Texte proposé par la majorité - Adopté par 97 % des délégués présents au congrès
Depuis des années, notre rayonnement politique dépassant certaines régions, c'est-à-dire à l'échelle nationale, dépend essentiellement de nos participations électorales. Cependant l'expérience de la dernière présidentielle montre qu'il serait dangereux de s'en contenter bien qu'il n'ait pas disparu, loin de là, nous l'avons vu lors des caravanes de cet été.
Il nous faut donc nous rééquilibrer vers des activités politiques reposant sur nos interventions militantes en utilisant toutes les forces dont nous disposons.
Parmi nos activités politiques régulières, nous avons nos journaux d'entreprise. C'est une activité très importante puisque, dans plusieurs centaines d'entreprises, ces journaux sont reçus toutes les deux semaines par des milliers de travailleurs de toutes professions. Comme tous nos camarades le savent, ils ont un côté local, ce que nous appelons les échos d'entreprise, qui dénoncent concrètement, par des exemples tirés de l'expérience quotidienne des travailleurs de l'entreprise, l'exploitation et les caractères qu'elle peut prendre, dans tel ou tel cas, telle ou telle situation, telle ou telle entreprise.
Quand nous dénonçons la lutte de classe menée par le patronat, nous sommes souvent traités de passéistes. Mais aujourd'hui, même la grande presse, voire les autorités, sont obligées d'admettre qu'une telle guerre sociale est menée en permanence par les employeurs contre les salariés. Par exemple, il y a eu, ces derniers temps, une épidémie de suicides dans certaines entreprises. Ces suicides ont pris un caractère d'autant plus spectaculaire du fait que certains se sont produits au sein même des entreprises et qu'alors la grande presse n'a pu les ignorer. Mais il y en a certainement eu d'autres qui, tout en ayant les mêmes causes, se déroulaient dans un domicile, c'est-à-dire là où la responsabilité de l'employeur n'était pas aussi visible.
Il est patent que ce qu'on a appelé une épidémie de suicides est dû à la pression qui s'exerce sur les salariés de toutes les entreprises, et même sur les cadres, de la part des employeurs par le biais de la hiérarchie, de la maîtrise ou de contraintes mesquines, comme par exemple celles qui s'exercent pour ne pas déclarer comme tels des accidents du travail simplement pour baisser les cotisations patronales qui leur sont liées.
La lutte de classes du côté des travailleurs ayant baissé pour ne prendre qu'une forme défensive, pour certains, incapables de résister seuls, il ne reste que le geste de s'autodétruire.
C'est de toutes ces pressions, entre autres, que notre presse d'entreprise traite à longueur d'année. De cela et de bien d'autres choses, plus ou moins graves heureusement. Notre presse est une presse de défense des travailleurs qui la reçoivent comme telle, sur leur lieu de travail. Elle nous vaut parfois des menaces ou des tentatives de poursuites de la part des employeurs. Elle ne s'oppose pas aux syndicats ni ne les remplace (nos camarades sont aussi d'ailleurs des militants syndicalistes), mais les seconde en faisant largement connaître ce que parfois ils ne peuvent même pas dire.
Un autre aspect de cette presse, et non le moindre, est d'être autre chose que ce qui pourrait n'être qu'une presse syndicale radicale, c'est-à-dire qu'elle est une presse politique socialiste et communiste au sens fondamental de ces termes. En fait, elle comporte toujours un éditorial qui traite de sujets politiques nationaux. Cet éditorial est commun à toute notre presse d'entreprise, quelle que soit l'entreprise concernée. Tous nos camarades, tous nos sympathisants, tous ceux qui forment notre public savent cela.
Un autre aspect essentiel de notre activité politique est bien sûr la publication, la diffusion et la vente de notre hebdomadaire qui aborde chaque semaine une pluralité de sujets politiques concernant la société de classes où nous vivons, sans oublier toutes les correspondances d'entreprises qui en constituent une grande partie.
Ce sont ces deux types d'activités politiques de propagande qui font notre identité, qui font que nous sommes une organisation dont l'activité et le rayonnement ont leur centre de gravité dans le monde du travail.
Mais se limiter aux entreprises concernées par notre presse et à des ventes publiques ponctuelles dans certaines communes, même nombreuses, limite notre rayonnement car notre hebdomadaire est surtout vendu « de la main à la main ».
Il est donc nécessaire d'étendre notre rayonnement politique en augmentant nos activités politiques locales en dehors des entreprises, c'est-à-dire de faire de la propagande régulière dans le plus grand nombre de communes possible où nous n'intervenons pas d'ordinaire par nos activités courantes.
Nous le faisons durant la période d'été avec ce que nous appelons nos « caravanes politiques », organisées par des camarades qui durant deux semaines de leurs vacances d'été parcourent une région, de ville en ville, pour y intervenir politiquement, vendre notre presse, distribuer des tracts politiques, faire des réunions, passer des audiovisuels, en un mot intervenir politiquement dans des communes où on ne nous voit pas d'ordinaire.
Nous devons généraliser cette dernière activité et l'effectuer d'un bout de l'année à l'autre. Il est difficile de se fixer un objectif chiffré concret, mais nous pouvons viser des centaines de communes dans lesquelles nous pourrions assurer une présence régulière et relativement permanente.
Ces activités devraient être calquées sur celles que nous faisons lors de nos caravanes d'été, avec une différence : nos caravanes d'été ne passent qu'une fois par an dans une même ville. Là, nous reviendrions à périodes régulières, mais le plus souvent possible, sur le maximum de communes possible.
Ce qui fait notre succès lors des caravanes, c'est le fait que nous sommes nombreux, que tous les matins nous nous voyons pour répartir les tâches, que nous mangeons ensemble et que tous les soirs nous faisons le bilan des activités de la journée, en discutant de ce qui a été fait. C'est cela que nous devrons multiplier.
Les caravanes projetées, dont certaines déjà mises en œuvre à titre d'expérience, mobiliseraient pendant deux ou trois jours les mêmes camarades. Nous agirions dans le maximum de communes possible, de la même façon que dans les caravanes l'été, y compris avec tentes, banderoles, panneaux, autorisations d'emplacement si nous le pouvons, salles, vidéo, etc.
Dans un deuxième temps, lorsque nous aurons, au moyen de cette première étape, multiplié les expériences, nous pourrions associer le maximum possible de nos sympathisants actifs (nous en avons un grand nombre) qui pourraient venir pour une ou deux journées et qui acquerraient l'expérience des caravanes dans un milieu de camarades l'ayant déjà largement.
Cela nous permettrait, si nous arrivons à mobiliser tous nos sympathisants, d'avoir une présence locale tous les deux mois, dans plusieurs centaines de communes.
Cela doit être une orientation, non seulement pour les mois mais pour les années à venir, car c'est une activité que nous devrons élargir progressivement, en y associant tous nos sympathisants, en mettant ces activités à leur portée du point de vue matériel et de disponibilité.
10 octobre 2007