France - Des attaques en rafales contre la classe ouvrière

Εκτύπωση
Septembre 1993

Bien que le gouvernement Balladur, en place depuis à peine six mois, soit extrêmement attentif à ne pas avoir l'air de provoquer les classes populaires et qu'il y mette les formes, le bilan de ce semestre est néanmoins extrêmement lourd pour les travailleurs alors que le gouvernement a dans le même temps multiplié les cadeaux au patronat.

Des largesses pour les patrons

Après un "plan de redressement" annoncé le 10 mai prévoyant 15 milliards de cadeaux au patronat, Balladur s'est empressé de répondre aux récriminations patronales, qui soulignaient l'insuffisance de ces mesures, par un "plan-emploi" du 25 mai qui accordait 25 milliards de plus aux patrons sous prétexte de favoriser la création d'emplois.

En quelques semaines les patrons ont donc obtenu une accélération de la réforme de la TVA qu'ils réclamaient de longue date. Ils ont obtenu également le début d'application d'une de leurs vieilles revendications : la fiscalisation des allocations familiales. Désormais ils n'ont plus à payer de cotisations familiales sur les salaires inférieurs à 110 % du SMIC et leurs cotisations sont réduites de 50 % pour les salaires inférieurs à 120 % du SMIC, les quelque 10 milliards qu'il en coûtera au fisc seront payés par les contribuables. Enfin quelque 8 milliards de subventions ont été accordées aux entreprises du bâtiment et des travaux publics sous prétexte de relancer la construction. Et si on y ajoute un nouvel aménagement de la taxe professionnelle représentant encore 8 milliards d'allégements fiscaux pour le patronat, au début du mois de juin, Balladur avait déjà accordé pour 50 milliards de cadeaux au patronat, et cela deux mois seulement après son installation au gouvernement.

Des coups répétés contre les travailleurs

Pour combler les coupes claires que ces mesures font dans le budget, Balladur a lancé un emprunt de 40 milliards de francs et annoncé la mise en route dès l'automne des privatisations, c'est-à-dire la vente d'un certain nombre d'entreprises nationalisées.

Mais pour pouvoir faire des largesses aux riches, il faut bien trouver l'argent quelque part. Balladur s'y est appliqué. Dès son arrivée au gouvernement, il a annoncé son intention de diminuer de 1,5 % par an le nombre des fonctionnaires, ce qui implique 30 000 suppressions d'emplois chaque année ; curieuse façon de lutter contre le chômage ! Il a annoncé le blocage des salaires des fonctionnaires, le gel des retraites et des pensions...

Et puis le gouvernement a choisi de faire combler pour l'essentiel par les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les déficits des caisses d'assurance maladie, de chômage, de retraites, déficits pourtant creusés par le développement du chômage dont les patrons sont les seuls responsables. Le "trou" de la Sécurité Sociale doit être comblé par une augmentation de la CSG qui a plus que doublé au 1er juillet, passant de 1,1 % du salaire brut à 2,4 %, par une augmentation de 10 % du forfait hospitalier, par une diminution de 5 points des remboursements médicaux, etc.

Celui de l'UNEDIC doit être lui aussi comblé par une hausse des cotisations et une diminution des prestations dont les salariés et les chômeurs font l'essentiel des frais, puisqu'un tiers seulement du déficit est couvert par les patrons.

Quant à la réforme de la retraite, adoptée dès juillet, elle a porté de 37 ans et demi à 40 ans le nombre d'années travaillées nécessaire pour avoir droit à une retraite à taux plein, retraite qui sera désormais calculée sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures années. Bref, il faudra cotiser bien plus longtemps pour percevoir une pension bien moindre. Cette loi entrera en vigueur à partir de janvier prochain et s'appliquera progressivement aux différentes tranches d'âge, ce qui aboutit à diluer sur la durée la remise en cause des acquis, et à rendre ainsi plus difficile une riposte collective des gens concernés.

A ces attaques contre les droits sociaux, il faut ajouter l'augmentation des tarifs des services publics, la Poste, la SNCF, la RATP, et l'augmentation des taxes sur l'alcool, le tabac et surtout l'essence : 33 centimes de plus par litre à la veille des grands départs en vacances.

Des avantages fiscaux pour les riches

Un article du journal Le Monde Diplomatique de septembre 1993 a fait le calcul : ces mesures représentaient une ponction de 100 milliards de francs en année pleine (la moitié de ce que rapporte l'impôt sur le revenu) sur les revenus des salariés, des chômeurs, des retraités, c'est-à-dire sur la fraction de la population dont les revenus sont les plus modestes.

Car le gouvernement s'est bien gardé de taxer les plus riches. Et lorsque Balladur a fait appel à eux pour qu'ils acceptent de lui prêter de l'argent, ce fut moyennant des avantages fiscaux suffisants pour les inciter à le faire de bon cœur ! Bien entendu, lesdits avantages seront payés par les autres contribuables, tout comme le service de ce nouvel emprunt dont on ne sait pas encore s'il sera aussi avantageux pour les souscripteurs, et aussi catastrophique pour les finances publiques que le fut l'emprunt Giscard en son temps qui, pour avoir apporté 6,5 milliards à l'État, lui en coûta plus de dix fois plus. Pour l'instant il est surtout remarquable pour avoir été couvert presque trois fois puisque Balladur demandait 40 milliards et en a obtenu 110.

Sur ces 110 milliards, seuls 5 milliards ont été distribués aux familles modestes, tel un lot de consolation sous forme d'une augmentation de la prime de rentrée scolaire qui est passée de 400 à 1500 F par enfant. Sous une forme ou une autre, tout le reste ira au patronat.

Balladur a mis en chantier une réforme de l'impôt sur le revenu, réduisant le nombre de tranches d'imposition et avantageant les revenus moyens et supérieurs. Il en coûtera 19 milliards de manque à gagner pour l'État.

La bourgeoisie encaisse l'argent, bien sûr, sans s'engager pour autant sur la reprise des investissements productifs ni sur des embauches. Ce qui ne l'empêche pas d'exiger d'autres mesures en sa faveur, comme la fin des "rigidités sociales", c'est-à-dire l'abrogation de toute législation un tant soit peu contraignante mettant quelques limites à l'exploitation. Les patrons ne veulent plus d'un salaire minimum, ils réclament la disparition du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance), ils veulent moins de droits syndicaux, ils veulent une flexibilité complète du temps de travail, tant pour les horaires que pour les jours de repos, les postes occupés, etc. Balladur s'y emploie, toujours sous prétexte d'aider à la création d'emplois.

Exploitation accrue pour les travailleurs

Ainsi, le dernier né des plans Balladur, présenté à la fin août et pas encore adopté par le parlement, intitulé "plan quinquennal pour l'emploi", remet en cause tout un pan de la législation sociale. La flexibilité réclamée depuis des années par les patrons va probablement être adoptée : les horaires de travail seront annualisés et répartis à la discrétion de l'employeur, qui n'aura plus à payer les heures supplémentaires dès lors que le quota annuel ne sera pas dépassé ! La représentation syndicale dans les PME sera revue à la baisse tant pour le nombre de délégués que pour leurs droits ; le travail à temps partiel sera encouragé. Bref, la voie sera encore un peu plus déblayée pour une aggravation de l'exploitation des travailleurs.

Le patronat ne fait pas de cadeaux au gouvernement de droite

Peu à peu l'ensemble des vœux du patronat vont donc être exaucés. Mais cela n'empêche pas les patrons de continuer à faire la moue, voire de taper carrément du poing sur la table pour réclamer davantage encore. Après avoir trouvé minable le premier plan Balladur et obtenu une rallonge substantielle, ils ont grogné contre la réforme de la TVA pas encore assez avantageuse à leur gré. Les patrons voulaient tout, tout de suite, c'est-à-dire à la fois la suppression du décalage d'un mois et la fin de l'étalement des remboursements. Ils l'ont obtenu, et il en coûtera au budget de l'État, au lieu des 11 milliards initialement prévus, 46 que l'emprunt Balladur, arrivé à point, a fournis.

Le patronat n'est pas plus tendre avec la droite qu'avec la gauche. Il ne fait pas le moindre geste pour aider le gouvernement à faire avaler la pilule. Les plans de licenciements succèdent aux plans de licenciements, créant des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires chaque mois. Chacun dans son rôle : celui du gouvernement, c'est de faire accepter à la population la politique décidée par le patronat, pas l'inverse. Balladur n'a qu'à s'exécuter, tout comme ses prédécesseurs.

Balladur et les syndicats

Une de ses tâches est de faire passer cette politique, pourtant extrêmement dure vis-à-vis des travailleurs, en évitant de susciter des réactions. C'est pour cela qu'il s'ingénie à donner de lui cette image onctueuse de Premier ministre pondéré, attentif à la justice et à l'équilibre social. Il souligne la continuité de sa politique avec celle de ses prédécesseurs socialistes et il présente toutes les mesures anti-ouvrières comme des mesures prises dans l'intérêt même des travailleurs, destinées à lutter contre le chômage, nécessaires pour sauver la Sécurité Sociale ou l'UNEDIC. Il prend soin de rencontrer les confédérations syndicales pour obtenir leur opinion, et si possible leur caution, sur les mesures à prendre et, bien que ce soit lui qui décide, il fait mine de prendre en compte quelques objections mineures, veille à laisser quelques marges aux négociations paritaires. Il se montre même prêt parfois à revenir sur certaines dispositions pour donner un peu de grain à moudre aux organisations syndicales en échange de concessions de taille de leur part. Ainsi il est question qu'il accepte de revenir sur le blocage des salaires des fonctionnaires pour 1993 si les organisations syndicales acceptent en échange une négociation sur plusieurs années qui aboutirait en fait, si elle aboutissait, à une revalorisation minime des salaires.

Balladur bénéficie évidemment du fait qu'avant lui les gouvernements de gauche ont effectivement mené la même politique au service du patronat en affirmant aux travailleurs que c'était pour leur bien. La gauche, en prônant comme priorité la bonne santé des entreprises, c'est-à-dire des profits, a paralysé la classe ouvrière face aux attaques patronales, lui a fait accepter un recul considérable de son niveau de vie et de ses conditions de travail. Elle a démoralisé la classe ouvrière et a permis que, jusqu'à présent, les coups répétés que le patronat multiplie restent sans réponse.

Car c'est bien cela l'important... Même si le gouvernement en place s'est efforcé de l'enrober de raisonnements et de discours lénifiants, l'offensive patronale n'a pas connu de cesse. Mois après mois, mesure après mesure, les patrons occupent position après position.

La course aux présidentielles dans la majorité

A côté de cela, l'agitation politicienne qui secoue la droite est bien mineure, même si elle est fébrile. Car si la droite bénéficie de la majorité parlementaire, cette majorité recouvre une ribambelle d'ambitions et de rivalités personnelles, activées par la course à l'élection présidentielle, prévue dans un an et demi.

Les deux chefs de file de la droite, Chirac et Giscard, ne sont pas seuls en compétition. Il y a maintenant, nous dit-on, Balladur dont la cote de popularité, selon les sondages, ferait un présidentiable mieux placé, parait-il, que Chirac ! Il y a aussi les seconds couteaux parmi lesquels des hommes comme Léotard, Seguin et quelques autres. Bien qu'appartenant au même parti que le Premier ministre, Seguin ne s'est pas gêné pour critiquer sa politique, qualifiée de "Munich social" ! Pasqua, lui, s'est positionné de façon à séduire l'électorat de droite le plus réactionnaire. En enfourchant le thème de la lutte contre l'immigration, il veut tailler des croupières à Le Pen et récupérer une fraction de son électorat.

Bien malin celui qui ferait dans tout cela la part de la division du travail calculée entre le "raisonnable Balladur" et le "méchant Pasqua" et la part des rivalités de personnes à la recherche de support politique. Chacun des chefs de file de la droite mène son propre jeu, qu'il fasse partie du gouvernement ou qu'il s'en soit prudemment tenu à l'écart comme Chirac et Giscard.

L'opposition n'offre aucune perspective aux travailleurs...

Quant à l'opposition, elle offre le même spectacle de rivalités personnelles même si cela apparaît moins aujourd'hui, car le Parti Socialiste en est encore à digérer sa déroute électorale de mars dernier. Le Parti Socialiste est encore à la recherche d'un candidat pour le représenter aux prochaines présidentielles. Les postulants foisonnent là aussi, bien que, pour des raisons tactiques, ils ne se disputent pas en ce moment pour occuper le devant de la scène... Rocard ? Delors ?... On recherche le candidat qui aurait l'image la moins à gauche possible. C'est dire que ce n'est pas du côté des aspirations ouvrières que les préoccupations du Parti Socialiste sont tournées.

Quant au Parti Communiste, il voudrait bien lui aussi se requinquer dans l'opposition. La tâche est rude : il lui faut à la fois retrouver des forces militantes - ou du moins cesser d'en perdre - et un poids électoral qui lui permette de ne plus être tenu pour quantité négligeable sur le terrain des combinaisons politiciennes. Mais, sur ce plan, sa seule perspective c'est l'alliance avec le Parti Socialiste. Non seulement pour l'instant le Parti Socialiste n'est pas demandeur, mais il faut bien reconnaître que la perspective n'a rien d'enthousiasmant pour le monde du travail qui vient d'"en prendre" pendant près de dix ans.

Une perspective réelle pour le monde du travail, et du même coup pour la société tout entière, ne peut se situer dans cette direction-là.

Aujourd'hui, derrière cette agitation politicienne, rythmée par les échéances électorales et marquée par ce choc, bien dérisoire, des ambitions personnelles, il y a plus sérieux et plus grave. L'offensive de la bourgeoisie contre le monde du travail n'est certes pas nouvelle. On peut même dire qu'elle est permanente. Mais, depuis le début de la crise, d'année en année, de mois en mois, elle s'est mise en place. Avec la complicité de la gauche au gouvernement, avec l'appui de la droite aujourd'hui. Les dizaines de mesures qui ont été prises depuis six mois sont présentées comme des mesures d'urgence, sinon improvisées, du moins nécessitées par les circonstances. En fait, elles vont toutes dans la même direction. Elles servent toutes les intérêts des patrons, elles s'attaquent toutes à la classe ouvrière. Il s'agit d'un véritable plan, qui n'est pas destiné, comme on voudrait nous le faire croire, à lutter contre la crise, mais d'un plan qui vise à faire payer cette crise à la population laborieuse, afin que la bourgeoisie, elle, puisse s'en sortir sans frais, sans casse. Et même mieux, en en tirant profit. C'est ce qui se produit aujourd'hui. Les bénéfices s'accroissent à la mesure de l'accroissement de l'exploitation.

L'urgence, c'est de créer les conditions qui permettront aux travailleurs de défendre, collectivement, leurs conditions d'existence et, à partir de là, de reprendre l'initiative.

...Les centrales syndicales n'en offrent pas non plus

Pas plus que les partis de gauche, les confédérations syndicales ne répondent à cette attente.

Faut-il même parler de la CFDT qui, pour sa part, en est presque à décerner un certificat de bonne conduite au gouvernement, du moment qu'il consent à rencontrer les syndicats, à les informer et de temps en temps à leur laisser quelques miettes ? Ce que Balladur est prêt à accepter d'autant plus volontiers que cela l'aide à conforter son image, sans qu'il ait besoin d'infléchir sa politique pro-patronale.

Force Ouvrière se montre plus critique. Elle se déclare, pour reprendre les propos de son secrétaire général, Marc Blondel, "maintenant vouée à une contestation permanente". Le ton des dirigeants de la CGT est encore plus critique. Mais il ne suffit pas de critiquer la politique du gouvernement. Cela, beaucoup de monde le fait - même dans la majorité, on le voit avec Seguin. Il faut préparer les travailleurs à la riposte et, pour commencer, montrer qu'il n'y a rien à discuter en se plaçant sur le terrain choisi par le gouvernement et le patronat, en se retrouvant autour d'une table, même quand on boude devant les plats proposés. Ce n'est pas ce qu'ont fait les dirigeants de la CGT et de FO qui, en répondant aux invitations de Balladur, cautionnent sa démarche.

Une façon d'aider la classe ouvrière à retrouver le moral et à reprendre confiance en sa force serait de montrer que la riposte ouvrière, pour être efficace, doit être une riposte d'ensemble, face à des attaques qui, elles, sont générales, qui procèdent d'un plan d'ensemble de la bourgeoisie. On ne voit pas, pourtant, les confédérations syndicales qui déclarent s'opposer aux mesures gouvernementales agir dans ce sens-là. Elles ont, ces dernières semaines, proposé des actions éparses, au coup par coup, un jour dans les banques pour protester contre la déréglementation qui permettrait le travail du dimanche, un autre jour dans telle ou telle entreprise du secteur nationalisé, pour protester contre des projets de dénationalisation, etc. Et maintenant que les effets cumulés des pratiques patronales prennent des proportions tellement spectaculaires (20 000 suppressions d'emplois en deux jours, rien que les 14 et 15 septembre), que même Balladur, et en écho Périgot, le responsable du CNPF, se sont sentis obligés d'appeler les dirigeants des entreprises à faire preuve de plus de modération, on voit la CGT et FO évoquer la nécessité de développer une "riposte plus vaste" voire générale. Mais ils assortissent toujours leurs propos de considérations sur les actions diversifiées, sous des formes multiples, qui font qu'ils donnent l'impression qu'ils agissent plus comme poussés par la nécessité, que par une volonté et une détermination fermes. C'est bien loin du langage qui pourrait montrer que si les travailleurs ne sont pas, pour le moment, prêts à engager la lutte contre le patronat, les dirigeants syndicaux, eux, le sont. Pour justifier une telle attitude, les responsables syndicaux s'appuient sur le fait qu'il n'y a pas, aujourd'hui, beaucoup de combativité dans la classe ouvrière. C'est un alibi commode, c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de combativité - et la politique des partis de gauche et des confédérations y est aussi pour quelque chose. Ils en concluent qu'on ne pourrait proposer que des objectifs limités, adaptés à cette faible combativité. Le problème est, en réalité, inverse. Pour remonter la pente, il serait nécessaire de montrer ce qu'il faudrait faire, d'afficher des objectifs et les moyens d'action qui permettraient de les atteindre. Ce serait la meilleure façon de convaincre les travailleurs pour les décider à agir.

Cette riposte ouvrière est indispensable, urgente si l'on ne veut pas voir les conditions d'existence de la classe ouvrière revenir à ce qu'elles étaient entre les deux guerres, voire même au début du siècle. Car la politique au service exclusif du patronat menée depuis le début de la crise, depuis plus de 10 ans maintenant, pèse évidemment de plus en plus lourd d'année en année sur la classe ouvrière. Et ça ne peut être que pire chaque année tant qu'il n'y a pas de contre-offensive ouvrière. C'est une question de rapport de force entre les classes sociales, pas une question de couleur des politiciens qui gouvernent. D'ailleurs Rocard promet de faire encore mieux pour le patronat s'il revenait au pouvoir et on peut être sûr que, cette promesse-là, il la tiendrait si les travailleurs le laissaient faire.

Le patronat est de plus en plus arrogant, se sent de plus en plus sûr de lui, craint de moins en moins les réactions ouvrières et exige toujours plus. Jusqu'au jour où il se livrera à une provocation de trop et déclenchera la colère du monde du travail. Cela peut arriver à l'improviste, sans crier gare. Et c'est parce que le gouvernement le sait bien qu'il est si prudent, car la bourgeoisie ne craint rien tant que la riposte ouvrière qui peut l'obliger à rendre gorge, voire à laisser la place !