Travailleuses, travailleurs, chers amis, chers camarades,
La bourgeoisie mène la lutte de classe
La minorité capitaliste et le grand patronat nous mènent une guerre de plus en plus féroce. Les milliards qu’ils amassent sont réalisés à coups de licenciements, de suppressions d’emplois, de blocage de salaires, d’augmentation du temps de travail et d’aggravation de l’exploitation. Ils sont réalisés à grand renfort de travail intérimaire et de sous-traitance, où les salariés sont plus flexibles et plus mal payés. Ils sont arrachés aux salariés des plus petites entreprises priés de ne pas compter leurs heures parce que leur patron est étranglé par ce grand capital.
Les régions ravagées par le chômage, les centres-villes désertés parce que le petit commerce est moribond, les millions de femmes et d’hommes, de jeunes qui jonglent avec des petits boulots, les retraités dont la pension est inférieure au seuil de pauvreté : voilà le résultat de l’avidité insatiable de la classe capitaliste.
On nous dit que la lutte de classe est dépassée. Mais elle est vécue tous les jours dans les entreprises : ce sont les minutes de pause volées, les primes diminuées, les heures non payées, les RTT supprimées, les gestes et les postures répétés qui usent la santé. Et c’est tous les jours pour des millions de salariés, dans le privé comme dans le public.
Parce que je dénonce la grande bourgeoisie, parce que je décris l’opposition entre le monde du travail et la classe capitaliste, on m’accuse d’être schématique, caricaturale voire violente comme l’a dénoncé la patronne Sophie de Menthon, qui voudrait du coup m’interdire d’enseigner… Mais c’est la réalité vécue par les classes populaires, ignorée de cette dame, qui est caricaturale et violente !
Vingt et un milliardaires possèdent l’équivalent de ce que détiennent 20 millions de femmes et d’hommes dans ce pays ! Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, patron de LVMH, a augmenté sa fortune de 7 milliards en 2016, pour atteindre 38,5 milliards. Drahi, le magnat des télécommunications, a doublé sa fortune, passant de 5,4 milliards à 12 milliards. La fortune de Besnier, le PDG à la tête de Lactalis, est passée de 7 à 10,5 milliards.
Comment cela a-t-il été possible en pleine période de crise, alors que l’économie est stagnante et que la concurrence fait rage ? Eh bien il n’y a qu’une explication à cela, c’est qu’ils ont aggravé l’exploitation à tous les étages de leur empire.
On nous présente toujours ces fortunes comme le fruit du travail mérité de valeureux entrepreneurs. Mais elles se construisent sur le vol du travail de centaines de milliers de salariés et aussi sur la mise en coupe réglée de l’argent public !
Car la grande bourgeoisie pille aussi les caisses publiques, aux dépens des hôpitaux, de l’éducation, des transports. Et l’État vide volontiers ses poches. C’est de l’argent sonnant et trébuchant des subventions ou des exonérations, mais ce sont aussi tous les services rendus quand les ministres se transforment par exemple en représentants commerciaux pour les Dassault ou les Bouygues.
Alors oui, cette grande bourgeoisie commande l’État, elle domine l’économie et pèse sur toute la marche de la société. Et elle nous conduit dans le mur en poussant les classes populaires vers la déchéance matérielle et la société à la déshumanisation, car le chômage et la misère font le lit de la concurrence, de l’individualisme, du rejet, voire de la haine de l’autre.
Alors, dans cette campagne, il faut que nous disions aux travailleurs qui nous entourent : ne vous laissez pas abuser par tous ces politiciens qui se bousculent pour aller à l’Élysée. Regardez ceux qui tirent les ficelles, regardez la classe capitaliste qui tient nos vies entre ses mains : c’est une classe parasitaire, anachronique et irresponsable. Et la guerre sociale qu’elle nous mène se poursuivra. Alors, saisissons-nous de cette élection pour dénoncer la dictature de la bourgeoisie, pour mettre en avant nos intérêts de classe et affirmer notre conscience d’avoir à nous battre pour les imposer.
L’élection présidentielle, une duperie
Dans cette campagne électorale, rien ne s’est passé comme prévu. Et à quatre jours du scrutin personne ne peut prédire quel sera le duel du second tour. Alors oui, c’est assez inédit, mais en même temps on retombe dans la bonne vieille comédie électorale.
C’est l’éternel recommencement : chacun brandit son programme, promet de faire repartir l’économie… Et tous évidemment de parler au nom du peuple ! Et ils savent y faire ! Chacun feint la colère face au chômage. Tous ont un petit mot pour les smicards, pour les femmes, pour les retraités, les personnes handicapées, les agriculteurs, les commerçants, les jeunes.
Mais combien d’élections y a-t-il eu ? Combien de présidents et de majorités gouvernementales différentes ? Combien de fois les mêmes, ou leur parti, nous ont-ils fait les mêmes promesses, pour les trahir une fois au pouvoir ?
On pourrait essayer tous les prétendants à l’Élysée, les tester les uns après les autres… Oh, leur exercice du pouvoir serait différent mais, sur le plan social, ce serait la même chose.
Car même les plus attentionnés vis-à-vis des classes populaires ne veulent rien changer à l’ordre social et à notre condition d’exploité. Ils aspirent tous à gouverner dans le cadre de cette économie capitaliste, en acceptant la dictature que la grande bourgeoisie impose sur l’économie et sur la vie de millions de travailleurs.
Vous connaissez sûrement l’expression très populaire en mai 1968 : « La dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours ! », eh bien c’est exactement cela, car les grands candidats nous amusent avec leurs programmes électoraux chiffrés et leur calendrier. Mais les programmes qui seront réellement appliqués sont ceux qui sont décidés en ce moment dans le secret des conseils d’administration des grandes entreprises et des banques. Et il n’y aura pas de vote organisé sur ces programmes qui nous touchent en premier lieu.
On nous parle de démocratie, mais les vrais maîtres de l’économie et de la société, ce sont les Peugeot, les Bouygues, les Arnault, les Dassault, les Mittal, et il n’y a pas d’élections pour contester leurs décisions ou pour renverser ces rois des temps modernes.
Alors, j’appelle les travailleurs à ne pas marcher dans le jeu truqué de l’élection. Utilisons notre bulletin de vote pour lever le drapeau de la conscience de classe et des luttes collectives !
Avec Macron, Fillon, Le Pen, Hamon et Mélenchon, on a droit à toute une palette de partis, du plus libéral au plus étatiste, de la plus xénophobe au plus tolérant. Aucun d’eux ne représente les intérêts des travailleurs, et il faut le dire.
Fillon/Macron
Pour Fillon, c’est clair. Lui-même revendique d’être le serviteur dévoué de la bourgeoisie. Et il lui ressemble comme deux gouttes d’eau ! Vous savez d’ailleurs que, malgré toutes ses casseroles et sa mise en examen, Fillon reste le candidat préféré des plus riches… Il faut dire qu’en matière de passe-droits et de privilèges il joue en seconde division, comparé à la grande bourgeoisie. Et c’est surtout qu’il affiche le programme rêvé du grand patronat : la fin des 35 heures, la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, la retraite à 65 ans, plus d’impôts pour les pauvres, moins pour les riches.
Alors il est certain que, si Fillon était élu sur la base de ce programme, cela faciliterait grandement les attaques du grand patronat. Mais ce dernier s’accommoderait aussi tout à fait d’un Macron. Et pour cause !
Le peu de temps qu’il a été au pouvoir, deux ans, il est parvenu à attacher son nom à deux lois antiouvrières : la loi Macron, qui a étendu le travail le dimanche, et la loi El Khomri, qu’il aurait voulue plus dure encore.
Macron, qui a été banquier chez Rothschild et a gagné trois millions, un million par an, pour jouer l’intermédiaire entre des requins de la finance dans cette banque, se dit fier d’avoir, à la différence d’autres, une vraie expérience professionnelle. Comme si cela lui donnait une idée concrète de la vie de l’écrasante majorité de la population !
Macron regarde la société de sa fenêtre de bourgeois. Et que dit-il à la jeunesse ? « Créez votre activité, devenez autoentrepreneur. » Résultat, vous livrerez des pizzas comme les jeunes d’il y a trente ans. Mais au lieu d’être en scooter, vous serez à vélo ; et si vous avez un accident, vous n’aurez même pas de couverture sociale, car vous n’êtes pas salarié !
Ou, au lieu d’être chauffeur de taxi, vous êtes chauffeur Uber. Au lieu d’être manutentionnaire chez Carrefour, vous l’êtes chez Amazon, mais vous alignez autant d’heures, voire plus, et vous êtes aussi mal payé !
Macron joue la carte de la nouveauté. Mais il est l’enfant caché de Hollande et de Sarkozy, fiancé à Bayrou ! Bref, Macron, c’est comment faire du neuf… mais avec du vieux ! Il n’y a sûrement pas à tomber dans le panneau !
Le Pen, fan de Trump, ennemie des travailleurs
Le Pen se prétend la « candidate du peuple », mais elle appartient au même monde que Fillon ou Macron, celui des riches qui usent de tous les moyens pour accroître leur fortune. Elle a même transformé son activité politique en petite entreprise familiale prospère… La seule chose qui la distingue, c’est qu’elle a toujours été écartée de la mangeoire gouvernementale.
Elle prévoit elle aussi des suppressions d’emplois dans la fonction publique et des cadeaux au patronat, mais elle cache son jeu en brandissant la retraite à 60 ans et 80 euros de prime pour augmenter les plus bas revenus. Et où veut-elle prendre l’argent ? Sur ce que coûterait l’immigration !
Elle veut s’attaquer aux migrants qui fuient la guerre ou une dictature féroce, ou encore à des travailleurs parfois ici depuis cinq ou dix ans en voulant taxer leur contrat de travail ou en imposant qu’ils payent pour leur couverture sociale ou pour l’éducation de leurs enfants. C’est abject !
Elle s’en prend à ceux qui travaillent sur les chaînes de montage, dans le bâtiment, l’hôtellerie, dans le nettoyage. Elle s’en prend à des ouvriers, à des intérimaires. Elle brandit exactement la même politique que celle du patronat : diviser pour régner !
Le Pen est une démagogue qui se sert des préjugés racistes et de la xénophobie et les alimente pour ne pas dénoncer les véritables responsables du recul de la condition ouvrière. À l’image de ses nouvelles idoles, le milliardaire-président Donald Trump et Poutine, le grand chef de l’oligarchie russe, elle veut servir les capitalistes et les banquiers. Et plus elle s’approche du pouvoir, plus elle leur fait des œillades.
Elle se dit antisystème ? Mais elle est la dernière roue de secours de la bourgeoisie !
Si Le Pen parvenait au pouvoir, elle mènerait sur le plan social la même politique antiouvrière que les autres, en étant encore plus dure avec les étrangers, et plus autoritaire avec tout le monde. Et il suffit de voir sa haine des syndicats ouvriers et des travailleurs qui se battent, pour le comprendre.
Certains autour de nous disent vouloir donner un coup de pied dans la fourmilière. C’était déjà se tirer une balle dans le pied. Mais on n’en est plus là. Aujourd’hui, voter au premier tour pour Le Pen c’est prendre le risque de l’installer au pouvoir, et c’est l’ensemble du monde du travail qui le paiera.
Alors, au copain de boulot, au voisin, à celui qui regarde vers Le Pen, il faut dire : Laisse ce vote aux bourgeois du seizième qui ne supportent pas la vue d’un centre pour SDF ; laisse ce vote aux nostalgiques de l’Algérie française, à la Manif pour tous, aux nazillons mal vieillis, aux policiers racistes qui cognent ceux qui sont noirs en plus d’être pauvres ! Ne vote pas contre les immigrés, qui sont nos frères de classe ! Vote pour tes intérêts, vote pour ton camp, le camp des travailleurs !
Mélenchon, faux sauveur suprême
À gauche, on entend une tout autre musique. Hamon et Mélenchon ont repris la ritournelle de tous les candidats socialistes à la présidentielle : faire rêver, réenchanter l’avenir. Mais c’est Mélenchon, son langage et ses coups de colère qui font mouche parmi les déçus du PS. Et le fait que le PC ait fini par le choisir lui donne une base militante dans les classes populaires.
Mélenchon promet de revenir à la retraite à 60 ans, de réduire le chômage, de porter le smic à 1 300 euros et d’augmenter les petites retraites. Mais attention, il se veut responsable et il assure que ces mesures ne coûteront rien au patronat. Pour compenser, il a d’ailleurs prévu la baisse de l’impôt sur les bénéfices, qui passerait de 33 % à 25 %. Et il promet surtout de relancer l’économie.
Pour Mélenchon, s’il y a 6 millions de chômeurs, si le niveau de vie des classes populaires s’effondre, c’est parce que depuis quinze ans, il n’y a que des mauvais pilotes au sommet de l’État. Mais avec lui, tout va changer. Grâce à sa politique, le capitalisme sortira de la crise dans laquelle il s’enfonce et les capitalistes cesseront d’orienter tous les capitaux vers la finance ! C’est semer de graves illusions sur ce qu’est le capitalisme.
Quelles que soient les politiques publiques, que l’on sorte ou pas de l’Union européenne, l’avidité et la dictature de la grande bourgeoisie sur les travailleurs et sur l’économie ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique !
Mélenchon pose en antisystème parce qu’il parle de VIe République. Mais prétendre redonner le pouvoir au peuple sans l’enlever des mains des vrais maîtres de la société que sont les capitalistes relève d’un tour de passe-passe.
Les régimes se sont succédé mais l’appareil d’État, lui, s’est maintenu, avec souvent les mêmes hommes aux postes clés, intimement lié aux plus riches. Et les grandes familles bourgeoises ont traversé tous les régimes en s’adaptant et en ne cessant jamais de s’enrichir.
Prenez le groupe Lafarge : il a fait des affaires sous tous les régimes depuis plus d’un siècle, il a prospéré sous la IIIe République, la IVe et la Ve République. Il a participé à la construction du mur de l’Atlantique sous Pétain et Hitler. On a appris récemment qu’il a poursuivi ses affaires en Syrie sous Daesh, et hier encore il était candidat pour construire le mur de Trump entre le Mexique et les États-Unis ! Autant dire que ce n’est pas une VIe République qui l’arrêtera !
Parce qu’il ne veut pas être accusé de laxisme, Mélenchon tient sur l’immigration des propos plus qu’ambigus. D’un côté, pour ne pas heurter une partie de ses électeurs, il promet de « donner des papiers à ceux qui ont un contrat de travail ». Mais, juste après, il n’hésite pas à affirmer qu’ « il n’y a pas moyen d’occuper tout le monde » et il justifie l’expulsion de « ceux qui n’ont ni de papiers ni de contrat de travail » car, dit-il, « c’est la loi » et « je ne sais pas quoi en faire » !
L’emballage se veut plus présentable mais c’est ce que l’on entend du côté de Le Pen ! Eh bien ce n’est pas ainsi que l’on pourra contrer son influence dans les classes populaires. Il faut le dire clairement : non, il n’y a pas de problème d’immigration. Il y a le problème d’une minorité qui accapare les fruits des richesses que nous produisons collectivement.
Selon les sondages, Mélenchon aurait une chance d’accéder au second tour, du moins l’espère-t-il. Mais, même s’il était élu, il n’y aurait aucune raison de lui faire plus confiance qu’à Hollande. Car il serait, comme Hollande, confronté au mur de l’argent, au grand patronat, aux banques et aux marchés financiers.
Léon Blum en 1936, déjà, avouait s’être soumis au mur de l’argent en parlant des 200 familles mais, à chaque fois, les socialistes feignent de le redécouvrir une fois arrivés au pouvoir. C’est aussi ce qui s’est produit en Grèce, où Tsipras, élu pour tenter de résister aux créanciers, a capitulé et applique désormais la politique d’austérité qu’il dénonçait hier. Et Mélenchon ne ferait pas mieux ! Car le grand capital ne se paye pas de discours ! Il veut être payé en espèces sonnantes et trébuchantes, il n’obéit qu’à la loi du marché capitaliste. Et on ne peut le faire reculer qu’en lui opposant la force sociale que représente le monde du travail mobilisé.
Alors, si Mélenchon arrivait au pouvoir, rien ne tomberait d’en haut, il faudrait se battre. Eh bien, l’essentiel est qu’il y ait des femmes et des hommes pour le dire, pour pousser à ces mobilisations nécessaires, et c’est aussi pour préparer cette situation-là qu’il faut dès le premier tour faire entendre le camp des travailleurs et lever le drapeau des luttes collectives.
Faire entendre le camp des travailleurs
Dans le cadre de cette compétition électorale, les principaux candidats s’opposent mais ils partagent le même parti pris fondamental : ils sont convaincus que sans les capitalistes il n’y a pas de croissance, pas de prospérité, pas d’emplois, pas de vie économique. Leur politique consiste à faire la politique qui leur convient.
J’appelle les travailleurs à affirmer l’inverse. La bourgeoisie n’est rien sans nous, les travailleurs. Les Arnault, les Drahi, les Bettencourt ne seraient rien sans les centaines de milliers de salariés qui travaillent dans leurs usines et leurs bureaux… Ils ne seraient rien sans leurs comptables, leurs chauffeurs, leurs femmes de ménage et leurs majordomes ! Même pour se faire à manger ils ont besoin de nous !
Ensemble, nous faisons tourner toute la société. Nous produisons toutes les richesses. Y compris les superprofits qui sont encaissés par une minorité. Y compris les produits de luxe réservés aux plus riches. Les progrès des transports, de la médecine, toutes les prouesses techniques, c’est nous ! Nous sommes indispensables à la bonne marche de l’économie et de la société.
Eh bien, il faut que nous l’affirmions et que cela soit notre boussole politique. Nous sommes mille fois plus légitimes à mettre en avant nos revendications que cette classe minoritaire et parasite. Nos intérêts, nos emplois, nos salaires, nos retraites, nos conditions de travail et de vie doivent passer avant les parachutes dorés des PDG, avant les dividendes des actionnaires, avant les fortunes d’une minorité capitaliste.
Un programme de lutte pour le monde du travail
Si l’on veut que le camp des travailleurs se renforce, qu’il soit visible y compris par tous ceux qui sont écœurés de la politique comme par ceux qui veulent voter pour le FN, il faut qu’il se manifeste dans cette élection. Il faut que les travailleurs mettent en avant leurs intérêts, leur politique, leur programme.
Pour éradiquer le chômage : un travail et un salaire pour tous
Le premier point de ce programme, c’est d’éradiquer le chômage. Le patronat et, à sa suite, tous les politiciens, prétendent qu’on ne peut pas garantir les emplois, qu’il leur faut de la flexibilité. Nous, travailleurs, nous devons affirmer qu’on ne peut pas vivre sans travail et que notre vie ne peut pas dépendre des aléas de leurs carnets de commandes. Nous ne sommes pas des machines que l’on peut brancher et débrancher. Nous avons une vie, une famille. Les loyers, les factures tombent tous les mois, même quand on a perdu son boulot. Il faut remplir l’estomac des enfants…
Il faut que tout le monde ait un travail et un salaire. La première mesure, de bon sens, est d’interdire les licenciements et les plans de suppressions d’emplois, à commencer par les entreprises qui font des bénéfices.
On me répond souvent que c’est une contrainte intenable. Rendez-vous compte de la contrainte !
Whirlpool ferme une usine à Amiens pour produire moins cher en Pologne, et licencie 290 salariés. Maintenir ces emplois lui coûterait moins de 2 % de son bénéfice annuel de 850 millions de dollars et ce serait une poussière dans le chiffre d’affaires de cette multinationale.
Et on peut faire le calcul pour Orange, la BNP, SFR, PSA, pour les multinationales de la pharmacie ou des assurances : c’est la même chose.
Ce sont là les groupes les plus prospères et de grands fabricants de chômeurs.
On m’oppose en permanence les PME, mais il ne faut pas être dupe. La grande majorité sont des extensions des grands groupes, créées artificiellement par le biais de l’externalisation et de la sous-traitance, pour diviser les travailleurs et pour que les grands groupes se déchargent de leurs responsabilités sur des patrons plus petits.
Il n’y a aucune raison d’accepter d’être licencié parce qu’on travaille dans une petite entreprise de nettoyage, de maintenance ou d’ingénierie. Quant aux petites entreprises et aux artisans, ce qui les étrangle ce ne sont pas les salaires qu’ils versent, ce sont les banques et les donneurs d’ordres. Alors oui, interdiction des licenciements, et que les groupes capitalistes payent pour préserver les emplois, y compris dans les petites entreprises qu’ils étranglent !
Parallèlement, il faut aussi créer des millions d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, pour tous ceux qui n’ont droit, depuis des années, qu’à quelques heures de boulot ici et là, pour tous ceux qui sont rejetés de la production parce qu’ils sont invalides ou handicapés. C’est possible, en imposant que le travail soit réparti entre tous. Et ce serait une mesure salutaire pour l’ensemble du monde du travail.
Dans presque toutes les entreprises, dans le privé et le public, la charge de travail a été alourdie, les horaires de travail – auxquels il faut ajouter le temps de transport – sont devenus insoutenables. Il faut soulager ceux qui ont un emploi en diminuant leur temps de travail et en créant des emplois, de vrais emplois, avec un salaire complet.
Et regardez les services publics. Prenez les hôpitaux, est-ce qu’il y a trop de personnel ? Est-ce qu’il y a trop d’enseignants dans les écoles ? Trop de bras dans les maisons de retraite ? On le voit dans la région parisienne au nombre de trains annulés, il manque des milliers de cheminots à la SNCF. Il manque des milliers de postiers dans les bureaux des quartiers populaires, des centaines de crèches ! Alors, que l’on ne nous fasse pas croire qu’il n’y a plus de travail.
Oui, il faut créer des emplois et se répartir le travail. Cela nécessite d’imposer nos intérêts contre ceux du grand patronat et de l’État. Nous ne pourrons le faire qu’au travers d’une mobilisation déterminée, et en étant prêts à mener le combat jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’expropriation et la réquisition de tous ces grands groupes qui dominent aujourd’hui l’économie.
Pas un salaire à moins de 1 800 euros net, 300 euros d’augmentation pour tous
À côté de cela, il faut augmenter les salaires et les pensions de retraite. Les candidats susceptibles d’accéder à l’Élysée nous expliquent qu’il est impossible pour les entreprises d’augmenter le smic parce que cela leur poserait des difficultés.
Ils raisonnent tous du point du patronat. Pas un ne se demande comment on arrive à boucler les fins de mois quand on gagne 1 150 euros par mois, et moins quand on est à temps partiel ou au RSA ! Pour tous ces gens-là, la priorité, ce sont les affaires et la prospérité du patronat, le Cac 40. Il faut d’abord que cela aille bien de ce côté-là, que le grand patronat soit comblé et, ensuite, peut-être qu’un jour ces messieurs-dames se pencheront sur le sort des travailleurs. Eh bien on peut toujours attendre !
Dans cette élection, j’appelle les travailleurs à reprendre la revendication de 1 800 euros par mois mise en avant par certaines fédérations de la CGT. Mais nous, nous parlons de 1 800 euros net, parce que ce qui compte c’est l’argent qui rentre dans nos poches.
Cette mesure choque nombre de journalistes. À l’un d’eux, j’ai demandé combien il lui fallait pour vivre ? Il l’a mal pris et ne m’a pas répondu. Mais je voulais juste l’inviter à faire ses comptes, parce que nous, nos comptes, nous les faisons tous les jours et on mesure ce qu’il nous manque pour vivre sans l’angoisse du lendemain.
Pour ceux qui galèrent avec 900 euros ou 1 000 euros par mois, je sais que 1 800 euros apparaît comme le bout du monde. Mais c’est bien parce qu’ils nous forcent à vivre avec tout juste le nécessaire. Parce que 1 800 euros net par mois c’est ce qu’il faut pour se chauffer correctement, pour se payer une bonne mutuelle, pour pouvoir réparer la voiture quand elle tombe en panne ou pour payer des études à ses enfants.
Et 1 800 euros net, c’est le minimum nécessaire pour tous : pour les salariés comme pour ceux qui, aujourd’hui, vivent d’une pension. Et puis, dans une société normalement constituée, tout le monde devrait avoir le droit d’être intégré à une activité utile, y compris ceux qui souffrent d’un handicap ou d’une invalidité. Alors le minimum est de revendiquer que tous les minima sociaux tels que le RSÀ ou l’allocation adulte handicapé soient alignés sur ces 1 800 euros net par mois.
Et bien sûr il faut que ces augmentations suivent le coût de la vie. On nous dit qu’il n’y a plus d’inflation, mais il suffit de comparer sa taxe d’habitation, sa facture d’électricité ou d’assurance pour voir que les prix augmentent. Alors ce qui compte c’est que nos salaires et nos pensions soient indexés sur le coût de la vie, sur le coût de la vraie vie, et pas sur les indices officiels manipulés par le gouvernement !
On me dit que tout cela est de l’utopie. Mais, dans notre société, toucher 45 000 euros par jour, y compris les samedis, dimanches et fêtes, comme Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan, ce n’est pas de l’utopie. Ça, c’est normal. Toucher plus d’un million d’euros par semaine quand on s’appelle Bettencourt, c’est aussi normal. Alors, quand tous ces gens-là parlent d’utopie, ils défendent les privilèges et le parasitisme de leur classe sociale.
S’il y a une utopie dans l’affaire, c’est de croire que ces augmentations de salaire seront données par un président de la République. La réalité, c’est qu’il faudra l’arracher par nos luttes et que cela dépendra de notre détermination. Alors oui, affirmons qu’il nous faut des augmentations de salaire et que 1 800 euros c’est le minimum qu’il nous faut.
Contrôle des travailleurs sur les entreprises
La bourgeoisie a érigé le mensonge et l’opacité en art de gouverner. Elle en fait une arme pour imposer sa politique : nous devons revendiquer la levée du secret des affaires.
Ici, avec Toyota, on en a un exemple parfait : la direction du groupe a affiché des profits records ces dernières années. Cette année encore, elle s’apprête à annoncer environ 15 milliards d’euros de bénéfices. Mais l’usine d’Onnaing a été mise en déficit artificiellement, en achetant au-dessus de leur prix les pièces détachées à d’autres entités Toyota et en vendant à Toyota Europe les véhicules en dessous de leur prix de revient. Par ce tour de passe-passe, la direction peut maintenir la pression sur les ouvriers, en leur faisant croire qu’ils ne sont pas rentables et sont menacés de perdre leur emploi s’ils n’acceptent pas de nouveaux sacrifices.
Il faut faire la transparence sur les décisions et les comptabilités des entreprises.
On verrait alors les véritables circuits de l’argent. On verrait ce que l’entreprise verse réellement en salaires. Ce qu’elle économise, du fait des multiples exonérations de cotisations sociales, des niches fiscales. Ce qu’elle verse en dividendes à ses actionnaires, ce qu’elle met en provisions pour racheter d’autres entreprises ou même pour licencier. Il faut que l’on puisse connaître les conditions faites aux sous-traitants, les marges que les uns imposent aux autres, y compris les dessous-de-table.
Et puis on nous explique que la raison d’être de cette classe capitaliste est d’investir. Eh bien, que l’on regarde aussi combien va à la recherche, à la formation, à l’investissement. Parce qu’en réalité même cette fonction d’investir, la bourgeoisie ne la remplit plus parce qu’elle a trouvé plus profitable pour s’enrichir : la spéculation.
Plus qu’un droit au contrôle, il faudrait même parler de devoir civique, car c’est la seule façon de dénoncer et d’empêcher les crimes patronaux. Du scandale de l’amiante au Dieselgate, en passant par le Mediator des laboratoires Servier et la Dépakine de Sanofi, on a la preuve que le grand patronat n’a aucun scrupule à nous empoisonner. Alors il faut savoir ce qui se passe dans les entreprises, et les salariés sont aux premières loges pour cela.
Pas un courrier, même secret, n’échappe à l’assistante du PDG, parce qu’elle le prépare et l’envoie. Collectivement, en rassemblant toutes ces informations parcellaires, les salariés peuvent avoir le contrôle sur toutes les décisions et sur l’argent qui circule dans l’entreprise.
Les patrons le savent et le craignent, c’est pour cela qu’ils imposent le secret professionnel aux salariés. Il faut donner la possibilité à tous les salariés de se transformer en lanceurs d’alerte, sans craindre d’être placardisés ou licenciés. Il faut supprimer le secret des affaires.
Cette mesure modifierait le rapport de force entre le patronat et les travailleurs en donnant de nouvelles armes aux travailleurs. C’en serait fini du chantage patronal, des rumeurs et des fausses informations. Les travailleurs sauraient à quoi s’en tenir, ils pourraient anticiper, s’organiser face aux attaques patronales et prendre l’initiative pour les empêcher de nuire.
Alors voilà notre programme ! Ce n’est pas, comme tous les autres candidats, un catalogue de promesses numérotées qui seront aussi vite bafouées qu’elles ont été inventées. C’est un programme qui découle de nos besoins.
Et les objectifs que nous mettons en avant n’ont rien à voir avec des promesses électorales : ce sont des objectifs de lutte qui ne pourront être imposés qu’au travers d’une levée en masse du monde ouvrier, un bras de fer qui amènera forcément les travailleurs à contester la propriété privée de la bourgeoisie sur les moyens de production.
Nos adversaires ne s’y trompent pas. Ils hurlent aux mots d’expropriation et de réquisition. Eh bien oui, il faut remettre en cause la propriété privée sur les moyens de production. Il faut contester la propriété privée de la bourgeoisie qui s’est édifiée sur la sueur de générations de travailleurs, et qui continue de s’accroître au travers de notre exploitation.
Oui, je suis communiste et je suis candidate aussi pour dire qu’il faut retirer à cette infime minorité immensément riche le pouvoir de maintenir dans l’esclavage salarial l’écrasante majorité de la population.
L’avenir : le communisme
Je sais que certains, dans le monde du travail, ne se sentent pas exploités. Parce qu’ils font un travail intéressant dans lequel ils s’épanouissent ou parce qu’ils sont bien payés et pensent avoir tiré leur épingle du jeu.
Mais s’ils échappent à l’exploitation la plus brutale, ils n’échappent pas au pourrissement de la société ; ils n’échappent pas à la montée des idées réactionnaires, au racisme, à la xénophobie, à la montée du nationalisme. Ils n’échappent pas à la barbarie de la société.
Même celui qui sort de son logement confortable du 16e arrondissement de Paris, il doit enjamber le SDF qui dort entre deux portes, il se retrouve dans le métro, serré comme une sardine, quand il n’est pas pris de panique à la menace d’une alerte à la bombe.
Et comment peut-il envisager paisiblement l’avenir quand on voit ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient ? Quand on voit le sort qui est fait aux réfugiés, forcés de risquer leur vie en Méditerranée puis emprisonnés dans des camps infâmes ! On a déjà l’écho de toute cette barbarie ici avec le terrorisme. Et qui peut affirmer que les rodomontades de Trump, qui montre ses muscles en larguant des bombes géantes sur l’Afghanistan ou envoyant ses cuirassés au large de la Corée du Nord, ne finiront pas par se transformer en guerre mondiale ? La réalité, c’est que l’on est tous dans la même galère. Les voyageurs du Titanic qui étaient en première classe pouvaient se croire privilégiés comparés à ceux de troisième classe, mais ils ont sombré comme les autres.
La question qui se pose, à nous tous, n’est pas une question individuelle : c’est la question de savoir où va notre société. Crise économique, crise des réfugiés, crise écologique, guerres… les dirigeants de notre planète ne maîtrisent rien.
Même sur le plan écologique, tous les politiciens prétendent vouloir protéger la planète, mais regardez comment les différents gouvernements sont incapables d’empêcher les catastrophes qu’ils ont eux-mêmes annoncées. Pourquoi ? Parce qu’ils laissent toujours le dernier mot aux groupes capitalistes et se vouent à l’impuissance !
Le capitalisme est une menace pour l’humanité elle-même. Quand je me suis engagée, à 18 ans, je ne supportais pas de voir l’Afrique ravagée par la famine dans une société d’abondance. Aujourd’hui, plus d’un quart de siècle plus tard, dans l’est de l’Afrique 20 millions de personnes sont entre la vie et la mort faute d’eau et de nourriture ! Et à côté de cela le secteur du luxe et celui des ventes d’armes prospèrent.
Cette société est aveugle, parce qu’elle est dominée par de grands groupes capitalistes qui ravagent la planète autant par leur rapacité que par leur rivalité.
La force sociale capable de combattre la classe capitaliste dominante est là, ce sont les exploités du monde entier. Ils n’ont jamais été aussi numériquement importants, car la classe ouvrière internationale n’a jamais été aussi présente partout sur la planète. Aujourd’hui, il lui manque l’ambition consciente d’avoir à transformer la société en expropriant la bourgeoisie.
Le capitalisme est au bout du rouleau. Mais il ne quittera pas la scène de lui-même. Et on ne peut pas attendre les bras croisés qu’une société nouvelle émerge. Le remplacement du capitalisme par une économie rationnelle, collective et démocratiquement planifiée ne pourra être qu’un acte conscient et délibéré de centaines de millions d’opprimés.
Et il dépend de nous, et en particulier des jeunes, d’en maintenir la perspective vivante.
Et cette perspective va de pair avec l’internationalisme. Le fait est que l’humanité n’a jamais été autant mélangée et proche car, en même temps qu’il nous oppose, le capitalisme nous relie comme jamais. Aujourd’hui, les crises économiques du capitalisme se répandent à la vitesse de la lumière, et au sens propre du terme !
Un nouvel effondrement boursier à Wall Street et c’est l’humanité entière qui plongera dans le marasme économique. Ce destin commun à tous les exploités est un fait irréversible. Mais il manque aux exploités la conscience d’appartenir à une seule et même classe internationale. Car le capitalisme pousse à la concurrence et cherche à dresser les travailleurs les uns contre les autres. Et quand aucune frontière nationale ne nous sépare, il utilise les différences de sexe, d’origine, de couleur de peau pour implanter des frontières dans nos têtes et exacerber le racisme, la xénophobie ou le communautarisme.
Alors il faut des jeunes, des femmes et des hommes qui aient la volonté d’abattre toutes ces frontières et qui soient fiers d’affirmer « mon pays, c’est la terre, ma patrie, c’est l’humanité » !
De l’élection au parti des travailleurs
Pour changer la société, la classe ouvrière aura bien des combats à mener, des petits et des grands. C’est dans le combat pour ses intérêts vitaux qu’elle forgera la conscience de son rôle historique. Et pour cela les luttes sociales, les grèves, les mouvements sociaux sont les combats qui comptent le plus.
Mais le moindre débrayage, la moindre grève se prépare d’abord dans les têtes. La moindre lutte se prépare bien avant dans les esprits. On pèse le pour et le contre, on réunit son courage. Mais on ne peut pas gagner sans être sûr de nos intérêts, sans comprendre où sont nos ennemis, nos faux amis. Tout cela se forge dans le combat des idées et le combat politique.
Il faut s’adresser à tous ceux qui regrettent le recul de la conscience ouvrière. Il faut les convaincre d’affirmer leur propre conscience de classe dans cette élection. Oui, le monde ouvrier a besoin de repères politiques et d’une boussole, eh bien il faut que cette élection soit l’occasion de les mettre en avant.
J’appelle les travailleurs qui sont d’accord avec ce programme à voter pour ma candidature. Je les appelle à faire un vote de classe et de combativité. Oh, voter, ce n’est pas encore agir et se battre réellement. Mais quand on a cette révolte, quand on a cette conscience, il faut l’exprimer de façon à ce qu’elle devienne une expression collective.
Nous n’avons pas encore de parti à opposer à la bourgeoisie. En tout cas pas de parti capable de mener le combat politique à armes égales avec les partis bourgeois. Et c’est tout le problème. Si les conditions d’existence des travailleurs reculent, s’ils sont désorientés, si la confusion règne dans beaucoup de têtes, c’est qu’il n’y a plus de parti ouvrier digne de ce nom depuis longtemps.
Le vote pour ma candidature permettra, le temps d’une élection, de faire apparaître les travailleurs comme un camp politique. Et il faut qu’il se maintienne après les élections. Car nous n’avons pas seulement besoin d’exprimer nos intérêts à un moment donné, nous avons besoin de mener le combat tous les jours ; au quotidien dans les entreprises, en permanence contre la politique antiouvrière relayée par les gouvernements. Cela, c’est le rôle d’un parti.
Il faut un parti qui affirme que la société est divisée en deux classes aux intérêts inconciliables et que nous devons nous battre, en ne comptant que sur nos propres forces, pour défendre notre droit à l’existence. Un parti qui affirme que les travailleurs peuvent se passer du grand capital parce que ce sont eux qui font tout fonctionner dans la société.
Voter, ce n’est pas encore construire un parti. Mais c’est déjà rassembler de façon ponctuelle derrière un drapeau. Et d’élection en élection, de mouvement de grève en manifestation, cela participe de la construction du parti. Alors votez et entraînez les gens autour de vous pour faire entendre le camp des travailleurs et aidez-nous à construire ce parti qui manque aujourd’hui à la classe ouvrière.
Une minorité qui peut peser
J’appelle tous ceux qui partagent ces idées à voter pour ma candidature sans craindre d’être minoritaires ou à contre-courant.
Oui nous sommes à contre-courant. Non seulement parce que la crise pousse dans un sens toujours plus réactionnaire et barbare, mais aussi pour une raison plus profonde liée à notre condition d’exploités. Les travailleurs n’ont pas confiance dans leur force collective et, plus fondamentalement, ils n’imaginent pas s’ériger en classe dirigeante.
L’idée que les travailleurs peuvent peser par en bas en s’organisant et en prenant eux-mêmes des décisions est une idée bien en avance sur la conscience de la majorité des travailleurs. S’ils savent bien que le véritable pouvoir n’est pas à l’Élysée, mais dans les conseils d’administration des grandes sociétés, toute la hiérarchie sociale cherche à les convaincre que cet ordre est immuable et inchangeable.
Alors oui, aujourd’hui, la majorité des travailleurs ne voient pas d’autres façons de diriger le pays que de s’en remettre à une classe politicienne dont on voit pourtant tous les jours qu’elle est pourrie. Ils sont piégés par ce jeu électoraliste. C’est de cela que Le Pen profite. « On les a tous essayés, sauf elle », entend-on. C’est l’expression de la désorientation, et plus fondamentalement c’est cela qui pousse à la résignation et à la passivité politique.
Alors, le sens de notre combat, c’est de conforter la conscience de classe et de dire aux travailleurs qu’ils doivent avoir confiance dans la force collective qu’ils représentent, qu’ils doivent avoir confiance dans leurs capacités. C’est dans le feu de l’action, dans l’expérience de leurs forces que les travailleurs découvriront leurs forces.
Et c’est là, dans ces situations d’explosion sociale, que la présence de femmes et d’hommes qui ont pris conscience de leurs intérêts justement dans les combats électoraux est déterminante.
En 2012, j’ai réalisé 0,56 %. Il faut bien sûr essayer de gagner de nouvelles voix. Mais il faut avoir à l’esprit que si, dans les urnes, 200 000 ou 300 000 voix pèsent peu face aux millions d’électeurs, dans les mouvements sociaux il en va tout autrement. Deux ou trois cent mille femmes et hommes conscients de leurs intérêts et agissants quand la combativité des travailleurs se réveille, cela peut changer bien des choses ! Alors, une par une, gagnons de nouvelles voix pour renforcer notre camp !
La réussite de notre campagne ne se mesurera pas au score que je ferai. Le nombre de voix qui se portera sur ma candidature sera bien inférieur au nombre de femmes et d’hommes que nous avons touchés et confortés dans leurs convictions. Pourquoi ? Parce que le vote est pollué et déformé par des considérations électoralistes.
Combien de travailleurs nous expliquent que, tout en se méfiant de Macron, ils voteront pour lui au premier tour pour éviter un duel Fillon-Le Pen ? Et ils sont encore plus nombreux à se préparer à voter Mélenchon, quand bien même ils sont convaincus qu’il n’y a pas de sauveur suprême ! Tout cela au nom du moins pire, tout cela en se disant « on ne sait jamais » et « cela ne coûte rien ».
Ce n’est pas vrai, parce qu’on ne sort jamais indemne d’avoir marché dans des illusions, et on le mesure aujourd’hui dans le désarroi et la démoralisation qu’ont causés dans les classes populaires et les milieux militants les reniements à chaque fois que la gauche a gouverné. Alors, même si nos arguments pèsent peu face à la pression du vote utile et aux réflexes électoralistes, il faut continuer de dire ce que nous avons à dire. Il faut que ce soit entendu du plus grand nombre, car la réalité nous donnera raison.
Alors oui, nous devons mesurer la réussite de notre campagne au nombre des discussions que nous avons eues, aux possibilités que nous avons eues d’expliquer la situation, de dénoncer les comédiens qui se bousculent pour l’Élysée et de faire comprendre que l’essentiel est de regarder la classe capitaliste qui tire les ficelles, car c’est contre elle qu’il va falloir que les travailleurs se battent.
Nous sommes minoritaires, mais nous sommes reconnus par les nôtres comme faisant partie de leur camp, nous sommes reconnus comme des femmes et des hommes sur qui ils pourront compter quand ils décideront de se battre. Et cela ça comptera pour l’avenir.
Votez pour vos intérêts
Et je le dis à ceux qui sont écœurés par le spectacle politicien et qui envisagent de s’abstenir : Certes, voter ne changera pas votre sort. Mais quand on a la possibilité de protester, de dire ce que l’on pense, il faut le faire. Et on le fait dans la vie de tous les jours, on le fait au travail, on le fait quand une injustice se déroule sous nos yeux, même si l’on n’est pas en mesure de l’empêcher, parce que c’est aussi une question de dignité.
S’abstenir alors qu’on a la possibilité de renforcer son camp, ce n’est pas une preuve de conscience ou de radicalisme. C’est se soumettre et c’est déserter car, si nous ne défendons pas nos idées, qui le fera ? Personne ne mènera le combat à notre place.
Parfois on ne trouve pas le moyen de se battre, de faire grève, de manifester, ou simplement de protester. Parce qu’on est seul ou parce que le rapport de force est trop défavorable. Mais voter, s’exprimer dans l’urne, est un geste à la portée de tous. Il n’y a pas de petits combats, pas de petits gestes.
Quand on est minoritaire, la moindre voix compte et peut porter. Et, encore une fois, nous pouvons être fiers de nos idées, fiers des perspectives que nous portons. Alors entraînons le maximum de ceux qui nous entourent à joindre leur voix à la nôtre.
Dès aujourd’hui, dans cette campagne, levons notre drapeau, celui des travailleurs et des luttes collectives. C’est un vote de conscience et de combativité ouvrière.