Banque - crédit - taux d'intérêt
Les banques jouent un rôle central, irremplaçable, dans l'économie capitaliste. Ce sont elles qui, en accordant du crédit aux capitalistes, permettent qu'il n'y ait pas d'interruption dans le processus de production capitaliste. En d'autres termes, elles permettent qu'une entreprise produisant un bien quelconque n'ait pas à attendre d'avoir vendu sa production pour la continuer.
En utilisant l'argent déposé chez elles pour le prêter à des entreprises ou à des particuliers, les banques créent de la monnaie en la faisant circuler plus vite.
L'intérêt est la somme que l'emprunteur doit payer en guise de loyer de l'argent. Le taux d'intérêt est le rapport entre l'intérêt et la somme empruntée. Plus le taux d'intérêt est élevé, plus emprunter de l'argent coûte cher.
Il existe une multitude de taux d'intérêt, sans même parler des taux négociés à la tête du client. Dans une période donnée, se dégage cependant un taux d'intérêt moyen.
Le taux d'intérêt de la banque centrale est le taux directeur de tous les autres. En effet, les banques prêteuses peuvent à leur tour avoir besoin d'emprunter. Elles le font auprès des autres banques et, en dernier ressort, de la banque centrale.
Jouer sur le taux d'intérêt des banques centrales est, pour les autorités monétaires, un des principaux moyens pour manipuler la masse monétaire.
Effet de commerce - escompte - taux d'escompte
C'est la forme la plus élémentaire du crédit commercial.
Un effet de commerce, par exemple une « traite », est un titre de créance négociable par voie d'endossement, c'est-à-dire par signature au dos. Un commerçant s'engage à payer son grossiste une fois qu'il a vendu sa marchandise, par exemple à échéance de 30 jours. Si le grossiste a besoin d'argent avant cette date, il peut recourir à un escompte auprès de sa banque.
L'escompte est une opération de vente dans laquelle une banque verse au porteur d'un effet de commerce non échu le montant de celui-ci, diminué de l'agio (taux d'escompte additionné de frais divers).
La banque elle-même peut réescompter cet effet de commerce - ou traite - auprès de la banque centrale.
Le taux d'escompte de la banque centrale conditionne le prix de ces opérations. L'opération d'escompte accroît les liquidités dans l'économie. C'est la forme la plus importante de création monétaire.
Taux fixe - taux variable
Le taux fixe reste fixe tout au long de la période de placement.
Le taux variable, en revanche, pourra évoluer en fonction du marché des taux et, en particulier, des variations de taux d'intérêt de la banque centrale, durant la période de placement.
Bourse
C'est le marché où se négocient des valeurs immobilières, des titres, c'est-à-dire des actions et obligations diverses et des titres représentant des créances sur les États (bons du Trésor, etc.). Localisée dans le passé dans un bâtiment spécifique où les courtiers négociaient les actions autour de la « corbeille », la Bourse est aujourd'hui un réseau d'ordinateurs interconnectés.
Action
L'action est un titre qui représente, en principe, la propriété d'une part dans le capital d'une entreprise. Le détenteur d'actions a droit à une portion du profit global de l'entreprise au prorata du nombre de ses actions, déduction faite bien entendu de la part de ce profit utilisée directement par l'entreprise. La part de profit distribuée s'appelle « dividende ».
Les actions d'une entreprise capitaliste sont souvent détenues par d'autres entreprises capitalistes. D'où un entrelacement opaque de la propriété et de la gestion de l'économie.
Les actions sont des titres négociables. Leur valeur est définie théoriquement par la part qu'elles représentent dans le capital global, mais leur prix d'échange est de fait lié aux dividendes réels ou supposés qu'elles rapportent ou vont rapporter. Dans la réalité, ce prix varie donc en fonction de l'offre et la demande. Plus une action est recherchée en fonction de sa profitabilité non seulement présente mais future, plus son prix augmente. En conséquence, le marché des actions est par nature un marché fluctuant et spéculatif.
Obligation
C'est en dernier ressort une reconnaissance de dette ou un titre de créance représentatif d'un emprunt contracté. Le détenteur d'une obligation émise par une entreprise ou par un État n'a aucun droit de propriété mais le droit de percevoir un intérêt et d'être remboursé au bout d'une période déterminée.
Comme les actions, les obligations se négocient à la Bourse et donnent lieu à des mouvements spéculatifs.
Il existe une multitude de formes de ces obligations suivant la solvabilité supposée des émetteurs, entreprises ou États, l'indexation ou pas des titres sur l'évolution des prix, etc. Certaines passent pour très sûres - les bons du Trésor des États-Unis, détenus en quantité par toutes les banques centrales -, d'autres pour très risquées, mais qui peuvent rapporter gros.
Encore que même la notion de sécurité est très relative : les titres de l'emprunt russe, émis au début du siècle dernier par le gouvernement tsariste, passaient pour très sûrs. On sait ce qu'il en advint avec la révolution d'Octobre 1917.
Produit dérivé
Au départ, le produit dérivé était un outil d'assurance et de couverture des risques. Lors de l'achat d'une obligation par exemple, le souscripteur prenait une assurance contre une évolution des prix contraire à ses prévisions (c'est d'ailleurs sur le marché des produits agricoles, à Chicago, que la chose a été inventée, pour se protéger des variations de prix dues aux aléas climatiques).
Mais, à partir des années 1970-1980, les papiers représentant ces assurances sont devenus à leur tour des objets spéculatifs.
Aujourd'hui, les produits dérivés sont même un des principaux instruments de spéculation, qui rapportent très gros... et qui sont très risqués.
Obligation
pourrie (junk bond)
Titre de placement financier, elles sont caractérisées par un risque très élevé et en contrepartie une rentabilité très élevée. Elles ont permis aux financiers les plus aventuriers des années 1980 de financer sans peine les rachats de sociétés par LBO (Leverage Buy Out, rachat d'une entreprise en déboursant peu ou rien, grâce à des emprunts auprès des banques, remboursés par l'argent récupéré sur l'entreprise rachetée).
Titrisation
Cession par un établissement de crédit de ses créances à des fonds de placement. Il peut ainsi percevoir des liquidités liées à la vente de ses créances et transférer le risque de ses créances à des investisseurs regroupés dans un fonds commun de créance.
Spéculation
La spéculation est inséparable du fonctionnement même de l'économie capitaliste.
Au fond, la production capitaliste elle-même est spéculative car l'entreprise capitaliste produit pour un marché qu'elle ne connaît pas et dont personne ne connaît l'évolution future, en pariant sur le fait que sa production trouvera preneur. Un pari qu'elle ne gagne pas toujours. L'entreprise peut se retrouver avec ses produits sur les bras. Lorsque cela se produit à grande échelle, c'est la crise.
L'évolution de l'économie capitaliste vers l'impérialisme, les sociétés par actions, la Bourse, le marché financier, ont multiplié les champs de la spéculation. La Bourse où se matérialise la négociation des actions et des obligations, inventée pour rendre plus fluides les investissements de capitaux, est devenue le principal lieu et le symbole même de la spéculation. On achète et on vend des titres boursiers de moins en moins pour investir des capitaux dans la production de biens réels, mais pour placer son argent de la façon la plus rentable et, de préférence, à court terme.
Avec la déréglementation actuelle de l'économie mondiale et la financiarisation, l'invention de « produits financiers » de plus en sophistiqués, la spéculation devient le mode de fonctionnement principal de l'économie capitaliste.
Bulle spéculative
Hausse forte des cours d'un titre, d'un secteur ou d'un indice, non liée à la croissance réelle de l'économie. La bulle spéculative finit par se dégonfler de manière plus ou moins brutale.
Krach
Chute brutale de l'ensemble des valeurs de la cote. On peut parler de véritable krach en France lorsqu'il est impossible de coter le CAC 40. Dans ce cas, un pourcentage important de valeurs risquent d'ouvrir en baisse de plus de 10 %. Le dernier véritable krach est celui de 1987, et en remontant plus loin le Jeudi Noir à Wall Street en 1929.
Crise de liquidité
Période pendant laquelle les banques réduisent le montant des crédits qu'elles accordent. Dans la crise actuelle, ce refus d'accorder du crédit vient de la crise de confiance des banques les unes à l'égard des autres, chacune sachant qu'une part des fonds détenus par les banques est constituée de titres invendables.
Banque centrale européenne ou BCE
Créée le 1er juin 1998, la Banque centrale européenne est l'institut d'émission de l'euro. Elle détermine le nombre de billets à imprimer et de pièces à frapper. Cette monnaie, dite fiduciaire, circule aux côtés de la monnaie dite scripturale (chèques, cartes de crédit...). Les deux ensemble constituent la première partie de la base monétaire. La deuxième partie est constituée par le solde des comptes courants que les établissements bancaires détiennent auprès de la BCE. C'est cette « base monétaire » qui détermine le montant des crédits que les banques accordent à leurs clients.
L'ensemble constitué, d'une part de monnaies, fiduciaire et scripturale, et d'autre part des crédits, constitue la « masse monétaire ».
En augmentant ou, au contraire, en diminuant son taux d'intérêt, la Banque centrale européenne agit dans le sens d'une augmentation ou d'une diminution de la masse monétaire. Elle procède donc aux manipulations monétaires qui étaient, avant la création de l'euro, le privilège des banques centrales nationales et donc des États nationaux.
Lorsque la BCE vient au secours des banques, malades de la spéculation, en leur accordant du crédit à profusion, elle accroît l'inflation, contribue à la hausse des prix et prend dans la poche de la population ce qu'elle accorde aux spéculateurs.
La BCE est en principe indépendante des gouvernements. Cette indépendance est censée garantir que sa politique monétaire est menée en fonction des intérêts collectifs des différentes bourgeoisies de la zone euro et pas dans l'intérêt d'une bourgeoisie nationale. Du moins en théorie car, dans la pratique, la bourgeoisie allemande ou française a une autre capacité de pression sur la banque centrale que la bourgeoisie du Danemark ou du Luxembourg...
Cet « abandon de souveraineté » des États de la zone euro au profit de la BCE est le prix à payer pour que les variations monétaires entre les monnaies nationales, avec les spéculations se greffant dessus, ne perturbent pas la concurrence entre les différents pays d'Europe.
Réserve fédérale américaine ou FED
La Réserve fédérale américaine est la banque centrale des États-Unis. Étant donné le poids des États-Unis et de leur système financier dans l'économie mondiale et celui du dollar dans le système monétaire international, la politique monétaire de la FED, et en particulier le taux d'intérêt qu'elle décide, a une importance capitale pour le système financier mondial. Une baisse du taux d'intérêt américain se traduit par du crédit plus facile, une augmentation de la masse monétaire et, lorsque la production des biens réels ne suit pas, l'intensification de la spéculation.
Fonds spéculatif
Fonds de placement à très haut risque. Le gestionnaire d'un fonds place l'argent dont il dispose sur des titres financiers à risque (produits dérivés, etc.) et utilise des techniques risquées (vente à découvert). En contrepartie de ce haut risque, la profitabilité de ces fonds est nettement supérieure à celle des établissements bancaires traditionnels - dont ils sont souvent l'émanation.
Ces fonds possèdent des capitaux propres - relativement peu - mais procèdent à des « levées de fonds » auprès de banques, d'entreprises ou de capitalistes individuels. C'est donc l'argent détourné de l'économie productive qui alimente le casino de la spéculation.