George Bush n'aura pas attendu longtemps dans cette campagne électorale de 1992 pour se voir "adresser un message". Dans les primaires du New Hampshire, les toutes premières de ce long processus de sélection des candidats à la présidence, républicain et démocrate, Patrick Buchanan a recueilli 37 % des voix républicaines contre 53 % à Bush, les 10 % restant étant partagés entre divers autres candidats. Un président sortant se présentant aux primaires de son propre parti pourrait s'attendre à obtenir 90 % au moins des voix. Comme l'a déclaré l'un des conseillers électoraux de Bush, la performance de Buchanan dans le New Hampshire n'a pas été seulement un "appel à se réveiller". "C'est un coup de matraque sur la tête. Et même assené avec une lourde masse." Il y a à peine six mois, Bush pouvait espérer revenir à la Maison Blanche en grande pompe, au rythme des fanfares militaires. Les sondages, dans le mois qui suivit la reddition de l'Irak, donnaient à Bush presque 90 % d'opinions favorables, en en faisant le plus populaire des présidents depuis Franklin Delano Roosevelt durant la Seconde Guerre mondiale. Mais en janvier, Bush n'avait plus les faveurs que de guère plus de 40 % des sondés. Depuis que les sondages existent, nul président n'avait chuté aussi rapidement. De plus, le pourcentage d'opinions favorables à propos de sa politique économique est le plus bas recueilli par un président depuis Herbert Hoover lors de la grande crise des années trente.
"Un message pour George Bush"
Au départ la campagne électorale de Buchanan n'avait sans doute pas d'autre ambition que de rallier l'aile la plus conservatrice du parti républicain. Elle était dirigée vers la fraction de la petite bourgeoisie qu'avait séduite Reagan. Et son premier axe se réduisait à dénoncer Bush pour avoir trahi la "révolution" de Reagan. Il ressortait du placard la sempiternelle litanie des griefs des "conservateurs" contre la politique du gouvernement, mais cette fois contre l'administration de Bush : étaient dénoncés les aides sociales qui entretiendraient des tricheurs, les impôts, les règles et les quotas tendant à favoriser l'embauche des minorités, l'insécurité, et l'abandon des "anciennes valeurs morales" si chères au cœur des conservateurs.
En fait Buchanan a été un des conseillers "idéologiques" des présidents républicains de ces deux dernières décennies. En tant que rédacteur des discours de Nixon, c'est lui qui a forgé l'expression "la majorité silencieuse", et l'idée qui l'accompagne, à savoir que tous les groupes à "intérêt particulier", comme les Noirs, étaient favorisés aux dépens de la "majorité silencieuse", celle qui travaille dur et supporte tout le poids de la société. Ensuite, il fut le "coordinateur de la communication" de Ronald Reagan : c'est à Buchanan qu'on faisait appel quand Reagan ressentait le besoin de se lancer dans une dénonciation particulièrement virulente des positions libérales.
Dans ce début de campagne il semblait aussi que Buchanan essayait de redéfinir la position des conservateurs, pour la pousser dans une direction plus isolationniste, très semblable à celle de ce courant idéologique important que fut l'isolationnisme il y a 40, 50 ou même 60 ans. Avec pour programme "l'Amérique d'abord" (la formule fut utilisée avant la seconde guerre mondiale par ceux qui voulaient rester en-dehors de la guerre et cherchaient peut-être pour cela une alliance avec l'Allemagne), il appelait à mettre un terme à toutes les aides fournies par les États-Unis à l'étranger et à un retrait des États-Unis de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International ; il s'opposait à l'Accord de Libre Échange (avec le Mexique et le Canada) et proposait de mettre des tarifs douaniers très élevés sur les marchandises en provenance des pays qui protègent leur industrie ; il critiquait l'invasion de Panama et le blocus d'Haïti, et s'opposait à l'extension des prêts à Israël. L'automne précédent il s'était opposé à l'entrée des États-Unis dans la guerre du Golfe, et depuis longtemps il propose de supprimer toute immigration venant des pays sous-développés.
La candidature de Buchanan a suscité quelques réactions favorables ; alors, ce conservateur aux principes soi-disant intangibles, a su se faire assez souple pour changer l'axe de sa campagne et en faire une sorte de protestation populiste. Sans doute Buchanan est un politicien qui peut dire une chose un jour, et le contraire le lendemain, sans s'inquiéter outre mesure. Mais sans doute aussi il a senti que sa campagne, par la simple vertu de son langage radical, pourrait capitaliser toute la colère ressentie par les gens. En tout cas ses positions prirent une couleur populiste. Au lieu de la "majorité silencieuse", il s'est mis à parler des "petites gens" opprimés par les grands : le gouvernement, le grand patronat, les grandes banques, la haute finance, etc. Il dit qu'on devrait réduire la paie de la direction quand les travailleurs perdent leur emploi, qu'on devrait aussi réduire largement les salaires des parlementaires et du président. S'adressant aux longues files de chômeurs, il modifia ses positions sur des questions comme les allocations de chômage, affirmant qu'un système qui ne peut pas donner du travail aux travailleurs a des obligations envers les chômeurs. Il se mit à dénoncer la tendance actuelle du capitalisme, le "capitalisme des vautours" suivant ses propres termes, à donner la priorité à la spéculation sur la production ; et il se mit à se réclamer de Al Smith, le gouverneur démocrate de New York qui mena une sorte de campagne populiste contre Herbert Hoover lors des élections présidentielles de 1928.
Buchanan est certainement un orateur efficace, quoique démagogique. Mais, avant les primaires du New Hampshire, il n'était pas largement connu en dehors des milieux politiques conservateurs. Ce qui a compté, là, c'est son ton et son langage radicaux qui ont touché une population en colère contre Bush qui, à la manière de Herbert Hoover justement, ne sait que répéter : "tout va bien, juste encore un petit moment à passer et les choses vont s'améliorer".
Contre Républicains et Démocrates
Nous avons vu quelque chose de semblable, l'automne dernier, lors des élections pour le poste de gouverneur de Louisiane, où Davis Duke battit le gouverneur républicain dans les primaires et puis recueillit finalement 39 % des voix malgré les efforts combinés des partis républicain et démocrate.
Duke est un ex-membre du Parti Nazi Américain, ex-chef du chapitre de Louisiane du Ku-Klux-Klan, chef d'une organisation fondée par lui-même : la NAAWP (l'Association Nationale pour l'Avancement des Blancs), et député au Parlement de Louisiane.
Duke a misé sur les attitudes racistes qui peuvent exister dans les milieux ouvriers blancs, en dénonçant les politiciens des deux partis qui taxent les travailleurs - il faut comprendre, bien entendu, les travailleurs blancs - au bénéfice de ceux qui vivent des aides sociales ; qui ouvrent les portes aux immigrants qui viennent prendre les emplois "américains" ; et qui ont établi des "règles" et des "quotas" en faveur des minorités qui rendent presque impossible, selon Duke, pour un Blanc d'obtenir un emploi pour lequel il est en concurrence avec un Noir. Mais Duke a utilisé aussi une sorte de langage populiste, de droite mais radical, pour parler de la situation dans laquelle se trouvent les fermiers et les travailleurs blancs. Il a dénoncé les banques étranglant les fermiers et les entreprises écrasant les travailleurs. Et, évidemment, il s'est présenté comme quelqu'un d'étranger au monde du pouvoir.
L'établissement politique prêta peu d'attention à sa campagne jusqu'à sa victoire sur le gouverneur républicain dans les primaires. A partir de là, bien que Duke fut candidat sous l'étiquette républicaine, tous les responsables du parti républicain, en commençant par Bush, apportèrent ouvertement leur soutien au candidat démocrate, Edwin Edwards. Tous les journaux importants de Louisiane non seulement appuyèrent Edwards, mais se mirent à prédire les pires catastrophes pour l'économie de la Louisiane si Duke était élu. Les dirigeants des entreprises menacèrent de quitter l'État si Duke l'emportait. Et les patrons versèrent des sommes considérables pour soutenir Edwards, qui avait pourtant perdu les élections précédentes à cause d'un scandale financier (selon des comptes rendus publics, Edwards aurait reçu 2 millions de dollars dans les 10 derniers jours de sa campagne). Enfin, les organisations noires et les syndicats appelèrent à voter, affirmant que Duke devait être stoppé à tout prix, même si cela signifiait soutenir un candidat aussi discrédité que Edwards.
Le pourcentage de votants parmi les électeurs noirs atteignit un record, 80 % ; pour la première fois dans l'histoire de la Louisiane, les Noirs votèrent en plus grande proportion que les Blancs. De toute évidence, ils votèrent en écrasante proportion pour Edwards. Cependant Duke réalisa ses 39 % en recueillant à peu près 55 % du vote blanc, avec une majorité beaucoup plus importante encore parmi les ouvriers et les pauvres Blancs. Il bénéficiait du fait d'être le seul qui semblait sortir du cadre politicien habituel.
Depuis cette élection, Duke a été pratiquement enterré par ce qui doit être une sorte d'entente tacite de la part des médias pour éviter de lui apporter une aide, même sous la forme d'une publicité négative. Malgré le fait qu'il se présente sous l'étiquette républicaine dans ces primaires, et qu'il est actuellement officiellement candidat dans 11 États, son nom a pratiquement disparu dans les médias. Cela peut changer, évidemment, en fonction de ce qui se passera le 10 mars, le "Super Mardi", jour des primaires dans de nombreux États du Sud. Mais, en tout cas, jusqu'à la mi-février, il semblait avoir cessé d'exister. Et bien entendu, en coulisse, les responsables du parti républicain ont essayé de l'empêcher de se présenter, mettant en question la validité de sa candidature, son appartenance au parti, etc.
Buchanan aussi est en train de découvrir que la voie va être plus difficile. Il doit faire face à des problèmes pratiques d'argent et d'organisation s'il veut continuer une campagne au-delà du New Hampshire. Mais il se voit aussi obligé de défendre sa candidature devant les tribunaux. Les responsables du parti républicain profitant des règles restrictives en matière électorale lui dénient le droit d'être candidat. Sa candidature aux primaires de l'État de New York aussi bien que du Dakota du Sud a été rejetée. Même si les tribunaux reviennent sur ces décisions, cela veut dire que le temps et l'argent seront dépensés en procès plutôt qu'à faire campagne. Et tous les médias semblent avoir tout d'un coup retrouvé des citations qui pourraient lui causer le plus de tort, tirées de ses apparitions à la télé comme journaliste et remontant parfois à 27 ans en arrière.
Il semble certain que l'établissement politique bourgeois, et pas seulement le parti républicain, n'est pas prêt à laisser beaucoup de champ ni à Buchanan ni à Duke. Certes, il n'y a rien dans la campagne électorale de Duke ni dans celle de Buchanan que la bourgeoisie américaine ne pourrait accepter, ou même susciter, dans une autre période, si la lutte des classes se faisait plus vive. Alors, des démagogues comme Duke ou Buchanan pourraient être utiles pour dévoyer les luttes, et en premier lieu pour les maintenir dans le cadre électoral. De plus, Duke, malgré tout ce qu'il a pu dire sur les "riches", donne toujours à ses dénonciations une couleur raciste, et Buchanan renforce l'idée que la classe ouvrière est attaquée par la concurrence des bas salaires des autres pays ou des immigrants "clandestins".
D'un autre côté, dans l'immédiat, alors que la classe ouvrière ne bouge pas, la bourgeoisie n'a pas besoin de gens comme Duke ou Buchanan. D'abord la bourgeoisie n'a jamais fait confiance à des démagogues qui tiennent un langage radical sans nécessité, c'est-à-dire quand il n'y a pas de mouvements sociaux à contenir ou à dévoyer. De plus, la sorte de campagne que l'un ou l'autre peut mener présente quelques risques. Comme ces récentes élections l'ont montré, leur campagne pourrait démontrer combien est répandue la colère dans les milieux ouvriers ou pauvres. Et une telle démonstration contient toujours la possibilité que les travailleurs qui voudraient se battre se sentent moins isolés et donc plus prêts à en courir les risques.
En tout cas, Duke et Buchanan, en critiquant un président républicain en exercice sur sa droite, ont trouvé un certain accueil dans la population. Cela montre qu'il y a une colère amassée, attendant d'être révélée pour peu que des candidats se mettent en dehors du cadre politicien "habituel".
Les élections de novembre dernier ont partiellement illustré, elles aussi, le même problème. Dans ces élections un très grand nombre de sortants, souvent dans les circonscriptions traditionnellement assurées, furent battus, même quand leur opposant n'avait pas une position très claire, simplement parce que les gens en avaient assez de ceux qu'ils tenaient pour responsables.
Par exemple, onze maires sortants de grandes ou moyennes agglomérations (y compris Houston, au Texas) furent battus. En Pennsylvanie, un État traditionnellement républicain, un candidat démocrate pratiquement inconnu, Harris Wofford, battit le candidat républicain pour le poste de gouverneur, Richard Thornburgh. Celui-ci, qui faisait partie du cabinet de Bush, fit campagne, d'une façon qui se révéla quelque peu stupide, en proclamant "qu'il avait ses entrées dans les officines du pouvoir". Dans le New Jersey, une place forte traditionnelle du parti démocrate, le parlement dominé par les Démocrates, qui avait augmenté les impôts, fut remplacé par une chambre républicaine. La nouvelle majorité républicaine est même si importante que les Républicains ont maintenant assez de sièges pour faire échec à n'importe quel veto du gouverneur démocrate. En Virginie, la majorité démocrate au sénat fut réduite d'un écrasant 30 contre 10 à un maigre 22 contre 18. Conséquence de cette élection, le gouverneur démocrate, Douglas Wilder, se retira de la course pour l'élection présidentielle, bien qu'il ait déjà annoncé sa candidature.
Une "gauche" sans voix
Jusqu'à maintenant, alors que l'extrême droite touchait ce sentiment de mécontentement dans la population, la gauche ne s'est pas manifestée. Certes, il n'y a pas vraiment de gauche à proprement parler aux États-Unis. Mais même dans le plus vague sens de "gauche", personne dans les milieux même les plus "libéraux" n'a trouvé le moyen de répondre à ce sentiment de colère. Les syndicats n'ont même pas abordé la question. Ces Démocrates que les syndicats soutiennent n'ont pas essayé de capitaliser ce sentiment, ne serait-ce qu'à la façon de Jesse Jackson qui fut candidat en 1988 par exemple. Cette année-là Jackson montra qu'il y avait une perspective pour une campagne comme la sienne. En fait, pendant un court instant, il sembla même qu'il pouvait devenir le candidat démocrate, c'est-à-dire jusqu'à ce que le parti rassemble toutes ses forces pour lui barrer la route, ce devant quoi Jackson, évidemment, s'inclina. L'ironie est que, aujourd'hui, Duke se présente précisément dans ces États où Jackson avait obtenu un bon résultat, c'est-à-dire le Sud, le Michigan et l'Illinois. Et, dans le Michigan par exemple, il est à peu près certain que bien des travailleurs blancs qui la dernière fois votèrent pour Jackson voteront cette fois pour Duke. Il est sans doute plus facile pour eux de voter pour Duke, mais le fait est qu'ils ont montré que ce qu'ils cherchent c'est avant tout quelqu'un qui semble un adversaire déterminé de l'État actuel des choses.
Ça ne veut pas dire que les Démocrates n'ont pas essayé d'attaquer Bush sur les problèmes économiques et ne l'ont pas accusé de réduire sans cesse le niveau de vie. Mais ils ont un problème...Il n'est pas facile pour eux de se présenter comme des "hommes nouveaux" aux mains propres, en particulier parce qu'ils tiennent les postes de gouverneurs dans les États les plus importants de même que ceux de maires dans la plupart des villes ; sans compter le fait qu'ils contrôlent les deux chambres du Congrès fédéral, avec une majorité de 100 voix dans celle des représentants. Ils ont beau faire, ils partagent la responsabilité de la politique sociale aux yeux de l'électorat.
Que la chose la plus notable des premiers mois de la campagne, du côté des Démocrates, ait été la discussion sur la vie sexuelle de Bill Clinton montre bien le manque de volonté des Démocrates de mener une réelle campagne. Ils n'ont pas trouvé le moindre axe qui au moins paraisse s'attaquer au problème économique.
Comme Bush, les Démocrates ont maintenant publié leurs propositions pour réduire les impôts... Elles s'avèrent être un crédit d'impôt temporaire de deux ans pour la plupart des ménages, combiné avec une réduction du taux d'impôt de deux ans également pour les entreprises, mais une réduction sans limite de temps de l'impôt sur les gains du capital de même qu'une augmentation, également sans limite de temps, des déductions possibles pour les entreprises.
Newsweek a posé la question suivante à chacun des candidats démocrates : "Pouvez-vous nous citer une action spécifique qu'en tant que président, vous prendriez pour améliorer l'économie américaine ?" Selon Newsweek, "les candidats démocrates ont bien répondu, mais la plupart se sont arrangé pour éviter de répondre directement à la question". Dans la mesure où ils l'ont fait, voici ce qu'ils ont proposé : Tsongas veut "une réduction à long terme des impôts sur les gains du capital" ; Clinton propose "des incitations pour l'investissement à long terme" ; Kerry dit que "nous devons investir, investir dans les affaires" ; Harkin affirme "Je commencerais par investir".
Il est clair que le parti démocrate n'est pas près de mettre en avant un programme plus radical, pas même simplement en parole, même pour se faire élire, si cela peut menacer en quoi que ce soit l'ordre établi. Avant tout ils sont les défenseurs du capitalisme américain, comme ils l'ont toujours été. Bien sûr, dans le passé, quand il y a eu des mouvements de la classe ouvrière ou d'autres couches sociales, les Démocrates adoptèrent un langage et des propositions beaucoup plus radicales. C'était indispensable s'ils voulaient continuer à apparaître comme les représentants de ceux qui étaient en lutte. Dans ce cas, leur radicalisme aida en fait à dévoyer le mouvement vers des terrains plus sûrs. Et bien sûr, les Démocrates pourraient refaire la même chose, si un mouvement se développait de nouveau. Mais nous n'en sommes pas là aujourd'hui. En tout cas, pas encore.
Il est certes possible que la campagne électorale 1992 se termine comme tant d'autres. Depuis 1968, dernière fois que les suffrages exprimés dépassèrent 60 % des inscrits, le nombre des abstentions n'a fait que croître. La dernière élection présidentielle vit la plus faible participation de tous les temps. Bush fut choisi par un peu plus de 26 % des électeurs potentiels ; Dukakis par moins de 23 % ; 19 autres candidats obtinrent tous ensemble moins de 1 % ; 50 % des électeurs restèrent chez eux et ne votèrent pas du tout. Il est donc tout à fait possible que, à nouveau cette année, les gens n'aillent pas voter et que Bush récupère sa place, par défaut.
Même si Duke et Buchanan ne réussissent pas un bon score dans ces élections, tout cela risque d'avoir des conséquences pour la classe ouvrière. Car s'il n'y a personne d'autre pour répondre à la colère de la classe ouvrière, on se souviendra au moins d'eux comme de ceux qui ont osé défier l'établissement. Et cela peut avoir un impact à l'avenir, surtout dans le cas de luttes éventuelles, parce que ce seront eux qui auront gagné du crédit, pour eux-mêmes comme pour les idées d'extrême droite. Le fait que les idées racistes et xénophobes de Duke et Buchanan gagnent du crédit aujourd'hui, même par défaut, est un danger pour demain. Demain personne ne se souviendra que c'était par défaut.
Le fait que les seuls à faire écho à la colère de la classe ouvrière soient des gens d'extrême droite démontre, mieux que tout, combien criminelle a été la politique permanente de la bureaucratie syndicale de demander à la classe ouvrière de soutenir le parti démocrate. Ils ont soutenu un parti qui fondamentalement ne défend que les seuls intérêts de la bourgeoisie, et ainsi ils ne peuvent donner aucune perspective à la classe ouvrière. Et le fait qu'ils ne trouvent rien d'autre à proposer, malgré la colère qui bouillonne dans la classe ouvrière, démontre la complète et totale banqueroute de leur politique.