Aux États-Unis, un certain nombre de dirigeants syndicaux viennent de créer un comité, baptisé Labor party advocates ("Partisans d'un parti ouvrier"). D'après les premières déclarations de ses fondateurs, ce comité devrait "servir de base organisationnelle pour un nouveau parti des travailleurs".
Les membres de Labor party advocates font valoir que les syndicats soutiennent les partis Démocrate et Républicain depuis des décennies sans rien obtenir en retour. C'est pourquoi, disent-ils, "il est temps pour le mouvement ouvrier de créer un parti des travailleurs qui soit indépendant."
Ils rejettent d'autre part l'idée, souvent avancée dans les milieux libéraux de gauche aux États-Unis, d'un "troisième parti" indépendant - qui regrouperait l'ensemble des mouvements d'opposition (Noirs ou autres minorités nationales, femmes, homosexuels, écologistes, etc.) et dont le mouvement ouvrier ne serait que l'une des composantes. Ils affirment que la classe ouvrière n'a pas de représentation politique propre et que c'est là le problème essentiel ; que la classe ouvrière pourrait certainement conclure des alliances mais qu'elle doit d'abord s'organiser ; et que les syndicats représentent la base organisationnelle la plus solide pour la création d'un tel parti de la classe ouvrière.
Le type de parti vers lequel semble s'orienter le comité se rapproche beaucoup du Labour party britannique, c'est-à-dire un parti dont la structure s'appuie sur les syndicats et dont la direction est liée à celle des syndicats. Les Labor party advocates parlent bien sûr de la nécessité de recruter largement, parmi les syndiqués et les non-syndiqués, mais ils se fixent comme tâche primordiale l'affiliation de syndicats locaux à leur comité. Et ils fixent aussi comme tâche à ces syndicats adhérents de convaincre leurs fédérations ou les comités de négociation où se retrouvent plusieurs syndicats différents d'adhérer à leur tour aux Labor party advocates. Le comité directeur qu'ils entendent mettre sur pied pour construire le parti ouvrier sera composé de tous les dirigeants syndicaux qui, à tous les niveaux de l'appareil, cotisent aux Labor party advocates.
Jusqu'à maintenant, le comité a toujours été présenté comme une proposition personnelle de Tony Mazzochi, ex-secrétaire-trésorier du syndicat des travailleurs du pétrole, de la chimie et de l'atome (OCAWU). Mais le comité a reçu le soutien officiel du syndicat de Mazzochi ainsi que du syndicat des travailleurs de l'électro-radiotechnique (UE) et celui des ouvriers du bâtiment de San Francisco. Mazzochi a été détaché auprès des Labor party advocates par son syndicat et relevé de ses fonctions de conseiller du président de l'OCAWU pour qu'il puisse travailler à plein temps pour le comité. Plusieurs autres responsables du comité ont ainsi été détachés de l'OCAWU. Le comité a aussi reçu le soutien direct ou indirect d'un certain nombre d'autres syndicats ou fédérations de l'AFL-CIO. Par exemple, la Fédération américaine des employés municipaux, régionaux et d'État (AFSCME), un syndicat de travailleurs de l'industrie (AIW), des syndicats de métier des chemins de fer, le syndicat des mineurs (UMWA), le Conseil des syndicats d'industrie du New-Jersey, le Conseil des syndicats de Canton dans l'Ohio, l'AFL-CIO d'Indianapolis dans l'Indiana. Un certain nombre de dirigeants de ces syndicats sont déjà membres des Labor party advocates. On y trouve aussi des militants connus pour avoir appartenu à des listes d'opposition dans des syndicats tels que l'IBT (transport routier) et l'UAW (automobile, machines agricoles et aérospatiale), dont la bureaucratie est divisée en plusieurs fractions.
Il semble qu'il existe aujourd'hui une fraction de l'appareil syndical qui remette en question le soutien traditionnel des syndicats au Parti démocrate - au point de proposer la création d'un parti des travailleurs.
Cette fraction est pour l'instant minoritaire et le nombre de dirigeants syndicaux impliqués dans l'aventure du comité est faible. Mais dans un passé récent, d'autres dirigeants syndicaux ont évoqué l'idée que les syndicats devraient un jour créer leur propre parti. William Wimpisinger, président du syndicat des ouvriers sur machines (IAM), en parlait déjà il y a une dizaine d'années. Des dirigeants de l'UAW ont aussi souvent évoqué cette idée, plus pour aiguillonner le Parti démocrate que parce qu'ils y croyaient, mais les dirigeants de l'UAW ne cachent pas leur admiration pour le Parti néo-démocrate du Canada - surtout depuis sa victoire surprise de 1990 en Ontario et ses récentes victoires en Saskatchewan et en Colombie britannique. L'UAW a déclaré officiellement que ces victoires montraient qu'un nouveau parti s'appuyant sur les syndicats pouvaient occuper le devant de la scène.
De toute manière, si la grande majorité des dirigeants syndicaux gardent une certaine réserve sur cette question, il est clair que l'idée d'un parti ouvrier est posée aujourd'hui à l'intérieur des appareils syndicaux.
Que veulent les Labor party advocates ?
Le comité des Labor party advocates ne propose pas de rompre avec le système capitaliste. Ses membres n'envisagent en aucune manière un parti dont le but serait le renversement révolutionnaire de ce système. Ils s'opposent simplement au capitalisme sauvage. Leur ambition est de lui imposer des limites, tout en respectant le cadre du système. Cela ressort clairement de la manière dont ils parlent de la possibilité d'un nouveau New Deal :"Sous la présidence de Franklin Roosevelt, le New Deal promettait de rétablir un modèle de démocratie américaine où les travailleurs aient le pouvoir de se défendre contre l'Amérique des grandes sociétés. Ces vingt dernières années, cette promesse a été trahie...
Le New Deal parlait aussi d'une politique économique au service des travailleurs, assurant la croissance et de bonnes conditions de travail par une redistribution des richesses et du pouvoir au bénéfice des travailleurs. Ces politiques ont donné de bons résultats dans le passé mais ont été progressivement démantelées par les administrations successives des Républicains et des Démocrates...
Il nous faut un nouveau New Deal."
Ils disent d'ailleurs clairement qu'ils entendent protéger le capitalisme de ses propres excès :"Il nous faut des impôts justes. Il faut faciliter la création de nouveaux syndicats. Il faut que tous les travailleurs puissent bénéficier des mêmes systèmes de santé, retraite, éducation que la minorité. Il faut améliorer de manière significative la sécurité au travail. Et il nous faut la garantie d'un travail à salaire égal dans le cas de licenciements.
Une telle politique économique, appliquée à l'ensemble du pays, réussirait mieux à nous redonner notre prospérité passée que toutes les concessions faites aux grandes sociétés.
Plus d'argent pour les grandes entreprises ! Elles n'en ont pas besoin de toute façon et elles le dépensent là où il ne faut pas. Donnez l'argent aux travailleurs ! Nous avons droit à un niveau de vie décent. Et cet argent nous le dépenserons là où il peut être le plus utile.
Nous avons de nombreuses propositions concrètes et réalistes pour atteindre ce but sans, pour utiliser une image, tuer la poule aux œufs d'or."
Mais voilà justement le hic : est-il possible pour la classe ouvrière de défendre ses propres intérêts sans remettre en cause l'existence même du capitalisme ? Les Labor party advocates affirment, comme le font tous les syndicats, que c'est possible. Et ce, malgré l'accusation portée par le comité lui-même : "Les grandes entreprises mènent une guerre de classe à sens unique, en essayant égoïstement d'accroître leur pouvoir et leur richesse aux dépens de tous." Apparemment, le comité estime que les profits ne sont dus qu'à "l'égoïsme" de quelques-uns.
Que proposent les Labor party advocates ?
Le même problème se pose au niveau organisationnel. Si le comité veut construire un troisième parti, un "parti des travailleurs" indépendant, il doit de toute évidence rompre avec les deux grands partis bourgeois, et tout particulièrement avec le Parti démocrate auquel les syndicats sont liés depuis des années.
Pourtant, malgré les déclarations du comité dans sa propagande sur le Parti démocrate, quand il s'agit de décider de présenter ses propres candidats, le comité déclare qu'il n'a pas l'intention de franchir le pas dans l'immédiat.
Évidemment, le comité justifie son refus a priori en disant qu'il doit d'abord disposer d'une base suffisante, qui puisse contrôler les candidats et qu'il veut être un "parti de la base où l'on s'occupe de problèmes réels" plutôt qu'un parti de candidats photogéniques.
Les syndicats sont loin de contrôler les candidats du Parti démocrate, ainsi que le dit et le répète le comité des Labor party advocates. Et pourtant le comité soutient tacitement ce parti, même s'il proclame son intention de ne soutenir aucun candidat : "En tant qu'organisation, les Labor party advocates ne présenteront pas de candidats. Ainsi, les membres du comité seront libres de travailler à titre individuel pour le candidat de leur choix."
Une campagne électorale s'adressant aux travailleurs, même si des candidats n'étaient présentés que dans quelques endroits, pourrait toucher une fraction importante de la classe ouvrière, dont la majorité ne vote pas aujourd'hui car elle ne voit aucune différence entre les partis Démocrate et Républicain. Une telle campagne pourrait même aider à construire l'organisation des Labor party advocates.
Mais le comité refuse par avance cette sorte d'aide. Il a bien sûr une bonne raison pour ce faire et il s'en explique tout-à-fait ouvertement : "Beaucoup parmi nous ont travaillé dur et pendant longtemps afin d'établir de bonnes relations avec les partis existants. C'est une chose nécessaire si nous voulons défendre les intérêts des travailleurs dans le cadre du système politique actuel. En tant qu'organisation, les Labor party advocates ne présenteront pas et ne soutiendront pas non plus de candidats, car nous ne voulons pas compromettre inutilement des relations indispensables. Jusqu'à ce que le parti ouvrier soit une réalité dans ce pays, le mouvement ouvrier devra œuvrer dans le cadre de la structure politique existante."
Les syndicalistes qui ont créé les Labor party advocates semblent entretenir encore pas mal d'illusions sur la possibilité d'obtenir quelque chose du Parti Démocrate.
Comment amener les politiciens à courtiser les travailleurs ?
Le comité ne parle pas d'organiser des luttes. Il affirme clairement que c'est là le rôle des syndicats - que les syndicats le fassent ou non. D'autre part, il insiste sur son refus de présenter des candidats. Alors, comment espère-t-il accomplir quoi que ce soit ? Il semble croire que la simple existence du comité va pouvoir, comme ses membres le disent souvent quand on leur pose la question, "changer la nature du débat politique" : "Tout d'abord, un mouvement pour un parti ouvrier n'a pas besoin d'avoir des candidats ou même d'en soutenir pour être efficace. Les patrons ne sont jamais plus raisonnables que quand les syndicats débarquent et entreprennent d'organiser les travailleurs. Ce sera la même chose en politique. Lançons simplement un appel crédible en faveur d'un parti des travailleurs et les politiciens se bousculeront à notre porte pour nous demander ce que nous voulons."
Le programme immédiat des Labor party advocates semble se résumer à recruter suffisamment de membres pour faire pression sur le Parti démocrate et le rendre sensible aux besoins des travailleurs.
S'il s'en tient à cette attitude, on peut penser que le comité disparaîtra de la scène politique sans laisser beaucoup de traces et sans beaucoup influencer la classe ouvrière.
En effet, pourquoi les Démocrates se montreraient-ils sensibles à ce genre de menaces ? Ils se rendent sans aucun doute compte que le comité n'a pas les moyens de les mettre à exécution. Si les Démocrates ne leur accordaient pas la moindre aide, non seulement les syndicats mais les bureaucraties syndicales elles-mêmes pourraient se retrouver dans une situation de plus en plus précaire. Le comité envisage bien la possibilité de présenter un jour des candidats, détournant alors du Parti démocrate une partie de l'argent et des militants qui lui viennent traditionnellement des syndicats, au risque de faire chuter les Démocrates dans un certain nombre de circonscriptions.
Mais même dans cette éventualité, la seule perspective du comité semble être d'utiliser une telle campagne électorale pour faire pression sur le Parti démocrate.
Le comité affirme par exemple que "des tiers partis n'ayant eu que peu de succès aux élections peuvent avoir un impact important sur les dirigeants politiques." Et de donner les exemples suivants pour illustrer ce qu'il veut dire :"Le Parti du peuple des années 1890 [...] a vu une grande partie de son programme adoptée par le Parti démocrate en 1896.
Le Parti socialiste d'Eugène Debs [...] a élaboré un programme dont une grande partie fut reprise au cours du New Deal.
Le Parti américain indépendant de George Wallace recueillit près de dix millions de voix en 1968 (13,5 % du total) [...] Le résultat en a été, douze ans plus tard, le raz-de-marée en faveur de Reagan.
En résumé, des tiers partis ont pu jouer un rôle important dans l'évolution politique des États-Unis. Un parti ouvrier indépendant pourrait sûrement jouer un rôle similaire dans les années 1990. »
Une nouvelle génération de John L. Lewis
Évidemment, il est possible que la situation contraigne le comité à ne pas se contenter de faire pression sur les Démocrates. Si la passivité actuelle du mouvement ouvrier venait à disparaître, les appareils syndicaux seraient confrontés à une mobilisation qui pourrait leur échapper. Les syndicalistes du comité semblent tout à fait conscients de cette possibilité. Parlant de la grande majorité des travailleurs qui sont non syndiqués (souvent des femmes, des Noirs, des immigrés récents), le comité déclare : "L'avenir du mouvement ouvrier dépend de ces travailleurs. Si les syndicats existants ne parviennent pas à les organiser, nul doute qu'un jour ils s'organiseront eux-mêmes. Et on peut dire la même chose de tout mouvement visant à créer un parti indépendant des travailleurs."
Voilà qui ressemble beaucoup à ce que disaient John L. Lewis, le président du syndicat des mineurs, Charles Howard, le président du syndicat des typographes, et quelques autres bureaucrates de l'AFL qui, en 1933, voyaient la révolution se profiler à l'horizon et posaient la question de l'organisation des ouvriers d'industrie non syndiqués. Lewis et les autres restèrent à l'intérieur de l'AFL encore cinq ans, mais ils préparèrent les structures organisationnelles de la future CIO - et l'appareil pour la diriger. Howard déclarait au congrès de 1935 de l'AFL : "Laissez-nous vous dire que les travailleurs de ce pays sont sur le point de s'organiser et que, s'ils ne le font pas sous la bannière de l'AFL, ils le feront sous une autre direction... J'affirme que cela poserait un problème bien plus grave pour notre gouvernement, pour le peuple de ce pays et pour l'AFL elle-même que si la politique de notre organisation était modifiée pour nous permettre de les organiser et de les amener sous la direction de notre organisation."
Y a-t-il de nouveaux John L. Lewis et Charles Howard dans les appareils syndicaux d'aujourd'hui qui comprennent la nécessité de structures pouvant contenir une mobilisation éventuelle des travailleurs ? Les bureaucrates à l'origine des Labor party advocates s'apprêtent-ils à jouer ce rôle ? En tout cas, ils n'hésitent pas offrir leurs services à la bourgeoisie, au cas où le besoin s'en ferait sentir.
Ils affirment par exemple : "Si l'économie s'effondre, comme elle l'a fait dans les années 30 et comme elle menace de le faire à nouveau, nos idées deviendront très vite populaires... Si ce jour devait venir, nous devons être prêts, car si le mouvement ouvrier n'a pas d'alternative toute prête, les anti-syndicalistes, racistes et fomenteurs de haine, vont se précipiter dans la brèche."
L'allusion aux "racistes" concerne les David Duke, le Ku Klux Klan, etc., et leur permet de rester dans le vague en ce qui concerne les "fomenteurs de haine". De qui s'agit-il, de la droite ou de la gauche révolutionnaire ? En fait, on peut y voir l'affirmation que le comité pourrait se résoudre à créer un parti s'il fallait canaliser une radicalisation de la classe ouvrière.
Quelle sorte de parti ?
Peut-être le comité se contentera-t-il de mettre sur pied des structures politiques indépendantes en apparence du Parti démocrate, de manière à pouvoir appeler à voter quand même pour les Démocrates et à empêcher que la mobilisation de la classe ouvrière ne mène à la création d'une organisation politique. Dans les années 30 et 40, les dirigeants syndicaux de l'époque, confrontés à la mobilisation des travailleurs et à l'aspiration à un parti ouvrier, créèrent des structures "indépendantes" à l'extérieur du Parti démocrate, allant jusqu'à mener campagne à des échelons inférieurs sous différents noms (le Parti américain du travail à New York, des listes UAW dans le Michigan, La Ligue des travailleurs indépendants dans divers États, des partis ouvriers-paysans dans le Minnesota, le Wisconsin et d'autres États). Mais au niveau le plus élevé, le champ était laissé libre et les votes des travailleurs réorientés vers Roosevelt. Ces structures n'étaient finalement rien d'autre qu'un moyen d'empêcher l'organisation politique de la classe ouvrière. Les arguments invoqués à l'époque ressemblaient beaucoup à ceux mis en avant aujourd'hui par les Labor party advocates.
Bien sûr, la possibilité existe que le comité rompe complètement avec les Démocrates, si la situation l'exigeait, évidemment. Voici comment le comité parle de la sorte de parti qu'il pourrait construire : "Les travailleurs d'Europe de l'Ouest et du Canada, par exemple, ont plus de droits et de protections que les travailleurs américains, même s'ils travaillent pour les mêmes multinationales. D'autre part, ils bénéficient de politiques économiques plus favorables aux travailleurs...
Nous avons besoin d'un parti politique qui aide les travailleurs à limiter le pouvoir des grandes entreprises et à les affronter sur un pied d'égalité.
En résumé, nous avons besoin d'un parti des travailleurs."
Y compris dans ce cas, le comité n'imagine rien de plus "radical" qu'une nouvelle mouture de la vieille social-démocratie européenne.
Sa référence à des "politiques économiques plus favorables aux travailleurs" en Europe de l'Ouest et au Canada relève de la pure imagination, car cela laisse entendre que la classe ouvrière de ces pays n'a pas eu à subir les mêmes attaques que la classe ouvrière américaine - ce qui est manifestement faux ; d'autre part, cela laisse croire que ces travailleurs auraient été protégés par des partis ouvriers ou sociaux-démocrates capables de faire pièce au capitalisme au point de le rendre supportable pour la classe ouvrière.
Le Labour party britannique, comme tous les partis sociaux-démocrates d'Europe, a déjà trahi la classe ouvrière un nombre incalculable de fois. Ces dernières années, il a conduit la même politique que le Parti démocrate aux États-Unis : aider à tenir la classe ouvrière en échec, lui faire payer le coût de la crise du capitalisme, pendant que Thatcher, tout comme Reagan aux États-Unis, assumait la responsabilité principale de cette attaque en règle.
Le Labour party, pas plus que ses cousins d'Europe continentale, ne menace en rien le capitalisme. Il prend bien garde de respecter le cadre du système. En suivant cette voie, l'histoire des dernières décennies l'a montré, la classe ouvrière n'a même plus les moyens de se défendre à l'intérieur du système.
En d'autres termes, toutes les possibilités envisagées par le comité se résument à une chose : ce comité, s'il réussit, ne peut qu'être un obstacle pour la classe ouvrière.
Il est très possible que les velléités du comité le condamnent à n'avoir qu'une existence brève et insignifiante. Mais on ne peut écarter la possibilité que les circonstances contraignent les membres du comité ainsi que d'autres syndicalistes à créer un parti des travailleurs, et que la classe ouvrière se rallie à leur drapeau. Une telle éventualité impliquerait une nouvelle montée des luttes et une mobilisation des travailleurs américains. Le courant révolutionnaire devrait alors proposer une politique face à cela. Il est impossible de définir à l'avance la tactique qui permettrait aux communistes révolutionnaires de jouer un rôle dans cette mobilisation. Dans certaines circonstances, il leur faudrait peut-être même entrer dans un tel parti non révolutionnaire et non socialiste. Mais alors, ce serait pour y lutter pour leur propre programme et leur propre politique. Ils devraient y lutter contre toutes les politiques opportunistes des dirigeants syndicaux et refuser de se mettre à la remorque des dirigeants soi-disant "progressistes".
Il est vrai que la classe ouvrière a besoin de son propre parti, mais pas du parti que propose le comité des Labor party advocates. La classe ouvrière américaine a besoin d'un parti qui soit prêt à rompre avec le cadre capitaliste que tous les syndicats acceptent aujourd'hui. Elle a besoin d'un parti qui la prépare à mener des luttes et qui se prépare lui-même à les mener jusqu'au bout.