Dans le droit romain : la femme mariée, propriété du père de famille

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10 novembre 1995

Ce Code Napoléon, qui régentait la société française depuis les lendemains de la Révolution, était lui-même pour l'essentiel une antiquité romaine... puisqu'il s'est énormément inspiré du droit romain. Ce droit avait été bâti sur plusieurs siècles, avant et après Jésus-Christ, dans une société fondée sur l'esclavage, où tout le pouvoir était concentré entre les mains des hommes ayant la citoyenneté romaine. Ce droit était fondé sur la division des sexes, impartissant à chacun un office légal, institutionnel, dans le cadre de la "famille".

La famille romaine comprenait toutes les personnes descendant d'un même individu vivant et les esclaves dans leur dépendance. Tout ce monde était la propriété du père de famille au sens romain du terme, le "pater familias", qui détenait pouvoir de vie, de mort, de vente. Il pouvait condamner ses enfants à mort en cas de crime. Il pouvait aussi céder ses droits sur ses fils pour les mettre sous la puissance d'un autre "pater".

Un homme devenait "pater familias", non pas quand il avait un enfant, mais à la mort du "pater" dont il dépendait jusque là. Il pouvait ne pas avoir d'enfant. Et, inversement, un père biologiquement parlant pouvait ne pas avoir ce noble statut de "pater familias"...

Et la femme, dans tout cela ? Pour elle, le mariage était la cérémonie par laquelle elle était détachée de sa famille d'origine pour entrer dans la famille de son mari. Elle tombait alors sous la tutelle de celui-ci, et n'avait ensuite aucun pouvoir de tutelle sur ses propres enfants. Elle était en fait exclue de tout pouvoir sur autrui, car la sphère à laquelle elle était réduite n'entrait pas dans le domaine du droit. Bref, elle n'était qu'une dépendance, et l'homme prenait femme, selon la formule officielle, "pour en obtenir des enfants". Tout cela était minutieusement codifié dans le droit romain.

Mais, bien sûr, les femmes des classes inférieures, et à plus forte raison les esclaves, n'entraient pas dans ce cadre. Les hommes "honorables", les privilégiés, choisissaient parmi elles des concubines, et le concubinage était une institution légale parallèle ce qui servit aussi, d'ailleurs, aux "mater familias" privilégiées, à l'époque impériale, pour se débarrasser de leurs maris dès lors qu'elles avaient satisfait à l'obligation exigée par la loi de faire trois enfants ayant vécu plus de trois jours.