Lorsqu'on nous informe de cyclones, tremblements de terre, éruptions volcaniques, sécheresses prolongées, inondations, en Amérique latine, en Afrique ou en Asie, et qu'on nous parle à ce sujet de "catastrophes naturelles", c'est, dans une large mesure, un mensonge. En ce sens que les cyclones sont bien d'origine naturelle, mais que les désastres qui en résultent pour les hommes ne sont pas dus à la seule nature. La population des pays pauvres est beaucoup plus vulnérable à de tels désastres que celle des pays riches, sa vulnérabilité étant directement liée à la misère et aux inégalités.
Les conséquences d'un tremblement de terre ne sont pas les mêmes pour les Californiens, par exemple, que pour les habitants de Mexico ou d'Agadir, tous exposés à un risque sismique élevé, mais avec des moyens matériels et financiers inégaux pour les prévenir et y faire face. Et si le niveau de la mer devait monter rapidement, par suite d'un réchauffement du climat, comme certains le prédisent, les conséquences ne seraient pas identiques aux Pays Bas et au Bangladesh...
Dans les pays du Tiers Monde, les plus misérables sont aussi les plus exposés, au point que dans bien des cas ils vivent plus ou moins en permanence dans un contexte de catastrophe, car ils n'ont pas le choix, contraints de s'installer sur des terres insalubres, en pente, sujettes aux glissements de terrain comme les "favelas" d'Amérique du sud.
Dans les inondations au Bangladesh, ce n'est pas le régime des pluies qui est en cause. La déforestation des pentes de l'Himalaya entraîne le comblement par les alluvions du lit des rivières dans les plaines, alors que plus rien ne s'oppose au ruissellement des eaux sur les flancs des montagnes, et c'est là la cause de la fréquence accrue de ces inondations.