La vague "verte" en France s'inscrivait dans un cadre général. C'est des Etats Unis qu'étaient parties les premières protestations d'inspiration écologiste.
La période qui avait suivi la deuxième guerre mondiale avait été marquée par le développement du nucléaire les bombes de Hiroshima et de Nagasaki qui avait créé une certaine méfiance envers l'idée du progrès scientifique. La communauté scientifique américaine y fut plus particulièrement sensible d'ailleurs lorsque, en 1953, les expériences nucléaires dans le Névada entraînèrent des retombées radioactives sur New York.
Le développement intensif des industries chimiques et pétrolières entraînait de son côté des pollutions de plus en plus massives. En 1952, à Londres, des brouillards épais mêlés de fumées industrielles (le "smog") avaient causé la mort de 4 000 personnes en cinq jours. Aux USA, une ville comme Los Angeles connaissait une pollution atmosphérique analogue.
Une autre forme de pollution, entraînée par l'emploi massif et incontrôlé des pesticides et insecticides industriels, fut particulièrement dénoncée par Rachel Carson dans un livre, "Printemps silencieux", paru en 1962. Elle y décrivait comment les luttes menées contre un coléoptère dans le Middle-West, ou une espèce de fourmi dans les Etats du Sud, avaient été l'occasion d'aspersions massives de produits nouveaux, sans justification évidente mais à grand renfort de propagande. Ces produits se révélèrent néfastes pour les oiseaux, les poissons et toutes sortes d'animaux, et sources de maux divers pour les humains.
Les campagnes de désinsectisation à grande échelle étaient un filon pour les fabricants, et une source de subventions gouvernementales. Entre 1957 et 1959, de telles campagnes menées d'avion s'étendirent, d'après Rachel Carson, à des millions d'hectares, et il arriva que les aviateurs fussent payés, non à l'hectare traité, mais au litre de produit déversé...
Elle fut traitée de "vieille folle à la solde du KGB". Une décennie plus tard, pourtant, les problèmes d'environnement avaient trouvé une autre résonnance y compris dans les sphères officielles. C'est en 1972 qu'eut lieu, à Stockholm, la première Conférence mondiale sur l'environnement.
Quelques années avant, une association dite "Club de Rome" avait été fondée, réunissant des membres appartenant à plus de 30 pays, scientifiques, hauts fonctionnaires, économistes, etc. dans l'objectif d'étudier l'interdépendance des problèmes à l'échelle du monde. C'est une publication intitulée "Halte à la croissance" qui lui a assuré une large publicité. Pour ces idéologues de la bourgeoisie, la société allait vers une inéluctable catastrophe si on ne mettait pas un coup d'arrêt à la croissance, économique et démographique. Si tant d'hommes mouraient de faim, disaient-ils, c'est parce qu'il y en a trop pour trop peu de ressources, des ressources qu'il convient donc de ne pas épuiser davantage.
Au cours de sa campagne pour la présidentielle de 1974, le candidat écologiste René Dumont reprit une partie des positions du Club de Rome : il préconisa l'augmentation du prix de l'essence pour enrayer l'asphyxie des villes par les voitures, et réclama la suppression des allocations familiales au-delà du deuxième enfant pour lutter contre une prétendue surpopulation. Tout comme Brice Lalonde à la même époque, il considérait que tout le monde est pollueur exploiteurs et exploités étant tous co-responsables.