Le 3 septembre, les États-Unis annonçaient de nouvelles sanctions contre l’Iran, cette fois contre son programme spatial accusé de servir de « couverture » au programme de missiles balistiques. « La tentative iranienne de mettre à feu un lanceur spatial le 29 août souligne l’urgence de la menace », déclarait Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. Le lendemain, l’administration américaine dénonçait une prétendue filière de transport maritime accusée de vendre illégalement du pétrole à la milice libanaise du Hezbollah « pour le bénéfice du brutal régime Assad [le président syrien] ». En réponse à cela, le président iranien Hassan Rohani, qui avait déjà refusé toute discussion bilatérale avec les États-Unis, annonçait l’abandon de tous les engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015, déclarations de pure forme venant d’un régime qui se retrouve acculé par l’impérialisme américain.
Le bras de fer avec l’Iran entamé par Trump en mai 2018, après son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien signé trois ans plus tôt, continue de plus belle. Les États-Unis ont en effet rétabli les sanctions, décrété l’embargo, puis interdit purement et simplement à quiconque d’acheter du pétrole iranien, privant ainsi le régime de sa principale source de revenus. Durant les mois de juin et de juillet, les tensions sont montées d’un cran dans le détroit d’Ormuz, passage stratégique situé entre l’Iran et l’Arabie saoudite, large seulement de 40 kilomètres et par où transite un cinquième du pétrole mondial. C’est là que des attaques de pétroliers se sont intensifiées, les États-Unis accusant l’Iran d’en être l’auteur. Le point culminant de ces tensions a été la réaction des États-Unis à la destruction par l’Iran le 20 juin d’un drone américain qui survolait son espace aérien. Trump affirma avoir décidé un bombardement en représailles, puis l’avoir annulé dix minutes avant que ses avions ne décollent.
L’Iran n’aurait prétendument pas respecté l’accord sur le nucléaire et constituerait une menace que Trump, tout en proclamant son opposition à la guerre, veut combattre. Mais la menace vient plutôt de l’impérialisme américain, qui veut montrer qu’il est toujours le maître au Moyen-Orient et qu’il veut défendre ses multinationales pétrolières.
Derrière le conflit autour de l’accord sur le nucléaire
L’accord sur le programme nucléaire iranien conclu en juillet 2015 entre les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de la Chine, et leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif, permettait la levée d’une grande partie des sanctions internationales contre Téhéran. Il venait après presque quarante années de rupture officielle entre les États-Unis et l’Iran. C’était le signe que l’impérialisme américain envisageait de réintégrer l’Iran dans le jeu diplomatique. Les dirigeants impérialistes sont prêts à renouer avec des États susceptibles de les aider à assurer leur domination dans le monde, en particulier dans cette région du Moyen-Orient à l’instabilité croissante. Mais ils sont tout aussi prompts à rompre avec ces mêmes États s’ils ne se montrent pas assez dociles.
Toutes les injonctions adressées à l’Iran pour qu’il limite son potentiel nucléaire ne sont que des prétextes pour lui imposer une soumission complète. En 1957, c’est avec l’aide des États-Unis que le programme nucléaire iranien fut lancé. Mais le pays était alors un gendarme solide de l’impérialisme dirigé d’une main de fer par un dictateur, Mohammad Reza Shah, qui lui était entièrement soumis. Le réacteur de recherche nucléaire, alimenté par de l’uranium hautement enrichi, du Centre de recherche nucléaire de Téhéran, fut créé quelques années plus tard et fut également approvisionné par les États-Unis. En 1974, ce fut toujours avec l’appui des États-Unis que le shah se lança dans la construction de 23 centrales nucléaires, les entreprises américaines et européennes se faisant alors concurrence pour aider à construire ces réacteurs. Si tous ces programmes furent ensuite interrompus, ce fut en raison de menaces que les dirigeants impérialistes craignent bien plus qu’une explosion nucléaire : l’agitation et la mobilisation intense de la population et de la classe ouvrière en particulier, contre le régime du shah. Le 12 février 1979 en effet, la monarchie était renversée sous la pression de la rue, après des mois d’affrontements avec l’armée. La République islamique une fois instaurée, dirigée par un ayatollah, Khomeiny, eut pour priorité de restaurer l’ordre, ce en quoi elle se trouvait en phase avec les États-Unis. Ceux-ci avaient d’ailleurs œuvré en coulisse, en lien avec Khomeiny, pour éviter un écroulement de ce pilier du régime qu’était l’armée, à un moment où les masses étaient mobilisées.
Mais ce qui sonna définitivement le glas des bonnes relations entre les deux pays, ce fut l’occupation, le 4 novembre 1979, de l’ambassade américaine à Téhéran, par des étudiants partisans du régime islamique qui prirent 52 civils et militaires américains en otages. Cette action d’éclat apparut comme un défi spectaculaire. Le 7 avril 1980, les États-Unis cessaient toute relation diplomatique avec l’Iran et prenaient des sanctions économiques.
Le régime était devenu infréquentable. Mais ce n’était pas parce qu’il était dirigé par des ayatollahs. L’impérialisme s’appuie sur les régimes les plus réactionnaires quand cela s’avère nécessaire pour sauvegarder ses intérêts. Les relations étroites entretenues avec l’Arabie saoudite en sont une preuve, s’il en fallait. Ce que les dirigeants américains ne pouvaient pas accepter était la volonté d’indépendance affichée par les dirigeants religieux iraniens. Défendre les intérêts des multinationales, dans cette partie du monde si riche en pétrole, exige le maintien de régimes fidèles à l’impérialisme, prêts à se soumettre totalement à sa volonté.
Après la guerre contre l’Irak en 2003, l’évolution de plus en plus chaotique de la situation au Moyen-Orient poussa les dirigeants américains à chercher à rétablir des relations avec l’État iranien. Face au chaos en Irak, à la progression de milices incontrôlables qui allaient donner naissance au groupe État islamique (EI), et à partir de 2011, à la guerre en Syrie entre bandes armées, celles du régime de Bachar el-Assad et différents groupes djihadistes, dont l’EI, l’Iran pouvait constituer une aide pour stabiliser la région. Le régime iranien soutenait financièrement de nombreuses milices islamistes chiites combattant celles, sunnites, de l’EI en Irak. Sans parler des interventions dans ce pays de l’armée des Gardiens de la révolution, les Pasdarans, et du soutien financier au Hezbollah libanais, dont les milices sont présentes également en Syrie.
L’accord discuté pendant des mois et signé en 2015 était une indéniable manifestation de bonne volonté des dirigeants iraniens, devenus plus modérés à l’égard des États-Unis et donc, aux yeux de ces derniers, davantage susceptibles de faire rentrer l’Iran dans le rang. La levée des sanctions était indispensable pour l’économie iranienne enlisée dans la crise. Le régime iranien était prêt à en payer le prix. La liste de ce qu’il devait accepter en dit long : réduction de 98 % du stock d’uranium enrichi iranien, limitation du niveau d’enrichissement à 3,67 % – un niveau d’enrichissement de plus de 90 % est nécessaire pour construire une bombe nucléaire –, réduction du nombre de ses centrifugeuses de 20 000 à un peu plus de 5 000, soit bien en deçà du nombre qui serait nécessaire pour fabriquer une seule bombe, fermeture du réacteur d’Arak, capable de produire du plutonium, inspections des sites nucléaires par l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Mais aussitôt élu, Trump changea radicalement de politique, dénonça l’accord de 2015 comme désastreux et engagea sa politique de « pression maximale » contre l’Iran.
L’impérialisme américain impose sa loi
On ne peut pas expliquer ce changement, comme l’ont pourtant fait les médias à maintes reprises, par la personnalité du président, ses calculs électoraux, même s’ils rentrent en ligne de compte. Ni par le fait que le Parti républicain, qui a élu Trump, serait plus va-t’en guerre qu’Obama et le Parti démocrate. Certes, il se trouve dans l’entourage de Trump des partisans d’une guerre contre l’Iran dans le but d’abattre le régime. Le secrétaire d’État Mike Pompeo ou l’ancien chef de la sécurité intérieure John Bolton, d’ailleurs très récemment démis par Trump, sont les représentants les plus connus de ces « faucons ». Pour ne donner qu’un exemple, alors qu’il était encore membre du Congrès en 2016, Mike Pompeo avait appelé à une action visant à « changer le comportement de l’Iran et, à terme, le régime iranien ». Mais ce n’est pas, pour l’heure, un point de vue partagé par l’ensemble de la bourgeoisie américaine.
Ce qui nécessite cependant aujourd’hui d’exclure de nouveau l’Iran du jeu diplomatique, du point de vue américain, est précisément ce qui l’a conduit à y être brièvement intégré. La situation au Moyen-Orient a changé. Le groupe État islamique est pratiquement vaincu et le dictateur syrien, Assad, a plus ou moins repris le contrôle de la situation. Les dirigeants américains considèrent donc qu’il est temps de contrôler l’influence de l’Iran dans la région. Et cela d’autant plus que l’Arabie saoudite, un de leurs alliés les plus sûrs, est une puissance régionale directement en concurrence avec l’Iran. Outre le fait que cette monarchie est un allié fidèle, elle représente un des plus gros clients de l’industrie américaine de l’armement. En mars 2018, Trump s’était vanté de lui avoir vendu pour 12,5 milliards de dollars d’armes en tout genre.
Même s’il apparaît comme plus imprévisible, Trump agit en fait comme bien d’autres dirigeants impérialistes l’ont fait avant lui, naviguant à vue en quelque sorte, s’appuyant sur les uns, puis sur d’autres, alimentant ici un incendie en tentant d’en éteindre un autre. L’objectif est toujours le même : maintenir la domination impérialiste afin de permettre aux multinationales américaines de continuer à piller la planète.
Le bras de fer entre les États-Unis et l’Iran a contraint toutes les grandes puissances, des impérialismes européens au Japon et à la Russie, à se positionner et au bout du compte à s’aligner sur la position américaine. Les membres du club des puissances réunies au G7 fin août à Biarritz ont martelé qu’elles partageaient les mêmes objectifs que Trump. Macron a répété qu’« aucun membre du G7 ne veut que l’Iran puisse se doter de l’arme nucléaire », manière de lui faire allégeance. Ces puissances impérialistes de second ordre, telles la France, auraient pourtant souhaité continuer à faire des affaires avec ce pays de 82 millions d’habitants – soit une population plus importante que celles additionnées de ses sept voisins du golfe Persique –, dont la classe moyenne est non négligeable, et qui a des besoins d’investissements énormes. Les délégations de nombreux pays, notamment européens, s’étaient d’ailleurs succédé en Iran dès la finalisation de l’accord de 2015. Mais aussitôt la décision de sortie de l’accord prise par l’administration américaine, en 2018, celle-ci interdisait non seulement d’acheter du pétrole iranien, mais aussi de poursuivre les relations commerciales avec Téhéran. Les récalcitrants s’exposaient à des sanctions, et en particulier à des mesures leur barrant l’accès au marché américain, sans parler du rôle central du dollar dans le commerce mondial, une arme politique majeure des États-Unis.
Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, protesta, déclarant qu’en « deux ans, la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l’Iran », et pleurant sur les conséquences néfastes pour les grands groupes français comme Total, Sanofi, Renault, Peugeot ou Airbus. Mais il dut s’incliner. Ainsi, en août 2018, Total se retira du pays, mettant fin à sa participation au projet gazier South Pars, l’énorme gisement de gaz naturel offshore situé à cheval entre les eaux territoriales de l’Iran et du Qatar, dans le golfe Persique.
Les puissances européennes en sont toujours à rechercher un moyen pour un retour « négocié » aux termes de l’accord de 2015, qui leur permettrait d’accéder de nouveau au pétrole et aux marchés iraniens. Mais comme elles ne peuvent pas se mettre en porte-à-faux vis-à-vis des États-Unis, pour l’instant, rien n’est sorti de leurs tentatives. La politique de « pression maximale » contre l’Iran imposée par Trump vise aussi à empêcher que le boycott qu’il a décrété ne permette aux dirigeants européens et asiatiques d’en profiter pour prendre position sur le marché iranien. La guerre de Trump est aussi économique : il s’agit d’éliminer tout concurrent sérieux. L’impérialisme américain fait la démonstration de sa force sur les terrains politique et économique.
Les conséquences désastreuses pour la population iranienne
Pour conforter sa domination, l’impérialisme est prêt à tout, peu lui importe le sort des peuples. Les États-Unis, tout comme la France ou la Grande-Bretagne, l’ont montré bien souvent. En 2003, Bush n’hésita pas à déclencher la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. Il l’accusait de détenir des armes de destruction massive, une accusation mensongère.
Pour la population iranienne, les mesures prises par l’administration américaine ont des conséquences catastrophiques. Trump s’emploie tout simplement à détruire l’économie du pays. Les exportations de pétrole brut sont tombées de 2,6 millions à 400 000 barils par jour. Or le pétrole représente environ 80 % de tous les revenus de l’État en Iran, qui détient la quatrième réserve d’or noir dans le monde. Avec le déficit qui en résulte, l’administration du président Hassan Rohani ne peut financer les nombreuses entreprises et institutions publiques, qui représentent plus de 60 % des dépenses budgétaires de l’État. De nombreux secteurs économiques, tels que le logement et la construction, deuxième activité après le pétrole, sont paralysés et le système bancaire est en ruines. Cette récession entraîne un chômage massif. L’emploi se détériore, même pour les personnes instruites. Un tiers des hommes et la moitié des femmes de moins de 30 ans titulaires d’un diplôme universitaire sont au chômage.
L’inflation approche les 40 % en rythme annuel. Les prix de nombreux produits alimentaires doublent ou triplent. Des Iraniens racontent que les prix des fruits et légumes ont grimpé de 50 %, ceux de la viande de 100 %. Et de nombreux médicaments sont introuvables. Deux indices officiels des prix à la consommation iraniens, ceux du Centre de statistiques et de la Banque centrale, estimaient respectivement à 5,4 % et 6,1 % la hausse des prix en septembre 2018. L’inflation a grimpé à 37,6 % au premier trimestre de l’année civile iranienne, qui débutait le 21 mars 2019.
De nombreux reportages ont montré la dégradation des conditions de vie de la petite bourgeoisie. Cela laisse imaginer quel est le sort des classes populaires, dont les médias parlent moins, celles qui s’entassent dans les bidonvilles situés autour des grandes villes. Des statistiques datant de 2015 estimaient à 33 000 les villages iraniens abandonnés durant ces dernières années par leurs populations qui, fuyant la misère, se sont installées au fur et à mesure à la périphérie des grandes villes. Le chiffre est parlant quand on sait que cela représente un peu plus de 50 % de l’ensemble de la population villageoise en Iran. Les bidonvilles iraniens regrouperaient 11 millions d’habitants, c’est-à-dire l’équivalent de la moitié de la population villageoise ayant fui ses terres et foyers.
Pour les plus pauvres, la misère s’accroît avec le rétablissement des sanctions. Selon un récent rapport du Centre statistique de l’Iran (CSI), l’indice de misère, mesure informelle de l’état d’une économie obtenue en combinant le taux d’inflation et le taux de chômage, s’est envolé. Il a atteint 39 % l’hiver dernier, alors qu’un an auparavant, il était de 19,4 %. Les économistes indépendants font même des estimations beaucoup plus élevées du chômage et de l’inflation, car en Iran une heure de travail hebdomadaire est considérée comme un emploi. Le revenu mensuel de millions de travailleurs serait maintenant d’environ 100 dollars, ce qui est bien inférieur aux estimations du seuil de pauvreté du pays. En 2018, la monnaie iranienne a perdu deux tiers de sa valeur.
Un vendeur ambulant de fruits faisait ce constat : « Tout est cher et la misère est partout [...] on ne peut pas vivre. La viande est chère, le riz est cher. Ça fait un an que nous n’avons pas acheté de viande. Chaque jour ça empire. Je pense qu’il y aura [...] la guerre. »[1]
Jusqu’où ira Trump ?
Plus de quinze ans après l’invasion de l’Irak, Trump est-il en train de préparer une nouvelle guerre du Golfe, cette fois-ci contre l’Iran, comme le craint sans doute une grande partie de la population iranienne ? La propagande diffusée aux États-Unis, mais aussi en France, ne cesse de présenter l’État iranien comme le régime agressif. Mais les dirigeants iraniens ont dit à maintes reprises qu’ils étaient disposés à se soumettre à des inspections nucléaires encore plus draconiennes en échange d’une levée de sanctions. Ils sont cependant dans une impasse. Bien qu’ils ne veuillent pas la guerre, ils ne peuvent pas reculer complètement devant le défi lancé par les États-Unis. Le président Rohani est contraint de manifester un peu de résistance, d’autant qu’il doit affronter divers clans au sein du régime, en particulier les dirigeants des Pasdarans, prêts à tirer parti de son affaiblissement.
Que Trump et son entourage soient décidés à déclencher une guerre ou non, l’escalade actuelle pourrait de toute façon y mener. Et les dirigeants des États-Unis semblent en tout cas prêts à prendre ce risque. En mai dernier, invoquant des menaces iraniennes contre les intérêts américains sans donner plus de précisions, le gouvernement américain a ainsi envoyé le porte-avions Lincoln et sa flotte d’accompagnement dans le golfe Persique, avec des bombardiers B-52. Exploitant les accusations de ses alliés fidèles dans la région, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, prétendant que quatre pétroliers avaient été attaqués dans le Golfe, il a envoyé un autre navire de guerre, une batterie de dispositifs de défense antimissile, tout en menaçant de faire intervenir 120 000 soldats. Dans le seul golfe Persique, les États-Unis ont positionné depuis longtemps des bases militaires au Koweït, au Qatar et aux Émirats arabes unis, qui ont permis les opérations américaines en Irak à partir de 2003. 35 000 soldats sont stationnés dans les bases américaines des pays du Golfe. D’autres puissances, dont la France, disposent également de bases militaires dans le golfe Persique. Toute la région est truffée d’armements en tout genre et de soldats stationnés en Afghanistan, en Irak et en Syrie, aux frontières de l’Iran.
Le monde a déjà un pied dans la guerre. Pendant qu’on se réjouit de la paix qui règne depuis la Seconde Guerre mondiale dans les citadelles impérialistes, pour bien des peuples cette période n’a jamais cessé d’être marquée par la guerre. Le peuple syrien a vécu près de huit ans sous les bombes. Et que dire de la situation en Irak, en Afghanistan, ou encore au Yémen, que l’Arabie saoudite bombarde depuis 2015 avec le soutien des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France qui, tous, lui fournissent ses armes ?
Quand tant de matériel explosif est accumulé, il suffit d’une simple allumette pour que la déflagration se produise. Si une guerre était déclenchée contre l’Iran, elle pourrait s’étendre et les zones de guerre se multiplier, entraînant des conséquences catastrophiques pour les peuples, à l’échelle planétaire. La seule issue pour que l’humanité connaisse un autre avenir est de renverser le système capitaliste.
« Sous la pression croissante du déclin capitaliste, les antagonismes impérialistes ont atteint la limite au-delà de laquelle les divers conflits et explosions sanglantes (Éthiopie, Espagne, Extrême-Orient, Europe centrale...), doivent infailliblement se confondre en un incendie mondial […]. Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d’être emportée dans une catastrophe. Tout dépend du prolétariat, c’est-à-dire au premier chef de son avant-garde révolutionnaire », écrivait Léon Trotsky, dans le Programme de transition, en 1938, à la veille de la Seconde guerre mondiale. Une analyse toujours d’actualité.
11 septembre 2019
[1] « L’économie iranienne à l’agonie sous le coup de nouvelles sanctions américaines », RFI, 24 juin 2019.