Haïti - Les travailleurs relèvent la tête

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mars 2014

Les 10, 11 et 12 décembre derniers, la zone industrielle de Port-au-Prince, à Haïti, était en ébullition. Partant de cette zone, des milliers de travailleurs ont parcouru les rues de la capitale haïtienne pour exiger que leurs salaires soient portés à 500 gourdes par jour (8,32 euros au taux de change actuel). Ce pays a connu bien de puissantes manifestations depuis celles qui, en 1986, ont fait chuter la dictature des Duvalier. Mais l'originalité des manifestations de décembre 2013 est leur caractère purement ouvrier, avec des revendications concernant les travailleurs. Cela ne s'est produit que deux fois dans le passé récent, en juillet 1991 et en août 2009.

Une véritable provocation a été l'étincelle qui, cette fois-ci, a fait exploser la colère. Alors que le salaire minimum a été défini, il y a quelque temps, à 300 gourdes par jour, les patrons les plus puissants, ceux des entreprises de la zone industrielle, fournisseurs ou sous-traitants de chaînes de distribution américaines, ont continué à payer 250 gourdes (4,16 euros). Au lieu de rappeler à l'ordre les patrons de la zone industrielle, un organisme officiel, le Conseil supérieur des salaires (CSS), a pris la décision de recommander que le salaire minimum soit définitivement fixé à... 225 gourdes (3,74 euros) ! Cette décision provocante a fait exploser la colère. La revendication qui s'est imposée parmi les travailleurs était un salaire minimum de 500 gourdes. C'est encore une somme modeste (8,32 euros) pour des journées de dix, voire douze heures. Pour le patronat local, cependant, comme pour les dirigeants politiques et les commentateurs, c'est une revendication inacceptable. Et les grands patrons d'Haïti - pays le plus pauvre des Amériques, avec les salaires les plus bas - ont entonné la chanson bien connue : « Cela nuit à notre compétitivité », en brandissant la menace de délocalisation (on se demande vraiment où).

Au lendemain des journées de mobilisation, les patrons ont réagi des deux manières qu'ils connaissent bien : la répression et les tentatives de corruption. Des travailleurs qui se sont mis en avant dans les manifestations ont été licenciés, ainsi que celles et ceux - souvent les mêmes - qui se sont engagés dans la création de syndicats dans leur entreprise. D'autres ont été approchés par des hommes des patrons.

C'est à ces journées de mobilisation, ainsi qu'aux manœuvres autour de la création de syndicats, que sont consacrés les articles ci-dessous, extraits du journal La Voix des Travailleurs publié par nos camarades de l'Organisation des travailleurs révolutionnaires - Union communiste internationaliste (OTR-UCI), dans son numéro du 31 janvier 2014. Nous avons également extrait de cette publication deux petits articles significatifs sur le comportement des capitalistes de ce pays.

L'éditorial - Les travailleurs ont relevé la tête, c'est un acquis considérable pour l'avenir !

Les trois jours de mobilisation ouvrière dans les rues de Port-au-Prince pour exiger une revalorisation salariale à 500 gourdes par jour continuent de faire couler de l'encre et de la salive. Des conférences-débats çà et là sur le salaire minimum ! Il ne se passe de semaine sans la parution d'un article sur le sujet dans le plus grand quotidien de la place, Le Nouvelliste. Les pénibles conditions de travail dans ces usines de sous-traitance comparées à de véritables bagnes sont désormais étalées sur la place publique. Le vrai visage de ces patrons cupides dont les profits passent avant les vies de ces milliers de travailleurs et de leurs enfants apparaît de plus en plus au grand jour. Le masque est en train de tomber : les Apaid, Baker - représentant l'avant-garde de leur classe - eux qui à longueur de journée ronronnent, divaguent sur les droits de l'homme, sur la démocratie, sur un nouveau contrat social, sont en train d'être découverts par le reste de la société comme des sangsues sur la classe ouvrière, des rapaces qui s'enrichissent en condamnant des milliers de travailleurs et leur progéniture à la mort lente par des salaires dérisoires et le travail forcé.

Ils sont désormais de moins en moins à l'aise pour se poser en défenseurs du peuple, en investisseurs qui donnent du travail, car ceux qu'ils prétendent faire vivre par ces emplois précaires sont de plus en plus pauvres et eux de plus en plus riches.

Par ces trois jours de mobilisation, les travailleurs ont commencé à lever le voile sur cette classe de parasites qui se présentent à la face de la société avec des gants de velours, tandis que ce sont de véritables dictateurs dans leurs entreprises qui vont jusqu'à empêcher des travailleurs d'aller satisfaire un besoin physiologique, sous prétexte que cela retarde la chaîne de production. Malgré l'intimidation et le harcèlement de tous les instants dont ils sont l'objet, les ouvriers avaient pu sortir manifester et crier leur misère à la face du monde entier.

À la reprise du travail, le vendredi 13 décembre 2013, après les trois jours de manifestation, nombreux sont des travailleurs qui ont été révoqués, accusés par leurs patrons d'avoir pris une part active à la mobilisation. La majorité d'entre eux sont des responsables syndicaux ou des travailleurs syndiqués actifs. Charles Henry Baker a révoqué huit ouvriers, la famille Apaid a renvoyé plus d'une douzaine, Richard Coles, environ une demi-douzaine. Les révoqués sont presque tous des travailleurs qui ont commis un seul crime, celui d'avoir voulu mettre sur pied dans leurs usines respectives un syndicat pour permettre aux travailleurs de se réunir et de réfléchir sur les problèmes qui sont les leurs. Les patrons se sont vengés parce que, d'après eux, les syndicats - auxquels ils sont allergiques - étaient le fer de lance de la mobilisation ouvrière au début du mois de décembre.

Mais les patrons ont beau montrer leurs griffes et leurs dents, ils ont beau réprimer, les travailleurs ne baissent pas les bras. Les ouvriers syndiqués révoqués n'ont pas accepté les prestations légales liées aux révocations et ont choisi de se battre quasiment tous pour réintégrer leurs entreprises respectives et continuer à faire fonctionner leur syndicat et à réclamer les 500 gourdes et de meilleures conditions de travail. Ce qui a déboussolé un peu les patrons concernés, qui ne sont pas habitués à ce genre de résistance et de réactions.

Ces travailleurs en ont rajouté une couche en multipliant leurs interventions dans la presse pour dénoncer leurs révocations arbitraires et illégales qu'ils considèrent comme une punition parce qu'ils ont relevé la tête. Face aux questions des journalistes pour leur donner droit de réponse, les patrons en sont maintenant à la défensive, mentant comme des arracheurs de dents, allant jusqu'à nier leurs mesures de révocations, comme quoi ces travailleurs ne feraient pas partie de leurs entreprises, alors que ces derniers avaient bien présenté leurs badges aux journalistes lors des conférences de presse et des interviews diverses.

Grâce aux nouvelles technologies de l'information, aux réseaux sociaux, la nouvelle a vite traversé les frontières. Des Haïtiens vivant aux USA voire au Brésil ont téléphoné à leurs proches qui travaillent sur la zone industrielle de Port-au-Prince pour apporter leur solidarité dans la lutte contre Apaid, Baker, les Coles et consorts. Des syndicats d'autres pays envoient des notes de solidarité également aux travailleurs licenciés pour leur appartenance syndicale et leur participation à la mobilisation.

Les patrons ont toujours pris des dispositions pour faire taire les ouvriers et cacher l'exploitation éhontée subie par ces derniers pour que leur rapacité ne soit pas ébruitée et se limite aux murs des usines. Les travailleurs ont vendu la mèche et les patrons commencent à se sentir mal dans leur peau puisqu'ils sont de plus en plus connus comme ils sont, mais pas comme ils se font paraître.

Les travailleurs syndiqués, de leur côté, n'en démordent pas. Malgré le licenciement des responsables syndicaux, les menaces de révocation et les pressions de toutes sortes, ils continuent de se réunir, de renforcer leur organisation syndicale en vue d'exiger la réintégration de leurs camarades de travail, ce qui est inhabituel dans ces entreprises. Ils ont, en outre, procédé à des collectes de fonds pour venir en aide à leurs camarades révoqués depuis plus d'un mois. Ce qui est également nouveau.

150 ans après la fondation de l'Association internationale des travailleurs, les ouvriers haïtiens en sont encore à lutter pour arracher ce droit élémentaire qu'est la liberté syndicale. Pourtant dans le cadre de la loi HOPE/HELP signée par les patrons, ces derniers sont payés et même bien arrosés pour qu'ils reconnaissent et acceptent la liberté syndicale.

Certains patrons essaient d'allier le bâton et la carotte en tentant d'offrir des avantages aux travailleurs les plus conscients pour les corrompre et casser ainsi le mouvement de résistance. Ils ont essuyé un cinglant refus. Malgré la précarité de leur situation due aux bas salaires, ces travailleurs, comprenant le jeu pernicieux, n'ont pas cédé à l'offre de corruption de ces patrons à la fois embarrassés et déboussolés. Lors des précédentes mobilisations, en juillet 1991 et en août 2009, le moral des ouvriers était retombé tout de suite après, mais ce n'est pas le cas cette fois-ci. Au contraire, ils en sont sortis renforcés. Voilà la surprise désagréable pour ces crapules ! Voilà ce qui torture leur imagination en vue de trouver une nouvelle méthode appropriée pour arriver à bout de la résistance.

Ce qui échappe à la compréhension de ces rapaces, c'est la naissance d'une conscience collective de classe du côté des travailleurs. Cette mobilisation du mois de décembre a fait comprendre aux travailleurs qu'ils peuvent tenir tête aux patrons et se défendre contre les offensives de ces derniers. Ils ont aussi compris que la seule façon de le faire, c'est de s'organiser pour agir collectivement en mettant le rapport de force de leur côté. Voilà un pas décisif et qualitatif qui est franchi dans le développement de la conscience de classe des travailleurs de la zone industrielle !

En se battant pour les 500 gourdes et pour la réintégration de leurs camarades licenciés, les travailleurs sont conscients qu'ils se battent pour une cause qui concerne tous les travailleurs : ceux qui sont menacés aujourd'hui et ceux qui le seront demain.

Les 15 000 à 20 000 travailleurs dont une majorité de jeunes ouvrières qui avaient gagné les rues de Port-au-Prince au début du mois de décembre sont une démonstration que la classe ouvrière existe bel et bien en Haïti. Avec la grande sympathie qu'ils ont trouvée au sein des couches pauvres de la population des différents quartiers populaires qu'ils avaient sillonnés pendant le parcours, au niveau des étudiants de certaines facultés, les travailleurs ont montré qu'ils ont la potentialité de prendre la tête d'une véritable lutte révolutionnaire en Haïti.

Espérons que cette prise de conscience, qui timidement commence à voir le jour au niveau de la classe ouvrière, aille crescendo, que les plus combatifs d'entre ces travailleurs prennent le devant de la construction d'un véritable parti révolutionnaire indispensable dans les luttes à venir de la classe ouvrière pour l'amélioration de leurs conditions de vie et le renversement du capitalisme.

Des parasites de la classe ouvrière !

Des aventuriers de tout acabit, des opportunistes toujours à l'affût n'ont pas raté l'occasion offerte par le Département du Travail américain à travers Better Work et Centre de Solidarité pour se faire un nom et magouiller, autant que faire se peut, sur le dos de la classe ouvrière. En effet, on a vu pousser comme des champignons des centrales syndicales bidon ayant à leur tête des petits notables qui se disent amis des travailleurs, quand ils ont su qu'ils pouvaient se tirer d'affaire à partir de la loi HOPE/HELP signée après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Sous prétexte d'aider les ouvriers à se former et à s'organiser, ces chefs autoproclamés de la classe ouvrière ont tissé tout un réseau, ils ont mis un système sur pied dont l'objectif premier est de soudoyer, corrompre les plus combatifs de la classe ouvrière tout en ramassant par-ci par-là les miettes qui tombent de la table.

Fignolé Saint Cyr est l'un de ces prototypes. Par un processus jusque-là opaque, il se dit représentant de la classe ouvrière avec deux autres larrons au sein du Conseil supérieur des salaires. Il est à la tête d'une branche de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (CATH) dont la légitimité est contestée par des leaders historiques comme Jean Auguste Mesyeux, Armand Pierre, etc. Sur la zone industrielle, dans le secteur de la sous-traitance, il a réussi à monter et à patronner dans certaines usines quelques petits groupes de travailleurs à qui il confère le nom de syndicat. Ces petites structures lui donnent la légitimé de se vendre aux patrons, de jouer les intermédiaires entre ces derniers et les travailleurs. À l'étranger aussi, les dirigeants de certains syndicats internationaux lui déroulent le tapis rouge comme leader de la classe ouvrière haïtienne et lui fournissent toutes sortes d'aide pour aider les travailleurs en difficulté.

Sur la zone industrielle, Fignolé entretient des rapports des plus intimes avec les patrons. Souvent, il donne la démonstration aux ouvriers qu'il peut appeler un patron comme Clifford Apaid à n'importe quel moment. C'est par son intermédiaire qu'Apaid gère les conflits de son entreprise. Dans les réunions, c'est toujours lui le porte-parole des travailleurs et le modérateur. Les syndiqués ont rarement droit à la parole.

Aux ouvriers syndiqués, Fignolé promet monts et merveilles. Voyages à l'étranger, amélioration de leurs conditions de vie. Il leur enseigne les codes de bonne conduite envers les patrons : il ne faut pas les regarder dans les yeux, leur dit-il, parce c'est grâce à eux que nous travaillons. Si vous avez un problème, poursuit-il, vous n'avez qu'à vous adresser à moi.

Ses contacts avec ces responsables syndicaux au sein des usines se résument à des appels pour leur passer des ordres. Ses contacts avec Better Work, Centre Solidarité lui permettent de trouver l'argent pour organiser des rencontres avec les travailleurs souvent les dimanches dans des hôtels luxueux de la capitale. Des repas leur sont servis ; à la fin de ces rencontres, des frais de transport sont distribués aux ouvriers.

Quelques semaines avant les recommandations du CSS, Fignolé avait participé à deux sit-in sur la zone industrielle pour exiger un salaire de 500 gourdes par jour aux patrons.

Donnant des gages aux patrons que les ouvriers seront toujours tenus en respect tout en montrant aux travailleurs qu'il est leur défenseur, leur avocat, les activités de Fignolé tournaient sur un fil ; son double jeu était à haut risque. Même si certains travailleurs commençaient à le soupçonner, c'est sa signature au bas des recommandations du CSS fixant le salaire minimum à 225 gourdes qui a fini par le démasquer complètement. Pris au piège par les patrons, Fignolé a été l'un des plus farouches défenseurs du salaire de 225 gourdes au niveau de la presse. Alors que les ouvriers défilaient dans les rues, Fignolé complotait avec les patrons pour casser leur mouvement. Sur l'ordre des patrons dont il reçoit de l'argent et d'autres avantages régulièrement, il a même réussi à organiser devant le parc Sonapi une manifestation d'une vingtaine de chômeurs des quartiers dont il a graissé les pattes pour justifier et réclamer les 225 gourdes contestées par les travailleurs.

S'il a été l'un des plus actifs ces deux dernières années, Fignolé est loin d'être le seul à vouloir monnayer ses liaisons avec les travailleurs. D'autres magouilleurs sont cachés dans l'ombre. Aux travailleurs de se montrer prudents et d'être vigilants. Leur credo doit être : l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Charles Henry Baker aime bien ses terroristes

Après les déclarations de Charles Henry Baker qualifiant les travailleurs de terroristes suite aux trois jours de manifestation au mois de décembre 2013, nombreux sont les ouvriers qui pensaient que Baker allait abandonner totalement les activités de la sous-traitance ou bien qu'il n'allait embaucher que des membres de sa famille pour être sûr de ne plus côtoyer de terroristes. Mais bien grande a été la surprise des travailleurs au début du mois de janvier 2014. Debout au milieu de la cour de l'usine, sourire aux lèvres, Baker alias gros tigre, souhaitait la bienvenue aux travailleurs.

En bon capitaliste, Baker sait, mieux que quiconque, que ce qui fait croitre ses capitaux, ce n'est pas l'argent qu'il a hérité de ses parents comme il ne cesse de le répéter aux ouvriers à longueur de journée dans l'entreprise, c'est surtout le vol de la force de travail des ouvriers.

Se défoncer pour « un toro » !

Clifford Apaid est loin de céder face aux revendications des travailleurs. Dans la presse, ce patron avait annoncé au mois de décembre 2013 qu'il avait consenti de faire de gros sacrifices en acceptant d'ajouter 25 gourdes au salaire minimum des ouvriers. Au mois de janvier, à la reprise des activités de ses usines, il a fait augmenter tous les quotas de travail à la journée. Une prime sous la forme d'un toro, 33 cl d'une boisson énergisante, est donnée aux travailleurs qui sortent les quotas avant les autres.

Des petits magouilleurs au service des patrons

Les patrons sur la zone industrielle n'hésitent devant rien pour porter l'exploitation des ouvriers à son paroxysme. Tout d'abord il y ce matraquage idéologique. Dès six heures du matin jusqu'à la sortie, les patrons mettent la musique à fond dans tout l'air du travail. Ils privilégient les chansons religieuses appelant les travailleurs à se désintéresser des richesses de la terre car seuls les pauvres iront au ciel. Des diacres, des pasteurs sont recrutés pour apporter en permanence la bonne parole aux travailleurs. Dans leurs prières, tout en remerciant le bon dieu qui leur a donné ce si bon patron, ils le supplient de leur donner de la force pour exécuter les quotas gigantesques que ces mêmes patrons leur demandent. Deux ou trois fois par jour, des réunions de prière sont organisées à l'intention des ouvriers où ces soi-disant pasteurs passent le message du patron : il faut bien vous tenir, ne pas trop vous déplacer pendant la journée pour aller aux toilettes, clament-ils. Vous serez d'autant plus bien acceptés au ciel que vous respectez votre patron ici-bas.

Mais il n'y a pas que cela. La répression physique, le harcèlement sexuel, le chantage sont d'autres pierres angulaires importantes dans le dispositif mis en place par les patrons dans les usines. En effet, les patrons recrutent un ensemble de gorilles qu'ils appellent superviseurs. Dotés de pouvoirs illimités sur l'ensemble des travailleurs, leur rôle est de matraquer psychiquement et physiquement les travailleurs de façon à ce qu'ils produisent au maximum de leur possibilité sur une journée de travail. Injures, sexisme, leur arsenal est énorme pour humilier, rabaisser les travailleurs au rang de chiens, de bêtes sauvages. Toutes leurs exactions sont couvertes par la direction des entreprises. Ils révoquent comme bon leur semble. Chez Baker par exemple, à coup de menaces, ils forcent certaines ouvrières à avoir des relations sexuelles avec eux. S'il arrive que certaines tombent enceintes, elles sont révoquées. Un de ces chenapans appelé Thalès, aujourd'hui est employé par le patron Richard Coles. Quand il était aux ordres de Cliford Apaid, souvent le matin, il se mettait à l'entrée de l'usine et obligeait tous les ouvriers à baisser leur tête en entrant, tous ceux qui prenaient le risque de lever leur tête couraient le risque de se faire renvoyer pendant la journée.

Ce savoir-faire une fois acquis, ces individus ne restent jamais sans travail. Alors qu'ils devaient être en prison pour les nombreuses exactions commises à l'encontre de la classe ouvrière, les patrons les chouchoutent en se les passant tout le temps car ils les aident à soutirer le plus de surtravail des ouvriers.