Le PCF a réussi la démonstration de rassembler des dizaines de milliers de militants. Et ils sont encore nombreux, plus nombreux que ne le pensent ceux qui l'ont enterré, parce qu'ils ne savent compter qu'en termes politiciens et électoraux. Bien plus nombreux que ce que l'extrême gauche est capable de rassembler aujourd'hui. Le nombre global des manifestant du 16 octobre est, à cet égard, significatif. Les chiffres varient, selon les sources, de 32 000 à 60 000. Quoi qu'il en soit, au delà de la mobilisation incontestable qu'ils expriment, ils mesurent aussi un rapport de force. L'extrême gauche a certes apporté sa pierre au succès de cette manifestation, à la fois dans sa préparation et dans la participation. Pour notre part, nous avons compté bien plus de 32 000 participants aux cortèges proprement dits, mais il y a eu sans doute plus de manifestants en prenant en compte ceux qui, très nombreux, se trouvaient sur les trottoirs, souvent avec des badges du PCF. Le cortège de Lutte Ouvrière rassemblait entre 3 000 et 3 500 manifestants, celui de la LCR un peu moins de 2 000. C'est dire que l'essentiel des manifestants avaient été entraînés grâce aux activités et à l'influence du PCF. Ce ne sont pas les quelque 300 personnes qui se retrouvaient derrière le MDC, ni celles, pas plus nombreuses, qui défilaient derrière les Verts, ni même les quelques centaines de manifestants qui se sont retrouvés dans le cortège des organisations de chômeurs (militants de AC ! présents malgré le refus de leurs dirigeants d'appeler à cette manifestation, ceux de l'APEIS ou du MNCP) qui modifient la proportion. Cette réalité, il ne faut pas craindre de la constater si on ne veut pas aboutir à des raisonnements et à des conclusions politiques totalement déconnectés de la réalité. A ce propos il est politiquement faux et même puéril de prétendre, contre toute évidence, que l'extrême gauche représentait le cinquième de la manifestation "soit plus de 10 000 manifestants hostiles à la politique de Jospin" comme l'a fait la tendance R ! de la LCR dans la tribune qu'elle a publiée dans le numéro de Rouge du 21 octobre. Il n'est pas vrai que l'extrême gauche rassemblait 10 000 personnes, ni qu'elle représentait 20 % de la manifestation.
La manifestation du 16 octobre a donc été une mesure de l'influence que le PCF conserve au sein de la population travailleuse. Car, si dans les rues de Paris, il y avait surtout des militants, ce sont ces militants qui, présents dans les entreprises, dans les quartiers populaires, peuvent peser sur les choix, les opinions, et pèseront sur les mobilisations à venir.