Le meurtre de George Floyd, à Minneapolis le 25 mai dernier, a déclenché aux États-Unis une vaste mobilisation contre le racisme et les violences policières. Au cours des dernières années, plusieurs mouvements de protestation ont été provoqués par le meurtre de Noirs par des membres de la police. En 2012, la mort dans une banlieue de Miami de Trayvon Martin, un lycéen de 17 ans, tué par un garde qui n’avait pas été inculpé, avait déclenché de nombreuses manifestations en Floride et au-delà. En 2014, la mort à Ferguson dans le Missouri du jeune Michael Brown, tué par un policier blanc, et laissé gisant pendant plusieurs heures sur la chaussée, avait à son tour provoqué une explosion de colère, avec de nombreuses manifestations en août et en novembre, puis encore en 2015. C’est de cette époque que date l’essor de Black Lives Matter (les vies noires comptent), un mouvement plutôt qu’une véritable organisation. Depuis, les meurtres de Noirs par des policiers se succèdent, en général en toute impunité. Un exemple parmi tant d’autres : toutes les poursuites ont été abandonnées récemment contre le policier qui en 2014 avait tué Eric Garner, un Noir de New York mort en disant « I can’t breathe » (J’étouffe), filmé par un téléphone portable. Le meurtrier réclame maintenant sa réintégration dans la police new-yorkaise.
Le mouvement des dernières semaines est donc dans la continuité de ces mobilisations. En même temps, par son ampleur et par sa durée, il dépasse tout ce qui avait précédé. Des manifestations ont eu lieu dans plus de 2 000 villes dans les 50 États : comme en Alaska, où 12 villes ont connu des manifestations, à l’instar de Palmer, 6 000 habitants et 1 400 manifestants ; ou comme à Hawaï, où une dizaine de villes ont connu des manifestations. Dans de petites bourgades, plusieurs centaines de personnes ont parfois défilé à l’initiative de quelques lycéens révoltés par le racisme et par le sort tragique de George Floyd et de tant d’autres. Dans les grandes villes, on a manifesté tous les jours pendant trois semaines, avec souvent plusieurs manifestations dans différents endroits de la ville. À Detroit (Michigan), dimanche 7 juin, il y a eu 30 manifestations la même journée. Et cela malgré la mobilisation de la police, voire de la garde nationale, comme à Washington, où la présence de l’armée n’a pas dissuadé les manifestants, pas plus qu’ils n’ont été dissuadés par le coronavirus, alors qu’aux États-Unis plus de 120 000 personnes ont déjà perdu la vie du fait de l’épidémie. Bref, il s’agit d’un vaste mouvement, dont les participants ont le sentiment de participer à quelque chose qui les dépasse.
Comme dans les années 1960 ?
Lors des premières manifestations, qui ont parfois tourné à l’émeute et au pillage de magasins, notamment à Minneapolis, les autorités ont pu craindre que se reproduisent les émeutes de 1992 à Los Angeles. Après l’acquittement de quatre policiers ayant passé à tabac un automobiliste noir, Rodney King, cinq jours d’émeute avaient fait 63 morts, des dizaines de commerces avaient été incendiés, 12 000 arrestations avaient eu lieu, et la garde nationale et l’armée fédérale avaient pris position dans la ville. Peut-être les autorités ont-elles même redouté une révolte comparable à celle des ghettos noirs dans les années 1960. À l’époque, après vingt-cinq ans de mouvement des droits civiques, la plupart des grandes villes avaient connu de grandes émeutes. À l’été 1964, le meurtre d’un jeune Noir de 15 ans par un policier avait embrasé Harlem, à New York. Puis en août 1965, le ghetto de Watts à Los Angeles s’était révolté, et l’année suivante les villes de Chicago et Cleveland. En 1967, la révolte des Noirs de Detroit s’était aussi soldée par des dizaines de morts issus des ghettos.
Mais l’histoire ne repasse jamais les mêmes plats. Ces dernières semaines, la quasi-totalité des manifestations ont été pacifiques. Elles se sont en général produites dans les centres-villes, et pas spécialement dans les ghettos ou les quartiers pauvres. Si des militants des organisations de droits civiques, des Églises noires ou encore du Parti démocrate étaient à l’œuvre, un grand nombre de ces manifestations étaient organisées par des gens sans grande expérience militante. À Detroit, ville noire à 80 %, les Églises afro-américaines ont joué leur rôle. Mais, dans les banlieues résidentielles, de jeunes Blancs de la classe ouvrière ou des universités ont également organisé des manifestations. Dans les années 1950 et 1960, il y avait certes des Blancs, souvent des étudiants de gauche, issus de la petite bourgeoisie, qui gravitaient autour du mouvement noir. Mais ils y occupaient une place marginale et la quasi-totalité des personnes mobilisées étaient des Noirs. La population noire elle-même n’est aujourd’hui plus tout à fait la même. En 1965, les Noirs faisaient quasiment tous partie du prolétariat. Maintenant, une petite bourgeoisie noire s’est constituée, dans les professions libérales, les milieux d’affaires, parmi les intellectuels ou encore les artistes et les sportifs à succès. Elle est présente dans le mouvement en cours, comme le sont de nombreux jeunes étudiants blancs, mus par un antiracisme généreux. À la fin des années 1960, la révolte des Noirs était celle d’un pan de la classe ouvrière, susceptible d’entraîner le prolétariat dans son ensemble. Aujourd’hui, il s’agit d’un mouvement disparate contre le racisme et les violences policières, qui n’est sans doute pas porteur des mêmes possibilités.
La situation économique est également différente. Dans la seconde moitié des années 1960, le boom qui suivit la Deuxième Guerre mondiale se poursuivait. Dans les villes industrielles du Midwest, pour essayer d’éteindre la contestation, les grandes entreprises embauchèrent des centaines de milliers de Noirs qui n’avaient jamais pu accéder auparavant à ces emplois relativement stables et bien payés. L’administration démocrate de Lyndon B. Johnson investit massivement dans des programmes sociaux et éducatifs, augmentant l’endettement public. Puis, la crise monétaire de 1970 et la crise économique qui débuta ensuite réduisirent alors tout à la fois les opportunités d’emplois et les programmes sociaux. Aujourd’hui, toute une partie de la population noire paye le prix fort à la crise économique déclenchée par l’épidémie. George Floyd lui-même illustre cela à sa manière : alors qu’il avait été camionneur puis agent de sécurité, il s’était retrouvé sans emploi après la fermeture du restaurant où il travaillait, en raison de la pandémie.
Réformer la police ?
S’il est massif, le mouvement actuel a aussi des limites qui tiennent à ses revendications. Comment mettre fin aux violences policières et au racisme dans la police ? De nombreux manifestants exigent que la police soit contrôlée et réformée, voire démantelée, et les policiers violents écartés. Le conseil municipal de Minneapolis a ainsi voté, contre l’avis du maire, le démantèlement de la police de la ville, pour le remplacer par un système de sécurité publique basé sur la population. Même si ce genre d’initiative aurait été impensable il y a quelques semaines, elle reste bien vague. Une revendication plus modérée est de diminuer drastiquement les financements dont bénéficie la police (defund the police), au profit de l’éducation, de la santé, de services chargés des troubles psychiques et de l’addiction aux stupéfiants.
Aux États-Unis, à la différence de la France, la police est très décentralisée, chaque autorité locale ayant sa propre force et la police fédérale ne se chargeant que d’une minorité d’affaires. Quelque 10 millions d’arrestations ont lieu chaque année, le plus souvent pour des délits mineurs : George Floyd était soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de vingt dollars (18 euros). Les Noirs sont plus souvent arrêtés que les Blancs, souvent pour des infractions sans importance, ce qu’ils dénoncent de façon ironique comme « la conduite en étant noir » (driving while black), car ils sont souvent arrêtés du simple fait de la couleur de leur peau. Par exemple, le 12 juin à Atlanta (Georgie), un automobiliste noir, Rayshard Brooks, a été arrêté sur le parking d’un fast-food parce qu’il s’était assoupi dans sa voiture après avoir un peu trop bu ; il a été tué en tentant d’échapper aux policiers qui voulaient le menotter.
Les Noirs sont surreprésentés dans les prisons. Avec 2,2 millions de prisonniers, proportionnellement six fois plus qu’en France, les États-Unis sont un des pays les plus répressifs au monde. Et les Noirs, qui comptent pour 12 % de la population, représentent 37,5 % des prisonniers. L’augmentation spectaculaire de la population carcérale a commencé dans les années 1970, sous le républicain Nixon, sous couvert de guerre contre la drogue, et s’est poursuivie au cours des années 1980 et 1990, indépendamment de l’alternance entre républicains et démocrates à la Maison-Blanche.
Tous les policiers ne sont pas racistes ni violents. Mais la police, comme institution, agit violemment et impunément. Chaque année, elle tue plus de 1 000 personnes, souvent désarmées, et qui ont eu le tort d’avoir un geste malheureux, ou tout simplement d’être noires et de s’être trouvées au mauvais endroit au mauvais moment. Quasiment aucun policier n’est poursuivi. Mais des services de police ont déjà été « réformés », parfois plusieurs fois, sans changement fondamental. Dans des villes majoritairement noires comme Detroit, Memphis (Tennessee) et Birmingham (Alabama), les policiers et leurs responsables sont en majorité noirs. Dans certains cas, il y a peut-être moins de racisme patent. Mais, dans chacune de ces villes, il y a toujours une violence organisée de la police. Et, en fin de compte, cela signifie une violence raciste, avec des gens tués par des policiers, et qui n’auraient pas été tués s’ils avaient été blancs dans la même situation.
Le groupe trotskyste américain Spark relève ainsi : « Même s’il y avait une manière de se débarrasser des policiers violents, l’institution policière resterait violente. La police a un rôle à jouer. Elle protège et elle sert la classe qui dirige une société basée sur des inégalités profondes… S’il n’y avait pas de coercition, pas de violence organisée pour mettre sous contrôle la population laborieuse, la minorité privilégiée ne pourrait monopoliser une telle part de la richesse sociale…
Pour servir cette classe exploiteuse, la police doit être séparée de la population, et elle doit user de la violence contre la population, ou menacer de le faire. C’est sur cet obstacle que tous les efforts pour réformer la police se sont brisés.
Le problème est donc plus vaste que celui de la composition de telle ou telle force de police, même si c’est un facteur aggravant. La police reflète directement la classe capitaliste qu’elle sert. Et, dans ce sens, elle doit être “démantelée”. » (7 juin)
Le mouvement en cours reflète la révolte contre les méthodes de la police, et aussi l’illusion qu’elle pourrait être plus respectueuse de la population et adopter des méthodes plus humaines. Mais, du fait de son rôle de défense de l’ordre social, elle ne peut guère changer. L’avenir dira si au moins une minorité s’approche des solutions. Pour éradiquer les violences policières et le mépris qu’elles traduisent, il faut s’attaquer à la division de la société en classes, et finalement au capitalisme. Si l’immense mobilisation en cours a eu le grand mérite de soulever le problème, elle se heurte pour l’instant à cette contradiction.
L’élection présidentielle en ligne de mire
Enfin, ce mouvement se déploie alors que la campagne pour l’élection présidentielle du 3 novembre prochain se prépare. De part et d’autre, de grandes manœuvres politiciennes sont à l’œuvre.
Du côté des républicains, Trump vise la réélection. Il a construit sa carrière politique sur un discours stigmatisant les Noirs. En 1989, après un viol sordide dans Central Park pour lequel cinq adolescents noirs avaient été inculpés, Trump, qui était alors un homme d’affaires prospère et connu de New York, avait acheté des encarts publicitaires dans la presse pour réclamer le rétablissement de la peine capitale dans l’État, et donc la mort pour les cinq suspects. Cinq suspects dont les aveux avaient été extorqués par la police, et qui ont été innocentés après des années de prison, sans que Trump s’en excuse, bien sûr. En 2011, alors que Barack Obama faisait campagne pour devenir le premier président noir du pays, Trump mit en doute le lieu de sa naissance, reprenant une thèse selon laquelle Obama serait né au Kenya et non aux États-Unis, ce qui l’aurait juridiquement empêché d’être candidat. Obama produisit son certificat de naissance à Hawaï, mais le but de Trump, suggérer qu’un Noir n’était pas un vrai Américain, était atteint. Quand il fit campagne pour la présidence en 2016, Trump ne chercha guère à engranger des voix parmi les Noirs. Et les démocrates considérèrent que leurs voix leur étaient acquises. Toutefois, si peu d’Afro-Américains votèrent pour Trump, toute une partie d’entre eux s’abstinrent de voter pour Clinton, scellant ainsi sa défaite dans certains États décisifs. Les Noirs ne représentent que 12 % de l’électorat, mais près du quart des électeurs démocrates.
Au cours de sa présidence, Trump a continué de s’adresser surtout à sa base électorale conservatrice et aux Blancs, qui représentent 70 % des électeurs et avaient majoritairement voté pour lui en 2016. Quand, pour protester contre les meurtres impunis de Noirs par des policiers, le joueur de football américain Colin Kaepernick mit un genou à terre pendant la diffusion de l’hymne national, déclenchant un mouvement parmi les sportifs, Trump le traita de « fils de pute » et réclama, avec succès, qu’il soit viré. Après le meurtre de George Floyd, il n’a pas eu un mot de sympathie pour la victime. Se décrivant comme « le président de la loi et de l’ordre », il a paraphrasé l’ancien président républicain Nixon, qui avait tenu ce langage en 1968 pour attirer les voix des racistes horrifiés par les grandes émeutes urbaines. Voulant réduire les protestations à l’action de quelques bandes qui incendiaient et pillaient des commerces, Trump a aussi repris la déclaration d’un shérif raciste de Miami dans les années 1960 : « Quand les pillages commencent, les tirs commencent », ajoutant : « Merci ! », pour bien signifier que la répression serait encouragée. Quant à son premier meeting de campagne, il l’a organisé le 20 juin à Tulsa (Oklahoma), choisi à dessein parce qu’il est le lieu du plus important lynchage de l’histoire du pays, où 300 Noirs avaient été massacrés en mai 1921.
Cependant, il n’est pas sûr que cette posture démagogique, sécuritaire et raciste, ait été payante cette fois-ci. Certes, l’extrême droite s’en est réjouie. Mais l’horreur suscitée par la mort de George Floyd a largement dépassé les milieux de gauche et la jeunesse antiraciste. On l’a dit, le mouvement antiraciste est populaire, et de nombreux Américains aimeraient tourner la page de l’époque de la ségrégation et des lynchages, dont le meurtre de Floyd est un écho sinistre. Un sondage a indiqué que 70 % d’entre eux, et donc toute une partie des électeurs de Trump, considèrent qu’il y a un vrai problème de racisme dans la police. Même des policiers et des soldats ont manifesté leur sympathie pour les manifestants et ont multiplié les gestes et les déclarations pour se désolidariser de leurs homologues meurtriers de Minneapolis. Et plusieurs hauts cadres militaires, dont le chef d’état-major, ont désavoué Trump, qui voulait recourir à l’armée face à des manifestations pourtant pacifiques. D’anciens dirigeants de la CIA et de l’armée ont pris position contre Trump, se payant le luxe de se poser en protecteurs du peuple et d’expliquer, sans rire : « L’Amérique n’est pas un champ de bataille » et « Nos concitoyens ne sont pas l’ennemi. »
Quant aux démocrates, ils ont compris le bénéfice électoral qu’ils pouvaient tirer de cette séquence. Ils ont montré de l’empathie pour la famille de Floyd, ont participé aux manifestations et ont mis un genou à terre aussi souvent que nécessaire. Cette attitude semble aujourd’hui payante, le candidat Joe Biden ayant progressé dans les sondages ces dernières semaines. Les démocrates portent pourtant une responsabilité écrasante dans la condition des Noirs américains. Ils ont été au pouvoir pendant de longues années, récemment sous Clinton (1993-2001) et Obama (2009-2017). Ils dirigent de nombreux États et des grandes villes où les violences policières sont la norme, comme Los Angeles, New York ou Chicago. À Minneapolis, municipalité démocrate, Derek Chauvin, le policier qui a étouffé Floyd, avait fait l’objet de 17 plaintes, dont plusieurs pour des violences caractérisées ; il n’avait reçu que deux lettres de réprimande. Et le cas de Chauvin n’est pas isolé. Au cours des huit dernières années, 3 000 plaintes avaient été déposées contre la police de Minneapolis, sans sanction dans neuf cas sur dix. Des procureurs ont souvent refusé de poursuivre des policiers violents. Amy Klobuchar, aujourd’hui sénatrice et ex-candidate aux primaires démocrates, était procureure à Minneapolis, où elle a refusé de poursuivre des policiers à de multiples occasions, dont justement Chauvin, impliqué dans la mort d’un homme en 2006.
Quant à Biden, vieux routier de la politique, il a même une responsabilité personnelle dans la condition des Noirs. En 1989, alors sénateur, il critiquait George W. Bush au motif que son plan de lutte contre la drogue n’était pas assez dur, et il proposait de traduire en justice chaque consommateur. En tant que président de la commission judiciaire du Sénat, il a ensuite rédigé plusieurs lois en ce sens. En 1994, sous Clinton, il défendit une nouvelle loi répressive qui contribua encore à de nouvelles incarcérations. Aujourd’hui, il postule à la présidence du pays, avec des chances de l’emporter.
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Si Trump est un défenseur acharné des intérêts de la bourgeoisie américaine, celle-ci a d’autres cartes en main. Cela fait longtemps que le système politique fonctionne sur la base de l’alternance : quand un parti est discrédité, un autre le relaie pour gérer les affaires des plus riches. Cela peut permettre de canaliser la colère et la révolte contre l’injustice à l’intérieur des institutions, sans les remettre en cause. Biden et les démocrates en profiteront peut-être, nous le verrons dans les mois à venir. Mais, quoi qu’il en soit, les classes populaires en général et les Noirs en particulier n’ont rien à attendre d’eux.
Il est trop tôt pour dire ce qui peut sortir du mouvement déclenché par le meurtre de George Floyd. Il faut espérer que la jeunesse qui se mobilise tourne sa colère contre ce système capitaliste. Car le racisme et les violences policières ne sont que le produit de l’histoire de ce pays. Les États-Unis se sont construits sur l’esclavage, l’oppression et l’exploitation féroce des Noirs, sur la division des pauvres entre Blancs et Noirs, entre nationaux et immigrés, bref entre travailleurs, au profit du grand capital américain. Alors, il faut espérer que ce vaste mouvement s’attaque à la racine même des problèmes et remette en cause les bases du capitalisme américain, dans lequel l’oppression, le racisme et les violences policières sont inscrits.
30 juin 2020