Une organisation économique irresponsable

Εκτύπωση
7 novembre 1997

Lénine parlait en son temps de l'impérialisme comme de la phase sénile du capitalisme. Mais, aujourd'hui, c'est un capitalisme pourrissant, une économie de plus en plus mafieuse, marqués par la corruption en grand, où les limites entre classe politique, milieux d'affaires et milieu tout court ont tendance à s'estomper. Combien de banques tournent avec l'argent blanchi de la drogue ? Combien de fortunes s'édifient dans les spéculations les plus sales ?

C'est aussi une économie incapable de préserver la planète. Les grands problèmes écologiques comme la pollution des mers, la disparition progressive de la couche d'ozone, les déchets nucléaires indestructibles, sont par nature transnationaux. L'économie capitaliste, enfermée entre la double barrière de la propriété privée et des Etats nationaux, est incapable de proposer à ces grands problèmes ne serait-ce qu'un début de solution. Tout ce que cette économie sait faire, c'est transformer les pays pauvres en dépotoirs pour les déchets toxiques des pays riches. Exporter les déchets industriels toxiques des pays industriels vers la Guinée-Bissau, le Congo ou le Bénin, en corrompant quelques ministres locaux, est même devenu un commerce international florissant.

Et la presse a rapporté, il y a peu, une réunion entre représentants d'un certain nombre de pays industriels pour tenter de définir un seuil de pollution qu'il ne faudrait pas dépasser sous peine de conséquences irréparables pour l'atmosphère. Il était question d'y établir des quotas pour les différents pays. Mais, très rapidement, cela s'est transformé en un marchandage où les pays les plus riches se proposaient d'acheter les quotas de pollution des pays pauvres !

Alors, ce serait cela l'organisation économique de l'avenir ? Mais y aurait-il seulement un avenir avec ce fonctionnement aveugle et irresponsable ?

Le capitalisme, c'est un système économique et social où même les progrès scientifiques ou techniques sont détournés pour se retourner contre l'homme. Les affaires comme celles de la vache folle, du sang contaminé ou de l'amiante montrent où conduit la recherche du profit à court terme.

L'humanité a déjà payé cher la façon dont l'impérialisme s'est servi de ce progrès fantastique qu'est l'énergie nucléaire. On ne peut, pour le moment, que redouter ce que les découvertes tout aussi considérables dans le domaine de la génétique réservent à l'humanité tant que c'est le capitalisme qui domine la recherche et le sort de ses découvertes.

Mais la survie de ce système capitaliste sénile a aussi des conséquences politiques. En même temps que les besoins impérieux des grands trusts conduisent à la mise en place d'entités économiques plus vastes que les Etats, dont les limites étroites sont de plus en plus en contradiction avec la mondialisation de l'économie, les Etats eux-mêmes se décomposent en fragments non viables mais dressés les uns contre les autres au nom du nationalisme. En Europe, après la décomposition de la Yougoslavie, de la Russie ou de la Tchécoslovaquie, il y a plus de frontières et de barrières qu'il y a dix ans et bien plus qu'au début de ce siècle. A l'époque d'Internet et des communications planétaires, le règne du capitalisme conduit à un morcellement croissant de l'humanité, à des oppositions ou à des conflits sanglants en fonction de la nationalité ou de l'ethnie.