Depuis plusieurs semaines, l'équipe de Hollande s'agite aussi bien dans un certain nombre d'instances internationales qu'auprès de plusieurs gouvernements d'Afrique de l'Ouest pour hâter la mise en place d'une coalition militaire afin d'intervenir au Mali contre la rébellion touarègue débordée par les bandes armées islamiques qui occupent le nord du pays.
Oh, le gouvernement socialiste répète qu'il n'est pas question pour l'armée française d'intervenir directement sur le terrain. Il s'agirait tout au plus d'une aide logistique pour la coalition composée de militaires de différents pays d'Afrique occidentale. Encore que « soutien logistique » est une expression qui ne veut rien dire et tout dire à la fois.
Bien sûr, le gouvernement français se pose en grand défenseur de la cause du Mali, de son intégrité territoriale, même si, étant donné le régime malien et la succession toute récente de coups d'État, il peut difficilement se poser en protecteur de la démocratie malienne. Mais, derrière ces fariboles, il s'agit une fois de plus d'une intervention impérialiste. Et ce n'est pas le fait qu'elle se mènera avec la peau de soldats africains qui y changera quelque chose.
La France impérialiste ne veut pas que se crée dans cette région du Sahara une situation « à la somalienne » et qu'un territoire, étendu à peu près comme la France, soit sous le contrôle de bandes armées, notamment islamistes, menaçant de déstabilisation toute cette zone, de la Mauritanie à l'ouest au Tchad à l'est, en passant par le Niger.
Le Niger en particulier, déjà ébranlé, comme le Mali, par les contrecoups de la déstabilisation de la Libye, est un grand fournisseur de minerais pour l'industrie nucléaire française (Areva). Et, plus généralement, tuteur attitré de ses anciennes colonies, l'État français se doit de faire périodiquement la démonstration qu'il est toujours là pour soutenir les régimes qui protègent ses intérêts.
La coalition militaire ouest-africaine, patronnée par la France, a d'autant plus de mal à se mettre en place que les armées de ces régimes sont, comme l'armée malienne, tout juste aptes à opprimer et racketter leurs populations, et nettement moins aptes à mener la guerre dans un espace aussi vaste que l'est la zone du Sahara plus ou moins contrôlée par les bandes armées. Et, pour les mêmes raisons, une fois l'intervention déclenchée, il n'est pas dit qu'elle ne se traduise pas par un conflit militaire durable, comme il y en a tant sur le continent africain.
Il va de soi que la position des communistes révolutionnaires est de dénoncer les aventures guerrières de l'impérialisme français même lorsqu'elles se dissimulent derrière l'ONU ou la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest.
Les textes ci-dessous reflètent la position de nos camarades de l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI) telle qu'elle a été exprimée dans leur publication, Le Pouvoir aux Travailleurs, du 14 octobre 2012.
Mali : un pas de plus vers la guerre
À l'initiative de la France et des pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) une résolution vient d'être votée à l'ONU en vue de préparer une intervention armée contre les groupes islamistes et les forces du MNLA (Mouvement national pour la libération de l'Azawad) qui tiennent le nord du Mali. Cette résolution donne 45 jours au Mali et à la CEDEAO pour « présenter un plan précis, et peaufiner les aspects techniques et militaires ». Ce délai accompagné de quelques « exigences », ne semble pas plaire aux dirigeants maliens, plus particulièrement à ceux qui, parmi eux et dans les casernes, voudraient une intervention immédiate et sans condition pour « libérer le Nord ».
Le 11 octobre dernier, plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Bamako pour réclamer une intervention militaire ouest-africaine appuyée par l'ONU. Visiblement, cette manifestation (qui n'est pas la première du genre) a été téléguidée par le pouvoir en place, qui a saisi la perte du contrôle de la région Nord pour entonner un discours ultranationaliste. Cela lui permet de faire oublier le reste, à savoir : la corruption et les détournements de fonds qui règnent au sommet de l'État, les bas salaires, les blocages des salaires dont sont victimes les petits employés de la fonction publique, la hausse des prix des denrées de première nécessité, la détérioration des services publics et du transport entre les villes et les régions, etc.
Nous reproduisons ci-dessous un article extrait du TABALLE (daté du 25 septembre 2012) un bulletin que nous distribuons dans quelques foyers de travailleurs immigrés d'Afrique noire dans la région parisienne.
Mali : pas de soutien à la politique guerrière du pouvoir !
Après avoir tourné autour du pot durant quelques semaines, le gouvernement malien a fini par demander officiellement l'aide militaire, en matériel et en hommes à la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), et à l'ONU. Les dirigeants français se disent prêts à appuyer une intervention armée dans le Nord malien sans toutefois vouloir être « en première ligne ». Des engins de mort et des commandos de « forces spéciales » sont déjà sur pied de guerre.
Du côté des dirigeants maliens, on a commencé depuis le début du conflit dans le Nord à entonner les discours nationalistes. On parle de « frontières sacrées », de « l'intégrité du territoire national » auquel on ne pourrait soustraire un seul centimètre carré, etc. On parle aussi de plus en plus de faire « l'union nationale » autour de la politique de l'actuel gouvernement.
Mais les travailleurs n'ont aucun intérêt à défendre les frontières que les colonialistes ont tracées en Afrique pour diviser les peuples. Ils n'ont aucun intérêt à se mettre à la remorque des voleurs et des dictateurs qui sont au pouvoir. S'ils acceptent de cautionner la politique nationaliste et militariste des dirigeants actuels, eux et leurs familles seront les premiers à en souffrir. Car ce sont toujours les populations pauvres qui payent d'une manière ou d'une autre les frais de la guerre.