La campagne électorale

Εκτύπωση
décembre 2011

21 octobre 2011

Ainsi que nous l'avons décidé lors du congrès de l'année dernière, nous participerons à l'élection présidentielle de 2012 et nous avons choisi Nathalie Arthaud comme candidate.

Dans la brochure mise en circulation en septembre, ainsi que dans les réunions publiques et les conférences de presse élargies de la précampagne, nous avons déjà commencé à mettre en avant l'axe de nos interventions pendant la campagne proprement dite qui, rappelons-le, ne commencera qu'une fois que nous aurons déposé les 500 parrainages que la loi exige. La collecte des parrainages définitifs et leur dépôt auprès du Conseil constitutionnel devront avoir lieu entre le 23 février et le 16 mars 2012.

Nous avons commencé la précampagne au mois de septembre, c'est-à-dire à une période où, les primaires socialistes n'ayant pas eu lieu, leur candidat officiel n'était pas encore connu.

Maintenant que c'est le cas et au fur et à mesure que tous les candidats seront en campagne, la partie critique de la politique des uns et des autres s'accentuera. Mais le parti pris de ne pas consacrer une partie importante de nos interventions à la critique des uns et des autres, et en particulier la politique défendue par Mélenchon ou, à l'autre bout, la démagogie de Marine Le Pen, n'est pas dû uniquement aux circonstances de la précampagne. Dans la campagne elle-même, nous avons moins l'intention de critiquer la politique des autres que d'avancer des objectifs dont les travailleurs pourront s'emparer en cas de montée des luttes.

Pour le moment, nous n'avons évidemment aucun élément qui nous permette de prévoir que de telles luttes se produiront à plus ou moins brève échéance. Rien de comparable, par exemple, aux grèves de l'année 1934 qui annonçaient en quelque sorte la montée de la combativité de la classe ouvrière, qui allait atteindre son sommet en juin 1936, et qui annonçaient aussi la poussée à gauche sur le plan électoral.

L'état d'esprit des travailleurs peut, cependant, changer d'ici l'élection présidentielle. Cinq à six mois, ce n'est pas grand-chose en période ordinaire. Mais la crise financière en cours et ses contrecoups sur l'économie dans son ensemble, sur la politique du gouvernement, peuvent être un puissant accélérateur des choses.

Or, sans lire dans le marc de café, il est évident que ceux qui dirigent l'économie comme ceux qui dirigent les États ne maîtrisent absolument pas la crise financière et que celle-ci s'est déjà transformée en dépression économique. Avec l'aggravation de la crise s'aggravera également l'offensive de la bourgeoisie et de son gouvernement, contre les travailleurs en premier lieu, mais aussi contre bien d'autres catégories sociales petites-bourgeoises.

Que l'on pense seulement à l'évolution de la situation en Grèce, où les coups qui ont été portés essentiellement aux travailleurs, aux salariés, aux retraités, ont fait reculer la consommation et l'activité économique en affectant les commerçants, les artisans, etc.

Face à la politique de la bourgeoisie, le moins qu'on puisse dire, c'est que la classe ouvrière n'est pas armée politiquement et que ce ne sont ni le PCF ni Mélenchon qui l'armeront, pas plus que les directions syndicales.

Nous ne savons pas si nous avons le crédit pour faire passer, ne serait-ce qu'à une échelle modeste, les idées et les objectifs qui sont nécessaires pour que la classe ouvrière puisse faire face à la situation, mais nous devons agir avec cet objectif.

Nous ne revenons pas ici en détail sur les objectifs immédiats que nous mettons en avant. Nos interventions politiques, les éditoriaux des bulletins, portent là-dessus pour ainsi dire en permanence. Tout part de l'idée que les travailleurs ne doivent ni se résigner ni chercher ce qui, dans les différentes médications envisagées par la bourgeoisie pour guérir la crise économique, leur serait le moins défavorable - parce qu'elles le seront toutes !

Il est de l'intérêt des travailleurs de se battre sur des objectifs qui sont les leurs, c'est-à-dire avant tout protéger les deux seules choses qui leur permettent de vivre dans l'économie capitaliste : leur emploi et leur salaire.

Les deux objectifs les plus immédiats qui en découlent, l'interdiction des licenciements avec répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et l'indexation des salaires sur les prix - l'échelle mobile des salaires -, pour préserver le pouvoir d'achat contre l'inflation, correspondent au simple bon sens du point de vue des intérêts des salariés.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que notre activité d'agitation est axée sur ces objectifs. Mais l'emprise de la bourgeoisie, de ses politiciens, de ses médias, de son appareil de propagande, son matraquage sur la « nécessité d'accroître la compétitivité, exacerbée par la mondialisation », pèsent sur les consciences, comme pèsent objectivement le chômage et la crainte pour son emploi.

Ce n'est pas nous, avec nos possibilités et notre crédit limités, qui pouvons prendre le contre-pied de tout cela.

Le mouvement ouvrier dans son ensemble aurait dû opposer un point de vue de classe à la propagande délétère de la bourgeoisie.

Mais c'est bien un des aspects du retard de la classe ouvrière face à l'offensive de la bourgeoisie, que les organisations qui se réclament d'elle ne jouent plus du tout ce rôle et reprennent à leur compte la logique et le langage de la bourgeoisie.

Ce sont la crise elle-même, l'attitude du patronat, qui créent des situations qui mettront en évidence les objectifs les plus urgents que sont la nécessité de répartir le travail entre tous ou l'échelle mobile des salaires.

Se multiplient, par exemple, les cas de grandes entreprises capitalistes qui licencient dans certaines de leurs usines, voire dans certains ateliers, alors que, dans d'autres usines ou ateliers, elles font faire des heures supplémentaires et augmentent les cadences.

Dans une entreprise comme Peugeot-Citroën qui se prépare à fermer trois usines alors qu'il y a du travail, comme il y a assez de profits pour assurer le niveau de salaire tout en réduisant le nombre d'heures de travail, la répartition du travail entre tous apparaît comme une réponse à la logique patronale. Et, au fond, c'est la même situation chez Montupet ou à Fralib (filiale d'Unilever) et bien d'autres.

Bien sûr, la répartition du travail à l'échelle de l'ensemble du pays apparaît plus compliquée. Raison de plus pour prendre dans notre agitation l'exemple des grandes entreprises.

Parmi les entreprises de taille moyenne ou petite qui licencient ou suppriment des emplois aujourd'hui - et il y en a beaucoup -, combien sont des sous-traitants ou des fournisseurs de grandes entreprises ? Pour faire plus de profits, les grandes entreprises ne se contentent pas de réduire leurs propres effectifs et d'exploiter toujours plus durement ceux qui restent, elles imposent à leurs sous-traitants et à leurs fournisseurs des contrats de plus en plus durs qui les amènent, à leur tour, à licencier, voire à mettre la clé sous la porte.

Il est aisé d'expliquer qu'il faut intégrer dans la répartition du travail non seulement les grandes entreprises, mais tout l'essaim d'entreprises moyennes et petites qui en dépendent.

Quant aux mesures pour résorber le chômage, nous parlerons aussi pendant la campagne des embauches indispensables dans les services publics utiles aux classes populaires, ainsi que, par exemple, de la nécessité d'embaucher pour satisfaire ce besoin urgent et vital qu'est la construction, à prix coûtant, de logements pour le million de familles mal logées ou pas logées du tout.

C'est encore la réalité des hausses de prix, en particulier des loyers et des produits de première nécessité, qui rend compréhensible cette exigence majeure pour tous les salariés qu'est l'indexation de l'évolution des salaires sur celle des prix.

La crise financière et la politique de tous les gouvernements d'imposer l'austérité à la majorité de la population pour sauver la mise aux banquiers rendent perceptible l'aberration de la politique de la bourgeoisie. Même arrosées d'argent prélevé sur la population, de crédits gratuits de la part des banques centrales, les banques continuent à empocher des intérêts qui étouffent l'économie, alors qu'elles ne remplissent même pas correctement le rôle qui est le leur dans l'économie capitaliste : distribuer du crédit.

L'expropriation des banques sans indemnité ni rachat, leur regroupement en une banque unique, soumise au contrôle de la population, apparaît à la fois comme la seule politique opposée à celle de la bourgeoisie et comme une nécessité sociale.

Les objectifs partiels, en quelque sorte défensifs et qui tombent sous le sens, nous permettent de montrer que, pour les imposer, il est nécessaire de contester le pouvoir absolu des groupes capitalistes sur les entreprises.

Le financement de la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire soulève tout naturellement le problème du contrôle du profit de l'entreprise et de l'usage que les patrons font de ce profit : investissements productifs ou spéculation ? Création d'emplois utiles ou dividendes versés aux actionnaires ? Mais le montant du profit, en tout cas du profit déclaré, est susceptible d'une multitude de manipulations et de tricheries, comme celle, tout à fait légale, qui a permis à un certain moment à Total de ne pas payer du tout d'impôt sur les bénéfices.

Le contrôle du profit réel exige que puissent être rendus publics tous les mouvements de fonds, l'argent qui entre et qui sort, tous les mouvements de stocks, les dessous-de-table, tout ce qu'un patron dissimule aujourd'hui derrière le secret des affaires.

Ce contrôle est nécessaire pour démontrer qu'il y a toujours une autre solution que le licenciement et que le blocage des salaires, au nom de la compétitivité sur le marché mondial, est toujours un choix, celui de préserver ou d'accroître les revenus du capital, et que c'est ce choix-là qu'il faut combattre. Le contrôle sur les comptes des chaînes de distribution capitalistes démontrerait qu'elles ont les moyens tout à la fois d'augmenter les prix à la production des paysans, leurs fournisseurs, de baisser les prix à la vente et de payer des salaires corrects à leurs travailleurs.

Le contrôle des entreprises capitalistes et des banques est un objectif qui conjugue les intérêts de toutes les classes productives contre les possesseurs de capitaux.

La suppression de toutes les lois qui interdisent que puissent être publiées des informations sur la comptabilité et le fonctionnement des entreprises n'assure pas en elle-même le contrôle. Mais elle en donne la possibilité légale.

Discuter de l'importance pour les travailleurs d'imposer la levée du secret des affaires nous amène tout naturellement à montrer que les ouvriers et les employés savent en réalité tout de leurs entreprises à condition de mettre ensemble les connaissances partielles des uns et des autres.

Faire de la propagande autour de ces objectifs, les faire partager, ne signifie pas encore avoir la détermination de les imposer. La lutte de classe ne se déroule pas dans le domaine éthéré des idées, mais dans la réalité des rapports de forces. Personne, aucune organisation même puissante, n'est capable de provoquer une explosion sociale. C'est la bourgeoisie elle-même, ses serviteurs politiques, qui la provoquent. L'exemple de la Grèce montre qu'elle peut venir vite. Le rôle des organisations communistes révolutionnaires est de défendre auprès de la classe ouvrière une politique qui lui permette de reprendre l'offensive, avec une perspective politique qui s'oppose à celle de la bourgeoisie.

Imposer ces objectifs qui correspondent aux intérêts de la classe ouvrière correspond aussi, à un niveau ou à un autre, aux intérêts de la majorité de la société. Car la politique de la bourgeoisie en cette période de crise mène à la dislocation de la société elle-même.

La seule perspective favorable aux intérêts de la grande majorité de la société, c'est de mettre en cause la domination des groupes capitalistes sur la société.

Nous mettrons à profit la campagne électorale pour mener une propagande communiste, en accentuant ce que nous avons fait lors des élections précédentes. Il ne s'agit évidemment pas de faire voter sur le communisme, ce qui serait tout simplement stupide. Il s'agit de lever un drapeau, même à notre petite échelle, dans un contexte où l'économie capitaliste montre, en plus de ses injustices, toute son irrationalité.

Il faut que s'exprime dans cette élection un courant qui ne s'oppose pas seulement à tel ou tel parti politique de la bourgeoisie, de l'extrême droite à la gauche institutionnelle, mais qui combatte tout le système capitaliste au nom d'une autre perspective pour la société, celle qui passe par la prise et l'exercice du pouvoir par la classe ouvrière, par l'expropriation du grand capital, par la mise en commun des richesses et des moyens de les produire et par l'organisation d'une économie sans propriété privée des moyens de production, sans concurrence ni course au profit privé.

Comme en 1974, lors de la première candidature d'Arlette Laguiller, nous essaierons de montrer que l'économie capitaliste, basée fondamentalement sur l'exploitation des travailleurs, est nuisible à d'autres catégories sociales productrices. Plus généralement, elle est incapable de répondre aux problèmes majeurs de l'humanité : de la sous-alimentation à la préservation de l'environnement aussi bien contre les catastrophes naturelles que contre celles que provoque l'activité humaine.

C'est en défendant les idées et la perspective du communisme que nous nous adresserons en particulier à la jeunesse, ouvrière bien sûr mais aussi scolaire. La crise démontre toute la stupidité de l'idéologie, véhiculée parmi les jeunes scolarisés, sur la réussite individuelle, « l'ascenseur social » et autres balivernes. Le capitalisme en crise n'a pas de perspective à offrir même aux plus diplômés des jeunes. Et que vaut même « l'ascension sociale » si toute la société est poussée vers la misère matérielle et morale ?

C'est aussi la seule perspective qui permet aux éléments les plus conscients parmi les « indignés » de sortir de l'impasse de ce mouvement qui érige son impuissance en vertu. L'indignation ne peut être féconde pour l'avenir que si elle conduit à la conscience communiste révolutionnaire.

Il appartient à la jeunesse de reprendre le drapeau du communisme et de renouer avec la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier.

Nous avons d'autant plus à lever le drapeau du communisme que personne d'autre ne le fera, pas même sous la forme défigurée présentée par le mouvement stalinien.

Le Parti communiste s'est aligné derrière Mélenchon comme Marchais l'avait fait dans le passé derrière Mitterrand. Quant au candidat du NPA, il n'est pas sûr qu'il puisse se présenter et, s'il le fait, il se posera, certes, en défenseur des travailleurs, entre autres, mais sans se référer au communisme.

Le retour au pouvoir du Parti socialiste ne suscite guère d'illusion, si ce n'est par le fait que son candidat, François Hollande, apparaît comme le seul à pouvoir prendre la place de Sarkozy. Cela, seul, est peut-être un argument assez fort pour inciter à voter pour lui y compris ceux qui n'attendent pas grand-chose, voire rien, du changement de président.

Les discussions dans le milieu des travailleurs (dans les entreprises comme dans les quartiers populaires) nous laissent penser que revient le « Il faut battre Sarkozy ». Même le changement de majorité au Sénat nous a valu quelques discussions sur ce que cela avait de favorable pour bloquer certaines décisions de l'Assemblée dominée par la droite.

Par ailleurs, les primaires du Parti socialiste et le suspense entretenu autour des concurrents pour la candidature ont contribué à créer un climat d'intérêt pour le changement électoral.

Cela dit, si le Parti socialiste peut considérer comme un succès la participation de deux millions huit cent mille électeurs au deuxième tour des primaires, cela ne représente qu'une fraction restreinte de l'électorat. De plus, c'est dans les quartiers populaires que la participation a été la plus faible.

Rien ne permet donc de déduire du relatif intérêt suscité par les primaires socialistes qu'il y aura moins d'abstentions de la part de cette fraction de l'électorat populaire qui est dégoûtée des alternances qui ne changent rien à rien.

À défaut d'espérer qu'avec la gauche à la présidence et au gouvernement, cela ira mieux, il y a au moins l'idée que cela ne peut pas être pire qu'avec Sarkozy. En réalité, même cela, c'est une illusion parce que cela peut être pire si la crise continue à s'aggraver, avec en plus le fait que la gauche sera portée à présenter certaines mesures favorables à la bourgeoisie comme des mesures de gauche, voire socialistes. Il en sera ainsi avec les recapitalisations des banques par l'État, que la finance exige, et qui seront présentées comme des nationalisations, c'est-à-dire des mesures éminemment de gauche.

Pendant la campagne, nous aurons à répondre à la pression unitaire à la gauche de la gauche. Quelle que soit la façon dont cette pression s'exprimera, ce sera toujours pour nous reprocher de ne pas nous être alignés derrière Mélenchon, à l'instar du Parti communiste. Nous y répondrons, bien sûr, et nous dirons ce que nous pensons de leur politique. Mais, plutôt que de polémiquer avec ce qu'ils disent ou ne disent pas, il est plus important de dire et de répéter ce que nous avons à dire nous-mêmes.

Contrairement à ce que raconteront les commentateurs, nous ne sommes pas en rivalité sur le terrain électoral. La position de Mélenchon comme celle du Parti communiste représentent un courant réel du réformisme à verbiage un peu plus radical que celui du Parti socialiste, que l'on ne peut même pas considérer comme réformiste au sens traditionnel du terme. Il y a un intérêt politique à ce que ce courant s'exprime et que son électorat se distingue de celui du Parti socialiste.

À plus forte raison, nous ne sommes pas en rivalité avec le NPA et nous souhaitons que son candidat obtienne le nombre de signatures nécessaire pour qu'il puisse se présenter.

Et il y aura, dès avant le premier tour, la pression pour qu'on s'engage à « battre Sarkozy » au deuxième tour, c'est-à-dire qu'on annonce qu'on appellera à voter au deuxième tour pour Hollande. Nous n'avons, bien sûr, pas à répondre avant le premier tour sur ce que nous ferons au deuxième.

Mais nous aurons à expliquer tout au long de la campagne, comme nous l'avons commencé dès que le Parti socialiste a officialisé la candidature de Hollande, que celui-ci et son futur gouvernement mèneront inévitablement une politique similaire à celle de Sarkozy. Ils n'utiliseront peut-être pas les mêmes mots et ils enroberont certaines de leurs mesures antiouvrières d'une phraséologie de gauche, mais ils obéiront aux injonctions des banques et du grand capital, ce que dans le langage d'aujourd'hui on appelle « la pression des marchés financiers ».

Le Parti socialiste ne s'en cache même pas, tant, dès la précampagne, les deux candidats à la candidature qui étaient susceptibles d'être choisis ont insisté sur le « réalisme », sur la « nécessité de rembourser la dette », etc.

La gravité de la politique d'austérité qui sera menée après l'élection présidentielle ne dépend pas du tout de la personnalité ou de l'étiquette de l'élu, mais de la crise et des exigences du grand patronat.

Nous redirons sur tous les tons que, si les travailleurs ont toutes les raisons d'exécrer Sarkozy, ils n'en ont aucune de faire confiance à Hollande.

Nous avons à expliquer, à commencer par les milieux proches de nous, que seul compte le premier tour, où ceux qui se sentent du camp des travailleurs ont la possibilité d'exprimer leur identité politique. Au deuxième tour, au mieux on n'exprime rien, au pire on cautionne.

Pendant la campagne, nous aurons aussi à développer le sens du vote en faveur de notre candidate. Nous dirons que, pour minoritaire que soit le courant qui considère Hollande tout autant que Sarkozy comme des représentants politiques de la classe privilégiée, il est important pour l'avenir qu'il s'exprime.

Voter pour la candidate de Lutte Ouvrière, ce sera affirmer clairement que l'on est d'accord avec les objectifs qu'elle a avancés pendant la campagne électorale. Ce sera affirmer qu'il est nécessaire et possible de résorber le chômage en répartissant le travail entre tous. Ce sera affirmer que, pour se protéger de l'inflation, le seul moyen pour les salariés, c'est d'imposer l'échelle mobile des salaires. Plus généralement, ce sera affirmer la conviction qu'à la politique des gouvernants, qui dans toutes ses variantes exprimera les préoccupations et les intérêts de la bourgeoisie, il faut opposer une politique qui vise à protéger les classes productives de la déchéance matérielle et morale. Ce sera affirmer que la dictature des groupes capitalistes sur l'économie mène la société à la ruine et que le grand patronat, les banquiers, sont trop irresponsables pour les laisser diriger sans contrôle les entreprises et l'économie.

Ce vote ne peut en aucun cas se substituer à la lutte, mais il peut contribuer à la préparer politiquement et moralement.

Il faut que notre campagne soit une campagne militante, pas seulement parce que ce ne sont pas quelques courtes séquences à la télévision qui nous permettront de la mener à bien. Il faut associer à notre campagne tous ceux qui sont d'accord avec les objectifs que nous défendrons pendant la campagne car c'est un moyen de resserrer les liens avec eux. Les liens tissés dans cette activité politique commune même limitée peuvent être précieux par la suite.

Nous n'avons aucune illusion à nous faire sur nos résultats, mais nous pouvons raisonnablement espérer que les objectifs que nous aurons défendus pendant la campagne, auront été entendus bien au-delà de ceux qui choisiront de voter pour nous.

Cet écho-là n'est pas quantifiable.

Ce qui le sera, en revanche, c'est le nombre de femmes, d'hommes, de jeunes, que nous parviendrons à associer à nos militants et à nos sympathisants, aussi bien pendant la présidentielle que pendant les législatives qui suivront. La solidité des liens en particulier avec tous ceux qui, travailleurs, chômeurs, jeunes et retraités, vivent la vie de la classe ouvrière, dépendra moins des rapports personnels que de l'état d'esprit de l'ensemble de la classe ouvrière. Mais il est d'autant plus important de les retrouver à nos côtés, en cas de montée ouvrière, qu'ils seront peut-être parmi les premiers à la sentir et à nous l'annoncer.

Les élections ne sont qu'un épisode - important ou pas, le proche avenir le dira -, dans la lutte politique pour construire et aguerrir ce parti communiste révolutionnaire dont la nécessité se révélera de plus en plus, avec l'aggravation de la crise et les bouleversements sociaux qu'elle provoquera. Il faut saisir de la façon la plus efficace possible l'occasion que nous offrent les élections qui viennent.

21 octobre 2011