Situation internationale (Texte de la majorité)

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Décembre 2002

La politique internationale a été dominée tout au long de l'année par l'activité fébrile, militaire et diplomatique, de l'impérialisme américain.

Dès les premiers jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis se sont fait donner " carte blanche " par l'ONU pour agir comme ils l'entendaient. Ils ont décidé unilatéralement la guerre contre l'Afghanistan en ne laissant pas d'autre choix aux pays voisins, dont le Pakistan, ainsi qu'aux autres puissances impérialistes, que celui de s'aligner sur leurs décisions. L'année a commencé par l'installation en Afghanistan d'un gouvernement dirigé par Hamid Karzaï, homme-lige des Etats-Unis et proche du trust pétrolier Unocal, hautement intéressé par la construction d'un pipe-line traversant l'Afghanistan. Elle se termine par la préparation d'une nouvelle guerre contre l'Irak.

Nous avons écrit, lors du congrès de l'année dernière, que " les attentats de New York et de Washington, les manoeuvres diplomatiques et les opérations militaires qui s'en sont suivies ne constituent pas un tournant dans les relations internationales mais un révélateur ".

S'appuyant sur l'émotion créée dans l'opinion publique américaine par ces attentats et prolongeant cette émotion par un climat guerrier contre l'Afghanistan d'abord, puis contre l'Irak, George Bush a réussi à asseoir et à conforter un pouvoir présidentiel issu d'élections douteuses.

Bien au-delà de sa personne cependant, le climat d'union nationale permet aux dirigeants des Etats-Unis de déployer sans fard l'agressivité d'une grande puissance impérialiste aussi bien sur le plan économique que sur les plans politique, diplomatique et militaire.

Le jour même où ils se sont produits, nous avons dit tout le mal que nous pensions des attentats du 11 septembre. Nous sommes totalement opposés aux méthodes terroristes qui, même lorsqu'elles se réclament des masses populaires, sont toujours destinées, au mieux, à les tromper et, en général, à leur imposer une dictature.

En outre, pour ce qui concerne la mouvance islamiste, responsable des attentats du 11 septembre, elle a des objectifs politiques particulièrement réactionnaires, aussi bien sur le plan politique que sur le plan social. Les groupes qui se situent dans cette mouvance, de Ben Laden au GIA algérien, sont des ennemis mortels du prolétariat.

Un an après les attentats, on voit par ailleurs que non seulement ils n'ont pas affaibli l'impérialisme américain mais qu'ils ont permis à ses dirigeants politiques d'obtenir de la part de leur population un soutien qu'ils n'auraient osé espérer auparavant.

La gigantesque manipulation d'opinion déployée aux Etats-Unis autour de la " lutte contre la menace terroriste " est sans commune mesure avec ce que cette menace est susceptible de représenter. Mais elle n'est pas seulement menée par l'équipe politique au pouvoir, elle est relayée par toutes les grandes forces politiques du pays, par tous les faiseurs d'opinion, par tous les médias.

Toute la politique des Etats-Unis est présentée aujourd'hui comme dérivant directement ou indirectement des nécessités du combat de la démocratie contre le fanatisme, du bien contre le mal, de la civilisation contre l'arriération, alors que, derrière les justifications moralisantes, c'est la continuation de la politique impérialiste menée pour assurer la mainmise des grands groupes industriels et financiers sur l'économie du monde.

Les Etats-Unis sont les premiers à exercer le terrorisme d'Etat à une grande échelle. Rien que depuis la Seconde Guerre mondiale, leur histoire est jalonnée d'actes de terrorisme destinés à impressionner les peuples qu'ils veulent se subordonner, à commencer par les bombes atomiques jetées sur un Japon déjà à genoux ou les bombardements massifs sur des populations civiles en Allemagne.

Pour ce qui est plus spécifiquement du terrorisme de la mouvance islamiste, il faut se souvenir, en outre, du rôle des Etats-Unis dans le renforcement de cette mouvance réactionnaire pour en faire un contrepoids aux courants dits progressistes ou pro-soviétiques, et celui de leurs services secrets pour équiper les groupes terroristes. Une écrivaine indienne, opposée à la guerre contre l'Afghanistan, a pu parler de " Ben Laden, secret de famille de l'Amérique ".

La démagogie autour de la " lutte contre la menace terroriste ", ainsi que contre les " Etats voyous ", a commencé à prendre la place de la démagogie contre la " menace soviétique " dès la décomposition de l'Union soviétique. Mais cette démagogie a été portée à des sommets après les attentats du 11 septembre.

Brandir la menace soviétique était déjà fallacieux au temps de la " guerre froide " tant la bureaucratie soviétique n'avait nullement envie de s'engager dans un conflit décisif avec le camp occidental. En outre, justifier par le " danger soviétique " l'intervention des USA dans un grand nombre de conflits où seuls les intérêts de leurs trusts voire d'un seul d'entre eux comme en 1954 au Guatemala pouvaient paraître menacés, était déjà grossièrement mensonger.

Mais la puissance que représentait l'Union soviétique, même au temps où ses dirigeants insistaient sur leur volonté de " coexistence pacifique ", leurs jeux d'alliances avec des pays qui prenaient leurs distances avec Washington, l'existence de zones de tensions, voire de conflits armés locaux, entre les deux blocs, donnaient une certaine vraisemblance à la démagogie des dirigeants des Etats-Unis.

Il peut, en revanche, paraître surréaliste de prétendre que des Etats comme l'Irak, l'Iran, la Libye ou la Corée du Nord puissent représenter un danger pour les Etats-Unis, ou de substituer la menace Al Qaïda à celle de feu le " bloc soviétique " pour justifier un programme de dépenses militaires sans précédent.

Néanmoins, la démagogie prend d'autant plus que l'évocation de l'image des deux tours du World Trade Center écroulées ou du Pentagone en flammes est complétée par un climat soigneusement entretenu par une pression aussi bien politique que juridique ou médiatique qui, à bien des égards, rappelle les années du maccarthysme.

La politique des Etats-Unis a toujours été l'expression de leurs intérêts impérialistes. Au temps de l'existence du bloc soviétique, les intérêts propres des Etats-Unis se conjuguaient avec leur rôle de gendarme de l'ordre impérialiste dans son ensemble.

Après le fiasco de la guerre contre le Vietnam et l'impact sur l'opinion publique du coût humain de cette guerre pour les Etats-Unis eux-mêmes, il a été cependant plus difficile pendant toute une période pour leurs dirigeants politiques d'obtenir un consensus de la part de leur population pour une politique extérieure agressive et pour s'engager dans des actions militaires, surtout celles qui étaient susceptibles de se traduire par la mort de soldats américains.

Lors de la première intervention en Irak, les Etats-Unis avaient encore éprouvé le besoin de présenter leur intervention comme l'expression de la volonté de la " communauté internationale ". L'aval de l'ONU pour accréditer cette version était plus destiné à l'opinion publique intérieure qu'à l'opinion publique mondiale.

Dans l'ex-Yougoslavie où, pourtant, l'intervention américaine pouvait plus facilement se parer de la défroque d'une intervention humanitaire, les Etats-Unis ont fait le choix d'intervenir au nom de l'Alliance atlantique (OTAN).

Aujourd'hui, dans la préparation de la guerre contre l'Irak, Bush a dit et répété qu'accord ou pas de l'ONU, s'il estime utile de déclencher la guerre, il la déclenchera. Les mascarades aux Nations Unies, où Chirac est si fier de s'être singularisé, sont destinées à faire gagner du temps aux dirigeants américains, peut-être à masquer leurs propres hésitations sur la conduite à tenir, mais pas du tout à aboutir à une décision collective. Forts de la légitimité de la " guerre globale contre le terrorisme ", les Etats-Unis n'hésitent plus à affirmer dans tous les domaines que ce qui est bon pour eux est bon pour le monde.

Il est à la mode, en particulier dans les milieux politiques des puissances impérialistes de seconde zone, de déplorer " l'unilatéralisme " américain et de regretter que l'effondrement du bloc soviétique n'ait pas conduit à l'émergence d'un système de décision multilatéral.

Derrière le barbarisme de ces mots, il y a le désir des " seconds couteaux " du monde impérialiste de participer aux décisions concernant l'ordre impérialiste mondial. Les impérialismes français, anglais ou allemand voudraient bien, tout comme les Etats-Unis, que l'ordre impérialiste s'organise en fonction de leurs propres intérêts. Mais ils n'ont pas les moyens de l'imposer. De gré ou de force, ils doivent accepter, dans un monde dominé par les rapports de force, de s'aligner sur les choix de l'impérialisme américain.

Sur le plan économique, cela fait pratiquement un siècle que l'économie américaine est l'économie dominante du monde.

La Deuxième Guerre mondiale a définitivement établi sa prépondérance sur les anciennes puissances impérialistes d'Europe qui se sont mutuellement saignées au cours de deux guerres mondiales.

L'existence de l'Union soviétique et, dans une certaine mesure, du bloc politique qui l'entourait, faisait cependant qu'une partie du globe, tout en subissant la pression de l'économie impérialiste, lui échappait partiellement. Ce n'est plus le cas depuis l'effondrement de l'Union soviétique.

Les Etats-Unis se sont servis de leur puissance économique pendant et après la Deuxième Guerre mondiale pour imposer à l'économie impérialiste, à l'échelle du monde, un certain nombre de réglementations. L'étatisme américain, destiné dans un premier temps à permettre au grand capital américain de sortir de la crise et de la dépression de 1929, a été prolongé en direction du reste du monde dominé par le capital via un certain nombre d'organismes issus de Bretton Woods, comme le FMI, la Banque mondiale, le Gatt, future OMC, etc.

Après avoir été les artisans d'une certaine réglementation pour relancer l'économie capitaliste mondiale, les Etats-Unis sont cependant devenus, à partir des années soixante-dix, les principaux artisans de la déréglementation.

La fin des chasses gardées coloniales, puis la disparition, brutale ou progressive, des protections étatiques dont s'entouraient un certain nombre de pays pauvres, puis la chute du bloc ex-soviétique ont favorisé les grands trusts multinationaux les plus puissants dont la plupart sont américains.

Dans les années soixante, il était à la mode de prévoir le déclin de la puissance américaine. On a parlé, tour à tour ou simultanément, des miracles japonais, allemand, voire italien. Mais, au cours des trente dernières années de crise et d'instabilité du système capitaliste, l'impérialisme américain a renforcé sa prépondérance par rapport aux autres puissances impérialistes et, évidemment, par rapport à l'ensemble de la planète. Pour préserver cette prépondérance, les Etats-Unis allient l'agressivité extérieure de leurs grands trusts et de leur diplomatie au protectionnisme vis-à-vis de leur marché intérieur.

La puissance économique de l'impérialisme américain s'appuie avant tout sur son formidable appareil productif, sa position dominante en matière de recherche scientifique et technologique, mais aussi sur le pillage de la majeure partie de la planète par l'intermédiaire de ces trusts qui, avec leurs filiales, enserrent le monde dans un filet à mailles serrées.

Mais, en outre, tout en défendant ses " intérêts nationaux ", c'est-à-dire les intérêts de ses propres trusts, le grand capital américain agit aussi comme mandataire du grand capital du monde entier.

Grâce à leur puissance économique, grâce au rôle du dollar dans l'économie mondiale, les Etats-Unis continuent à attirer les capitaux non seulement des autres puissances impérialistes mais aussi l'argent de la bourgeoisie des pays pauvres, sans même parler de l'argent de la drogue ou de la mafia bureaucratico-criminelle russe.

C'est précisément pourquoi s'en prendre à l'impérialisme américain sans s'en prendre à l'impérialisme tout court n'est pas seulement une façon de s'aligner sur sa propre bourgeoisie impérialiste, mais c'est, de plus, stupide.

Tout en restant rivaux, les intérêts des impérialismes nationaux sont inextricablement mêlés. Les dirigeants de l'impérialisme américain sont d'autant plus encouragés à définir les intérêts nationaux de leur pays, c'est-à-dire les intérêts de leurs propres trusts, comme étant les intérêts du monde impérialiste que cela correspond à une réalité.

L'impérialisme économique se prolonge en impérialisme militaire. Malgré la disparition de " l'ennemi soviétique ", le budget militaire américain atteint des sommets qu'il n'avait jamais atteints aux pires moments de la " guerre froide ".

Le dernier budget de la défense nationale américaine portant sur l'année fiscale 2003 représente 379 milliards de dollars, soit une augmentation de 10,7 % par rapport à l'année fiscale précédente. Ce budget est d'un montant supérieur aux dépenses militaires cumulées des quinze puissances militaires qui suivent les Etats-Unis. Il est destiné à s'accroître à un rythme élevé jusqu'en 2007, creusant un véritable fossé entre l'équipement militaire américain et celui du reste du monde. Les aspects économiques et les aspects militaires de ces dépenses sont étroitement entremêlés.

Les dépenses militaires sont destinées à assurer la présence militaire des Etats-Unis dans un nombre croissant de pays du monde. La guerre en Afghanistan a constitué en particulier une occasion pour l'armée américaine de renforcer sa présence dans la zone anciennement soviétique, au Caucase et dans plusieurs pays d'Asie centrale.

Mais ces dépenses militaires sont aussi vitales pour le grand capital américain. Quelques-uns des plus grands trusts de ce pays, de Boeing à General Motors, en passant par Lockheed Martin, Northrop Grunman et bien d'autres, vivent pour l'essentiel grâce aux commandes du Pentagone. Le budget militaire ne leur permet pas seulement de s'assurer des profits aussi colossaux que payés rubis sur l'ongle, mais leur permet aussi, grâce au marché captif de leur propre Etat, de renforcer leur position sur le marché mondial. Les trusts européens, en particulier ceux liés à l'armement, ont quelques raisons de craindre de perdre progressivement la clientèle d'Etats issus de leurs anciennes zones d'influence économique.

Est tout aussi significative la progression considérable du poste " recherche et développement " du budget militaire américain. Dans tous les pays impérialistes, le grand capital a l'habitude de faire financer par l'Etat, et plus précisément par l'armée, ses investissements de recherche. Mais les capitaux qui y sont consacrés aux Etats-Unis étant considérablement plus grands, l'hégémonie de l'industrie américaine, y compris dans le domaine technologique, s'accroît sans cesse.

Il serait d'autant moins utile d'énumérer cette année toutes les zones de tensions, dont la liste est longue, que la politique agressive de l'impérialisme américain tout au long de l'année n'a pas été de nature à désamorcer les tensions, mais, au contraire, les a aggravées et en a suscité de nouvelles.

Le gouvernement réactionnaire de Sharon en Israël a pu profiter de la politique américaine non seulement pour arrêter tout semblant de négociation avec les Palestiniens mais pour mettre en cause l'existence même de l'Autorité palestinienne, caricature d'Etat mise en place auparavant. C'est tout juste si les dirigeants israéliens n'ont pas encore liquidé Arafat. En l'assimilant à Ben Laden, ils détruisent méthodiquement les quelques symboles dérisoires de son pouvoir, avec la complicité de Washington.

Même en Afghanistan, l'intervention américaine n'a pas stabilisé la situation. Et, derrière un gouvernement pro-occidental à Kaboul, les seigneurs de guerre continuent à déchirer le pays.

L'exacerbation de la tension entre l'Inde et le Pakistan est également un sous-produit de la politique américaine dans la région. Et il n'est pas difficile de prévoir que bien des conflits amorcés depuis la dislocation de l'Union soviétique, au Caucase ou en Asie centrale, prendront une ampleur croissante, avec la présence militaire américaine dans la région et l'association des dirigeants locaux au système d'alliances mis en place par Washington.

Autrement plus prévisible est le fait qu'une guerre contre l'Irak, si Washington prolonge les gesticulations actuelles par une intervention militaire en Irak même pour abattre Saddam Hussein, aurait des conséquences dans toute la région, sans qu'on puisse prévoir pour autant lesquelles. Rien ne garantit, bien au contraire, que la population irakienne, qui subit depuis tant de temps la dictature de Saddam Hussein, accueille pour autant les troupes américaines en libérateurs.

Malgré la supériorité militaire des Etats-Unis, rien ne garantit, en conséquence, une guerre rapide. Et, même une fois la guerre gagnée, reste la question du remplacement de Saddam Hussein sans que cela se traduise par des soulèvements des minorités kurdes et chiites, comme cela s'était produit après la guerre de 1991 où c'est Saddam Hussein qui avait fait le sale travail qu'une armée américaine d'occupation aurait été amenée à faire.

Il est en outre impossible de prévoir les conséquences d'une guerre entre les Etats-Unis et l'Irak surtout si elle se prolongeait dans les autres pays arabes. Les régimes pro-américains de la région, de l'Arabie saoudite à l'Egypte, " dansent sur un volcan ", coincés entre les exigences des Etats-Unis et les aspirations de leurs propres peuples.

Il n'est pas jusqu'à la Russie qui ne subisse les retombées de la politique américaine.

Le président de la Russie s'est même servi, pour menacer d'agir militairement contre la Géorgie, de l'argument selon lequel cet Etat serait laxiste à l'égard des " terroristes tchétchènes " qui auraient trouvé refuge sur son territoire, alors qu'en réalité, il s'agit de renforcer les positions russes à l'égard de " l'étranger proche ", c'est-à-dire des Etats issus de la décomposition de l'Union soviétique. Poutine y a trouvé un encouragement pour mener sa guerre en Tchétchénie, présentée en la circonstance comme un des champs de bataille de la " guerre contre le terrorisme international ", ce qui a reçu un semblant de confirmation par la prise d'otages à Moscou, où Poutine voit évidemment la main de l'étranger.

La pax americana n'est pas la paix, mais les guerres permanentes, pour cette raison plus fondamentale encore que la domination impérialiste sur le monde aggrave partout la misère, fait resurgir et aggrave des problèmes qu'on pouvait espérer résolus par l'histoire, comme des conflits entre micro-nationalités ou entre ethnies.

Comment ne pas parler à ce propos de la Côte-d'Ivoire ?

La mutinerie militaire en cours est l'expression de la décomposition de l'appareil d'Etat tenu à bout de bras par l'ex-puissance coloniale française mais taraudé par la corruption et miné par la rivalité qui oppose les uns aux autres plusieurs héritiers putatifs de l'ancien dictateur Houphouët-Boigny.

L'affrontement entre la fraction de l'armée restée, pour le moment, loyale au président en place, Gbagbo, et les mutins a cependant ouvert la " boîte de Pandore " des oppositions ethniques qui sont démagogiquement utilisées depuis des années, et par là même renforcées, par tous les candidats rivaux au pouvoir central. Dans plusieurs endroits du pays, le déchaînement de la violence ethniste, dû souvent à la police ou à l'armée loyaliste elle-même ou encore à des bandes armées au service du régime, a donné lieu à des lynchages, voire à des tueries collectives. Et si l'armée française s'est déployée, c'est pour séparer les deux bouts opposés de l'appareil d'Etat, et pas pour s'opposer aux persécutions. L'unique préoccupation de l'impérialisme français est de préserver de l'éclatement définitif l'appareil d'Etat qui défend les intérêts français contre le peuple ivoirien.

Voilà pourquoi les révolutionnaires ne peuvent revendiquer que le retrait immédiat des troupes françaises de la Côte-d'Ivoire, comme d'ailleurs de toutes les anciennes colonies où des bases militaires françaises sont encore maintenues.

Constatant, dans la conclusion de notre texte de l'année dernière, que, dans la situation internationale, ce sont principalement des forces réactionnaires qui contestent l'ordre mondial, nous en avions conclu que : "La seule alternative est la renaissance du mouvement ouvrier révolutionnaire, ouvrant une autre perspective devant l'humanité que l'expression sans cesse renouvelée et élargie de la barbarie. Les perspectives fondamentales dépendent de la capacité de la classe ouvrière à jouer de nouveau sur la scène internationale le rôle qu'elle a joué au moment de la montée internationale du socialisme dans la deuxième moitié du XIXe siècle ou après la Révolution russe de 1917". Nous ne pouvons que reprendre cette conclusion.