Les lois électorales : une législation de classe

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Mars-Avril 2001

Les lois électorales, une législation de classe : en effet, toute une partie des travailleurs, les travailleurs immigrés qui constituent la fraction la plus exploitée, est écartée du droit de vote.

Il y a, d'après l'Insee, 3,2 millions d'étrangers vivant en France, dont à peu près 2,5 millions qui ont plus de 18 ans, qui ont donc l'âge officiel de voter mais qui n'ont pas le droit légal de voter (hormis ceux originaires de l'Union européenne qui ont désormais le droit de vote aux municipales mais ils représentent une minorité insignifiante).

Tous les travailleurs "étrangers" sont bons pour être exploités, pour payer des impôts et des cotisations sociales mais n'ont pas droit à la parole.

C'est une façon de diminuer la représentation politique des travailleurs, qui ne votent pas, en majorité, de la même façon que les classes aisées.

C'est une législation de classe car la bourgeoisie a une conscience très aiguë d'appartenir à une classe "dominante".

Mais en réalité, le nombre de ceux qui sont, de fait ou par choix, écartés du corps électoral est bien plus grand encore. Il y a tous ceux qui, tout en ayant le droit de vote, ne se sont jamais inscrits sur les listes électorales ou en ont été rayés. Tous ceux-là ne sont évidemment pas comptabilisés lors des élections, pas même dans la rubrique "Abstentions".

Toujours d'après le recensement de l'Insee de 1999, 46,4 millions de personnes ont plus de 18 ans. Or, le nombre des inscrits sur les listes électorales a été inférieur à 40 millions dans toutes les élections récentes. Cela signifie donc que 6,4 millions de personnes, c'est-à-dire de l'ordre de 15 % de la population, sont écartées du corps électoral.

Et ce chiffre n'est pas socialement neutre. Ceux qui sont mis en dehors du système électoral de fait ou par choix sont essentiellement des travailleurs, des chômeurs, en tout cas des femmes et des hommes des couches populaires.

L'électorat constitue donc déjà une image faussée de l'opinion politique de l'ensemble de la population.

Mais les lois électorales, c'est-à-dire la façon dont les candidats vont être finalement élus, faussent sciemment encore plus le choix des électeurs car les élus ne le sont jamais proportionnellement aux voix qu'ils ont obtenues. Cela s'en approche un peu aux élections européennes et cela s'en écarte beaucoup aux municipales, aux législatives et bien sûr à l'élection présidentielle.