La révolution introduite par la grande industrie a, en effet, bouleversé les choses, et elle a transformé l'ampleur du problème posé par les rapports entre l'homme et la nature. Parce qu'elle a permis l'expansion du système capitaliste, qui en l'espace d'un siècle, le XIXe, a rendu ce problème plus aigu que toute l'histoire de l'humanité ne l'avait fait auparavant.
L'homme avait, certes, rasé des forêts, retourné le sol, asséché des marais, à la mesure des progrès de son outillage. Et les techniques anciennes n'étaient pas forcément "propres", écologiquement parlant, même si elles étaient plus primitives !
Les villes du Moyen Age avaient connu leur lot de pollutions avec leurs rues qui ressemblaient à des cloaques et leurs rivières où se déversaient les déchets des tanneries et des abattoirs. On s'était plaint, à Londres, de la pollution de l'air, dès le XIIIe siècle. Et les villes industrielles anglaises, à cause de l'utilisation du charbon dans les manufactures naissantes en particulier, étaient déjà noyées dans des fumées malsaines au XVIIIe siècle.
Mais, désormais, avec le développement de l'industrie, un levier sans commune mesure était placé entre les mains de la classe dominante, détentrice de moyens techniques à une échelle jamais vue. Et l'industrialisation capitaliste entraîna une généralisation des pollutions et des nuisances de toutes sortes.
A titre d'anecdote, on relève que, les effets toxiques se faisant sentir d'abord dans l'entourage des usines, c'est dès 1810 qu'en France un décret impérial proclama la nécessité (tout en respectant bien sûr préalablement la propriété privée, la rentabilité et la liberté du travail...) de ne pas nuire à la sécurité et la salubrité du voisinage.
C'est que des bourgeois aussi étaient affectés par les fumées... 1810, c'était en tout cas bien avant toute législation protectrice des travailleurs, ne fût-ce que les enfants.
Désormais, avec l'expansion des besoins en énergie faisant appel au charbon, puis plus tard au pétrole les pollutions de l'air, de l'eau et des sols prenaient une tout autre ampleur. Des sources nouvelles de pollution vinrent s'ajouter aux précédentes, avec le développement de l'industrie chimique en particulier. Et l'urbanisation accélérée des pays européens en voie d'industrialisation en a démultiplié les conséquences.