France - Les avatars d'une "dynamique unitaire" fictive

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Octobre 2006

Les différentes formations ou individualités qui apparaissent depuis quelque temps sous le nom de "collectif pour un rassemblement anti-libéral de gauche", après avoir été "la gauche de la gauche" -ou "la gauche du non" en référence au vote au référendum sur la Constitution européenne- ont entre elles une attitude qu'on peut comparer à ce qu'on appelle du "sur place" lors des championnats de vitesse cycliste. Une première phase où les coureurs se contentent de s'observer mutuellement avant que l'un d'entre eux se lance en essayant de surprendre les autres.

Il y a pour l'heure au moins cinq candidats déclarés pour incarner ce "rassemblement anti-libéral de gauche" encore à naître : Marie-George Buffet, José Bové, et les trois nouveaux venus, Clémenftine Autain, Patrick Braouezec et Yves Salesse. Olivier Besancenot étant un peu à part puisque, tout en ayant déclaré sa candidature au nom de la LCR, il continue à participer à l'aventure en se déclarant prêt à retirer sa candidature si le rassemblement parvient à présenter un candidat unitaire et prend quelques engagements pour ne pas finir en simple ramasse-votes pour le PS.

Ce qui est sûr, c'est que, dans cette course-là, c'est le PS qui tient le pistolet du starter.

Or, le PS, de son côté, ne choisira qui, de Ségolène Royal, Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn, le représentera que lors d'un vote des adhérents, le 16 novembre, avec un éventuel deuxième tour le 23.

Dans l'attente de la décision du PS, le PC a déjà repoussé une fois l'annonce de la présence de sa candidate, Marie-George Buffet en l'occurrence, qui, du coup, maintient le suspense sur la question de savoir si elle se présentera au nom de son parti ou au nom d'un rassemblement plus large.

Comme l'a fait remarquer très justement Olivier Besancenot, le PC peut se permettre de laisser planer l'ambiguïté car il a un nombre d'élus suffisant pour avoir, même au dernier moment, le nombre de parrainages nécessaire, quel que soit le cas de figure.

Du coup, le PC peut se présenter comme l'aile marchante d'un projet de rassemblement et se prévaloir de la force militante qu'il lui fournit.

La LCR, l'autre formation politique dont les militants se sont investis dans une "campagne unitaire" pour le "non de gauche", qui, depuis le succès du "non" au référendum sur la Constitution européenne, croit déceler une puissante "dynamique de rassemblement", est dans une situation plus difficile. Elle continue à participer aux réunions, colloques et collectifs en tout genre, destinés à accréditer l'idée qu'une nouvelle force "anti-libérale de gauche" est en train d'émerger et sera présente dans les élections à venir. Mais, en même temps, par une juste réaction de prudence, elle a décidé d'annoncer une candidature LCR, au grand dam d'une forte minorité en son sein qui estime qu'il y a une contradiction entre l'insistance sur l'unité de "la gauche de la gauche" et une présence spécifique de la LCR à l'élection présidentielle.

Quelle "gauche de la gauche" d'ailleurs ? Puisque, pendant la campagne du "non" au référendum, on a eu droit, côte à côte sur les tribunes, à Buffet, Besancenot, Bové, mais aussi Mélenchon, un des dirigeants du PS et ex-ministre de Jospin. Fabius, lui, n'a jamais daigné se montrer à ces tribunes mais, enfin, il est de ceux qui ont voté "non" au référendumtout en se présentant en homme de gauche.

Mais, depuis, exit Fabius et exit aussi Mélenchon puisque les deux ont rejoint, à l'occasion du congrès du Mans, ceux du PS ayant fait voter "oui".

S'il est difficile d'en définir les contours, cette gauche, dont on ne sait pas au juste en quoi elle est plus à gauche que le PS, se présente aujourd'hui comme une nébuleuse d'associations diverses, regroupées dans un "collectif d'initiative national pour un rassemblement anti-libéral de gauche et de candidatures communes", dont font partie aussi le PC et la LCR. Comme cette dénomination le proclame, tous les participants s'affirment partisans d'une candidature unique de "la gauche de la gauche" à la prochaine élection présidentielle. Mais qui ? Et autour de quel programme ou de quels objectifs ?

Les "collectifs unitaires" et leur programme

Une "réunion nationale des collectifs unitaires et populaires", le 10 septembre, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), était censée répondre à ces questions. Sur le choix du candidat unitaire, la réunion a prudemment repoussé la décision en s'en remettant à un mode de désignation plus ou moins calqué sur celui du PS, prévoyant que les propositions de candidatures soient enregistrées le 1eroctobre et qu'une grande réunion des collectifs, fin novembre, procéderait officiellement au choix.

Mais qu'est-ce que cela va donner, alors que les deux organisations politiques qui constituent l'élément moteur de toute cette entreprise et qui lui fournissent la plupart de ses militants, le PC surtout et la LCR dans les limites de ses moyens, se préparent à présenter chacune sa candidature (et s'il doit se révéler que l'une ou l'autre ne présente pas de candidat, ce sera pour de tout autres raisons que le souci unitaire à la gauche du PS) ?

Dans cette partie de poker menteur unitaire, la LCR, ayant annoncé en premier son propre candidat, a eu droit à une volée de bois vert, y compris et peut-être surtout de la part des militants du PC, alors, pourtant, que celui-ci en fera probablement autant.

Mais, de son côté, le PC est attaqué sur ce terrain par les autres candidats restés en lice, tous d'accord sur cette question avec José Bové qui a proclamé que le dirigeant d'un parti ne peut pas être un bon représentant de l'unité.

A défaut d'avoir choisi un candidat, la "réunion nationale des collectifs unitaires et populaires" du 10 septembre a au moins adopté un texte intitulé "Ambition - Stratégie - Candidatures". A en juger par certains des tracts diffusés par ces collectifs, ce texte tient lieu de programme électoral. "Le programme existe !", proclame fièrement un de ces tracts co-signés par une brochette de personnalités se revendiquant les unes, du PC, les autres, des Verts, d'autres encore, de la tendance Mélenchon, de la LCR ou d'associations de toute sorte.

Le texte en question s'élève, pêle-mêle, contre "le chômage de masse, la précarité, le démantèlement social, les atteintes aux libertés, les inégalités, en particulier entre les hommes et les femmes, les discriminations de toute sorte", dénonce "les politiques libérales". "Ces politiques, mises en oeuvre de la mondialisation libérale, aggravent les inégalités entre les peuples, menacent la paix mondiale et mettent en péril l'avenir de l'humanité par la dégradation générale de notre écosystème".

Voilà pour la dénonciation. Puis le texte affiche les références de ses initiateurs : "Nous avons mené ensemble la campagne pour le non de gauche au traité constitutionnel européen en contribuant à une dynamique commune de force anti-libérale qui a permis la victoire du 29 mai. Ce rassemblement, cette victoire, expriment un espoir, ils appellent une perspective politique à la hauteur".

Dans un autre passage, le texte se réfère à "l'espace ouvert par le vote du 29 mai et la victoire contre le CPE qu'il ne faudrait pas laisser se boucher en même temps que se boucheraitl'espoir d'une alternative".

Et les signataires du texte prétendent incarner cette perspective. Mieux, ils affirment "construire une démarche à vocation majoritaire sur un programme de rupture avec le libéralisme et, dans ce cadre, mettre en oeuvre une politique de transformation sociale".

Un des tracts se réclamant des "alternatives unitaires en 2007" affirme même que ce texte est "une charte anti-libérale, véritable base d'un programme de gouvernement". Rien que ça !

Mais d'où viendrait la possibilité pour ce "rassemblement à vocation majoritaire" de devenir, justement, majoritaire ? Le texte adopté à Saint-Denis donne au moins une piste par cette analyse dont on appréciera la profondeur : "Depuis des années, la gauche est traversée par deux orientations contradictoires, qui se sont notamment exprimées à l'occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen : l'une, sociale-libérale, d'acceptation et d'adaptation au libéralisme et à la mondialisation capitaliste; l'autre, en rupture avec le libéralisme et porteuse de propositions, de transformations sociales et démocratiques et d'un projet de développement qui rompe avec le gaspillage lié à la course au profit. C'est cette orientation alternative que nous voulons faire vivre et développer pour qu'elle devienne majoritaire à gauche dans le pays". Et pour capter ce futur vent majoritaire, le collectif affirme sa volonté d'être présent aussi bien à la présidentielle qu'aux législatives.

Ainsi, voilà donc même Fabius, Emmanuelli et compagnie devenus, par la grâce de leur vote "non", porteurs de "transformations sociales" et par là même embrigadés à leur corps défendant dans la future majorité rêvée, destinée à offrir une alternative politique contre la droite mais aussi face à la majorité du PS.

Pour le reste, le texte des collectifs unitaires est un texte destiné à plaire un peu à tout le monde : aux écologistes, aux féministes, aux adhérents ou électeurs du PS mal à l'aise devant la perspective d'une candidature Ségolène Royal faisant les yeux doux au centre, aux gauchistes sans parti, aux syndicalistes, aux Verts en rupture de ban, aux alternatifs, mais aussi au PC dont des militants connus ont manifestement joué un grand rôle dans sa rédaction, avec l'ambition de fédérer tout ce petit monde. Mais, derrière le parti pris apparemment "au-dessus de la mêlée" par rapport aux formations politiques, il y a le parti pris des rédacteurs, tout à fait maîtres de leur plume, de choisir les mots et les expressions qui ne puissent même pas laisser entendre qu'ils veulent combattre le capitalisme dont ils se contentent de dénoncer certains des dégâts. L'alternative qu'ils entendent incarner n'est pas de combattre le capitalisme avec la perspective de le remplacer par un autre mode de production et de répartition que celui basé sur la propriété privée, la concurrence et la course au profit. Elle n'est pas de s'opposer à la dictature du patronat, qui lui donne tout pouvoir sur l'économie et la société.

Les mots même "capitalisme" ou "capitaliste" n'apparaissent pratiquement pas dans le texte, si ce n'est dans l'expression "mondialisation capitaliste". Le texte s'élève contre le "gaspillage lié à la course au profit", mais pas contre le profit lui-même. Non : l'ennemi n'est pas le capitalisme, mais le "libéralisme", le "social-libéralisme", les "politiques libérales" ou la "mondialisation libérale".

Ces limites étroites du texte sont-elles dues seulement au fait qu'il s'agit d'une campagne électorale et que les auteurs veulent permettre à l'électorat populaire de se prononcer sur quelques objectifs précis ? Mais le texte se termine sur l'affirmation : "Nous ne partons pas pour faire un "coup" électoral. L'enjeu est bien plus vaste. Il s'agit de construire un rassemblement durable des forces anti-libérales de gauche".

En outre, s'il y a quelques mots sur "les dégâts du libéralisme pour les salariés, le chômage de masse, la précarité ou le démantèlement social", il n'y a pas l'ombre d'un objectif proposé au monde du travail dont, manifestement, les auteurs du texte se désintéressent.

C'est un texte réformiste, et encore, à l'eau de rose, auquel n'importe quel réformiste peut adhérer, qu'il soit à la gauche de la gauche, en plein dedans ou sur sa droite.

Le PCF et la LCR, l'art d'être dedans et dehors

Voilà donc le dernier avatar de cette "dynamique unitaire" à laquelle aussi bien les dirigeants du PC que ceux de la LCR se sont efforcés de donner du crédit depuis plus de deux ans.

Pour ce qui est du PC, c'est dans l'ordre des choses. Cela fait longtemps qu'il ne combat plus le capitalisme. Son ambition politique se limite à vouloir le gérer aux côtés et -étant donné le rapport électoral des forces- sous les ordres du PS.

La fiction d'un "rassemblement anti-libéral de gauche" ne gêne en rien le PC par rapport à son objectif essentiel : une alliance avec le PS. Ni sur la forme, ni sur le fond. L'étiquette "anti-libéral de gauche" n'est en rien compromettante à l'égard des tractations futures avec le PS. Qui, parmi les dirigeants du PS eux-mêmes, ne se dit pas anti-libéral à l'occasion ? Faut-il rappeler qu'il est arrivé même à Chirac de se dire anti-libéral - pas de gauche, il est vrai... Quant au texte plus ou moins programmatique qui est sorti de la réunion de Saint-Denis, la direction du PC pourrait le signer des deux mains, tant ce texte n'engage à rien - et d'ailleurs, plusieurs membres du PC l'ont signé.

Et tant que durent les discours et déclarations autour du rassemblement unitaire, la direction du PC peut en tirer prétexte, dans ses tractations avec le PS, pour ne pas parler exclusivement en son nom, mais au nom de toute une nébuleuse. Il est une autre question qui est de savoir dans quelle mesure les dirigeants du PS, que l'on peut présumer conscients des rapports de forces, en tiennent compte. Mais l'objectif qui compte pour le PC est de renouer l'alliance avec le PS, c'est-à-dire d'obtenir des circonscriptions aux législatives, et plus si affinités. Quelques fauteuils de ministres, notamment, si la gauche l'emporte. Et les efforts que la LCR a vainement déployés pour que le texte du "collectif d'initiatives pour un rassemblement anti-libéral de gauche" "clarifie" sa position, c'est-à-dire exclue explicitement l'alliance, défendue par le PC, avec le PS, ont été aussi naïfs que dérisoires. Comme si le PC pouvait abandonner sa stratégie fondamentale d'alliance avec le PS parce que la LCR aurait obtenu un vote majoritaire sur la question dans un rassemblement de "collectifs unitaires" !

Les négociations entre le PC et le PS ont commencé discrètement - une rencontre tout à fait officielle entre M.-G. Buffet et Hollande a même eu lieu le 2 octobre-, mais elles ne peuvent être parachevées avant que le PS ait choisi sa ou son candidat. En attendant de passer aux choses sérieuses, il ne coûte rien au PC de jouer à l'unité vis-à-vis de la nébuleuse de "la gauche anti-libérale".

Quant à la LCR, ses préoccupations et ses objectifs sont plus modestes. Elle veut être "dans le coup", c'est-à-dire participer à l'agitation entretenue dans le petit milieu mélangeant ceux venus de l'extrême gauche, ceux revenus du PS, des écologistes marginaux, des militants associatifs plus ou moins anti-politiques. C'est une vieille habitude de la part de la LCR de chercher "ce qui marche", une "dynamique" dans laquelle elle peut s'intégrer, même si elle doit inventer elle-même la dynamique en donnant des illusions surtout à ses propres militants.

Voilà où en sont les choses en ces premiers jours d'octobre 2006 avant que le PC ait annoncé son choix.

Les promoteurs de l'opération "rassemblement anti-libéral de gauche" ont tous les yeux fixés sur le PC. Ils savent que la décision de celui-ci de présenter sa candidate au nom du PCF ou -hypothèse pourtant invraisemblable- de s'effacer derrière un candidat moins engagé politiquement, genre José Bové, Yves Salesse, Clémentine Autain ou même Patrick Braouezec, pèsera d'un poids décisif sur leur propre opération. Tout en étant conscients du poids du PC et de ses militants, ils ne cessent de réclamer que celui-ci mette son drapeau dans sa poche au profit de l'unité de "la gauche de la gauche".

Si le PC s'effaçait à la présidentielle dès le premier tour - ce qui reste une éventualité très hypothétique-, ce ne pourrait être qu'en faveur du candidat du PS et après un marchandage sur le nombre de circonscriptions aux élections législatives où le candidat du PC serait le candidat de toute la gauche.

Le PC, les yeux fixés sur le PS

Pendant que "la gauche de la gauche" regarde le PC, le PC, lui, regarde le PS. Contrairement aux affirmations de ceux des membres des composantes de la "gauche anti-libérale" qui veulent opposer la prétendue aile anti-libérale du PS à son aile "libérale", c'est avec l'ensemble du PS que le PCF entend s'allier. Patrice Cohen-Seat, le rapporteur au dernier conseil national du PCF les 28 et 29 septembre, a été très explicite : "... notre objectif n'est pas de rassembler "la gauche de la gauche"... Il est "de rassembler toute la gauche, en tout cas une très large majorité de la gauche, sur un projet politique antilibéral". Bien sûr, avec le sempiternel argument que plus le PC, flanqué de la "gauche anti-libérale", est fort, plus il peut infléchir la politique du PS. Comme si, même lorsqu'il représentait 16% de l'électorat au temps de Mitterrand, le PCF avait jamais pu infléchir la politique du PS au gouvernement !

Mais, de toute façon, le rapport de forces entre le PS et le PC n'intéresse la direction du PC que pour être en meilleure position pour obtenir du PS son appui aux élections législatives, mais aussi dans toutes les élections locales ou régionales. Le nombre d'élus du PC dans les conseils régionaux, dans les conseils généraux ou dans les municipalités dépend de l'entente avec le PS.

Et puis, que valent donc les grandes envolées de Marie-George Buffet contre la politique sociale-libérale alors qu'elle a tout de même été ministre dans le gouvernement de Jospin, dont elle a cautionné toute la politique pendant cinq ans, sans jamais menacer de démissionner pour tenter de s'opposer à des mesures qu'elle qualifiait de "sociales-libérales", en tout cas anti-ouvrières ? Etait-elle impuissante ou, en fait, d'accord avec la politique menée ?

Une fois que le PC aura désigné son propre candidat, ceux qui restent en lice pour une candidature unitaire auront-ils la volonté et les moyens de pousser jusqu'au bout leur tentative ? Parviendront-ils à présenter un ou une candidate prétendant parler au nom d'un "rassemblement anti-libéral de gauche" ? Il est plus vraisemblable que la baudruche se dégonfle car la LCR présentera Olivier Besancenot.

Les semaines qui viennent diront ce qui sortira du panier de crabes du PS et de celui de "la gauche anti-libérale". Il est possible que, à côté des candidatures déjà annoncées d'Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, et celle plus que probable de Marie-George Buffet, il y ait une candidature représentant la mouvance dite anti-libérale, José Bové ou une autre. Contrairement à ce que les promoteurs de l'opération "unité de la gauche de la gauche" affirment, ce ne serait nullement "désastreux". Aucune "dynamique unitaire" ne permettrait qu'un tel candidat soit présent au deuxième tour en lieu et place du candidat du PS.

La dynamique unitaire ne se crée pas par des conciliabules de petits cénacles sans influence et sans crédit dans l'opinion publique. Et quant à croire qu'il suffit d'additionner l'électorat des uns et des autres pour obtenir une majorité d'abord à l'intérieur de la gauche, puis -c'est cela l'idée du collectif pour le rassemblement-, une majorité dans le pays, c'est stupide et, en plus, méprisant vis-à-vis des électeurs. Ceux qui ont envie de voter José Bové parce qu'ils se retrouvent dans son combat contre les plantes génétiquement modifiées ou la "malbouffe" façon McDo, n'ont pas pour autant envie de voter pour Arlette Laguiller - et vice versa. Rien qu'à considérer l'extrême gauche trotskyste, celle-ci n'a pas eu ses meilleurs résultats lorsqu'elle s'est présentée unie, mais en 2002 où la diversité des candidatures d'Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Daniel Gluckstein a permis, pour la première et unique fois, à l'extrême gauche trotskyste de dépasser les 10% de voix. Bien sûr, ce n'est pas la diversité qui a donné ce résultat, mais bien d'autres raisons politiques. Cependant elle n'y a pas fait obstacle.

A part pour celui ou celle qui est élu - et encore !-, l'élection présidentielle ne donne que la possibilité de défendre une politique et, pour les électeurs, de s'exprimer sur cette politique. Alors, autant que l'électorat puisse s'exprimer dans toutes les nuances de ses opinions.

Pour notre part, nous avons toujours considéré que la victoire du "non" au référendum sur la Constitution européenne n'était le début d'aucune "dynamique unitaire" et surtout n'ouvrait aucune perspective politique pour le monde du travail.

Nous avions dit, il y a déjà un an, à nos camarades de la LCR qu'en se faisant les chantres du rassemblement de "la gauche de la gauche" et en le présentant comme celui des "forces anticapitalistes", ils contribuaient à propager, à la mesure de leurs forces, des illusions à l'égard d'une opération politique dont il ne pourrait sortir rien de bon pour les travailleurs. Et que, de plus, ils se trompaient en croyant que cette politique serait efficace pour gagner les bonnes grâces du PC et de ses militants et qu'il leur faudrait tôt ou tard déchanter. A en juger par la "lettre ouverte" aux militants du PC, distribuée à la fête de L'Humanité, ils continuent à croire aux "nouvelles relations que nous avons construites" (avec le PC) et "à la construction d'une nouvelle force anticapitaliste" qui pourrait en résulter.

Croire qu'une porte est ouverte alors qu'on vient de se la faire claquer sur les doigts, décidément, il faut le faire !

5 octobre 2006