Les élections au Parlement britannique auront lieu dans les mois qui viennent. La date définitive en reste à la discrétion du Premier ministre John Major, si toutefois les avatars du jeu parlementaire lui en laissent le choix.
Depuis son retour au gouvernement, en 1979, le parti conservateur n'a pas quitté le pouvoir. Dans le cadre du système de bipartisme fondé sur le mode de scrutin majoritaire à un tour, son unique adversaire réel est le parti travailliste, aujourd'hui dirigé par Tony Blair, qui a donc subi quatre défaites électorales consécutives (les élections ont lieu en principe tous les cinq ans).
Mais depuis plus d'un an, les sondages donnent aux Travaillistes une avance de 15 à 20 points sur leurs rivaux conservateurs, usés par ces 17 années de pouvoir. Et tout laisse penser que le parti travailliste sortira vainqueur des prochaines élections.
A propos de cet événement probable, et des conséquences qu'il peut comporter pour la classe ouvrière britannique, nous reproduisons ci-dessous l'essentiel d'un article paru dans le numéro 14 (janvier-février 1997) de la revue trimestrielle Class Struggle publiée en Grande- Bretagne par les militants de notre tendance.
Depuis que le gouvernement Major a perdu la majorité absolue des sièges à la Chambre des Communes, suite à l'élection partielle d'East-Barnsley en décembre, les commentateurs se sont mis à tourner leurs boules de cristal en tous sens, spéculant sur la date d'une possible élection anticipée. Non pas, d'ailleurs, que cela ait la moindre importance : que le scrutin ait lieu en février, en mars ou en mai, il n'apportera pas le moindre changement aux classes laborieuses.
Néanmoins, ces spéculations ne peuvent que renforcer l'atmosphère de fin de règne déjà créée par les divisions suscitées dans les rangs conservateurs par la question de l'intégration européenne ou par leurs nombreuses querelles intestines. Les principaux rivaux de Major en sont à préparer sa succession de façon pratiquement ouverte. Pendant ce temps, sachant que la situation précaire de Major au Parlement peut l'amener à faire quelques concessions mineures, les éléments "extrémistes" de son parti profitent de la situation pour faire valoir leurs petites manies.
Depuis septembre dernier, trois députés conservateurs ont déjà retourné leur veste. D'autres ont résisté aux consignes de vote du parti, quand ils ne les ont pas ouvertement défiées, sur des questions aussi diverses que la monnaie unique européenne, le refus de certains ministres de communiquer au Parlement le contenu de documents officiels, le manque de fonds d'un hôpital local, etc., apparemment plus pour se démarquer de Major vis-à-vis de leur propre électorat que pour affirmer une politique quelconque devant leur parti. Et, dernier fait en date, mais pas le moindre, une douzaine de députés conservateurs pro-européens ont fait des avances au parti libéral-démocrate, dans le but de conclure, sous une forme ou une autre, une alliance dans la perspective des prochaines élections. En bref, on dirait que les rats commencent à quitter le navire de Major au moment où il va couler.
Mais le fait sans doute le plus frappant dans cette période de transition précédant les élections législatives, c'est le profil bas adopté par le parti travailliste. Loin de chercher à s'affirmer en tirant parti des nombreux points faibles de Major, Blair semble opter aussi souvent que possible pour la recherche d'un consensus avec le parti au pouvoir ou, tout au moins, pour l'opposition la plus discrète qui soit.
C'est ainsi que le parti travailliste n'a pour ainsi dire rien trouvé à redire aux préoccupations bassement électoralistes reflétées par les réductions d'impôts de Clarke [Dans le budget présenté en novembre dernier par le ministre des Finances Kenneth Clarke (NdT).]. Blair s'est contenté d'y répondre en promettant encore d'autres réductions d'impôts, d'un montant total de 1,6 milliard de livres [Environ 13 milliards de francs (NdT)] pour le premier budget de son futur gouvernement. Mais personne n'a entendu les ténors travaillistes s'en prendre au gouvernement pour avoir supprimé toute attribution nouvelle de l'allocation de parent unique ou réduit l'allocation-logement de 380 000 locataires ; et encore moins pour avoir offert de nouveaux cadeaux aux riches, tels que la réduction des contributions sociales payées par les employeurs ou de l'impôt sur l'héritage.
Certes, dans pratiquement tous les domaines, la politique du parti travailliste ne se distingue de toute façon en rien de celle des Conservateurs. Mais, jusqu'à présent, le fait de n'avoir pas de désaccord de fond n'avait jamais empêché les Travaillistes de marquer leur opposition au gouvernement, ne serait-ce que sur la forme. Eh bien, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et du coup, le parti travailliste fournit ainsi une béquille au gouvernement de John Major qui, bien mal en point, en a grand besoin en même temps qu'un peu de respectabilité aux institutions parlementaires face à l'hystérie actuelle des troupes parlementaires conservatrices. On peut penser que le but de cette attitude est de prouver à l'électorat flottant à quel point le parti travailliste est uni et cohérent, comparé à la pagaille qui règne dans le parti conservateur. Mais surtout, c'est une façon pour les Travaillistes de prouver à la bourgeoisie que, même dans l'opposition, ils sont prêts à se comporter en parti de gouvernement se préoccupant avant tout des intérêts de l'Etat - c'est-à-dire de la bourgeoisie plutôt que de leurs propres intérêts de boutique.
Une élection sans enjeu
L'attitude actuelle du parti travailliste face à l'écroulement de la majorité conservatrice constitue un indice de plus, après bien d'autres au cours de ces dernière années, de ce que sera le gouvernement travailliste au lendemain des élections, si bien sûr ce parti les remporte, comme peut le laisser prévoir son avance considérable dans les sondages. Ce gouvernement ne sera comptable de ses actes que vis-à-vis de la classe capitaliste, et d'elle seule, et cherchera d'abord et avant tout à préserver les intérêts des riches.
Ce sera, de plus, un gouvernement avant tout sensible à la moindre pression de ses maîtres, toujours prêt à faire preuve de loyauté en se pliant à leurs exigences, voire, si possible, en les anticipant. La dernière série de virages à 180 auxquels s'est livré Blair, que ce soit sur l'avenir des retraites d'Etat, sur l'abolition de la Chambre des Lords ou sur la question du référendum sur la monnaie unique [Au cours des derniers mois, Blair est revenu sur ses promesses de préserver les retraites d'Etat, de dissoudre la Chambre des Lords et a pris ses distances vis-à-vis de l'intégration européenne (NdT)], montre à quel point le parti travailliste peut se montrer volatile quant à ses promesses, y compris les plus insignifiantes.
Aujourd'hui, affirmer que la classe ouvrière ne gagnera rien en élisant un gouvernement travailliste, est presque un lieu commun. La direction travailliste et ses partenaires dans la bureaucratie syndicale ont fait tout leur possible et au-delà pour faire comprendre à la classe ouvrière qu'elle ne doit espérer ni "vaches grasses" ni "bonus". Les mesures qu'ils ont d'ores et déjà annoncées, ou auxquelles ils ont fait allusion, en matière d'allocations sociales, de chômage, de santé, de services publics, et plus généralement concernant le rôle social de l'Etat dans tous ses aspects, ont toutes un point commun : elles prennent comme point de départ la situation actuelle, telle qu'elle a été créée par 17 ans d'austérité, pour suivre la même direction, voire pour aller bien plus loin en introduisant des restrictions supplémentaires.
Les dirigeants travaillistes ont même dit et répété que les quelques promesses concernant la condition des travailleurs qui n'ont pas encore disparu de leur programme électoral c'est- à-dire celle d'un salaire minimum et de l'application du Chapitre social de l'Union européenne seront subordonnées à l'accord des patrons et à l'existence de conditions favorables dans l'économie. Les "nouveaux droits syndicaux" que promettent les dirigeants travaillistes depuis longtemps, en guise de contrepartie à leur refus d'abroger les lois anti-grève des Conservateurs, pourraient même, sous leur version actuelle dûment édulcorée, se révéler plus restrictifs que les droits dont jouissent aujourd'hui des millions de travailleurs. Le fait d'imposer, comme préalable à la reconnaissance d'un syndicat, une procédure comparable à celle utilisée aux Etats-Unis dans laquelle 50 % des salariés doivent voter en faveur de ce syndicat pourrait servir de prétexte à nombre de patrons pour déchirer des accords en vigueur de longue date et mettre fin à la reconnaissance syndicale, au nom de ces prétendus "droits".
Les gouvernements ne sont que des instruments pour les capitalistes
Pour toutes ces raisons, la plupart des travailleurs n'espèrent plus grand chose, voire plus rien du tout, en matière de changements à court terme sous un gouvernement travailliste. Mais ce dont la grande majorité d'entre eux ne se sont probablement pas encore rendu compte, c'est qu'une fois le tumulte électoral retombé, la désagrégation sociale qu'ils ont connue jusqu'à ce jour se poursuivra, voire s'accélèrera, sans leur laisser le moindre répit pour souffler, et cela quel que soit le gouvernement au pouvoir.
Car le gouvernement est une chose et la classe capitaliste en est une autre. Le gouvernement est un instrument de cette classe, mais ils opèrent l'un et l'autre à des niveaux différents. Et, par exemple, au cours des deux décennies écoulées, c'est le patronat qui a infligé directement le plus de dommages à la classe ouvrière, bien plus que les seuls gouvernements conservateurs ont pu le faire.
Initialement, c'est bien Thatcher qui a montré la voie au patronat, en lui fournissant des armes juridiques qui pouvaient lui servir à briser des grèves ou à réduire les salaires, et en utilisant toutes les ressources de l'appareil d'Etat pour infliger des défaites spectaculaires à des secteurs bien déterminés de la classe ouvrière, comme les sidérurgistes et les mineurs de charbon. En agissant de la sorte elle ne faisait que mener la politique que réclamaient depuis longtemps les dirigeants du patronat. Et, en créant un rapport de forces dangereusement défavorable à la classe ouvrière, cette politique a certainement joué un rôle déterminant dans la préparation de ce qui est venu ensuite.
Dans la période allant de la défaite des mineurs, en 1985, jusqu'à la dernière récession, c'est-à-dire, en gros, jusqu'aux élections parlementaires de 1992, la politique d'austérité des gouvernements conservateurs qu'il s'agisse du blocage des salaires et des suppressions d'emplois dans les services publics ou de la réduction des dépenses sociales n'a été que le pendant de celle que menaient les patrons dans toute l'économie. Ce ne sont ni les ministres ni les parlementaires, mais bien les dirigeants d'entreprises et les actionnaires qui ont imposé l'essentiel du tour de vis subi par les salariés, sous la forme de la réduction des salaires et des grandes vagues de suppressions d'emplois des années quatre-vingt et quatre-vingt dix.
Depuis 1992, le gouvernement Major a repris l'offensive contre la classe ouvrière dans un domaine bien précis en augmentant la pression sur les chômeurs et plus généralement sur les bénéficiaires d'allocations sociales. Cela a facilité une baisse sévère des salaires pour toute une fraction de la classe ouvrière et le développement parallèle de l'emploi précaire et à temps partiel. Ce processus est toujours en cours, accéléré par l'introduction de la nouvelle Job Seekers' Allowance (JSA), des opérations-pilote de Workfare [La Job Seekers' Allowance (allocation de chercheur d'emploi), introduite en octobre 1996, réduit de un an à six mois l'indemnisation automatique du chômage et institue tout un système de pénalités, allant très vite jusqu'à la radiation, pour contraindre les chômeurs à prendre le premier emploi venu. Le système du Workfare consiste à obliger les chômeurs à prendre des emplois temporaires à plein temps en entreprise pour un salaire à peine supérieur au chômage (2 280 F au lieu de 1 900 F/mois pour un célibataire). En cas de refus, le chômeur perd toute indemnité (NdT).], etc., et il pourrait conduire à une aggravation du rapport des forces au détriment de la classe ouvrière si ces mesures parvenaient à priver une fraction croissante des chômeurs de tout revenu ce qui est leur objectif.
Faut-il attendre des prochaines élections un changement, sans même parler d'une inversion, dans ce processus de précarisation de l'emploi ? Si ce sont les Conservateurs qui l'emportent, ils poursuivront leur politique actuelle. Si c'est le parti travailliste, il entend conserver la Job Seekers' Allowance et introduire un système similaire de Workfare, mais à une échelle bien plus importante. Autrement dit, au moins dans ce domaine de la précarisation, la politique du gouvernement travailliste pèsera au moins autant contre la classe ouvrière que celle du gouvernement Major. La seule mesure qui pourrait ralentir ce processus l'introduction d'un salaire minimum national correct est d'ores et déjà remise en question. D'abord, à cause des délais que le parti travailliste déclare se donner pour l'introduire. Ensuite, parce que, toujours selon les déclarations des dirigeants travaillistes, il sera assorti de toute une série d'exemptions qui concerneront probablement justement ceux-là mêmes qui auraient le plus besoin d'une telle mesure. Enfin, parce qu'il n'y aura aucun moyen légal d'en imposer l'application, si ce n'est le recours habituel aux interminables procédures des tribunaux industriels. En d'autres termes, même si ce salaire minimum finit par être effectivement introduit, il faudra un changement significatif dans le rapport des forces pour que le patronat, petit ou grand, considère qu'il n'a pas d'autre choix que de l'appliquer.
Et il en va de même pour l'ensemble des conditions d'existence qu'on impose aujourd'hui à la classe ouvrière. La vague de concentrations, d'OPA et de restructurations à grande échelle, qui est en train de se développer, menace de produire des chômeurs supplémentaires par centaines de milliers. Si des entreprises, dont la plupart font de confortables profits, en sont à supprimer de nouveau des emplois, c'est avant tout parce qu'elles se sentent sûres de ne courir aucun risque. Et ce n'est pas le parti travailliste, avec sa volonté déclarée de ne rien faire qui puisse constituer un obstacle au profit, qui fera diminuer l'assurance du patronat. Il en va de même des conditions de travail aberrantes, tant en matière de sécurité que d'horaires, que l'on voit se développer de plus en plus dans certains secteurs de l'économie.
Au bout du compte, ce qui est décisif ce n'est pas le changement de gouvernement, mais le rapport des forces dans la société c'est-à-dire le degré d'assurance qu'a le patronat de pouvoir aggraver l'exploitation de la classe ouvrière ou, pour dire les choses autrement, sa peur des réactions possibles de la classe ouvrière. Aujourd'hui, la classe capitaliste étale avec arrogance ses profits, tout en s'attaquant sans répit ni vergogne aux conditions d'existence des travailleurs, montrant ainsi qu'elle ne croit pas à la possibilité d'une riposte de leur part. Dans un tel contexte, il y a tout lieu de penser que les capitalistes réservent à la classe ouvrière un traitement qui pourrait se révéler pire encore que celui qu'ils lui ont fait subir dans le passé. Et cela d'autant plus s'ils ont pour les servir un gouvernement qui éprouve le besoin de leur faire la démonstration de son efficacité et que rien n'arrêtera dans cette voie.
Il faut inverser le rapport des forces
Il n'y a pas de raccourci possible pour la classe ouvrière. Si elle veut mettre un terme à la désagrégation sociale des deux dernières décennies et, plus encore si elle veut regagner le terrain perdu, il lui faudra inverser le rapport des forces dans la société. Et cela, elle ne peut le faire que d'une seule façon sur le terrain de la lutte de classe.
Au cours de ces dix dernières années, il y a eu bon nombre de ces traditionnelles grèves de 24 heures orchestrées par la bureaucratie syndicale, dans lesquelles les travailleurs perdent peu mais gagnent encore moins. Autrement, en-dehors de quelques cas exceptionnels de mouvements de grève sauvage d'une certaine importance dans la métallurgie et la poste, la lutte de classe a été pratiquement totalement dominée par toute une série de mouvements interminables et isolés au cours desquels de petits groupes de travailleurs, parfois une ou deux centaines, mais parfois guère plus d'une douzaine, se sont battus courageusement pendant de longs mois.
Tous ces mouvements ont été défensifs, imposés aux travailleurs par des attaques brutales de leurs employeurs. Il est à mettre au crédit de ces groupes de travailleurs d'avoir choisi de se battre plutôt que de se résigner. Mais du fait de leur isolement et du nombre limité des travailleurs qu'ils ont entraînés, ces mouvements n'ont pas pu, et ne pouvaient pas, être l'amorce d'un redressement du rapport de forces. Même à des moments où se déroulaient simultanément une demi-douzaine ou plus de ces mouvements, ils n'avaient aucune chance d'apparaître comme l'expression d'une menace, même seulement potentielle, aux yeux du reste du patronat.
Malgré le courage des travailleurs qui y ont participé, ces mouvements n'étaient pas à même de remonter le moral de la classe ouvrière. Le fait qu'ils sont restés isolés pendant si longtemps, que les piquets de grève interminables, jour après jour, souvent en butte aux tracasseries policières, n'ont pourtant jamais réussi à gêner réellement le patron, que pratiquement jamais au fil de ces longs mois les grévistes ne sont parvenus à marquer ne serait-ce qu'un point face à leur employeur tout cela a contribué à convaincre de nombreux travailleurs, en-dehors du milieu de la gauche politique et syndicale, que la lutte gréviste et la lutte de classe ne leur offraient aucune perspective.
A l'exception, peut-être, d'un ou deux cas parmi ces mouvements, les grévistes ont probablement fait le maximum de ce qui était à leur portée, compte tenu de leur nombre limité, du contexte économique, en particulier de la pression du chômage, et surtout compte tenu du refus systématique des directions syndicales d'organiser la moindre riposte durant toute cette période. Et les "comités de soutien" qui ont souvent été constitués par l'extrême gauche autour de ces mouvements, n'ont fait et ils ne pouvaient pas faire beaucoup plus qu'organiser avec plus ou moins d'efficacité le milieu restreint de l'extrême gauche pour collecter de l'argent au profit des grévistes. (...)
Aujourd'hui, la scène de la lutte de classe demeure plus ou moins la même que dans les années précédentes. Elle reste dominée par quelques grèves très longues du même type, telle la grève des dockers de Liverpool, qui a déjà plus d'un an, ou des grèves plus récentes, comme celle de l'usine Magnet à Darlington ou l'occupation de l'usine Glacier à Glasgow [En septembre 1996, les 300 ouvriers de Magnet-Darlington, une usine de mobilier de cuisine, ont été licenciés après un débrayage sur les salaires. Depuis, une partie d'entre eux organisent un piquet de grève quotidien devant l'usine, où la production a redémarré avec de nouveaux embauchés. Les 103 ouvriers de Magnet- Glasgow, qui fabriquent des pièces de mécanique de précision, ont occupé leur usine en novembre 1996 après que la direction eut licencié l'ensemble du personnel suite à un débrayage de soutien à un ouvrier qui avait refusé de piloter deux machines simultanément (NdT).]. (...)
Les révolutionnaires doivent affirmer clairement, y compris pendant la période électorale actuelle, que la classe ouvrière et elle seule a la capacité d'inverser en sa faveur le rapport des forces et de mettre un coup d'arrêt à la désagrégation sociale, mais à condition qu'elle se serve de ses propres armes, celles de la lutte de classe. Ils doivent dire que, pour atteindre cet objectif, la classe ouvrière devra apparaître comme une force susceptible de constituer une menace réelle pour les profits des capitalistes ; qu'elle devra refuser de se laisser isoler dans le cadre d'une seule usine ou d'une seule industrie ; qu'au contraire, il lui faudra rassembler dans la lutte le plus de forces possible, en premier lieu des forces issues de ses propres rangs, par-delà les barrières entre usines, industries et régions, mais aussi des forces issues de la jeunesse et des rangs des chômeurs ; et que finalement la classe ouvrière devra souder ces forces en une armée qui puisse, enfin, se montrer efficace dans la guerre de classe contre le capital.