Le « grand débat » sur « l'identité nationale » que Sarkozy a voulu, pour tenter de conserver les faveurs de la fraction de l'électorat lepéniste qu'il avait séduite en 2007, a - comme c'était prévisible - donné à tout ce que le pays compte de xénophobes et de racistes, y compris dans les rangs de l'UMP, y compris parmi les ministres, l'occasion de déballer publiquement les préjugés réactionnaires qui leur servent d'idées.
On se souvient du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, déclarant au campus d'été de l'UMP, en septembre 2009, à propos d'un jeune adhérent de son parti, d'origine maghrébine : « Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. »
On se souvient aussi de la secrétaire d'État en charge de la Famille, Nadine Morano, qui, participant à un de ces débats sur l'identité nationale, avait affirmé : « Ce que je veux d'un jeune Français musulman, c'est qu'il aime la France, qu'il travaille, qu'il ne parle pas verlan et qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers. »
Le président de la Commission nationale d'investiture de l'UMP, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, s'est lui aussi distingué dans un tel débat, en déclarant, à propos d'un récent match de football Algérie-Égypte : « Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf quand après ils déferlent à 15 000 ou à 20 000 sur la Canebière, il n'y a que le drapeau algérien et il n'y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas. »
Et quand il s'agit des représentants de base de l'UMP, les propos peuvent être encore plus ouvertement xénophobes, tels ceux du maire de Gussainville, un petit village de la Meuse, affirmant lors d'un débat sur l'identité nationale : « Je pense qu'il est temps que l'on réagisse, parce que l'on va se faire bouffer ! » et qui s'expliquant plus tard sur ces paroles, en avait rajouté dans un sens anti-ouvrier en déclarant : « Je ne suis pas raciste ni xénophobe... lorsque j'ai parlé de « dix millions que l'on paye à rien foutre »... je faisais référence aux chômeurs, aux érémistes et aux retraités. »
Évidemment, dans la chasse aux voix réactionnaires, Le Pen a fait encore plus fort en déclarant à Toulon : « La situation du pays est gravissime et les Français ne le savent pas. L'immigration massive est le phénomène historique le plus grave que la France ait connu, beaucoup plus grave que les grandes invasions, les guerres, les épidémies, les famines. »
C'est dans ce climat pollué par ce « débat sur l'identité nationale » qui donne lieu à un déferlement de propos xénophobes, visant en premier lieu la population d'origine maghrébine en mélangeant attachement à sa culture d'origine, religion et islamisme, que le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a jugé bon de présenter sur sa liste en région PACA une candidate arborant son voile pour prouver, nous dit-on, qu'on peut être « féministe, laïque et voilée ». Que cette décision ait été prise au niveau de la région ou pas ne change rien à l'affaire. La direction nationale du NPA ne s'en est en rien démarquée. Ce faisant, elle n'a fait que rendre le débat encore plus confus, en piétinant des valeurs qu'elle prétend défendre.
Le voile n'est pas un simple signe d'appartenance religieuse et nombre de femmes qui se réclament de l'islam refusent de le porter, ou luttent, dans ce pays comme ailleurs, pour ne pas être contraintes de le faire. C'est une marque de soumission imposée aux femmes dans des sociétés machistes, qui considèrent que la femme est la propriété de son mari, et que sa fonction sociale est de lui donner des enfants et de les élever.
Bien évidemment, il ne s'agit pas de jeter l'anathème sur toutes les femmes qui portent le voile. Ce port n'a d'ailleurs pas la même signification chez celles qui portent un foulard sur la tête parce qu'elles l'ont toujours fait, ou parce qu'elles veulent échapper aux pressions qui s'exercent sur toutes les femmes d'origine musulmane, et chez celles qui sans aller jusqu'à porter la burqa ou le niqab se déguisent en Belphégor. Pas la même signification non plus chez les femmes nées dans cette culture et chez les fraîches converties qui se livrent à cet exercice de masochisme moral. Mais pour des militants dont le féminisme n'est pas un vain mot, ce qui est le plus important, c'est la solidarité avec toutes celles qui, dans leurs quartiers ou dans leur pays, luttent pour ne pas subir cette humiliation, avec les hommes aussi (parce qu'il y en a, y compris dans la population originaire du Maghreb ou d'Afrique noire !) qui luttent contre cette oppression.
Communisme ou paternalisme ?
Sur le site Internet du NPA, quelques « intellectuels » se sont employés, à grand renfort de citations de Marx et d'Engels, à justifier la complaisance dont leur mouvement fait preuve vis-à-vis des défenseurs du voile. Mais leur argumentation sue le paternalisme, le même paternalisme dont relève d'ailleurs le prétendu « féminisme » de ce courant.
Car la preuve de l'attachement à la cause de la libération des femmes ne réside pas dans les discours d'une direction politique, mais dans ses actes, dans la place qu'elle fait aux femmes dans son organisation. Depuis le temps que la LCR, puis le NPA qui lui a succédé, clament leur féminisme, quelle place ce courant a-t-il faite aux femmes dans sa direction ? N'y aurait-il que des hommes capables d'intervenir au nom de leur organisation à l'échelle nationale ? Et que signifiait la création de structures non-mixtes dans l'organisation, la pratique longtemps utilisée dans les débats internes de la LCR de la « double liste » des inscrits, censée favoriser la prise de parole par les femmes et leur donnant la priorité, sinon la reconnaissance que les femmes éprouvaient des difficultés à s'exprimer dans cette organisation « féministe » ? Que signifie dans les camps d'été de la LCR, et dans le même esprit, l'organisation de soirées exclusivement féminines ?
Qu'un grand parti ouvrier organise autour de lui des organisations « de masse » destinées aux femmes, aux jeunes, est une chose. Mais qu'un petit groupe (parce que la LCR et le NPA après lui, tout comme Lutte Ouvrière, n'ont jamais été autre chose) introduise dans ses propres rangs, au nom de la lutte pour l'égalité, ce qui n'est alors rien d'autre qu'une ségrégation, est aberrant.
Nul n'échappe certes totalement aux pressions de la société dans laquelle il vit, mais l'une des tâches d'une organisation communiste, c'est d'apprendre à ses militantes et militants à raisonner non en hommes ou en femmes, mais justement en communistes.
C'est le même paternalisme que l'on retrouve dans la manière de se comporter vis-à-vis des jeunes musulmans qui sont déjà en contact étroit avec le mouvement, quand par exemple au camp d'été 2009 du NPA, qui tombait en période de ramadan, les organisateurs du camp organisaient après le coucher du soleil un repas de « rupture du jeûne » pour des participants musulmans. Curieuse manière de lutter contre les préjugés religieux !
Vexé de s'être fait rappeler que Marx avait écrit que « la religion est l'opium du peuple », l'un des dirigeants du NPA, Fred Borras, parle d'une « citation tronquée », et cite ce que Marx avait écrit « en réalité », en affirmant « on voit que l'idée est un brin plus sophistiquée ». Mais si la célèbre formule de Marx ne constitue qu'une phrase dans un plus long développement, le reste ne la contredit pas, ne la modère même pas, malgré toutes les contorsions intellectuelles pour lui faire dire autre chose que ce qu'il a écrit.
[Voici le texte de l'extrait de l'Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel écrite en 1843 par le jeune Marx, tel qu'il est cité par Fred Borras dans Tout est à nous, hebdomadaire du NPA, du 11 février 2010, après avoir affirmé : « Il faut par ailleurs rendre à Marx ce qui est à Marx ».
Marx écrit : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre part, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple ». Et Fred Borras enchaîne avec un autre extrait de ce texte, séparé du premier par plusieurs paragraphes (cette omission de toute une partie du texte de Marx n'étant signalée que par des points de suspension - mais nous n'accuserons pas Fred Borras d'avoir tronqué sa citation !) : « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions ». Et Fred Borras conclut : « On voit que l'idée est un brin plus sophistiquée ».
Non, l'idée n'est pas plus sophistiquée... du moins pour ceux qui militent pour que « le peuple renonce à une situation qui a besoin d'illusions », comme aurait dit le Marx de 1843. Pour ceux qui ne se contentent pas de la contempler.]
L'un des « intellectuels » évoqués plus haut, Gilbert Achcar, qui a été professeur de « sciences politiques et des relations internationales » à l'Université Paris VIII, ose écrire dans la même veine : « Le marxisme classique n'envisageait la religion que sous l'angle du rapport des sociétés européennes à leurs propres religions traditionnelles ». C'est une contre-vérité, car justement dans ce texte où l'on trouve la célèbre affirmation : « La religion est l'opium du peuple », Marx envisage les rapports de l'humanité et des religions en général, et non pas dans les seules sociétés occidentales. « Il ne prenait pas en considération - poursuit Achcar - la persécution des minorités religieuses, ni surtout la persécution des religions de peuples opprimés par des États oppresseurs appartenant à une autre religion ». C'est une deuxième contre-vérité. Le colonialisme de l'époque impérialiste, celui du 19e siècle, n'a nullement lutté contre les religions indigènes. Ce sont les églises, catholiques et protestantes, qui ont essayé avec plus ou moins de succès de les évincer. Mais les États impérialistes se sont au contraire appuyés sur tout ce qu'il y avait de forces réactionnaires dans ces pays, les féodalités et les chefferies locales, comme les religions, pour asseoir leur domination.
Achcar ajoute : « Dans un contexte dominé par le racisme, corollaire naturel de l'héritage colonial, les persécutions de la religion des opprimé-es, ex-colonisé-es (...) doivent être rejetées (...) parce qu'elles sont une dimension de l'oppression ethnique ou raciale, aussi intolérable que le sont les persécutions et discriminations politiques, juridiques et économiques. »
Cette manière de présenter les choses sur le plan religieux occulte complètement l'aspect social du sort fait aux travailleurs immigrés en France, ce qui ne peut évidemment que plaire aux religieux, qui ne veulent pas non plus en entendre parler. Elle n'est pas juste.
La fausse barbe de « l'islamophobie »
Toute critique du port du voile se voit aussitôt qualifiée par certains de manifestation « d'islamophobie ». Mais ce néologisme, qu'affectionnent les musulmans religieux, peut avoir tellement de sens différents qu'il n'en a aucun. Si cela signifie être critique vis-à-vis de l'islam, en tant que matérialistes, que « mécréants » comme ils disent, oui nous sommes islamophobes, comme certains pourraient dire de nous que nous sommes christianophobes, judéophobes, bouddhistophobes, pour ne pas parler de religions plus exotiques. Mais le plus souvent il s'agit de sous-entendre par islamophobie un rejet de tous ceux qui partagent la foi musulmane, ce qui est une ânerie, non seulement quand il vise l'attitude des communistes révolutionnaires, mais même en ce qui concerne l'attitude de l'impérialisme français et des hommes qui le servent au plus haut niveau.
Sarkozy ne s'est pas comporté en « islamophobe » hypocrite en mettant en place en 2003, en tant que ministre de l'Intérieur et des cultes, le Conseil français du culte musulman, mais en homme politique de la bourgeoisie française responsable. Ce projet, qui avait été initié par ses prédécesseurs socialistes Chevènement et Vaillant, servait les intérêts de celle-ci en créant une structure susceptible de faire encadrer une large fraction de la population d'origine musulmane par des gens aussi opposés que les ministres de la République à toute contestation sociale.
Et nul ne peut dire que les princes saoudiens ou les émirs du Golfe sont victimes d'islamophobie quand ils viennent en France en voyage politique, en voyage d'affaires ou pour un séjour sur la Côte d'Azur.
Si la grande majorité de la population d'origine musulmane est soumise par les autorités à des mesures discriminatoires, vexatoires, c'est bien plus pour des raisons sociales que pour des raisons religieuses, et le maire de Gussainville déjà cité a donné un bon exemple de ce racisme-là, en déclarant qu'il avait voulu parler des chômeurs, des érémistes et des retraités. D'ailleurs les Roms, qui professent pour la plupart un christianisme ostentatoire, sont victimes du même mépris, des mêmes discriminations, des mêmes tracasseries, que les populations pauvres d'origine musulmane, du même racisme antipauvre.
La xénophobie, le racisme, existent évidemment dans de larges couches de la population française, et pour les plus réactionnaires la France ne saurait être autre chose qu'un pays de Gaulois catholiques... même si les Gaulois ne l'étaient pas. Les réactions que l'on a pu noter après le référendum organisé en Suisse ayant abouti à interdire l'érection de minarets dans ce pays en sont l'illustration. Ce racisme est également largement présent dans les forces de police. Les travailleurs d'origine maghrébine en sont certainement encore plus victimes que les immigrés d'autres origines, et c'est là un legs empoisonné des guerres coloniales en Afrique du Nord, et en premier lieu de la guerre d'Algérie. Et les hommes politiques de la bourgeoisie n'hésitent pas à spéculer sur ces sentiments, le prétendu « débat sur l'identité nationale » n'étant que le dernier avatar de ces pratiques répugnantes.
Mais réduire le problème à « l'islamophobie », c'est à la fois se placer sur le terrain des religieux et contribuer à dissimuler aux yeux des travailleurs d'origine maghrébine et africaine les racines de leur oppression.
Communisme et liberté religieuse
Les communistes révolutionnaires que nous sommes se réclament d'une tradition qui est celle d'un matérialisme militant, et dans leur propagande ils combattent l'influence de toutes les religions. Mais si nous pensons que la religion n'aura plus de raison d'être dans une société débarrassée de l'exploitation et de l'oppression, nous ne pensons pas que sa disparition soit un préalable nécessaire à la révolution sociale. Elle en sera au contraire la conséquence, à plus ou moins long terme, ce qui ne signifie pas que le prolétariat en lutte ne devra pas affronter les institutions religieuses si celles-ci se rangent, comme elles l'ont fait si souvent, aux côtés des forces de la réaction.
Notre anticléricalisme n'est pas celui de la bourgeoisie radicale du début du 20e siècle, pour qui la lutte contre l'Église n'était pas seulement un combat, tout à fait légitime, contre un adversaire de la République, mais aussi un moyen d'emmener les masses populaires sur un terrain où elles ne risquaient pas de remettre en cause l'ordre social. Dans le Parti socialiste de l'époque, ce type de comportement n'était pas non plus absent : le maire du Kremlin-Bicêtre, Eugène Thomas, est connu pour avoir pris en 1900 un arrêté municipal interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune... alors que, parmi les principaux dirigeants du parti, Jules Guesde et Paul Lafargue voyaient dans l'anticléricalisme radical-socialiste une manœuvre de diversion.
C'est la division de la société en classes sociales, l'opposition entre la bourgeoisie et le prolétariat, qui constitue la ligne de partage essentielle de la société. Et un ouvrier athée est bien plus proche d'un travailleur chrétien ou musulman que d'un capitaliste athée, espèce d'ailleurs en voie de disparition.
Cela implique nécessairement la reconnaissance du droit pour chaque citoyen de professer les opinions philosophiques ou religieuses de son choix, de participer à un culte religieux s'il le juge bon, et de pouvoir le faire dans des conditions dignes.
C'est pourquoi, en ce qui concerne la population musulmane, souvent condamnée à exercer son culte dans des conditions sordides, et qui se heurte à d'innombrables tracasseries de la part de municipalités désireuses de complaire à la fraction la plus réactionnaire de l'électorat, nous ne pouvons qu'être pour le droit des musulmans à faire construire des lieux de culte corrects (avec ou sans minarets !), dès lors que le financement en est assuré par la collectivité des fidèles et non par l'argent public.
L'intégrisme est toujours politique
Mais le port du voile n'est pas un simple signe d'identité religieuse, et les pressions qui s'exercent sur les femmes musulmanes pour qu'elles s'y soumettent ne proviennent pas seulement du milieu familial ; elles résultent des efforts déployés par les intégristes pour prendre le contrôle de l'ensemble de la population d'origine musulmane.
L'intégrisme, suivant le terme utilisé en France, ou le fondamentalisme, comme disent les Américains, qu'il soit chrétien ou musulman, n'est pas seulement une volonté de s'en tenir aux textes fondateurs d'une religion, il est toujours en même temps politiquement engagé.
La notion de laïcité, de séparation des affaires politiques et religieuses, est d'ailleurs une notion moderne, et à vrai dire assez maltraitée même dans un pays comme la France, qui se targue d'être un exemple en ce domaine, mais qui finance largement les écoles confessionnelles. L'Église catholique a eu bien du mal à renoncer à être un pouvoir temporel, comme le prouve l'exemple de l'Espagne franquiste, où la religion catholique était « la seule de la nation espagnole » et où personne ne pouvait avoir d'existence légale en dehors de l'Église, qui régentait l'état civil. Dans le monde musulman, il y a bien peu d'États qui puissent être considérés comme laïcisés.
Le propre de l'intégrisme, c'est de vouloir imposer ses propres règles, sa propre morale, à l'ensemble de la société. C'est ce que font les fondamentalistes américains ou les intégristes catholiques en France quand ils veulent interdire l'interruption volontaire de grossesse, non seulement dans la loi mais dans les faits, en s'en prenant violemment aux femmes qui souhaitent avorter, ou aux médecins qui pratiquent ces avortements. C'est ce que font les intégristes juifs en voulant interdire toute circulation automobile le jour du sabbat. C'est ce que font les intégristes musulmans en voulant imposer le voile à toutes les femmes. Et le but des uns et des autres, c'est de régenter toute la société, ou au moins ce qu'ils appellent leur « communauté », c'est d'y prendre et d'y exercer le pouvoir.
L'intégrisme, même lorsqu'il se manifeste sous la forme de simples pressions, à plus forte raison sous la forme de violences, pour imposer le respect de ce qu'il appelle les préceptes de l'islam est donc un adversaire de la classe ouvrière, y compris des travailleurs musulmans. Et le devoir de tous ceux qui se réclament de la classe ouvrière est de le combattre, et non de faire preuve de tolérance à son égard, sous prétexte qu'il serait une réponse à une « islamophobie » post-coloniale.
Les ancêtres politiques du NPA ont fait preuve en leur temps d'un suivisme total vis-à-vis du FLN algérien, alors qu'il était patent que toute la politique de cette organisation visait à la mise en place d'un pouvoir où les masses n'auraient pas leur mot à dire, et qui a finalement abouti à la dictature de Boumédiene. Faire preuve du même suivisme aujourd'hui vis-à-vis des religieux musulmans, oser affirmer que le port ostensible du voile est compatible avec un engagement féministe, laïque et anticapitaliste, sous prétexte que l'islam est la religion de peuples opprimés, relève du même opportunisme, qui est une véritable trahison des travailleurs musulmans.
Le problème n'est pas de se pencher avec condescendance sur les malheurs des travailleurs originaires du monde musulman, mais de combattre pour leur ouvrir la seule perspective qui vaille, une société où les travailleurs de toutes origines, de toutes cultures, exerceraient ensemble le pouvoir dans leur intérêt commun.
20 février 2010