Le 5 mai, surtout pas Le Pen, mais pas Chirac non plus !
Travailleuses, travailleurs,
Depuis le premier tour de la Présidentielle, les partis de gauche, comme un seul homme, se sont rangés derrière Chirac et ont demandé de voter pour lui au deuxième tour pour faire, paraît-il, barrage à Le Pen.
Ils n'ont pas honte ! Si Le Pen a augmenté ses voix, c'est en grande partie parce que ceux qui étaient au pouvoir ces dernières années, n'ont pas réduit le chômage, la cause de la paupérisation du monde du travail et de la petite délinquance.
Et aujourd'hui que Jospin a été éliminé, il faudrait que tous les travailleurs votent pour Chirac, pour un homme de droite qui est un représentant avoué et officiel du patronat !
Même le Parti Communiste s'y est mis. Non content d'avoir défendu pendant cinq ans la politique du gouvernement Jospin et s'être ainsi déconsidéré auprès de ses électeurs, voilà maintenant qu'il nous demande de plébisciter Chirac. Les partis de gauche s'aplatissent devant Chirac.
Le Pen est le pire ennemi des travailleurs.
Mais c'est une escroquerie de le présenter comme pouvant être élu au deuxième tour. Rien que les voix de la droite du premier tour, c'est-à-dire celles de Chirac, de Bayrou et de Madelin, représentent près de deux fois celles que Le Pen et Mégret ont obtenues.
Pourquoi donc Chirac devrait-il être élu avec les voix de la gauche ? Celles de droite devraient lui suffire ! C'est que Chirac va être élu pour cinq ans. Et en cinq ans, il peut se passer bien des choses. Que les élections législatives de juin prochain amènent une majorité de gauche ou une majorité de droite, nous aurons à subir la politique de Chirac, directement ou indirectement pendant cinq ans.
Alors, pourquoi nous demande-t-on de cautionner, à l'avance, tout ce qu'il pourra faire contre les travailleurs ?
S'il est élu avec 80 % des voix, il pourra nous dire " vous avez tous voté pour moi, vous étiez d'accord avec mon programme ". Car, contrairement à ce que disent certains, en votant pour Chirac on approuve qui il est socialement, ce qu'il dit politiquement et ce qu'il va faire. Et ne serait-ce que parce qu'on nous le présente comme un moindre mal, il pourra nous dire " vous m'avez voulu, vous m'avez, et c'est moi ou Le Pen ".
Il pourra même, un jour, dissoudre la Chambre des députés. Il pourrait y avoir, à ce moment-là, une majorité qui ne puisse pas gouverner sans l'extrême droite et qui pourrait même appeler Le Pen à diriger le gouvernement, répétant ainsi ce qui s'est passé en Autriche.
Bien des hommes qui soutiennent Chirac aujourd'hui à droite, ont fait alliance avec Le Pen il n'y a pas si longtemps et pourraient le faire à nouveau.
Alors, il faut que pas un seul travailleur vote Le Pen et il faut aussi que ceux qui ont voté pour lui au premier tour n'oublient pas qu'avec ce vote il font tort à toute la classe ouvrière.
Mais il ne faut pas plus voter pour Chirac qui nous préparera de tristes lendemain.
Une autre forme d'intox, alors que tout le monde voit bien que Chirac sera élu, c'est de nous dire qu'il faut qu'il le soit avec les pourcentages les plus importants pour que ce soit un référendum contre l'extrême droite.
Mais ce qui importe c'est le nombre d'hommes et de femmes qui n'auront pas voté pour Le Pen. Pas le pourcentage car, au premier tour, il y avait déjà 80 % des électeurs qui n'ont pas voté pour lui.
Si l'on cherche à faire rejeter Le Pen par 80 % des électeurs, cela ne fera rien de plus qu'au premier tour.
Il faut qu'il ait le moins de voix possible en valeur absolue, en nombre d'électeurs. Mais les voix pour Chirac venant du monde du travail nous lieraient les mains pour l'avenir, car cela renforcera la droite et le patronat, car il n'y a pas que Le Pen qui soit un danger.
Chirac n'a pas besoin des voix de la gauche. Qu'il soit donc élu avec les voix de son camp, les voix de la droite. Les travailleurs n'ont pas à le plébisciter..
Alors, le 5 mai, allez voter et, pour voter contre Le Pen sans plébisciter Chirac, mettez une enveloppe vide dans l'urne, votez blanc.
Cela comptera autant qu'un vote Chirac pour écarter Le Pen et cela ne compromettra pas notre avenir.
Arlette Laguiller - 1er mai 2002