Lors de son dernier congrès, en novembre 1991, la LCR s'était donné comme orientation d'agir pour la constitution "d'un parti non délimité programmatiquement". Ses perspectives politiques étaient d'ailleurs résumées par le titre évocateur qu'elle avait donné au manifeste qui fut adopté à l'issue de ce congrès : "A gauche du possible".
Aujourd'hui, un an plus tard, la direction de la LCR se félicite de la publication d'une déclaration intitulée "Engagement pour changer à gauche", signée par un certain nombre de personnalités politiques, parmi lesquelles trois anciens ministres PCF du gouvernement Mauroy, Charles Fiterman, Marcel Rigout et Anicet Le Pors, par d'autres dirigeants ou ex-dirigeants du PCF comme Guy Hermier et Claude Poperen, signée aussi par un autre ex-ministre, socialiste celui-là, Max Gallo, lié à Pierre Chevènement, etc., et pour la LCR par Alain Krivine et Daniel Bensaïd, entre autres.
Ce texte s'inscrit sans conteste dans la démarche choisie par la LCR l'an passé. D'ailleurs, elle laisse entendre qu'elle en a, pour une grande part, la paternité.
Deux mois auparavant, en effet, dans une déclaration de son bureau politique, fin septembre 1992, elle appelait à créer "... par le débat et par l'action... les conditions pour la naissance d'une gauche neuve...". "Lançons, précisait cet appel, un premier signe à l'occasion des prochaines élections. L'objectif ne saurait être de boucler un nouveau parti. Il s'agit, plus modestement, mais peut-être plus sûrement à cette étape, de dégager des axes de travail commun, et notamment de proposer des candidatures unitaires... Tous ensemble, discutons d'une plate-forme unitaire, à partir de quelques points clés : notamment la réduction du temps de travail et les trente-cinq heures, afin de faire refluer le chômage, une citoyenneté fondée sur l'égalité des droits ; la défense de l'environnement comme composante décisive de tout projet d'émancipation sociale. Ainsi, manifestant la possibilité d'une gauche digne de ce nom, pourraient se présenter des candidats dans le maximum de circonscriptions, sous un label commun, sans que quiconque renonce à son identité et à sa propre expression." (Rouge du 8 octobre 1992).
Cet appel dessinait donc, à l'avance, les grandes lignes de la déclaration "Pour changer à gauche" qu'Alain Krivine, dans le numéro de Rouge du 9 décembre 1992, considère comme un premier pas limité mais qui constitue, explique-t-il, "un événement important qui peut redonner confiance à toute une partie de la population écœurée et déboussolée par la pratique de la gauche gouvernementale". Il émet le souhait "que cette déclaration puisse aider à clarifier le débat à gauche et permette à travers des campagnes communes d'entraîner toute une génération de jeunes, et de moins jeunes, écœurée par les jeux politiques traditionnels et l'absence d'alternative crédible." La lecture de ce texte ne justifie pas un tel optimisme. Car même si on y met toute la complaisance possible, même si on fait abstraction de la personnalité d'un certain nombre de ses signataires qui donne à ce texte un éclairage tout à fait politicien, il est bien difficile d'y discerner des éléments de "clarification à gauche", et encore moins d'y trouver des raisons qui permettraient de redonner l'espoir. Même pour le lecteur "de gauche" le plus entraîné à la lecture entre les lignes.
Des "oublis" qui en disent long
Par exemple, on ne trouve pas un mot dans ce texte pour dénoncer ou même simplement pour évoquer l'exploitation. Le mot capitaliste n'y figure même pas, ni évidemment celui de classe ouvrière, encore moins celui de lutte de classe, remisé à l'évidence par les rédacteurs au rayon des vieilleries dépassées. Tout au plus y trouve-t-on une condamnation de l'argent "qui pollue tout" et une vague mise en cause du gouvernement qui accepte "le dogme de la finance comme grand régulateur de la société". Encore que cette critique soit tempérée par une demi-phrase qui précise "que des choses positives ont été réalisées au fil des années". Une place notable est faite à la défense de l'environnement, à la nécessité d'une réforme des institutions.
La seule évocation de la situation sociale française concerne le chômage qui, explique-t-on, "ne doit pas devenir une fatalité". Le texte ajoute que... "production et formation doivent servir en priorité à réduire l'exclusion. Cela exige une croissance de l'industrie et des services, mais une croissance humaine refusant comme critère la seule loi du marché, le productivisme et la concurrence exacerbée." Et pour corriger cette situation il faut, lit-on, "la réduction de la durée du travail à 35 heures, dans le respect du pouvoir d'achat et de la liberté du choix des salariés". La semaine de 35 heures, voilà qui est fait pour sonner agréablement aux oreilles de militants syndicalistes et à celles de certains militants d'extrême gauche. Mais par les temps qui courent, cette proposition n'est pas particulièrement audacieuse ni même vraiment originale. La répartition du travail entre tous est à la mode, dans les milieux les plus divers. Cela va des écologistes aux socialistes, en passant par un certain nombre de dirigeants de la droite, auxquels on peut ajouter les syndicalistes de la CFDT, ou même certains milieux patronaux. En fait, cela peut être une façon de proposer la répartition des sacrifices sur l'ensemble de la classe ouvrière, et en fin de compte, une façon d'éviter de s'en prendre aux profits patronaux. Bien sûr, la déclaration précise : "35 heures dans le respect du pouvoir d'achat". La formule a été choisie délibérément générale pour laisser place à toutes les interprétations possibles, et pour que l'éventail des signataire actuels et ceux que l'on espère racoler au bas du texte "Changer à gauche" puissent s'y reconnaître, chacun avec leur différence. Les seuls qui ne s'y reconnaîtront pas sont ceux qui placent leur intervention sur le terrain de la lutte de classe. On aurait pu parler des "35 heures avec maintien du salaire, indexé sur l'évolution des prix". Cela n'aurait pas été moins clair, et cela aurait tranché avec les bavardages actuels sur la "nécessaire solidarité", solidarité qui a cette particularité que le patronat en est exempté. Une telle revendication n'aurait certes pas été un appel au renversement du capitalisme, mais simplement un langage destiné à se faire entendre et reconnaître par les travailleurs comme leur défenseur, et leur porte-parole. Et cela contribuerait bien plus à "leur redonner l'espoir" et à leur redonner "confiance". Mais c'est justement ce que ne veulent pas ces soi-disant partisans du "Changement à gauche" dont on ne voit pas quel changement ils apportent... ne serait-ce que verbalement. Car ce n'est pas par oubli ni par manque d'imagination de leur part. C'est par choix politique, un choix significatif du terrain sur lequel les signataires de ce texte ont délibérément voulu se placer.
Contrairement à ce que prétendent les dirigeants de la LCR, les personnalités politiques qu'ils présentent comme étant en rupture avec la gauche gouvernementale, les Fiterman, les Max Gallo et autres ex-ministres, ou ex-dirigeants du PS et du PCF, ne font pas des pas, même petits, vers la gauche qualifiée, pour faire bien dans le décor, de "neuve" ou de "moderne". Ce n'est pas pour eux le début d'une évolution, mais bien plutôt un point d'arrivée qui montre en fait qu'ils n'ont pas bougé d'un iota. Ils tiennent à montrer qu'ils ne veulent pas quitter le camp de la défense des intérêts de la bourgeoisie, même en parole, même par les déclarations qu'ils cosignent. Et pourtant ils savent fort bien, comme tout politicien digne de ce nom, qu'un texte, une promesse ou une signature n'engage à rien. D'ailleurs comment auraient-ils pu être au gouvernement sinon ! Ils pourraient signer n'importe quoi. Mais le fait qu'ils ne le font pas indique, et c'est ainsi qu'ils veulent que cela soit compris, que, même par démagogie, par opportunisme, ils ne veulent pas s'affirmer comme des représentants, ni comme de simples porte-parole des travailleurs.
Mais avaient-ils vraiment besoin de le dire ? car quoi qu'ils puissent signer ou ne pas signer, leur passé est beaucoup plus parlant que toutes les déclarations. Ce passé, ils ne l'ont pas renié, ils n'ont même pas éprouvé le besoin de s'en expliquer, et encore moins de le critiquer. Max Gallo, ex-ministre, socialiste cette fois, était membre du gouvernement qui eut la responsabilité de l'assassinat du leader indépendantiste kanak Eloi Machoro, en novembre 1984 - les camarades de la LCR devraient s'en souvenir mieux que quiconque. Fiterman, en tant que ministre des Transports s'est rendu tristement célèbre pour avoir tenu des propos méprisants à l'égard des grévistes d'Air France, entre autres, pour ne relever que quelques faits qui se sont situés dans le cadre d'une solidarité ministérielle sans faille. Ce même Fiterman qui tout récemment encore a choisi de préciser, et on peut penser que ce geste a été mûrement pesé, de quelle façon il se situait par rapport au PS. Il a exprimé "sa colère" devant les déclarations d'un dirigeant du PCF, un fidèle de Georges Marchais, qui avait déclaré qu'il n'y aurait pas d'accord de désistement avec le PS lors des prochaines élections législatives. Fiterman a dit haut et fort son désaccord avec cette attitude. Car estime-t-il, "il faut tout faire pour aboutir à un accord national de désistement, car l'adversaire politique, c'est la droite et l'extrême droite. Et il faut tout faire pour les battre" (Le Monde du 9 janvier 1993). Depuis, Georges Marchais et le Comité Central du PCF se sont, en fait, alignés sur les positions de Fiterman sur cette question. Mais l'interpellation de Fiterman n'en est pas moins une indication claire de ses inclinations politiques actuelles. Encore qu'une telle "clarification" n'aille pas dans le sens que prétend la LCR.
Les hommes politiques que les dirigeants de la LCR voudraient présenter comme les promoteurs d'un renouveau, comme les artisans d'un "changement de la gauche", n'éprouvent même pas le besoin de faire l'effort, même de pure façade, de se démarquer de leur passé. Mais après tout, pourquoi le feraient-ils ? Pour plaire à l'extrême gauche et en particulier à la LCR ? C'est bien là le cadet de leurs soucis, car ils n'ont aucune raison de se donner, ne serait-ce qu'un soupçon d'allure qui puisse les faire se confondre avec l'extrême gauche. Quel profit en tireraient-ils, électoralement dans l'immédiat, et au-delà pour leur carrière politique ? D'ailleurs même l'étiquette de gauche dont ils se revendiquent, ils la disent "rénovée", "moderne", "loin des schémas et des classifications anciennes", pour ne citer que quelques qualificatifs qui sont aujourd'hui en vogue. Pourquoi donc feraient-ils le moindre geste vers l'extrême gauche, alors que c'est la direction de la LCR qui fait, sans aucune contrepartie, la totalité du chemin vers eux ? Non seulement elle les cautionne, mais elle les absout, en faisant silence sur ce qu'ils ont été et sur ce qu'ils ont fait,hier, et sur ce qu'ils pourraient faire demain. Les Fiterman et autres Gallo n'en demandaient sans doute pas tant. Mais après tout puisque le service est gratuit...
Une démarche électoraliste
Le fait que tout cela se développe dans un contexte électoral n'est pas fait pour en diminuer les ambiguïtés. Il s'agit avant tout d'une opération électorale. D'ailleurs le texte de la déclaration commence ainsi : "Les législatives approchent, mais voter pour qui, pourquoi ?"
Les camarades de la LCR se défendent de cette accusation. Ils présentent "l'engagement pour changer à gauche" comme une étape dans un processus de plus longue haleine, qui devrait, insistent-ils, se prolonger au-delà des élections. Celles-ci ne constituant qu'une échéance qui devrait servir de test de la solidité des engagements pris par les signataires de la déclaration. Mais quels engagements ? La signature de ce texte qui, nous l'avons vu, est politiquement sans contenu, n'engage à rien d'autre ses signataires... "qu'à poursuivre des débats". Tout au plus ceux qui s'y référeraient durant la campagne auraient la possibilité de se réclamer d'un label commun, "s'ils le souhaitent". Mais il n'est même pas exclu par la déclaration elle-même que plusieurs candidats se réclamant de ce "label" se trouvent en concurrence dans une même circonscription. On ne peut vraiment pas dire que tout cela soit particulièrement limpide et facilite le choix des électeurs en les éclairant politiquement.
Pour sa part, la LCR annonce qu'elle présentera "au moins 75 candidats" sous un sigle commun : "A gauche vraiment" et qui se réclameront donc, si rien ne change d'ici là, en même temps du label "Changer à gauche". En choisissant de s'intituler "A gauche vraiment", la LCR n'a-t-elle pas voulu dire implicitement que ses partenaires ne le sont pas vraiment ? Un certain nombre d'éléments montrent que la direction de la LCR n'a pas même ce recul par rapport à ses partenaires. Car en dehors du choix de ce sigle, qui, disons-le, ne précise pas grand-chose politiquement, surtout dans une période ou le terme de gauche est utilisé à toutes les sauces, la direction de la LCR n'a pas manifesté beaucoup d'empressement à se définir par rapport à eux. Ainsi, par exemple, lorsqu'elle a rendu publique sa décision de présenter des candidats LCR, avec sa propre étiquette et un sigle spécifique, elle a tenu à montrer qu'elle ne le faisait pas de gaîté de cœur, en s'excusant presque de ce geste. Elle a présenté sa décision non pas comme une démarche indispensable à la clarification politique, mais plutôt comme un choix obligé, qui lui était imposé par la mauvaise volonté de partenaires réticents à s'engager plus avant dans la démarche unitaire.
D'ailleurs la LCR se montre fort peu critique à l'égard des signataires du texte "Pour changer à gauche", limitant, pour l'essentiel, ses réserves à des aspects secondaires, tactiques de leur attitude. Ainsi par exemple, dans un texte adopté lors de son Comité Central du 21 et 22 novembre, elle reproche aux "refondateurs", c'est-à-dire aux opposants du PCF qui se retrouvent derrière Charles Fiterman d'être paralysés par le fait qu'ils sont encore à l'intérieur du PCF. Le Mouvement des citoyens (mouvement créé récemment par Chevènement, ancien ministre du PS) est présenté, dans ce même texte, comme "une première fracture au sein du Parti Socialiste". Mais "les limites politiques du courant Socialisme et Liberté, qui en constitue la charpente (discours républicain et à tendance nationaliste, éloge du productivisme et faiblesse de ses propositions sociales, comme de son positionnement sur l'immigration...) sont évidentes". Voilà pour la partie critique. Aussitôt corrigée par l'affirmation positive "qu'à travers ses prises de position lors de la guerre du Golfe et du référendum, il n'en opère pas moins UNE RUPTURE A GAUCHE (c'est nous qui soulignons) avec la politique conduite depuis onze ans. Il lui reste néanmoins, à l'occasion des prochaines législatives, à franchir le pas décisif de l'indépendance envers le PS". Le nationalisme, comme ce que la LCR appelle "la faiblesse de ses propositions sociales, la faiblesse de son positionnement sur les problèmes de l'immigration", ne sont donc que des péchés véniels qui ne comptent pas puisque sur la guerre du Golfe, le référendum, Chevènement et ses partisans se sont démarqués du PS dont, faut-il le remarquer, ils sont aujourd'hui encore membres. Les dirigeants de la LCR ne se montrent guère exigeants dans le choix de leurs critères. A ne considérer que ces critères-là, d'autres politiciens, et d'autres forces politiques, qui ne se disent pas toutes de gauche, pourraient tout aussi bien figurer à son tableau d'honneur.
Autre exemple de la façon de raisonner de la LCR : la "gauche des Verts" - c'est la LCR qui les caractérise ainsi - se voit félicitée, dans cette même déclaration, "d'avoir franchi un pas politique important dans la bataille du "non "à Maastricht" ; mais par contre il lui est vertement reproché de préférer l'alliance avec Génération écologie au "détriment de son insertion dans les phénomènes de recomposition à gauche". La direction de la LCR voit une inconséquence là où pour tous ceux qui sont au courant de la vie politique française, il y a au contraire un comportement logique, qui illustre sans la moindre ambiguïté ce que sont ces "Verts" prétendument de gauche. En l'occurrence, l'incohérence n'est pas dans les choix des Verts, elle est du côté de la LCR. Juger selon les étiquettes est une méthode hasardeuse, en politique comme dans d'autres domaines ; mais le comble, c'est lorsqu'on distribue soi-même les étiquettes, pour ensuite justifier ses choix. C'est ce que fait la direction de la LCR.
Cette fois encore, pourrait-on dire, car la démarche n'est pas nouvelle de sa part. Pour ne prendre que des exemples récents, il en fut de même quand on nous a expliqué, en 1986, que le salut viendrait de la nébuleuse appelée "alternative", puis en 1988, qu'il viendrait de la comète Juquin. La version actuelle prend corps - si l'on peut dire - autour de cet appel "Pour changer à gauche". Elle s'inscrit dans un raisonnement du même type. Sauf que cette fois, les personnalités impliquées ont une notoriété plus grande. C'est vrai qu'il y a du beau linge : 5 anciens ministres, des membres ou ex-membres des instances dirigeantes du PS ou du PCF. Mais cela ne donne pas pour autant un contenu "de gauche" au projet, encore moins un contenu "socialiste" ou "communiste", au sens qu'ont encore ces termes pour le mouvement révolutionnaire. Mais cela, de toute façon, la LCR ne le prétend pas. Tout au plus laisse-t-elle entendre, de moins en moins il est vrai, qu'il y aurait une dynamique qui pourrait évoluer dans ce sens.
C'est totalement faux. C'est même tout le contraire. En supposant que le rassemblement pour lequel elle milite devienne une force électorale et politique, cela renforcerait peut-être les positions d'un certain nombre de leaders politiques qui, dans les opérations de reclassement tous azimuts qui agitent le monde politicien français en ce moment, ont choisi d'occuper ce créneau. Tout comme d'autres, au sein du Parti Socialiste, s'orientent vers les centristes. Cette opération se fera-t-elle au profit d'un Chevènement - les pronostics le donnent bien placé - avec pour lieutenants Fiterman et d'autres pris au sein de ce regroupement ? C'est une hypothèse. On peut en faire d'autres, concernant cette future recomposition politique. La seule que l'on peut exclure, sans risque de se tromper, c'est que cela se traduise par l'émergence d'une force qui se place sur le terrain des intérêts des travailleurs et de la population laborieuse.
Et la LCR dans tout cela ? Si le projet dont elle assure la publicité se réalisait, elle n'en aurait été que la mouche du coche avant d'en devenir, au mieux, un élément marginal, sans poids réel dans ce mouvement. Et pas seulement à cause du rapport de force qui fait que, dans ce rassemblement, la LCR a bien du mal à se faire voir et à se faire entendre. Mais surtout du fait que, politiquement, elle a choisi de gommer ses positions propres. A croire qu'elle n'en a pas. D'ailleurs qui est à même de connaître les différences entre les positions de la LCR et celles de ses partenaires ? Qui sait quelles positions défendront les candidats d'"A gauche vraiment" différentes de celles des candidats "Pour changer à gauche" ? Il est significatif que la direction de la LCR a accordé la plus grande publicité à la déclaration "Pour changer à gauche", bien avant que l'on sache quelles seraient les grandes lignes de la campagne des candidats "A gauche vraiment". A tel point qu'on est bien en peine de dire ce qui les distingue.
Nous pensons que, comme pour ses précédentes tentatives de "recomposition", la LCR fait fausse route. En contribuant, même à l'échelle de ses faibles forces, à réhabiliter quelques monuments politiques en péril qui ont choisi un créneau dit de "gauche" comme moyen de poursuivre leur carrière, non seulement elle se marginalise et s'affaiblit de plus en plus - comme ce fut le cas lors des expériences de "l'Alternative" et de Juquin - mais surtout, elle abandonne de plus en plus ouvertement la perspective d'un parti ouvrier révolutionnaire.
C'est là, pensons-nous, une démission politique, lourde de conséquences. Car il est, à notre sens, d'une importance vitale, aujourd'hui, de ne pas capituler devant la pression ambiante qui pousse à abandonner les idées de la lutte de classe et de jeter par-dessus bord les références au communisme révolutionnaire.