Comme chaque année, le Premier ministre a invité à dîner les chefs des différents partis de la gauche plurielle pour célébrer l'anniversaire du gouvernement. Il y a trois ans en effet, au début de juin 1997, au lendemain du deuxième tour des élections législatives remportées par la gauche, Jacques Chirac nommait Lionel Jospin Premier ministre. Lionel Jospin a déclaré au cours du dîner que "la mise en valeur du bilan [du gouvernement] créditerait le projet" pour les législatives de l'an 2002. Mais il n'a pas précisé auprès de qui. Car , en ce qui concerne les travailleurs, on peut dire que la politique de la gauche plurielle ne les a en rien aidés à se protéger des attaques patronales : tout au contraire, ce gouvernement, tout comme ceux qui l'ont précédé, a mis tout son poids pour aider la bourgeoisie à mener son offensive contre le monde du travail.
Nous n'aborderons pas dans cet article la politique extérieure du gouvernement, elle aussi bien entendu au service des intérêts des grands groupes capitalistes français, parce que dans ce domaine Jospin s'était engagé à l'avance à s'aligner sur la politique présidentielle, celle de Jacques Chirac. Quelques jours avant le premier tour, le 20 mai 1997, alors que Chirac avertissait : "N'oublions jamais que [la France] ne pourra défendre ses intérêts que si elle est capable de parler d'une seule voix, d'une voix forte !", Jospin s'empressait de répondre le jour même qu'il était "évident" que la France parlerait "d'une seule voix" ! C'est dire qu'en ce qui concerne la politique de l'impérialisme français, le futur Premier ministre socialiste reconnaissait qu'il n'entendait pas mener une politique différente de celle de la droite.
C'est, par contre, sur la politique économique et sociale du futur gouvernement que, pour séduire l'électorat populaire, Lionel Jospin a fait mine de se distinguer de son prédécesseur. Certes, il a fait très peu de promesses, il a suggéré plus qu'il n'a promis, mais, à peine arrivé au gouvernement, il a renié tout ce qu'il avait laissé entendre et même ce qu'il avait explicitement affirmé. Et on peut aujourd'hui affirmer qu'en trois ans de gouvernement de la gauche plurielle, les travailleurs ont subi une offensive sans précédent sur leurs conditions de vie et de travail.
Laisser les patrons libres de licencier
L'attitude du gouvernement Jospin dans l'affaire de la fermeture par Renault de son usine belge de Vilvorde, qui a inauguré son gouvernement, illustre parfaitement le comportement du gouvernement face aux exigences patronales.
L'annonce par le PDG de Renault de la décision de fermer Vilvorde a été faite en février 1997 sous le gouvernement Juppé. Le 4 mars, Lionel Jospin demandait au gouvernement Juppé d'intervenir auprès de Renault pour que la décision "soit reconsidérée", estimant qu'elle était "financièrement, industriellement et socialement aberrante, alors que le groupe Renault a récemment investi 1,4 milliard de francs dans la modernisation". Le 16 mars, Lionel Jospin participait à une manifestation européenne contre la fermeture de Vilvorde, à Bruxelles. Le 29 mai, trois jours avant le deuxième tour des élections législatives anticipées, au sortir de son dernier meeting électoral à Lille, Jospin recevait une délégation de salariés de Vilvorde et leur promettait : "En tant qu'actionnaires de Renault, dans l'hypothèse d'une victoire de la gauche aux élections, les représentants de l'Etat au conseil d'administration exigeraient que d'autres mesures soient envisagées, étudiées et préparées pour résoudre les difficultés qui peuvent exister en matière de coûts de production de l'usine de Vilvorde".
Mais une fois Premier ministre, Jospin changea immédiatement de ton et amorça un virage qui laissait entendre qu'il laisserait faire Renault. Dès le 6 juin, Jospin affirmait, à Malmö, en Suède : "J'ai une sensibilité et une opinion en tant que responsable politique, mais je ne peux pas apporter une réponse à un problème industriel". Bref, entre l'opinion du responsable politique et ses actes en tant que chef du gouvernement, il fallait manifestement s'attendre à quelque différence ! Jospin le confirma dès le lendemain au Premier ministre belge : "Sur le dossier Vilvorde, ce n est pas le gouvernement qui décide et il n'a pas, non plus, une emprise directe sur Renault". Bref, le gouvernement était impuissant ! Tout ce qu'il obtint de Schweitzer, le PDG de Renault, ce fut la nomination d'un expert indépendant qui... ne fit que confirmer qu'il fallait fermer Vilvorde. Le 1er juillet, Jospin affirma devant les députés socialistes : "J'ai tenu mon engagement : rouvrir le dossier de la fermeture de l'usine Renault". Argumentant que l'Etat était actionnaire minoritaire chez Renault (il est tout de même le premier actionnaire, et de loin, avec 46 % des actions), il a "regretté" la décision de l'expert, mais a-t-il ajouté : "nous ne vivons plus dans une économie administrée".
Voilà avec quel cynisme Jospin a inauguré le nouveau gouvernement. Il montrait aux patrons qu'il n'interviendrait pas dans leurs affaires et les laisserait licencier à leur guise, fermer des usines si tel était leur bon plaisir, quitte à jeter à la rue des milliers de travailleurs.
Malgré tout, pour faire passer ce reniement si rapide et si flagrant, Jospin répéta dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée, le 19 juin, qu'il légifèrerait sur les licenciements économiques : "Dès mon arrivée, j'ai été confronté aux conséquences du conflit de l'usine Vilvorde. Je souhaite que cette situation ne se reproduise pas. (....) C'est pourquoi j'ai demandé au ministre de l'Emploi et de la Solidarité de réexaminer la législation en matière de licenciement économique(...)". Dans le passé, Jospin avait d'ailleurs regretté que la gauche n'ait pas rétabli dès 1988 l'autorisation administrative de licenciement, supprimée par la droite en 1986. En juin 1996, le Parti Socialiste s'était engagé à ce que "l'inspection du travail soit obligatoirement saisie" en cas de "plan social" et qu'elle puisse "refuser les licenciements". Jospin avait même précisé: "C'est un engagement très clair, que nous tiendrons si nous gagnons les élections législatives".
Martine Aubry fit traîner son "étude" pendant un an et annonça à l'automne 1998 que le projet était définitivement abandonné. Certes, cette possibilité de contrôle accordée aux inspecteurs du travail aurait été bien loin de constituer une réelle garantie contre les licenciements. Mais il est bien significatif que ceux-là mêmes qui le prétendaient y aient renoncé pour dire plus clairement encore aux patrons que le gouvernement n'entendait pas les gêner le moins du monde.
Et d'ailleurs les patrons ne se sont pas gênés pour licencier à tour de bras sous le nouveau gouvernement comme sous l'ancien. On a vu des entreprises annoncer des plans de licenciements alors même qu'elles faisaient de gros profits. Les annonces de suppressions d'emplois, faisant anticiper aux actionnaires des profits plus substantiels encore, provoquaient une hausse immédiate des actions, enrichissant d'autant leurs propriétaires !
Alors même que la crise était là, les profits des entreprises battaient record sur record, en même temps qu'elles multipliaient les plans dits sociaux de réduction des effectifs et que le chômage s'aggravait.
Et même depuis que les chiffres du chômage ont commencé à baisser, à partir de mai 1998 et surtout depuis un an, les grandes entreprises continuent à annoncer des plans de suppression d'emplois à répétition. Parfois les annonces à répétition n'ont pour but que de faire grimper la valeur des actions et ne sont pas forcément suivies d'effet. Mais bien plus souvent encore, les entreprises suppriment des emplois et licencient sans faire d'annonces publicitaires.
La diminution du chômage étant la résultante entre le nombre d'emplois nouvellement créés et le nombre d'emplois supprimés, les chiffres officiels indiqueraient donc qu'il y a plus d'emplois nouveaux que d'emplois supprimés. Mais, derrière les chiffres qui considèrent tous les emplois comme équivalents, il y a le fait que les emplois supprimés sont des emplois stables alors que les emplois créés sont des emplois précaires et mal payés qui remplacent, parfois dans les mêmes entreprises, les emplois stables supprimés.
Depuis trois ans, les plans de suppression d'emplois se sont succédé sans discontinuer. A l'été 1997, Electrolux annonçait la suppression de 12 500 emplois dans le monde et la fermeture de 25 usines, Peugeot annonçait 2 800 suppressions d'emplois, le Crédit Lyonnais 5 000, Péchiney 2 700, Alcatel 1 200, Péchiney 2 700, et à la fin de l'année, Kodak en annonçait 16 000 dans le monde.
L'année suivante, c'était au tour de Panasonic, Weil, Texunion (DMC). Aventis (ex-Hoescht Marion Roussel et Rhône-Poulenc) annonça 11 000 suppressions d'emplois dans le monde dont 3 000 en France, Thomson CSF supprima 4 000 emplois.
En 1999, Renault-Nissan annonça la suppression de 21 000 emplois dans le monde. Il y a eu des suppressions d'emplois dans les banques, les arsenaux, aux chantiers navals au Havre, chez Epeda. Michelin annonça 7 500 suppressions d'emplois et ferma son usine Wolber dans l'Aisne.
Depuis le début de l'année 2000, TotalFina a annoncé 2 000 suppressions d'emplois, Moulinex un nouveau plan de 2 100 suppressions d'emplois et la fermeture de six usines sur neuf en France. Myrys a fermé ses portes. Unilever veut supprimer 25 000 emplois dans le monde et ABB-Alstom entend en supprimer 10 000, dont 1 500 en France. Quant à France Telecom, après avoir supprimé 5 000 emplois par an depuis 1996, elle a annoncé 18 000 suppressions d'emplois pour 2000-2002. Et ce ne sont là que quelques exemples.
Dans tous les cas, le gouvernement a fait preuve de la même indifférence pour le sort des travailleurs. Et même lorsqu'une décision particulièrement provocante a suscité une émotion dans le pays, le gouvernement, s'il a dû s'exprimer sur la question, s'est bien gardé d'interférer en faveur des travailleurs. Car sa conception, maintes fois réaffirmée par Martine Aubry et ses collaborateurs, et par Jospin lui-même, c'est que les chefs d'entreprises doivent avoir toute liberté pour gérer leurs entreprises comme ils l'entendent, y compris pour embaucher et licencier à leur gré.
Lorsque, le 8 septembre 1999, Michelin a annoncé son intention de supprimer 7 500 emplois en Europe, alors que son chiffre d'affaires était en hausse de 20 % et que cette entreprise voyait ses bénéfices augmenter de 82 % au premier semestre 1999 par rapport au premier semestre de l'année précédente, et que l'annonce du nouveau plan de suppressions d'emplois fit bondir les actions Michelin de 12,5 % en une journée, l'émotion fut telle que Jospin eut à prendre position. Le 10 septembre, tout ce qu'il trouvait à dire à Michelin, c'est: "Attention !". Le 13, il reprenait le même argument qu'il avait utilisé pour Vilvorde : "Je ne crois pas que l'on puisse administrer, désormais, l'économie". Excluant à nouveau le retour à l'autorisation administrative de licenciement, il laissait les travailleurs se débrouiller :"Les salariés existent, il y a des syndicats, une mobilisation qui peut se mener".
Fin septembre, Jospin, tentant de faire oublier son aveu d'impuissance, déclarait : "Nous veillerons à ce que les fonds publics, quels qu'ils soient, ne puissent être alloués" à des entreprises prospères qui licencient. Il s'agissait évidemment de paroles en l'air. Le gouvernement s'est contenté d'augmenter la taxe "Delalande" mise en place en 1986 par le gouvernement Chirac pour faire passer la suppression de l'autorisation administrative de licenciement et qui concerne les entreprises qui licencient des salariés de plus de 50 ans. Le gouvernement a également réduit le nombre de pré-retraites FNE.
Même pas la moindre menace à l'égard des entreprises qui licenciaient alors qu'elles faisaient largement assez de profit pour assurer tous les emplois supprimés. Pourtant, certaines de ces entreprises vivaient, partiellement ou totalement, des commandes d'Etat. Jospin avait, en réalité, les moyens non seulement de menacer ces patrons mais aussi de rendre ces menaces crédibles : il aurait pu dire aux dirigeants d'Alstom, par exemple, de stopper immédiatement les plans de suppression d'emplois sous peine que l'Etat supprime les subventions qu'il assurait pour la réalisation de certains projets comme celui concernant les paquebots construits par les Chantiers de l'Atlantique, filiale d'Alstom. Sans même parler d'entreprises comme Dassault, par exemple, qui vivent pour ainsi dire intégralement des commandes d'Etat, en majeure partie celles de l'Etat français. A qui fera-t-on croire que le gouvernement n'a pas de moyens de pression sur Monsieur Dassault ?
Mais il n'a même jamais été question de se servir de ces moyens de pression au profit des travailleurs tant le gouvernement est en réalité au service du grand patronat.
La baisse du chômage cache l'extension de la misère
Selon les chiffres officiels, le chômage vient de repasser sous la barre des 10 % de la population active et il n'y aurait "plus que" 2 400 000 chômeurs. Voilà qui est tout de même encore considérable puisqu'un travailleur sur dix est au chômage. Mais il faudrait ajouter le demi-million de ceux qui, parmi les RMIstes, ne sont plus comptés dans les statistiques du chômage, découragés qu'ils sont de pouvoir retrouver un emploi. D'ailleurs, les radiations vont bon train à l'ANPE : plus de 200 000 par an. Cela fait des chômeurs en moins dans les statistiques mais pas forcément dans la vie. Et puis il faudrait aussi ajouter ceux qui travaillent plus de 78 heures par mois et ne sont pas comptabilisés ainsi que ceux (430 000) qui recherchent un travail à temps partiel et qui ne sont pas comptés non plus dans le chiffre officiel.
L'amélioration, toute relative, des chiffres du chômage dissimule en fait un développement important de la précarité et de la misère. Le nombre de RMIstes est en augmentation et atteint 1 145 000. De plus en plus d'emplois sont des emplois précaires ou à temps partiel et mal payés : interim, contrats à durée déterminée, Contrats Emploi-Solidarité à 2 500 F par mois, emplois à temps partiel imposé, etc.
Plus les patrons payent mal les travailleurs, plus ils bénéficient d'exonérations de charges sociales ! Si bien qu'il y a des centaines de milliers de travailleurs qui ne sont pas chômeurs officiellement mais qui doivent se contenter d'un travail qui les laisse au-dessous du seuil de pauvreté. On compte 1 850 000 personnes dans ce cas. Cela illustre la régression considérable des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière.
D'ailleurs, lorsque le gouvernement a institué la Couverture Maladie Universelle, la CMU qui, malgré les nombreuses restrictions, est censée protéger un peu mieux que l'ancienne Assistance Médicale Gratuite, il a été calculé qu'elle concernerait six millions de personnes.
Le gouvernement affirme que c'est grâce à sa politique de l'emploi que le chômage baisse. Les chiffres démontrent le contraire. La promesse de Jospin de créer 700 000 emplois-jeunes en trois ans (350 000 dans le public et 350 000 dans le privé) est bien loin d'être respectée. En janvier 2000, il y avait 211 000 emplois-jeunes dans le secteur public et aucun dans le secteur privé. Quelques conventions récentes avec des entreprises privées de services et du bâtiment prévoient tout juste la création de quelques milliers d'emplois. Remarquons que ces emplois, à l'initiative du gouvernement, sont des emplois au SMIC, à durée déterminée d'un an renouvelable pendant cinq ans maximum. C'est dire l'hypocrisie des discours gouvernementaux sur la résorption de la précarité.
Le gouvernement à l'offensive contre les travailleurs
Le gouvernement ne se contente pas de laisser faire les patrons sans entrave. Il pèse de tout son poids pour continuer à démanteler la législation du travail existante et donner satisfaction au patronat qui réclame que toutes les entraves à l'exploitation des travailleurs soient levées.
C'est ainsi que la loi sur les 35 heures préparée par Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, présentée comme une loi sociale permettant de réduire le temps de travail, a aidé le patronat à généraliser la flexibilité des horaires de travail au gré de la production. Les cris d'indignation hypocrites des dirigeants du patronat contre la loi ont eux-mêmes contribué à crédibiliser les prétentions sociales du gouvernement et à occulter la nouvelle offensive contre les conditions de vie des travailleurs qu'elles dissimulaient.
Rappelons tout de même que voilà plus de vingt ans que le patronat réclame le droit d'organiser les horaires de travail à sa guise. La première entorse légale faite à la durée hebdomadaire du travail dans le but "d'aménager le temps de travail" pour permettre aux patrons de mieux faire face aux "à-coups de la production" a été réalisée au début du premier septennat de Mitterrand par l'ordonnance du 16 janvier 1982 relative à la mise en place des 39 heures. Un crédit de 130 heures supplémentaires sur l'année était accordé aux patrons qui pouvaient en user à leur gré sans autorisation de l'inspecteur du travail. Patronat et syndicats étaient en outre autorisés à négocier par branches des accords dérogatoires à la loi pour aménager le temps de travail. Mais, à l'époque, une vague de grèves avait empêché les patrons de profiter pleinement du feu vert du gouvernement. De 1984 à 1986, patronat et gouvernement firent de multiples tentatives pour imposer dans la loi et dans les faits une véritable annualisation du temps de travail, c'est-à-dire la possibilité pour les patrons d'adapter sur l'année les horaires de travail aux aléas de la production, sans avoir à payer d'heures supplémentaires ou de chômage partiel, en imposant la flexibilité aux travailleurs. Le patronat ne réussit finalement pas à faire avaliser un tel accord par les centrales syndicales alors qu'il était pratiquement bouclé. Le gouvernement ne réussit pas non plus à faire passer au Parlement au cours de l'hiver 1985-1986 un projet de loi qui reprenait les termes de l'accord proposé par le patronat. L'intention y était bel et bien mais c'est le gouvernement de droite issu des élections législatives de 1986 qui, en 1987, légalisa l'annualisation du temps de travail négociée non seulement par branche d'activité mais même négociée entreprise par entreprise, à condition que les horaires ne dépassent pas sur l'année une moyenne de 39 heures par semaine. Seule une minorité d'entreprises mirent cependant à profit les possibilités offertes par la loi à l'époque.
Aujourd'hui, la loi Aubry et un rapport de forces encore plus défavorable aux travailleurs qu'à l'époque se conjuguent pour donner au patronat les moyens de généraliser l'annualisation du temps de travail et d'imposer une flexibilité aggravée aux travailleurs.
Dans les entreprises privées, le temps de travail légal est de 35 heures depuis le 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et pour les autres en 2002. Mais il n'est pas interdit de recourir aux heures supplémentaires. L'horaire de travail peut être calculé à l'année : 35 heures par semaine équivalant à 1 600 heures sur l'année, réparties de façon flexible au gré du patron, avec des maxima possibles de 48 heures pour une semaine ou de 44 heures pour douze semaines consécutives, sans que cela donne droit à une majoration des heures au-delà des 35 heures si le total sur l'année ne dépasse pas les 1 600 heures. La loi Aubry permet donc aux patrons de faire trimer les travailleurs bien au-delà des 35 heures lorsque les carnets de commandes sont pleins et de changer les horaires, supprimer des équipes, renvoyer des travailleurs chez eux, sans avoir à payer pour le chômage partiel, lorsque l'activité est en baisse. Des dérogations ont déjà été accordées à des branches comme la chimie, les banques, la métallurgie, les mines pour porter à 1 645 heures le nombre d'heures autorisé à l'année. Enfin, la loi introduit la notion de "temps de travail effectif" qui permet de ne plus compter dans le temps de travail les temps de pause, de casse-croûte, de douche, etc., dès lors que le salarié n'est plus soumis pendant ces périodes aux directives de l'encadrement.
La loi Aubry permet donc des économies considérables pour le patronat. Mais les travailleurs subissent, eux, une désorganisation importante de leur vie personnelle qui doit être réglée sur les à-coups de la production. Quant aux prétendues créations d'emplois que la loi devrait générer aux dires du gouvernement, il s'agit d'un mensonge de plus car, telle qu'elle est conçue, la loi permet surtout aux patrons d'économiser des embauches.
Non content de promulguer une loi qui constitue un avantage important pour le patronat, le gouvernement a prévu de verser des sommes considérables aux entreprises pour les "aider" à appliquer la loi, la seule condition étant que cette application soit négociée avec les organisations syndicales. Les entreprises qui s'engagent à embaucher ou à sauvegarder des emplois touchent une somme allant jusqu'à 21 500 F par an pour chaque salarié payé au SMIC, somme qui diminue progressivement pour les salaires supérieurs mais qui est au moins de 4 000 F par salarié et par an. Le gouvernement estime que la loi Aubry coûte 120 milliards de francs aux finances publiques.
Enfin, un aspect important et néfaste de la loi pour les travailleurs, c'est que les modalités d'application de la loi Aubry se négocient entreprise par entreprise, voire établissement par établissement. Les conventions collectives sont un peu plus encore foulées au pied. Le rapport des forces est encore plus à l'avantage du patron, surtout dans les entreprises petites et moyennes. Les reculs de la condition ouvrière, imposés par le patronat, sont plus ou moins graves selon les entreprises. Mais le résultat global le plus dommageable, c'est l'émiettement de la classe ouvrière en une multitude de situations différentes, menant, en cas de résistance de la part des travailleurs, à des luttes défensives et éclatées, sans liens les unes avec les autres, les travailleurs de chaque entreprise se retrouvant isolés face aux exigences de leur patron.
La pompe à finances
Depuis trois ans, le gouvernement Jospin, tout comme ses prédécesseurs, multiplie aides et subventions au patronat sous prétexte de créer des emplois.
Pour satisfaire le patronat, l'Etat doit trouver de l'argent par tous les moyens. L'un de ces moyens est la vente des entreprises publiques. Depuis quinze ans, les différents gouvernements ne s'en sont pas privés. Mais c'est le gouvernement Jospin qui a battu tous les records. Pourtant la déclaration commune des dirigeants du Parti Socialiste et du Parti Communiste qui a constitué le programme de la gauche pour les élections législatives anticipées de mai-juin 1997 s'engageait à arrêter "le processus de privatisation de France Telecom, Thomson et Air France". Mais, dès l'automne 1997, la gauche plurielle entamait, sous le nom pudique d'ouverture du capital, la privatisation de France Telecom en vendant 22,5 % des actions au privé. Suivirent Thomson CSF, où la part de l'Etat devint minoritaire, Thomson multimédia, Aérospatiale Matra, Air France. La Caisse nationale de Prévoyance, les assurances GAN, la compagnie bancaire CIC furent privatisées ainsi que la Société Marseillaise de Crédit, le Crédit Lyonnais, le Crédit Foncier. France Telecom a connu une nouvelle tranche de privatisation de même qu'Air France.
Au cours des deux premières années, le gouvernement Jospin a vendu pour 175 milliards de francs d'actions d'entreprises publiques. Chirac en avait vendu, de 1986 à 1988, pour 77 milliards de francs. Balladur, de 1993 à 1995, puis Juppé, de 1995 à 1997, pour 123 milliards. En d'autres termes, Jospin a privatisé en trois ans nettement plus que ses deux prédécesseurs de droite, Balladur et Juppé réunis, en quatre ans !
Evidemment ces privatisations sont encore des cadeaux aux détenteurs de capitaux qui peuvent ainsi profiter des secteurs les plus rentables des entreprises publiques. Mais surtout cela procure des rentrées indispensables au gouvernement, qui a de plus en plus de mal à faire face aux énormes transferts d'argent auquel il préside en faveur des entreprises. Le gouvernement a beau brader les entreprises publiques, y compris certains services publics, à un rythme accéléré, cela ne suffit pas à étancher la soif du patronat pour les subventions, exonérations et aides de toutes sortes qu'il réclame à cor et à cri.
Depuis le temps que les cadeaux s'ajoutent aux subventions, et que le patronat aspire ainsi, grâce à l'aide de l'Etat, une part croissante des richesses produites, les finances publiques peuvent de moins en moins faire face aux autres dépenses, en particulier aux dépenses de services publics pourtant indispensables à la majorité de la population. Le gouvernement Jospin, comme les autres, économise sur les services publics pour que l'argent des impôts puisse être au maximum consacré à autre chose. Il exige que des critères de rentabilité président à la gestion de ces services. Que ce soit à La Poste, à l'EDF-GDF, à la SNCF, partout ce sont les même pressions pour réduire le personnel. Dans les hôpitaux, à l'Education nationale, on fait des économies sur le matériel, les locaux, le personnel. Le gouvernement Jospin n'a certes pas innové en la matière : cela fait des années que la situation se dégrade dans les services publics. Mais il continue sur la lancée de ses prédécesseurs. En ce qui concerne la santé et la Sécurité sociale, il poursuit l'application du plan Juppé. Pour faire des économies à tout prix, on ferme des lits dans les hôpitaux, des services entiers et même des hôpitaux de proximité ou des maternités. Dans l'enseignement, les projets de réformes visent à l'économie des moyens. Au fil des rentrées scolaires, la situation se dégrade de plus en plus mais le gouvernement se refuse à embaucher le personnel nécessaire. Les grèves d'enseignants ont amené le gouvernement à changer de ministre mais le nouveau poursuit les "réformes" engagées par son prédécesseur.
C'est cette politique qui a provoqué en réaction des mouvements de protestation, des grèves, des manifestations qui ont touché de très nombreux secteurs du service public, que ce soient les pompiers, les cheminots, les employés des impôts, le personnel des hôpitaux, les postiers...
La politique fiscale au service de la bourgeoisie
Là aussi, le gouvernement Jospin a poursuivi la politique de Juppé. Ce sont les entreprises et les ménages aisés qui bénéficient le plus des dispositions fiscales prises par le gouvernement.
Contrairement aux engagements pris pendant la campagne électorale, Jospin ne s'est pas empressé de revenir sur les deux points supplémentaires de TVA que Juppé avait institués et qui grèvent d'autant plus lourdement le budget des familles modestes que cet impôt n'est pas progressif. Deux point de TVA, ce sont quelque 60 milliards de francs essentiellement payés par la population laborieuse. Le gouvernement vient seulement en avril dernier de diminuer d'un point le taux en question. Mais il a par contre baissé très fortement, de 20,6 à 5,5 %, le taux appliqué aux travaux d'entretien du logement : un allégement de 20 milliards de francs, dont 30 % vont aux 10 % les plus aisés des ménages. L'allégement des droits perçus sur les donations, les héritages, les mutations, favorise encore plus nettement les ménages aisés.
En ce qui concerne les impôts directs, il est tout aussi significatif que Jospin ne soit pas revenu sur la diminution décidée par Juppé du taux de la tranche la plus élevée de 56,5 à 54 %, un cadeau de 23 milliards de francs aux plus riches.
Par contre, Jospin a étendu la CSG et en a considérablement augmenté le taux, de 3,4 % à 7,5 %. Au point que le rendement de cet impôt dépasse maintenant le rendement de l'impôt sur le revenu. Or il s'agit d'un impôt direct non progressif, donc beaucoup plus injuste.
Les entreprises, elles, ont largement profité de la politique fiscale du gouvernement. Oh, certes en 1997, Jospin a majoré de 15 % l'impôt sur les sociétés, à titre exceptionnel, en s'engageant à diminuer cette majoration en 1999 et à la supprimer ensuite. Cette fois, la promesse a bien été scrupuleusement respectée. Et puis surtout il a décidé de supprimer progressivement en cinq ans la partie de la taxe professionnelle qui repose sur les salaires : un cadeau de 27 milliards de francs pour le patronat qui va entraîner des baisses de rentrées pour les collectivités locales et donc une détérioration des services à la population.
L'accroissement sans précédent des profits et l'enrichissement de la bourgeoisie
Le plus scandaleux, c'est que pendant que l'on démolit les protections sociales, que l'on pousse des millions de gens dans la précarité et la misère, on favorise de façon outrageuse l'enrichissement des plus riches.
Le montant des aides diverses aux entreprises s'accroît en effet chaque année. L'un des directeurs de la Banque de France, chargé des entreprises, indiquait en janvier 1999 lors d'une audition d'une commission de l'Assemblée nationale, que "le montant des aides publiques aux entreprises dépenses de l'emploi comprises avoisine pour leur part 300 à 400 milliards de francs par an." C'était il y a plus d'un an et on pourra désormais y ajouter la manne de 120 milliards prévue par la loi Aubry !
Comment, dans ces conditions, les entreprises ne battraient-elles pas des records de profits ? Les profits des grandes entreprises s'accroissent en moyenne de plus de 20 % par an. Et ce n'est qu'une moyenne car, pour ne citer que quelques exemples, le groupe PSA (Peugeot-Citroën) a augmenté ses bénéfices de 51 % en 1999, la Société Générale de 81 %, les AGF de 32 %. La valeur des actions cotées en Bourse a augmenté de 30 % en 1998 et de plus de 50 % en 1999.
Sous prétexte que l'accroissement des profits devait générer les emplois futurs, tout a été fait depuis des années pour aider, subventionner les entreprises, les exonérer de charges sociales et d'impôts. L'argent public a été déversé à flots dans les caisses patronales. Cette manne n'a pas créé les emplois promis, elle a servi entièrement à l'enrichissement des entreprises et de leurs actionnaires, c'est-à-dire qu'elle a bénéficié entièrement à une seule classe sociale, la bourgeoisie.
Le gouvernement Jospin a continué, comme ses prédécesseurs, plus même que ses prédécesseurs, à opérer le scandaleux transfert de l'argent public au profit des intérêts privés.
Quelques mesurettes qui ne font pas vraiment la différence
Non seulement le gouvernement veut se montrer plus efficace que la droite pour servir la bourgeoisie mais il veut plaire aux couches les plus réactionnaires de l'électorat. Si bien que même lorsque les intérêts de la bourgeoisie ne sont pas en jeu, il renonce à toute mesure rompant avec les mesures de ses prédécesseurs. C'est ainsi qu'après s'être engagé à abroger les lois Pasqua-Debré qui rendaient plus difficile l'acquisition de la nationalité française aux travailleurs immigrés et renforçaient les mesures contre l'immigration, Jospin y a renoncé dès l'été 1997. Son ministre de l'Intérieur, Chevènement, y a ajouté une infamie supplémentaire. Ayant annoncé qu'il voulait régulariser la situation des personnes sans papiers, celles-ci ont déposé auprès des préfectures des dossiers en bonne et due forme, se livrant ainsi à l'arbitraire des préfets et se désignant à la police. Or, seulement un peu plus de la moitié de ces personnes ont obtenu des titres de séjour, l'autre moitié, près de 70 000 personnes, se trouvent désormais dans une situation plus précaire encore qu'auparavant, sous la menace permanente d'une expulsion, alors même que ce sont bien souvent des personnes qui vivent et travaillent en France depuis des années, qui y ont fondé une famille ou qui risquent pour leur sécurité en retournant dans leur pays.
Face à ce bilan largement négatif pour la population laborieuse, les quelques mesures "de gauche" prises par le gouvernement semblent assez symboliques et d'une portée limitée. Qu'il s'agisse du Pacs ou de la loi sur la parité entre les hommes et les femmes aux élections, ce sont des mesures qui ne sont guère plus audacieuses, et plutôt moins, que celles que des gouvernements de droite ont été capables de prendre, comme le droit de vote pour les jeunes à 18 ans ou la légalisation de l'avortement.
La gauche plurielle parle d'une seule voix
La grande réussite de Jospin jusqu'à présent, c'est d'avoir réussi à neutraliser ses alliés du PC et des Verts. A l'aide de quelques postes ministériels que les intéressés étaient friands d'accepter, il impose aux ministres, aux députés et aux partis eux-mêmes une solidarité gouvernementale presque sans faille.
Dominique Voynet a dû avaler pas mal de couleuvres et son ministère ne garantit nullement que le gouvernement prend davantage de mesures pour protéger un peu plus l'environnement. L'un de ses rares titres de gloire est d'avoir convaincu le gouvernement d'augmenter chaque année pendant sept ans de sept centimes les taxes sur le gasoil afin que celui-ci devienne aussi cher que l'essence sans plomb ! Merci pour les travailleurs obligés d'utiliser leur voiture pour se rendre au travail, faute de transports collectifs convenables !
Les Verts ne savent se montrer un peu plus menaçants que pour revendiquer un peu plus de postes au gouvernement ou un peu plus de places à l'Assemblée, avec le soutien du Parti Socialiste. La réussite électorale des écologistes lors des Européennes les amène à revendiquer auprès de Jospin plus de postes au gouvernement et plus d'élus aux prochaines municipales sur des listes communes avec le PS mais certainement pas à rompre avec la solidarité gouvernementale.
Quant à Robert Hue, il a dit et redit que la participation des communistes au gouvernement était conçue dans la durée et qu'il n'était pas question de se désolidariser de la politique de Jospin. Gayssot, en tant que ministre des Transports, va au charbon chaque fois que nécessaire pour défendre la politique gouvernementale. Et quand Robert Hue fait mine de vouloir faire pression sur le gouvernement, pour l'aider dit-il, en réclamant des mesures un peu plus radicales en faveur des travailleurs ou des chômeurs, il se fait rappeler à l'ordre et a tôt fait de rentrer dans le rang. Cela s'est vu lors du mouvement des chômeurs de l'hiver 1997-1998, par exemple. Lorsque Jospin répondit aux critiques pourtant très respectueuses des dirigeants du Parti Communiste "Dans la majorité plurielle, il y a pluriel ; mais il y a aussi majorité. Peut-être qu'aujourd'hui, il faudrait insister un peu plus sur majorité" ceux-ci s'empressèrent alors d'approuver les quelques miettes que Jospin avait données en aumône aux chômeurs.
Suite à l'annonce des licenciements chez Michelin en 1999 et à l'émotion produite par la réaction de Jospin, Robert Hue a fait mine de vouloir entamer une mobilisation contre le chômage et les licenciements mais la manifestation qu'il a organisée le 16 octobre, bien qu'elle fut un véritable succès, a été sans lendemain. Le Parti Communiste se contente de rappeler qu'il existe mais son souci n'est pas d'exercer une réelle pression sur le gouvernement.
Dans ces conditions, la présence de ministres communistes au gouvernement n'est en rien un point d'appui pour les luttes ouvrières. Jospin mène sa politique et les ministres sont ses otages. Tout ce qu'il leur concède, lorsque la couleuvre est très grosse à avaler, ce sont quelques vagues promesses pour l'avenir, quelques déclarations hypocrites jamais suivies d'effet mais qui permettent aux responsables du PC de dire que le gouvernement va dans le bon sens même si ce n'est qu'à petits pas.
Or, l'influence du Parti Communiste ne se mesure pas seulement à ces résultats électoraux car il garde une influence importante sur la classe ouvrière par l'intermédiaire de ses militants actifs parmi les travailleurs et en particulier en tant que militants syndicaux à la CGT.
De ce fait, les travailleurs se trouvent désorientés par ces attaques en règle et l'absence de réaction concertée. Ils vérifient chaque jour qu'ils ne peuvent compter sur le gouvernement pour les défendre contre la rapacité du patronat, bien au contraire : les coups venus du gouvernement s'ajoutent et renforcent l'arrogance patronale. Ils sentent bien aussi que leurs organisations traditionnelles ne font rien pour les aider à construire un autre rapport de forces. Au mieux, elles laissent les travailleurs se débrouiller chacun dans son coin, au pire, elles se précipitent au-devant des désirs du patronat et du gouvernement.
Mais la classe ouvrière ne pourra pas rester sans réagir collectivement. Le gouvernement a l'intention de mener à bien d'autres réformes réclamées par les patrons au détriment des travailleurs, qui aggraveraient encore considérablement la misère et la précarité.
En ce qui concerne les retraites, par exemple, sous prétexte de sauver le régime des retraites par répartition, Jospin voudrait imposer aux salariés du secteur public un allongement de la durée des cotisations que Juppé n'avait pas réussi à faire passer. Jospin avance encore prudemment, suite aux mouvements de mécontentement qui ont secoué les services publics au début de l'année, mais il ne cache pas que cela fait partie des "chantiers" prioritaires du gouvernement.
Et puis surtout, le gouvernement va avoir à se prononcer sur le démantèlement du système d'assurance chômage. Il vient en effet de recevoir un ultimatum de la part du MEDEF d'avoir à entériner dans les six mois l'accord que ce dernier vient de concocter avec les centrales syndicales complaisantes pour économiser quelque 36,7 milliards de francs sur les cotisations patronales et obliger les chômeurs à accepter n'importe quel travail, à n'importe quel salaire, et exclure tous ceux qui se s'y plieront pas.
En effet, le patronat veut limiter pour tous les demandeurs d'emploi à six mois les indemnités de chômage (éventuellement renouvelables une fois) et les assortir d'un chantage à l'acceptation de n'importe quel travail sous peine de diminution de l'indemnité et même de radiation après quatre refus. Ce nouveau système s'appliquerait à tous : l'allocation pour les chômeurs âgés serait supprimée, l'allocation formation-reclassement aussi, les conventions de conversion seraient remises en question. Quant aux chômeurs qui seraient radiés, ils ne pourraient même plus toucher l'Allocation Spécifique de Solidarité que touchent les chômeurs en fin de droits puisqu'il faut être inscrit aux Assedics pour la toucher. Ces travailleurs seraient alors privés de tout droit et de toutes ressources si ce n'est le RMI.
Et puis le MEDEF a ajouté à son ultimatum la suppression des contrats à durée indéterminée, visant à rendre ainsi tous les emplois précaires ! On ne sait pas encore si le gouvernement entérinera cette attaque frontale mais le simple fait que le MEDEF se permette de la mener montre que son arrogance n'a plus de retenue face à un gouvernement qu'il sait à sa botte.
Il est vital que les travailleurs ne laissent pas passer de tels projets sans répondre à l'offensive patronale par une contre-offensive déterminée pour garantir leurs droits, et arrêter la dégradation de leurs conditions de vie et de travail. Il faut arrêter la marche en arrière que patronat et gouvernements successifs font subir aux travailleurs depuis un quart de siècle. Si les travailleurs reprennent l'offensive, ce sera au tour des patrons d'avoir peur de tout perdre. Il faudra que les travailleurs leur imposent enfin des revendications qui permettront de changer durablement le rapport de forces entre eux et le patronat. Il faudra les empêcher de nuire en les soumettant au contrôle permanent des travailleurs. Il faudra leur interdire de licencier. Il faudra prendre sur leurs profits pour assurer un travail et un salaire décent à tous. Il faudra les obliger à produire ce qui est nécessaire aux besoins de la population laborieuse et obliger le gouvernement à consacrer l'argent public aux services publics.
La classe ouvrière a les moyens d'imposer une autre politique que celle du patronat qui mène à la ruine et à la catastrophe, qui maintient des millions de gens dans le chômage, qui en pousse des milliers d'autres vers la précarité.
Alors, le mieux que l'on puisse souhaiter n'est certainement pas que ce gouvernement perdure, comme si de rien n'était et comme si sa politique était bonne. On ne peut évidemment pas plus souhaiter qu'une fois déconsidéré, il cède la place à la droite, qui continuera tout naturellement la politique anti-ouvrière. Ce que l'on peut espérer et préparer, c'est que l'arrogance du patronat et le cynisme du gouvernement à son service finissent par provoquer l'explosion sociale qui, seule, pourra les faire reculer.