Les résultats de Lutte ouvrière
Au premier tour des élections législatives, le 30 juin dernier, Lutte ouvrière a présenté des candidats dans 550 circonscriptions, dont sept dans l’île de La Réunion, cinq en commun avec Combat ouvrier en Martinique et en Guadeloupe, et pour la première fois une à Mayotte et une en Guyane. Rappelons que ces candidatures ont été présentées en quelques jours, puisque la dissolution a été annoncée le 9 juin au soir, et que le dépôt des candidatures a pris fin le 16 juin. Cette présence de 1 100 de nos camarades témoigne de l’homogénéité et du volontarisme de notre organisation. Elle a aussi permis qu’un vote de classe soit possible partout face aux partis bourgeois. Nos candidats totalisent 352 856 voix, soit 1,14 % des suffrages exprimés dans ces 550 circonscriptions. En juin 2022, nos 554 candidats avaient totalisé 229 810 voix (1,04 %) ; en juin 2017, 159 470 voix (0,72 %).
Nous réalisons nos meilleurs résultats dans la 1re circonscription de l’Ariège, où Gisèle Lapeyre obtient 7,27 %, dans la 3e circonscription de l’Eure-et-Loir, où Vincent Chevrollier obtient 6,87 %, et dans la 4e circonscription de Guadeloupe, où Jean-Marie Nomertin (Combat ouvrier) obtient 6,41 %. À Mayotte, où Mikhaël Saify était le seul à dénoncer les discours xénophobes contre les migrants comoriens, il obtient 3,99 %. Lutte ouvrière a obtenu plus de 1 % des voix dans 314 circonscriptions.
Ces résultats modestes témoignent d’abord de l’effort militant de notre organisation, dans le contexte d’une campagne précipitée. En effet, quelque 15 millions de nos circulaires, qui n’ont pu être livrées à temps, ont été refusées par les préfectures, privant ainsi les électeurs de notre propagande dans les 153 circonscriptions concernées. Dans 82 circonscriptions, nos bulletins de vote ont également été refusés, et nos militants ont dû les distribuer dans plusieurs milliers de communes, souvent rurales et éloignées, par exemple dans l’essentiel de l’Occitanie. Enfin, en raison des moyens limités dont dispose Lutte ouvrière, nous n’avions fait imprimer des bulletins de vote que pour 50 % des électeurs et, en raison de la forte participation, nos bulletins ont manqué dans certains bureaux et dans certaines communes, dimanche 30 juin en fin de journée.
Nos candidatures sont certes très minoritaires. Mais dans une situation marquée par la poussée de l’extrême droite dans le monde du travail, et par le vote pour les candidats du Nouveau Front populaire, les résultats de Lutte ouvrière montrent que le courant qui défend la perspective communiste et révolutionnaire se maintient dans le pays.
La présence du NPA
Nos lecteurs savent que le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), fondé en 2009 par l’ancienne Ligue communiste révolutionnaire, s’est scindé en 2021 et 2022 en trois organisations.
Le NPA-L’anticapitaliste, dont les figures les plus connues sont Olivier Besancenot et Philippe Poutou, a fait campagne pour la gauche gouvernementale. Il a appelé à voter pour le NFP, donc pour Hollande plutôt que pour Marie-Thérèse Coinaud, infirmière retraitée et militante LO dans la 1re circonscription de Corrèze, ou pour l’ancien ministre macroniste Aurélien Rousseau plutôt que pour l’ouvrier de l’automobile et militant LO Ali Kaya dans la 7e circonscription des Yvelines. Alors que, dans ses négociations avec La France insoumise, le NPA n’avait pas obtenu de circonscription aux législatives de 2022, ni de place sur la liste aux élections européennes, il a été récompensé de son suivisme par une investiture pour Philippe Poutou en juin 2024. La médaille était néanmoins en chocolat, car la première circonscription de l’Aude, attribuée à l’ancien candidat à la présidentielle, était ingagnable, face à un député sortant du Rassemblement national. Poutou a logiquement été battu au second tour. Entre les deux tours, le NPA s’est rallié au « front républicain », expliquant : « Entre deux dangers, nous devons d’abord tout faire pour éliminer le plus important et le plus immédiat. » En appelant à voter pour des candidats macronistes ou de droite, comme Gérald Darmanin ou Elisabeth Borne, le NPA a démontré sa parfaite loyauté à ses nouveaux amis du NFP.
Le NPA-Révolutionnaires a eu une ligne très différente, refusant tout soutien à la gauche institutionnelle et à ses partis. Cette organisation, qui avait présenté aux européennes une liste conduite par Selma Labib et Gaël Quirante, a investi 75 candidats. Seuls 29 d’entre eux ont pu imprimer du matériel électoral dans les délais imposés par le calendrier, et ils ont obtenu des résultats modestes (5 814 voix, soit 0,38 % des suffrages exprimés). Dans les autres circonscriptions, le NPA-Révolutionnaires appelait clairement à voter pour les candidats de Lutte ouvrière.
La troisième organisation issue de la scission du NPA, Révolution permanente (RP), issue du courant moréniste, n’a présenté qu’un candidat, son porte-parole Anasse Kazib, dans la deuxième circonscription de Seine-Saint-Denis, où il a obtenu 1 128 voix (3,67 %). RP avait choisi de concentrer sur cette circonscription plusieurs dizaines de militants, sans doute dans l’espoir de faire une démonstration. Les figures d’ordinaire courtisées par RP, comme Assa Traoré, porte-parole du Comité vérité et justice pour Adama, ou le philosophe Frédéric Lordon, ont pour leur part rallié la gauche de gouvernement, fût-ce, comme Lordon, au nom du « léninisme ».
Dans la foulée de la dissolution, le NPA-Révolutionnaires et Révolution permanente avaient proposé à Lutte ouvrière de discuter d’un accord pour les élections législatives, proposition que nous avions refusée en raison des délais serrés.
Enfin, le Parti des travailleurs (ex-Parti ouvrier indépendant et démocratique, POID) a présenté 19 candidats, ayant totalisé 5 680 voix (0,59 % des suffrages dans ces circonscriptions) selon nos décomptes. Entre les deux tours, sans se rallier au « front républicain », le Parti des travailleurs a appelé à voter pour le Nouveau Front populaire.
20 août 2024