Les problèmes d'environnement montrent, ensuite, à quel point la propriété privée des moyens de production, du sol par exemple, est contradictoire avec les impératifs d'une gestion rationnelle des ressources naturelles.
Une telle gestion n'est concevable que dans la durée. On le voit bien dans le cas des forêts : les arbres ne grandissent pas encore sur commande ! Dès lors qu'on veut gérer sainement, il faut prévoir, anticiper, réserver les possibilités du futur. Cela exige des compétences et des moyens. Mais le propriétaire privé n'a, lui, le plus souvent en vue que le profit rapide qu'il escompte tirer des coupes qui l'intéressent. Surtout, comme c'est souvent le cas, lorsqu'il s'agit d'un organisme financier qui vise à placer cet argent, ou à spéculer avec.
En France, la forêt est aux trois quarts propriété privée, le reste appartenant à l'Etat et aux collectivités locales. Il a été calculé que, pour mettre en valeur les ressources forestières de la France de façon correcte en tenant compte de tous les aspects, il faudrait un ouvrier pour 200 hectares de forêt (selon les normes européennes). Or, ils sont actuellement moins d'un pour 2000 hectares.
Quant à la partie gérée par l'Office national des forêts, l'ONF, organisme public à vocation industrielle et commerciale, on voit ce qu'il en est quand on cite un des ministres qui en fut responsable peu après sa création : pour lui, la forêt "doit être gérée comme un champ de petits pois ou de tomates, à partir de cette certitude selon laquelle, si on investit en forêt, on peut y gagner de l'argent".
Il faudrait au contraire élaborer des plans forestiers équilibrés dans la durée, le long terme.
L'entrave que constitue par elle-même la propriété privée est si évidente, d'une façon plus générale, qu'un bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris, préfaçant un ouvrage consacré au "contentieux de l'environnement", peut souligner que l'écologie implique "la justification des limites au droit de propriété".