Lutte Ouvrière présentera donc des candidats aux élections municipales du 9 mars 2008, sur 185 listes dans 165 villes (compte tenu des arrondissements et secteurs de Paris, Lyon et Marseille).
117 sont des listes Lutte Ouvrière. Parmi les 68 listes d'union sur lesquelles sont présents des candidats Lutte Ouvrière, 38 sont dirigées par le Parti communiste, 27 par le Parti socialiste, - avec la participation dans certains cas de militants du PT, voire dans un cas au moins, du PT et de la LCR à la fois -, une par le MRC. Il y a enfin une liste conduite par Lutte Ouvrière, avec la participation de la LCR et de militants du Parti communiste.
Que nos candidats soient sur des listes LO - la majorité des cas donc - ou sur des listes d'union, nous voulons donner au vote en faveur des listes sur lesquelles ils se trouvent le sens d'un vote contre Sarkozy et son gouvernement, et contre la politique que la droite mène depuis six ans, sous l'égide de Chirac, Raffarin, puis Villepin, mais aussi, déjà, Sarkozy qui a fait partie de ces gouvernements, et de l'actuelle équipe Sarkozy-Fillon.
Nous cherchons aussi à faire en sorte que des conseillers municipaux LO soient élus dans un maximum de villes. Qu'ils soient sur des listes Lutte ouvrière ou sur des listes d'union, les élus municipaux LO entendent représenter les intérêts politiques et sociaux des travailleurs, des chômeurs, des retraités, des démunis, ceux de la classe ouvrière, c'est-à-dire de ceux qui vivent de leur seul salaire, sans exploiter personne.
Quand bien même il y a souvent une différence entre la gestion municipale des partis de gauche et celle des partis de droite - dans l'effort consacré à la construction de logements sociaux, dans le choix des associations soutenues, dans les préoccupations sociales à l'égard des plus démunis, chômeurs, retraités, travailleurs immigrés -, les conseils municipaux n'ont évidemment pas la possibilité d'apporter des réponses aux problèmes essentiels de la classe ouvrière : chômage, montant des salaires et des retraites, organisation générale des services publics, sans même parler du pouvoir sans contrôle des groupes industriels et financiers qui, en décidant souverainement la fermeture d'une entreprise, décident du sort de toute une ville.
Même si le mouvement communiste révolutionnaire était assez influent dans une ville pour obtenir la majorité de l'électorat et remporter la mairie, il ne pourrait, évidemment, pas changer la situation des travailleurs, et encore moins la marche de l'économie et de la société. La question du « socialisme municipal » est une question réglée dans le mouvement ouvrier révolutionnaire en France depuis plus d'un siècle. La classe ouvrière ne pourra changer fondamentalement son sort que par la transformation révolutionnaire de la société.
Au temps où le Parti socialiste et, un peu plus tard, le Parti communiste étaient encore révolutionnaires, disons au temps de Guesde et de Lafargue pour le premier et après le congrès de Tours pour le second, la conquête d'une municipalité représentait la conquête d'un point d'appui pour d'autres combats et, en même temps, pour la propagation des idées socialistes et communistes.
À une échelle bien plus modeste, car il ne s'agit pas de mairie, mais seulement d'une place d'élu municipal, les communistes révolutionnaires peuvent faire de leur poste de conseiller municipal un point d'appui pour l'activité politique, c'est-à-dire pour la défense des idées communistes révolutionnaires dans la ville concernée. Ils peuvent aborder concrètement, à partir de problèmes locaux, bien des problèmes généraux concernant le monde du travail. Ils peuvent assurer la permanence des idées communistes révolutionnaires dans une ville ou dans un quartier ouvrier. Cette activité est complémentaire de l'activité politique dans les grandes entreprises.
Cette activité politique propre n'empêche pas la solidarité avec la majorité municipale dans le cas où celle-ci est issue d'une liste unitaire regroupant des candidats du Parti communiste, du Parti socialiste et de Lutte ouvrière. Ce qui ne signifie évidemment pas l'approbation automatique de toutes les propositions émanant de cette majorité. Les différents partis qui ont constitué ces listes unitaires l'ont fait en pleine connaissance de leurs spécificités respectives, de leurs différences et dans le respect de leur liberté d'expression.
Bien sûr, il n'est pas indispensable de disposer d'élus municipaux pour être présents politiquement dans une ville ou un quartier populaire. Mais le fait d'avoir un ou plusieurs conseillers municipaux et que ceux-ci par leurs interventions, au conseil municipal ou en dehors, par leur présence, soient connus, facilite évidemment le contact avec la population.
De tous les élus, les conseillers municipaux sont, pour ainsi dire par fonction, ceux qui sont les plus proches de la population, qui peuvent être abordés dans la rue, dans les supermarchés, voire dans la cage d'escalier de leur immeuble. Ce n'est pas pour rien que l'État leur impose une tutelle - du maire sur les conseillers municipaux et du préfet sur le maire - et que la loi enferme dans d'étroites limites leurs possibilités d'action. Mais pas leurs possibilités d'expression !
Pas plus que leurs contacts avec la population, qui ne dépendent que d'eux, de leur activité et de leur engagement du côté des classes populaires de leur cité.
Et, par les temps qui courent où le recul du nombre de militants politiques dans les quartiers populaires fait régresser les idées et les valeurs du mouvement ouvrier, la solidarité et la conscience de classe, il est important que, partout où faire se peut, ces idées et ces valeurs soient de nouveau affirmées. C'est une façon de redonner courage à ceux qui ont cessé de militer ou à ceux qui voudraient bien militer mais qui, se sentant isolés, ne voient pas comment ils pourraient le faire. Cela permet, aussi, d'associer à cette présence politique des femmes et des hommes qui, sans vouloir militer pour autant, sont fiers de leurs idées communistes et tiennent à les affirmer.
C'est au travers d'une multitude d'actions moléculaires que se tissent aussi les liens de solidarité qui permettent ensuite d'agir collectivement. Une véritable conscience politique, une conscience de classe, ne peut émerger que sur ce solide socle-là.
Cette activité politique locale ne peut être qu'un des aspects de l'activité des communistes révolutionnaires. Mais il peut en être un aspect important.
21 février 2008