Municipales 2001 - Discussions LO-LCR

Εκτύπωση
Eté 2000

Dans le numéro 51 (mai-juin 2000) de Lutte de Classe, nous avons publié le texte de quatre lettres échangées entre Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire dans le cadre de la discussion engagée entre nos deux organisations depuis janvier 2000 à propos des élections municipales de 2001.
Dans le présent numéro, nous publions :
la résolution adoptée au Congrès de la LCR à propos des municipales
la lettre de la direction de la LCR, datée du 15 juin
le texte de la motion adoptée le 18 juin par le Comité Central de Lutte Ouvrière
le texte de la motion présentée à ce Comité Central du 18 juin par la minorité de Lutte Ouvrière (fraction L'Etincelle)
La motion présentée par la fraction L'Etincelle a été repoussée par 91 voix contre 6 et 0 abstention
La motion de la majorité a été adoptée par 91 voix contre 4 et 2 abstentions.
3 membres du Comité Central étaient absents.
la réponse, du 22 juin, de la direction de Lutte Ouvrière au courrier de la LCR du 15 juin.

Municipales (résolution approuvée par le quatorzième congrès de la LCR)

Les prochaines élections municipales auront une double dimension, locale et nationale.

1.1 Constituant un cadre qui permet de fusionner et de rendre plus saisissable le combat pour la défense des revendications sociales et celui de la conquête de nouveaux droits démocratiques, ces élections municipales seront un moment important de la vie politique nationale dans les mois qui viennent. A un an des présidentielles, elles donneront en effet la mesure des rapports de force électoraux dans le pays. Mais le cadre même de cette consultation, les enjeux de proximité qu'elle traduit aux yeux de l'électorat populaire, les vives contradictions qui déchirent fréquemment la vie publique locale en font traditionnellement un cadre d'expression des recompositions ou recherches politiques qui ne parviennent pas à trouver un débouché sur la scène nationale. Face aux listes de la "gauche plurielle", il est ainsi probable qu'un grand nombre de listes verront le jour, à travers lesquelles réseaux de terrain, acteurs associatifs ou syndicaux, militants écologistes, personnalités ou secteurs locaux de la gauche chercheront à apporter des réponses aux questions politiques que les municipales feront apparaître. Pour notre organisation réside là un enjeu politique de première importance. Nous devons, par conséquent, prendre appui sur le résultat des élections européennes et la disponibilité militante existant à l'échelon local. Ce qui implique d'être à l'initiative d'un processus permettant au maximum de listes indépendantes de la politique gouvernementale de voir le jour, en se dotant d'un référent national.

1.2 Agissant comme une force politique nationale, les sections de la LCR défendront une plate-forme qui combine les axes d'un plan d'urgence contre les licenciements, le chômage et l'austérité et une politique municipale, au service des travailleurs et des citoyens. Sur le plan social, la lutte contre le chômage et la précarité, le relèvement des minima sociaux, la défense du service public, le refus des privatisations, une santé et une protection sociale de qualité, la nationalisation et le contrôle public de services comme celui de l'eau seront au centre de la campagne. Sur le terrain des droits démocratiques, la participation populaire et le contrôle des citoyens sur les décisions communales et intercommunales, le droit de vote des immigrés, la défense de tous les objectifs de la démocratie communales, le non-cumul des mandats constitueront des propositions clefs de notre campagne.

Cette campagne pour les élections municipales sera préparée par des activités et des campagnes spécifiques tant sur le plan social défense de la santé publique, dénonciation des grandes compagnies privées de l'eau que sur le plan démocratique campagne pour le droit de vote des immigrés, popularisation des expériences de démocratie locale (par exemple, celle de Porto Allegre).

1.3 Sur la base de ces axes, le CC met donc en chantier, à partir de la plate-forme municipale élaborée en 1995, deux documents une brochure de la LCR une plate-forme d'agitation. A partir des enjeux tels qu'ils se présentent à l'échelon des municipalités, il s'agit pour nous de faire vivre notre démarche de rupture avec le cadre libéral et capitaliste dominant et de donner crédit à une politique de satisfaction des besoins sociaux. Le CC a donc mis en place une commission "Municipales" composée de membres du CC, d'élus, de camarades ayant des compétences spécifiques (logement, femmes, antiracisme ...) et réuni une CN Municipales afin de faire le bilan de nos expériences d'élus, d'avancer sur l'élaboration d'un programme municipal et de faire le point sur la préparation des élections municipales dans les villes et les régions. Le CC a également donné mandat à la commission Municipales de préparer un stage de formation sur ces questions.

2. Au premier tour, les listes soutenues par la LCR combattront la droite et l'extrême droite tout en s'opposant à la politique du gouvernement. Elles mettront au centre de leur campagne un plan d'urgence contre l'austérité, le chômage et les licenciements. Elles s'inscriront dans un cadre national. D'une part, elles s'appuieront sur une plate-forme nationale. D'autre part, elles préciseront les objectifs et les axes d'une campagne locale. Les développements de la situation politique donneront alors les formes et les modalités de l'équilibre entre politique nationale et locale.

3. Au deuxième tour, si nos listes franchissent les 5 %, nous proposons de fusionner nos listes avec celles de la gauche plurielle. La condition de cette fusion, c'est l'indépendance politique totale de nos élus, sur le plan de la liberté de parole et de vote, notamment sur le vote du budget. En ayant défendu ouvertement notre programme devant les électeurs et en ayant obtenu au moins 5 % de leurs suffrages, la fusion des listes pour avoir des élus qui défendent ce programme est envisageable aux conditions mentionnées ci-dessus. Cette fusion se fera sur la base d'une répartition des places éligibles proportionnelle à l'influence des uns et des autres. Dans les autres cas, nous ne participons pas aux listes de la gauche plurielle. Nous appelons à battre la droite et à assurer le succès de la liste de gauche. La formulation exacte de cette consigne sera déterminée localement, en prenant en compte les considérants locaux.

4. Le congrès de la LCR confirme que la LCR sera présente aux municipales. Il décide d'accélérer le processus de constitution de listes indépendantes et opposées à la politique du gouvernement et de ses composantes. Parallèlement à la recherche d'un accord national avec Lutte ouvrière, la LCR et ses sections développent les contacts avec l'ensemble des militants associatifs, syndicaux, etc., comme avec les groupes locaux en accord avec le positionnement politique général de l'organisation. La LCR et ses sections prennent toutes les dispositions pour créer les conditions de telles listes dans le plus grand nombre de communes sur la base d'une plate-forme défendant les axes d'une politique anticapitaliste.

Dans ce cadre, nous avons pris l'initiative dès le mois de février de proposer à LO des listes communes, aux municipales s'inscrivant dans la continuité de la campagne commune des élections européennes. En effet, les centaines de milliers d'électeurs qui nous ont approuvés lors de notre campagne commune aux élections européennes ne comprendraient que nous ne nous présentions pas ensemble aux municipales, ou pire encore que nous présentions des listes concurrentes. Ce qui nous a rassemblé aux Européennes, la défense d'une politique radicalement opposée à celle du gouvernement et des partis qui le composent, nous devons la défendre au premier tour des municipales, malgré ce qui nous divise.

Dans notre première lettre, nous proposions à LO :

A) un accord sur une plate-forme nationale soutenant la lutte des salariés et des opprimés, autour d'un programme de mesures d'urgence contre l'offensive patronale en opposition déterminée à la politique gouvernementale tout en rejetant la droite et l'extrême droite.

B) une partie locale de la profession de foi qui tienne compte de la nécessité de traduire sur le terrain local l'orientation nationale définie communément et rédigée localement par les sections de nos organisations et les courants ou les militants locaux associés. Etant entendu que c'est la recherche du consensus qui devra régler les difficultés surgies d'éventuels désaccords.

C) l'ouverture des listes à des groupes ou des militants locaux acceptant de se situer dans le cadre de la plate-forme nationale et acceptant le sigle national.

D) la fusion technique des listes au second tour et un appel à battre la droite.

Suite aux premières rencontres entre les deux délégations et après la première lettre de Lutte Ouvrière, la direction de la LCR a proposé à Lutte Ouvrière un compromis sur le second tour : que les fusions de listes soient étudiées au cas par cas et que la liste et la tête de liste ne donnent aucune consigne de vote, chacune des deux organisations étant libre de donner sa propre consigne de vote pour le second tour.

La dernière lettre de réponse de Lutte Ouvrière constitue un nouvel obstacle. Non seulement LO refuse d'enregistrer les propositions de compromis que nous avons faites, mais elle veut imposer à la LCR sa conception politique générale, ce qui ne peut être accepté.

mettre des conditions si draconiennes à l'ouverture des listes que cela ne peut que décourager celles et ceux qui voudraient rejoindre notre combat commun

renoncer, sauf cas exceptionnel, à des parties locales pour les professions de foi de nos listes communes

accepter de fait une position abstentionniste au second tour, engageant les listes et les deux organisations

renoncer de fait à toute possibilité de fusion des listes, la seule possibilité envisagée étant que la liste de gauche soit en rupture avec le gouvernement.

Le congrès de la LCR s'adresse à LO, et lui réitère ses propositions pour qu'elle s'engage dans la recherche d'un accord équilibré permettant aux deux organisations de mener campagne sans qu'aucune d'entre elles renonce à sa propre politique.

Il appartient maintenant à LO de dire si l'association de militants et de groupes locaux, qui mènent au quotidien les mêmes combats que nous, qui souvent votent pour l'une ou l'autre de nos organisations ou l'ont fait pour notre liste aux Européennes est un motif de refus d'une campagne commune aux municipales.

Il appartient à LO de dire si à l'occasion d'élections municipales l'éclairage et la complémentarité de préoccupations locales avec la plate-forme nationale sont un motif de refus d'une campagne commune aux municipales.

La LCR réaffirme qu'elle souhaite et demeure disponible à un tel accord équilibré, qui ne peut être atteint sur la base des exigences que LO énumère dans sa lettre du 16 mai. Pour la LCR, les positions respectives de nos deux organisations ne doivent pas nous faire perdre de vue ce qui pour nous reste essentiel : ce que nous pouvons dire et faire ensemble.

Si un tel accord ne s'avérait pas possible, la LCR entend éviter une logique de concurrence avec LO. Elle recherchera la possibilité que la LCR et LO ne se présentent pas l'une contre l'autre et proposera un autre type d'accord, qui permettrait de préserver une visibilité politique nationale et un espace électoral commun tout en laissant aux deux organisations et à leurs sections locales la possibilité de mettre en oeuvre leur propre pratique politique.

une répartition des villes négociée pour ne pas présenter de listes en concurrence dans la même commune. LO et la LCR constituent leurs propres listes, sans obliger l'une et l'autre à accepter les points qui font divergence et appellent à un vote réciproque ;

sur la base d'une déclaration politique, les deux organisations, ainsi qu'Arlette Laguiller et Alain Krivine, soutiendraient une centaine de listes, listes défendant les points essentiels d'un programme d'urgence face à la politique du gouvernement, et scellant un accord politique sur l'essentiel entre LO et la LCR.

D'ici l'été, les sections de la LCR prennent des initiatives publiques annonçant leur volonté de se présenter dans le plus grand nombre de villes sous un label national commun (LO-LCR ou "100 % à gauche"). Elles cherchent à convaincre leurs partenaires de partager cette démarche.

Proposition de partie nationale de plate-forme municipale, adoptée par le bureau politique de la LCR proposée à Lutte Ouvrière et à tous ceux qui discutent de listes aux municipales

Notre liste est un moyen de dire que vous en avez assez de voir les bénéfices des entreprises exploser, les riches s'enrichir, l'Etat engranger des "cagnottes", tandis que les salariés ne profitent pas de la croissance et que le chômage, les licenciements et la précarité de l'emploi n'en finissent pas. Notre liste permettra de se prononcer pour une autre politique dans la commune, pour la défense de nos droits, pour imposer une rupture avec la politique du gouvernement de la gauche plurielle, et les contraintes budgétaires qu'elle impose aux municipalités.

Le gouvernement Jospin privatise les services publics, continue les cadeaux au grand patronat et refuse de puiser dans les profits énormes des grandes entreprises, au lieu de recréer des emplois stables dans les hôpitaux, les transports en commun, l'Education nationale, pour réduire le chômage et satisfaire les besoins sociaux. A droite, ils défendent toujours une politique pro-patronale qui frappe les exploités et les opprimés, et une gestion municipale opposée à la satisfaction des besoins sociaux. Quant à Le Pen-Mégret, nos pires adversaires à tous, ils veulent aggraver cette politique en s'attaquant encore plus aux immigrés et en favorisant les discriminations.

II faut prendre des mesures d'urgence.

Du travail pour tous

Interdire les licenciements collectifs dans les entreprises qui font des milliards de profits. Imposer une réduction du temps de travail sans la flexibilité imposée par la loi Aubry qui permet aux patrons de varier les horaires de travail selon leur bon vouloir. Créer de vrais emplois dans les services de l'Etat et les services communaux, augmenter les minima sociaux... pour les chômeurs annuler les dettes et cesser les coupures d'eau et d'électricité.

Priorité aux services publics

Les gouvernements successifs accentuent les privatisations de services publics (SNCF, Telecom ) jusqu'aux cantines et aux services municipaux. II faut au contraire étendre le secteur public aux entreprises qui font du profit sur les besoins élémentaires de la population, à commencer par celles qui exploitent l'eau et l'enlèvement des déchets, et imposent leur loi aux communes. II faut rendre publics les comptes réels des grandes entreprises afin que toute la population puisse avoir un contrôle sur leur fonctionnement. Tous les contrats d'entreprises, de services, de construction, passés par les mairies sortantes doivent être portés à la connaissance des populations, et renégociés dans la transparence. Ce sera en même temps le meilleur moyen de mette fin aux scandales politico-financiers.

Justice fiscale

II faut prendre l'argent où il est : taxer les revenus du capital et les profits énormes des grandes entreprises. Contre la concurrence entre villes "plus riches" et villes "plus pauvres", mettre fin à l'injuste taxe d'habitation. La taxe professionnelle que versent les entreprises aux municipalités doit être levée par l'Etat et reversée aux communes en proportion de leur population.

Un logement pour tous

Un toit est un droit. La spéculation immobilière dans les grandes villes un fléau. Non aux expulsions, réquisition des bureaux et logements vides, priorité au logement social accès, facilité au logement pour les jeunes.

Des droits égaux pour mieux vivre ensemble.

Egalité entre hommes et femmes, priorité aux équipements sociaux de la petite enfance (crèches, garderies). En finir avec les discriminations racistes à l'embauche ou au logement. Les étrangers qui vivent dans la cité depuis des années doivent disposer du droit de vote à égalité avec tout habitant de la commune, et pas seulement du devoir de payer leurs impôts locaux.

Défendre notre environnement

Pollution, bruit, urbanisation inhumaine, notre environnement est détérioré par la course aux profits. Il faut une politique de transports collectifs de qualité, en nombre et peu coûteux. Les populations doivent avoir droit de veto sur tout projet d'implantation d'entreprises à hauts risques, sur le transport de matières dangereuses, sur tous les projets d'aménagement du territoire.

Rendre le pouvoir aux populations.

La politique intercommunale actuellement mise en place réduit encore plus tout contrôle démocratique. Ce sont des élus qui désignent d'autres élus qui s'arrogent sans contrôle des pouvoirs importants. II faut organiser une démocratie véritable, l'élection directe et le contrôle de tous les élus, la tenue régulière d' assemblées des populations qui contrôlent les budgets et tranchent sur les choix.

Partie locale

Votez pour notre liste xxx.

C'est approuver un plan d'urgence pour mettre fin au chômage et satisfaire les besoins du plus grand nombre

C'est voter le plus à gauche possible, c'est aussi une façon radicale de montrer son opposition à la droite, de faire contrepoids à l'extrême droite

C'est exprimer une opposition déterminée à la politique du gouvernement

C'est approuver des mesures radicales pour des municipalités au service de la population, et élire des candidats qui seront fidèles à leurs engagements.

Lettre du bureau politique de la LCR à la direction nationale de Lutte Ouvrière

le 15 juin 2000

Cher(e)s camarades,

Nous avons pris connaissance des déclarations de vos dirigeants qui, après notre congrès, ont déclaré que Lutte Ouvrière refusait un accord avec la LCR aux municipales. Nous tenons cependant à nous adresser à vous, avant la réunion de votre Comité Central cette semaine, pour vous expliquer le sens des propositions de notre congrès pour un accord LO-LCR, propositions que nous maintenons et qui restent pour nous toujours valides.

Notre congrès a défini la position de la LCR pour les élections municipales en adoptant une résolution qui a recueilli 94 % des voix des délégués, après avoir examiné les dernières propositions que vous aviez formulées dans votre lettre du 16 mai. Vous trouverez ci-jointe la résolution du congrès dans son intégralité, concernant à la fois la politique de la LCR et nos propositions à Lutte Ouvrière (nous ne vous avions jusqu'à présent transmis que la partie qui concernait les rapports entre nos deux organisations). Ci-joint aussi, la proposition de partie nationale de plate-forme que nous vous avions communiquée dès le 4 avril. Ainsi l'information à vos militants sera complète.

1) Nous avons pris l'initiative, dès le mois de janvier, de vous proposer des listes communes aux municipales, s'inscrivant dans la continuité de la campagne commune des élections européennes, Des listes communes qui devraient défendre une politique combattant la droite et l'extrême droite tout en s'opposant radicalement à la politique du gouvernement et de la gauche plurielle. En effet, les centaines de milliers d'électeurs qui nous ont approuvés lors de notre campagne commune aux élections européennes ne comprendraient pas que nous ne nous présentions pas ensemble aux municipales, ou pire encore que nous présentions des listes concurrentes. Ce qui nous a rassemblé aux Européennes, la défense d'une politique radicalement opposée à celle du gouvernement et des partis qui le composent, nous devons la défendre au premier tour des municipales, malgré les divergences qui demeurent. Nous avons largement argumenté sur ces propositions dans nos premières lettres que nous ne répéterons pas ici.

2) Dans votre dernière lettre du 16 mai, non seulement vous refusez d'accepter les propositions de compromis que nous avions faites, mais vous voulez imposer à la LCR votre conception politique générale, en posant certaines conditions qui ne peuvent être acceptées.

Mais vous écrivez dans votre lettre : "Nous ne pensons pas qu'il soit acceptable de nous présenter en commun au premier tour en dénonçant la gauche plurielle et avoir des attitudes opposées au second tour, vous en faisant voter systématiquement pour elle, et nous en nous abstenant". Autrement dit, vous ne voulez pas de compromis, mais demandez à la LCR d'adopter votre position d'abstention. Nous n'avons, de notre côté jamais exigé de Lutte Ouvrière de changer de position et d'appeler à battre la droite. Nous savons que c'est une divergence entre nous. Et notre position d'appel à battre la droite aux municipales a été confirmée par un vote largement majoritaire à notre congrès. Mais en mettant en avant cette divergence pour justifier un éventuel non-accord entre nous, en refusant le compromis que nous vous proposons, vous tombez dans un travers étonnant ; pour vous cette divergence est plus importante que ce que nous pouvons dire ensemble au premier tour. Certes, comme vous le notez, cette divergence n'était pas visible aux Européennes, élection à la proportionnelle à un tour. Mais est-elle rédhibitoire pour vous amener à renoncer à toute forme d'unité avec nous dans les élections à deux tours ?

Vous nous demandez de renoncer de fait à toute possibilité de fusion des listes, au cas où nos listes dépasseraient 5 % au premier tour, car vous ne l'envisagez qu'au cas où la liste de gauche serait en rupture avec le gouvernement. Vous reconnaîtrez que ce sera très, très exceptionnel.

Vous écrivez que nous serions "pour l'annonce d'une telle fusion généralisée". Non, nous vous rappelons que notre proposition est de l'envisager au cas par cas, et non de manière "généralisée".

3) Notre congrès a examiné dans le détail la lettre que vous nous avez fait parvenir deux semaines avant celui-ci. Tous les militants en ont eu connaissance et ont pu se former une opinion. Les délégués qui les représentaient ont décidé de s'adresser à vous, pour vous faire deux propositions :

Le congrès de la LCR réitère les propositions que nous vous avions faites, pour la recherche d'un accord équilibré permettant aux deux organisations de mener campagne sans qu'aucune d'entre elles renonce à sa propre politique. Les positions respectives de nos deux organisations ne doivent pas nous faire perdre de vue ce qui pour nous reste essentiel : ce que nous pouvons dire et faire ensemble, au premier tour, contre la droite et contre la politique du gouvernement. Mais un accord "équilibré" signifie que chacune des deux organisations fait des compromis, sans ultimatum. Nous vous avons proposé un compromis de notre côté, nous souhaitons que vous en fassiez de même. Nous souhaitons et demeurons disponibles à un tel accord équilibré, tel que décrit ci-dessus, mais il ne peut être atteint sur la base des exigences que vous énumérez dans votre lettre du 16 mai.

Si un tel accord ne s'avérait pas possible, nous vous proposons dans ce cas de rechercher la possibilité de ne pas se présenter l'une contre l'autre. Cette proposition n'est pas seulement un accord de non-concurrence, évidemment souhaitable, mais la proposition d'un autre accord politique entre nous, qui permettrait de préserver une visibilité politique nationale et un espace électoral commun tout en laissant aux deux organisations et à leur sections locales la possibilité de mettre en oeuvre leur propre pratique politique :

Nous pouvons négocier une répartition pour ne pas présenter de listes en concurrence dans la même commune. C'est techniquement possible ; il y a nombre de communes où la concurrence sera évitée automatiquement, puisque nos implantations locales ne coïncident pas toujours. Dans les grandes agglomérations où nos deux organisations sont présentes, il y a différents arrondissements (Paris, Lyon, Marseille) et nombre de communes de banlieue autour des grandes villes où nous pouvons nous entendre pour trouver une place à chacun. Ailleurs nous devons travailler concrètement (ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent) pour éviter au maximum les situations de concurrence.

Reprenons point par point :

Vous mettez des conditions si draconiennes à l'ouverture des listes que cela ne peut que décourager celles et ceux qui voudraient rejoindre notre combat commun. Bien entendu, il ne s'agit pas pour la LCR de conclure des alliances politiques à géométrie variable. Cette ouverture se situe dans la cadre d'une plate-forme et d'un label national LO-LCR. Nous vous l'avions expliqué dans notre lettre précédente : "Nous parlons de militants actifs dans les syndicats les associations, les mouvements de masse, qui ont voté le plus souvent pour nos listes aux Européennes. Ils partagent les grandes lignes de notre position politique en rupture avec la politique du gouvernement et opposés à la droite et à l'extrême droite... Nous sommes au quotidien au côte à côte avec eux dans les mobilisations. Cette pratique, doit se poursuivre lors de cette échéance électorale." C'est ainsi que, aux élections municipales de 2001 nous envisageons pour notre part de constituer des listes associant tous les militants qui partagent nos objectifs sans pour autant être membres de nos organisations LO ou LCR. Et pas seulement en récoltant des noms au porte-à-porte sur une liste sans les associer à la campagne.

Quant aux "cas particuliers" où il y a sur une localité des regroupements de militants à gauche de la gauche dans lesquels nous participons, nous vous en avons communiqué la liste lors de notre avant-dernière rencontre, le 22 mai : Citons quelques exemples :"Tous ensemble à Gauche" dans le Finistère. "A Gauche Autrement" ou d'autres dénominations à Louviers, Lyon, Millau, Sarlat, Alençon .... Il peut éventuellement y en avoir d'autres, notamment des groupes issus d'une possible évolution de la crise du PCF à laquelle nous devons porter attention. De ces cas particuliers, nous pouvons en discuter dans le détail quand vous le voulez. Pour la plupart, vous et vos sections locales les connaissez déjà, vous avez même constitué au Conseil de Bretagne un groupe technique avec l'élu de TEAG en Bretagne pour ne prendre que cet exemple. Ces groupes sont tous en rupture avec la politique du gouvernement et les partis de la gauche plurielle.

Vous nous demandez de renoncer, sauf cas exceptionnel, à des parties locales pour les professions de foi de nos listes communes.

Pour nous, la partie locale d'une profession de foi relève de la responsabilité des sections de LO et de la LCR et des militants locaux qui acceptent le cadre de cette campagne, étant entendu que c'est la recherche du consensus qui doit régir les décisions.

Vous savez que ces deux questions sont déterminantes pour nous. Il vous appartient maintenant de dire si l'association de militants et de groupes locaux qui mènent au quotidien les mêmes combats que nous, et si à l'occasion d'élections municipales l'éclairage et la complémentarité de préoccupations locales avec la plate-forme nationale, sont deux motifs de refus d'une campagne commune aux municipales.

Vous nous demandez d'accepter de fait une position abstentionniste au second tour, engageant non seulement les listes, mais aussi les deux organisations. Les premières rencontres entre nos délégations et le premier échange de lettres avaient confirmé le maintien de ce désaccord entre nous sur le second tour. Considérant que ce désaccord devait être surmonté pour ne pas empêcher des listes communes, le Comité Central de la LCR vous a proposé un compromis sur cette question : que les fusions de listes, dans certaines situations où nous aurions plus de 5 %, soient étudiées au cas par cas, entre nos deux organisations, Et nous vous avons proposé que les listes communes, ainsi que les têtes de liste, ne donnent aucune consigne de vote pour le second tour, chacune des deux organisations étant libre de donner sa propre position par ses propres moyens. C'est un véritable compromis, d'ailleurs plutôt favorable à votre position, puisqu'une liste qui ne donne pas de consigne de vote ressemble plus à une liste qui n'appelle pas à battre la droite que l'inverse.

LO et la LCR pourraient ainsi constituer leurs propres listes, sans obliger l'une et l'autre à accepter les points qui font divergence : vous auriez la latitude de présenter vos listes avec une plate-forme nationale identique, nous aurions la possibilité de joindre à la partie nationale que nous vous avons communiquée une partie locale de plate-forme et d'ouvrir les listes aux militants qui le souhaitent. Sur le second tour, chaque liste aurait sa position. Nous n'avons jamais eu de difficultés à appeler pour vos candidats même quand ils appelaient à l'abstention au second tour, et vous appelez régulièrement à voter pour nos candidats quand ils appellent à battre la droite entre les deux tours.

Sur la base d'une déclaration politique, les deux organisations nationales, ainsi qu'Arlette Laguiller et Alain Krivine, soutiendraient une centaine de listes ou plus, listes défendant les points essentiels d'un programme d'urgence face à la politique du gouvernement et scellant un accord politique sur l'essentiel entre LO et la LCR. Bien entendu. ce "label" serait donné après examen par les deux organisations des listes présentées par chacune, y compris les listes où la LCR serait présente avec d'autres groupes militants. Nous ne proposons évidemment aucun chèque en blanc donné les yeux fermés.

4) Notre Congrès a, bien entendu, confirmé que la LCR sera présente aux Municipales dans tous les cas. Il a décidé d'accélérer le processus de constitution de listes sur la base d'une plate-forme défendant les axes d'une politique anticapitaliste et opposée à la politique du gouvernement et de ses composantes, et de développer les contacts avec l'ensemble des militants associatifs, syndicaux, etc., comme avec les groupes locaux en accord avec notre position politique générale. Cette démarche se fera parallèlement à la recherche d'un accord national avec vous ; que ce soit dans le cadre de listes communes LO-LCR sur la base d'une plate-forme commune nationale enrichie d'une dimension locale. Ou que ce soit dans le cadre d'un accord de répartition. Nous proposerons à tous de se rassembler autour d'un label national commun, LO-LCR. Ou d'un label "100 % à Gauche" si vous refusez toutes nos propositions d'accord.

Nos deux propositions d'accord politique (pour des listes communes, ou bien pour des listes séparées regroupées sous un appel de soutien commun de LO et de la LCR) relèvent de la même volonté : poursuivre un travail commun engagé aux Européennes, ne pas décevoir ceux qui ont mis un petit espoir en une gauche révolutionnaire capable de se rassembler, garder ouverte la possibilité de travailler ensemble lors d'autres échéances à venir. Et, surtout, développer et renforcer l'espace électoral et militant qui se développe à gauche de la politique de Jospin et des partis de son gouvernement.

Et s'il y a une volonté politique commune, nous trouverons bien le chemin pour y parvenir.

Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions d'agréer, chers camarades, nos salutations révolutionnaires,

Le Bureau Politique de la LCR

Pièces jointes (pour information)

la résolution définissant notre approche pour les municipales

notre proposition de "partie nationale" de la profession de foi

Motion adoptée le 18 juin 2000 par le Comité Central de Lutte Ouvrière

La résolution sur les municipales adoptée par le congrès de la LCR reprend intégralement les positions que la LCR avait exprimées en janvier 2000, ce qui rend caduques six mois de discussions entre nos deux organisations. Ce que cette résolution nomme des "compromis" n'est que la répétition, sous une autre formulation, des mêmes choix.

La LCR a décidé, partout où ses listes ne seraient pas présentes (soit au deuxième tour, soit sans doute au premier), d'appeler à voter pour la gauche gouvernementale, c'est-à-dire, directement ou indirectement, pour le parti de Jospin, de Fabius, de Martine Aubry et de Chevènement. De plus, la LCR a décidé de proposer aux partis de gauche au pouvoir et responsables de la dégradation des conditions de vie et de travail des masses populaires, de fusionner ses listes avec les leurs au second tour.

Cela ne peut que réduire l'indépendance politique vis-à-vis de ces partis et la critique de leur action au gouvernement.

Nous ne cherchons pas à imposer à la LCR une politique dont elle ne veut pas. Par contre, nous n'accepterons pas qu'elle nous impose, sous couvert d'unité, une politique autre que celle que nous avons toujours défendue, y compris aux Européennes. Aux Européennes, nous étions unanimes sur la plate-forme politique qui nous a réunis. Aujourd'hui, pour les municipales 2001, il apparaît, après le congrès de la LCR, que nos politiques seront, sur des points majeurs, très différentes, voire opposées. D'éventuelles listes communes n'auraient rien de commun, à part ce que la LCR appelle un "label national commun".

La résolution adoptée par le congrès de la LCR à la quasi unanimité lie évidemment sa direction et, dans ces conditions, nous ne voyons pas sur quoi pourrait porter la poursuite de nos discussions.

En conséquence, le Comité Central de Lutte Ouvrière a décidé de renoncer à rechercher un accord sur d'éventuelles listes communes avec la LCR et ses alliés aux prochaines municipales de 2001.

Lutte Ouvrière présentera donc des listes sous son propre nom, partout où cela lui sera possible. Mais rappelons que nos listes seront ouvertes à tous les militants qui se retrouvent dans le programme que nous défendons.

Nos camarades annonceront localement dans les semaines qui viennent les villes où Lutte Ouvrière sera présente.

Motion présentée le 18 juin 2000 par la minorité de Lutte Ouvrière

Le CC de LO estime qu'un accord pour la constitution de listes communes aux prochaines élections municipales est impossible sur les bases avancées par la résolution issue du congrès de la LCR.

Il se propose cependant de continuer à rechercher un accord entre les deux organisations, accord souhaitable mais, dans la situation politique et sociale actuelle, sur une orientation d'opposition au gouvernement comme aux partis de la gauche plurielle qui le soutiennent, franche, claire et surtout cohérente tant au premier qu'au second tour.

En conséquence il estime que les bases de l'accord des deux organisations communistes révolutionnaires pourraient être les suivantes.

Au premier tour présentation de toutes les listes patronnées par les deux organisations sous le même sigle LO-LCR avec une profession de foi nationale unique ; des candidats n'appartenant à aucune des deux organisations pourraient être inclus dans les listes, y compris avec une indication de leur appartenance politique, à condition qu'ils adhèrent à la profession de foi commune et aient l'approbation des deux organisations ; une partie locale pourrait être ajoutée à la profession de foi nationale à la demande de l'une ou l'autre des deux organisations, ou des candidats qui n'appartiennent ni à l'une à l'autre, à condition qu'elle n'excède par le quart de la profession nationale, qu'elle ne soit pas en contradiction avec celle-ci et qu'elle soit agréée par LO et la LCR.

Au deuxième tour maintien de l'opposition au gouvernement comme aux partis de la gauche plurielle, c'est-à-dire exclusion de tout appel, direct ou indirect, des listes, des candidats et des organisations à voter pour les listes de cette gauche plurielle, et a fortiori de toute fusion des listes LO-LCR avec l'une d'entre elles, à l'éventuelle exception de celles dont la tête de liste au moins aurait une attitude d'opposition au gouvernement, publique et connue, c'est-à-dire prouvée par la politique menée bien avant la campagne et non par quelques éventuelles déclarations critiques opportunistes durant celle-ci.

Lettre de la direction de Lutte Ouvrière au Bureau Politique de la LCR

le 22 juin 2000

Chers camarades,

Le Comité Central de Lutte Ouvrière a discuté la résolution de votre Congrès concernant les municipales et un éventuel accord avec Lutte Ouvrière.

Il a étudié aussi les trois paragraphes de cette résolution que vous ne nous aviez pas communiqués ainsi que votre courrier du 15/06 dont l'objet, selon vos termes, était de nous expliquer votre position mais, bien évidemment, n'était pas de revenir sur celle-ci.

Vous êtes déjà au courant de la décision de notre Comité Central de ne pas continuer à rechercher un accord sur les bases adoptées par votre congrès.

L'objet de cette lettre est donc de répondre à votre courrier pour, à notre tour, vous expliquer notre position.

Votre lettre indique, que ce qui nous a rassemblés aux Européennes est "la défense d'une politique radicalement opposée à celle du gouvernement et des partis qui le composent..."

Mais quelle portée et quelle crédibilité aurait l'affirmation dans une campagne d'une "politique radicalement opposée" à celle de partis et d'un gouvernement pour lesquels nous appellerions à voter dès les résultats du premier tour ? On peut ajouter, logiquement, que vous feriez de même dès le premier tour, là où nous ne serions pas présents. Et de quelle sincérité pourrions-nous nous prévaloir auprès des électeurs populaires si, qui plus est, nous envisagions de fusionner au second tour nos listes avec celles de ces mêmes partis, en échange de quelques strapontins ?

Nous vous avons dit, depuis le début de nos discussions, que nous ne saurions accepter ni l'une ni l'autre de ces attitudes qui dénatureraient et surtout dévaloriseraient toute critique de la politique du gouvernement.

Vous considérez que ce ne sont pas là des divergences graves ; nous si !

Dans cette même lettre, vous dites que vous avez fait l'effort d'un compromis pour rejoindre nos positions.

Mais quel compromis est-ce, de nous proposer que dans un accord commun nous évitions tout simplement de parler de l'attitude au 2e tour et que chaque organisation fasse comme elle le veut, seules les têtes de listes s'abstenant de donner un avis ?

D'abord ce ne serait guère possible. Ensuite nous ne voyons pas quel spectacle donneraient nos deux organisations s'entendant au premier tour pour se diviser dès le deuxième tour (et même avant, vraisemblablement).

Bel effort d'unité politique profonde qu'un tel "compromis" !

Or pour nous, un accord doit être avant tout un accord politique.

Ce qui est déterminant pour nous et ce qui détermine principalement notre refus, ce sont les positions politiques fondamentales dans la situation actuelle.

C'est d'abord l'appel à voter pour la gauche gouvernementale au second tour et même, c'est évident, au premier, là où nous ne nous présenterions pas.

C'est ensuite l'annonce que nous rechercherions une fusion de nos listes et de celles de la gauche gouvernementale pour le second tour là où nous dépasserions 5 % des voix.

Vous nous présentez comme un autre "compromis" le fait de régler cette dernière question au cas par cas. Mais c'est bien sûr de toute façon au cas par cas que cela aurait pu se régler, même si nous en avions été d'accord, car cela ne peut s'envisager que là où nos listes auraient obtenu plus de 5 % des voix et que les partis en question l'accepteraient, ce qui raréfierait à l'extrême les "cas" à régler mais par contre ne diminuerait pas la dépendance politique vis-à-vis des partis au gouvernement dans la mesure où vous en faites, à l'avance, un choix politique envisageable.

C'est exactement la même proposition que vous nous avez faite en janvier, sans même l'effort d'une autre étiquette.

C'est ce que ce texte appelle, plus loin, un "accord équilibré" entre nos deux politiques.

En fait, cela veut dire que l'accord que la LCR nous propose serait... qu'il n'y ait pas d'accord politique, c'est-à-dire, comme nous le disons plus haut, pas d'accord sur une "opposition déterminée à la politique gouvernementale", d'autant plus que la "partie locale" des professions de foi que la LCR nous propose de faire pourrait encore défendre une politique de compromis... local.

Nous étions prêts à rechercher, comme aux Européennes, un accord politique avec la LCR mais pas une unité de façade.

Quelle unité politique entre les deux organisations représenterait ce que vous proposez ? Aucune !

Pour notre part, nous tenons à parler sans ambiguïté aux électeurs populaires et à nous démarquer de la droite, certes, mais aussi, au premier comme au second tour, de ce gouvernement qui trompe et trahit les classes populaires et qui est entièrement au service du grand patronat.

Par ailleurs, vous nous demandez d'accepter ce qui, d'après vous, est la base de votre politique depuis des années, c'est-à-dire la fusion car c'est bien de cela qu'il s'agit de nos listes communes avec des groupes, des organisations, des mouvements, des associations, qui combattent certes le gouvernement, sur des revendications souvent importantes, mais qui refusent le plus souvent, du moins ceux que vous côtoyez, de combattre pour un réel changement social basé sur les luttes des travailleurs.

Vous semblez considérer que c'est l'ouverture de nos professions de foi, dans certains cas, à des "rédactions locales" qui nous fait aujourd'hui refuser l'accord tel que votre Congrès le définit.

Quoi que vous en pensiez, ce n'est pas cela qui nous fait rompre. Nous vous avions écrit que nous étions prêts à envisager une telle rédaction locale au cas par cas si nous savions à l'avance avec qui vous vouliez le faire, et dans ce cas, de discuter avec les intéressés (voir notre lettre du 16 mai 2000).

De plus, indépendamment d'éventuelles listes LO-LCR, vous envisagez aussi des listes, sur d'autres bases, avec d'autres alliés.

Votre lettre se termine, en effet, par la proposition de cet "autre type d'accord" qui "permettrait une visibilité nationale et un espace électoral commun tout en laissant aux deux organisations et à leurs sections locales la possibilité de mettre en oeuvre leur propre pratique politique" avec une série de meetings communs Arlette Laguiller/Alain Krivine.

Autrement dit, une enseigne commune LO-LCR qui recouvrirait deux politiques, voires des listes totalement différentes.

Un "label" commun, selon votre expression, c'est-à-dire un contrat de "franchising" serait donné à des entreprises indépendantes.

Ce serait tromper, sous couvert d'unité, les électeurs populaires en nous adressant à eux sous une fausse identité politique.

Vous nous écrivez à propos d'un accord : "s'il y a une volonté politique commune, nous trouverons bien le chemin pour y parvenir".

Oui, mais le problème, ce n'est pas seulement celui d'une "volonté politique commune", c'est d'abord celui d'une politique commune.

Pour notre part, nous tenons à avoir des élus, mais sur la base de ce que nous dirons aux électeurs, aussi bien au 1er qu'au 2e tour et pas en baissant la tête devant le parti de Jospin, de Martine Aubry, de Chevènement et de Fabius.

Dans votre deuxième lettre, vous avez justifié votre proposition de fusion au second tour avec les listes de la gauche gouvernementale en présentant cela comme un simple "accord technique" qui ne serait pas politique.

Il apparaît que ce que vous nous avez proposé à votre Congrès est aussi un simple "accord technique", non un accord politique.

Il s'agit d'une fusée à deux étages : un "accord technique", au premier tour, avec nous, pour avoir une chance d'atteindre 5 % des voix, afin de pouvoir proposer, au second tour, un autre "accord technique" à la gauche gouvernementale pour avoir des élus.

Nous estimons donc que le Congrès de la LCR a fait son choix en connaissance de cause, en sachant parfaitement que Lutte Ouvrière ne pouvait pas accepter un accord sur de telles bases et nous en prenons acte.

Pour le Comité Central de Lutte Ouvrière,

Jean-Pierre Vial